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A bord de l'« Adamant » avec Nicolas Philibert et ses « vedettes » - Le Monde

« Sur l’Adamant », de Nicolas Philibert.

Ce n’est évidemment pas tous les jours qu’un documentaire revient d’un grand festival bardé d’or. C’est ce qui arrive aujourd’hui, au retour de la Berlinale, à Nicolas Philibert et à son film Sur l’Adamant, qui a damé le pion à des compétiteurs plus attendus. Philibert, cinéaste qui cultive l’irrespect et l’humilité, est ainsi l’homme de toutes les surprises, après le coup de Trafalgar d’Etre et avoir en 2002, son documentaire qui avait attiré plus d’un million de spectateurs en salle.

Ce n’est pas tous les jours non plus qu’une présidente de jury, en l’occurrence Kristen Stewart, s’exprime comme elle l’a fait en remettant au lauréat sa récompense, samedi 25 février : « Depuis des milliers d’années, on tourne en rond pour essayer de définir ce qui peut être considéré comme de l’art, qui est autorisé à le faire, ce qui en détermine la valeur. (…) Ce film que nous avons vu place la réflexion, le sentiment, le son et l’image relatifs à ces questions à un niveau profond, à un niveau humaniste, qui nous a tous touchés au sein du jury. C’est la preuve cinématographique de la nécessité vitale de l’expression humaine, et c’est magistralement réalisé. (…) Les paramètres invisibles établis par l’industrie et l’académisme ne tiennent absolument pas la route face à ce film, à cette œuvre, peu importe le nom qu’on lui donne. (…) C’est pourquoi je suis honorée et bouleversée de remettre l’Ours d’or de cette année à Sur l’Adamant et à tous ses producteurs. »

Il y a quelque chose de beau et de touchant à voir cette icône planétaire de 32 ans rendre un tel hommage à un documentariste français de 72 ans, en dynamitant joyeusement les cloisonnements de genre, de génération ou de nationalité au nom d’une idée du cinéma entendu comme art spirituel et maison commune. Sur l’Adamant est, de fait, un film magnifique et chaleureux, libre et poétique, qui lui-même décloisonne les catégories de la normalité et de la folie, résistant tant qu’il peut aux déterminismes et aux cases, où un certain ordre social gagne à ranger les gens.

Trilogie annoncée

L’Adamant est un hôpital de jour destiné à des patients atteints de troubles psychiques, élégant bâtiment de bois en forme de péniche arrimée sur la Seine, quai de la Rapée, à Paris, depuis 2010. On pratique ici la psychiatrie institutionnelle, soit une médecine fondée sur la rupture avec l’enfermement asilaire, sur la participation collective aux initiatives et aux activités, sur l’approfondissement et l’humanisation des relations entre soignants et patients. On aura noté que le président Emmanuel Macron a salué le film, qui n’en constitue pas moins le parfait contre-exemple d’une psychiatrie française qui semble laissée à l’abandon par les pouvoirs publics.

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« Sur l’Adamant », de Nicolas Philibert.

Ce n’est évidemment pas tous les jours qu’un documentaire revient d’un grand festival bardé d’or. C’est ce qui arrive aujourd’hui, au retour de la Berlinale, à Nicolas Philibert et à son film Sur l’Adamant, qui a damé le pion à des compétiteurs plus attendus. Philibert, cinéaste qui cultive l’irrespect et l’humilité, est ainsi l’homme de toutes les surprises, après le coup de Trafalgar d’Etre et avoir en 2002, son documentaire qui avait attiré plus d’un million de spectateurs en salle.

Ce n’est pas tous les jours non plus qu’une présidente de jury, en l’occurrence Kristen Stewart, s’exprime comme elle l’a fait en remettant au lauréat sa récompense, samedi 25 février : « Depuis des milliers d’années, on tourne en rond pour essayer de définir ce qui peut être considéré comme de l’art, qui est autorisé à le faire, ce qui en détermine la valeur. (…) Ce film que nous avons vu place la réflexion, le sentiment, le son et l’image relatifs à ces questions à un niveau profond, à un niveau humaniste, qui nous a tous touchés au sein du jury. C’est la preuve cinématographique de la nécessité vitale de l’expression humaine, et c’est magistralement réalisé. (…) Les paramètres invisibles établis par l’industrie et l’académisme ne tiennent absolument pas la route face à ce film, à cette œuvre, peu importe le nom qu’on lui donne. (…) C’est pourquoi je suis honorée et bouleversée de remettre l’Ours d’or de cette année à Sur l’Adamant et à tous ses producteurs. »

Il y a quelque chose de beau et de touchant à voir cette icône planétaire de 32 ans rendre un tel hommage à un documentariste français de 72 ans, en dynamitant joyeusement les cloisonnements de genre, de génération ou de nationalité au nom d’une idée du cinéma entendu comme art spirituel et maison commune. Sur l’Adamant est, de fait, un film magnifique et chaleureux, libre et poétique, qui lui-même décloisonne les catégories de la normalité et de la folie, résistant tant qu’il peut aux déterminismes et aux cases, où un certain ordre social gagne à ranger les gens.

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L’Adamant est un hôpital de jour destiné à des patients atteints de troubles psychiques, élégant bâtiment de bois en forme de péniche arrimée sur la Seine, quai de la Rapée, à Paris, depuis 2010. On pratique ici la psychiatrie institutionnelle, soit une médecine fondée sur la rupture avec l’enfermement asilaire, sur la participation collective aux initiatives et aux activités, sur l’approfondissement et l’humanisation des relations entre soignants et patients. On aura noté que le président Emmanuel Macron a salué le film, qui n’en constitue pas moins le parfait contre-exemple d’une psychiatrie française qui semble laissée à l’abandon par les pouvoirs publics.

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