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« Les Deux Beune », « Charge », « Kafka »… Cinq conseils de lecture - Le Monde

LA LISTE DE LA MATINALE

« La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde », de Marie Favereau, Perrin, 432 p.

Cette semaine, Pierre Michon donne une suite à La Grande Beune, sur les rives du désir ; un récit autobiographique de Treize qui met les pleins phares sur les soins psychiatriques côtoie la biographie de Kafka signée Reiner Stach – premier de trois tomes. Dans un essai historique, Marie Favereau met en lumière la Horde d’or, composante de l’Empire mongol entre le XIIIe et le XVe siècle. Laura Vazquez, pour sa part, nous propose une épopée en vers pour embrasser le monde.

ROMAN. « Les Deux Beune », de Pierre Michon

Pierre Michon rêvait de donner une suite à La Grande Beune (Verdier, 1996). « La Petite Beune » surgit près de trois décennies après « La Grande », avec laquelle il est publié sous le titre Les Deux Beune. Et ce qui frappe est un miracle : il parvient immédiatement à relancer la tension érotique presque hallucinée qui porte le premier texte.

Nous sommes toujours dans la Dordogne des années 1960, où a été envoyé le narrateur, âgé de 20 ans, pour enseigner. Yvonne, la buraliste du village, le plonge toujours dans un état de fiévreuse sidération, laquelle trouve un écho dans le monde qui l’entoure, troué de grottes préhistoriques, traversé de symboles sexuels et de totems animaliers.

Les phrases, d’une densité extraordinaire, amatrices de points-virgules, tentées par l’alexandrin, mettent en scène un affrontement entre animalité et « civilisation », qui est au cœur du texte comme il est au cœur du désir du narrateur pour Yvonne. Les dernières pages apportent une forme de résolution à ce que l’on pourrait appeler l’intrigue. Mais ce second volet se garde bien de dissiper tous les mystères et les brouillards qui planent sur la Beune. R. L.

 « Les Deux Beune », de Pierre Michon, Verdier, 156 p., 18,50 €, numérique 15 €.

RÉCIT. « Charge », de Treize

La chimie enfin « sortie de son sang », c’est la colère que Treize fait couler dans ses phrases-veines : Charge est la déflagration de son « écriture intérieure ». Avant « le pays psychiatrique », son esprit était une « commode avec des tiroirs pour tout », qui a volé en éclats. Le livre invente un nouveau système de pensée : « J’écope mes histoires/Ces gorgées m’intoxiquent. » Nommer enfin les choses lui permet de redresser les mots. Les ranger non plus dans des cases, mais dans le souffle haletant d’une parole faite acte.

Entre récit, enquête et poésie, elle crée avec ce premier livre un essai littéraire autobiographique frémissant, écrit comme une bombe de plaisir – le rapport à soi retrouvé. Pour en explorer la portée – la charge virale –, elle coule ses mots dans le flow, et parfois l’italique, de sa phrase indomptable. Familier, précieux, cru… elle ne choisit pas entre les styles.

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« La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde », de Marie Favereau, Perrin, 432 p.

Cette semaine, Pierre Michon donne une suite à La Grande Beune, sur les rives du désir ; un récit autobiographique de Treize qui met les pleins phares sur les soins psychiatriques côtoie la biographie de Kafka signée Reiner Stach – premier de trois tomes. Dans un essai historique, Marie Favereau met en lumière la Horde d’or, composante de l’Empire mongol entre le XIIIe et le XVe siècle. Laura Vazquez, pour sa part, nous propose une épopée en vers pour embrasser le monde.

ROMAN. « Les Deux Beune », de Pierre Michon

Pierre Michon rêvait de donner une suite à La Grande Beune (Verdier, 1996). « La Petite Beune » surgit près de trois décennies après « La Grande », avec laquelle il est publié sous le titre Les Deux Beune. Et ce qui frappe est un miracle : il parvient immédiatement à relancer la tension érotique presque hallucinée qui porte le premier texte.

Nous sommes toujours dans la Dordogne des années 1960, où a été envoyé le narrateur, âgé de 20 ans, pour enseigner. Yvonne, la buraliste du village, le plonge toujours dans un état de fiévreuse sidération, laquelle trouve un écho dans le monde qui l’entoure, troué de grottes préhistoriques, traversé de symboles sexuels et de totems animaliers.

Les phrases, d’une densité extraordinaire, amatrices de points-virgules, tentées par l’alexandrin, mettent en scène un affrontement entre animalité et « civilisation », qui est au cœur du texte comme il est au cœur du désir du narrateur pour Yvonne. Les dernières pages apportent une forme de résolution à ce que l’on pourrait appeler l’intrigue. Mais ce second volet se garde bien de dissiper tous les mystères et les brouillards qui planent sur la Beune. R. L.

 « Les Deux Beune », de Pierre Michon, Verdier, 156 p., 18,50 €, numérique 15 €.

RÉCIT. « Charge », de Treize

La chimie enfin « sortie de son sang », c’est la colère que Treize fait couler dans ses phrases-veines : Charge est la déflagration de son « écriture intérieure ». Avant « le pays psychiatrique », son esprit était une « commode avec des tiroirs pour tout », qui a volé en éclats. Le livre invente un nouveau système de pensée : « J’écope mes histoires/Ces gorgées m’intoxiquent. » Nommer enfin les choses lui permet de redresser les mots. Les ranger non plus dans des cases, mais dans le souffle haletant d’une parole faite acte.

Entre récit, enquête et poésie, elle crée avec ce premier livre un essai littéraire autobiographique frémissant, écrit comme une bombe de plaisir – le rapport à soi retrouvé. Pour en explorer la portée – la charge virale –, elle coule ses mots dans le flow, et parfois l’italique, de sa phrase indomptable. Familier, précieux, cru… elle ne choisit pas entre les styles.

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