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Au cinéma cette semaine : « Sur L'Adamant », « Chien de la casse », « Blue Jean », « La Conférence »… - Le Monde

LA LISTE DE LA MATINALE

Anthony Bajon, Galatea Bellugi et Raphaël Quenard dans « Chien de la casse » (2023).

Ours d’or à la Berlinale, Sur l’Adamant, de Nicolas Philibert, plonge dans un lieu psychiatrique alternatif. Blue Jean explore comme un polar l’homophobie en milieu scolaire, et La Conférence revient sur la sombre organisation de l’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Ovni de la semaine, Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand, sur une jeunesse égarée, révèle un cinéaste à suivre.

  • A ne pas manquer

« Sur L’Adamant » : utopie en milieu psychiatrique

Le bateau s’appelle L’Adamant. On le trouve sur la rive droite de la Seine, à proximité du pont Charles-de-Gaulle et de la gare de Lyon, flottant sous le quai de la Rapée, où se diluent dans Paris les flots automobiles en provenance de l’autoroute. Ouvert en 2010, ce centre de jour, dépendant du pôle psychiatrique Paris Centre, accueille les patients des quatre premiers arrondissements de la capitale. Sans doute fallait-il que Nicolas Philibert, l’un de nos plus grands documentaristes, en pousse un jour la porte, pour deux raisons. La première tient à une œuvre aimantée par les expressions minoritaires. La seconde est l’écho que le motif de la folie rencontre dans son œuvre même, puisque Sur L’Adamant fait lointainement suite à La Moindre des choses, réalisé en 1996 à la clinique de la Borde.

Cela dit, de La Moindre des choses à Sur L’Adamant, la dramaturgie semble s’effacer. Ça furète, ça impulse, ça se perd, ça jaillit, ça se noue et se dénoue au gré du moment, de la rencontre, de la fatigue, de l’inattendu. Mais il ne faut pas croire que la question serait d’accumuler des portraits pittoresques. Plutôt celle de constituer un univers dangereusement proche du nôtre, où normalité et folie, humour et délire, création et maladie mentale entrent dans une résonance qui nous rappelle, dans leur écart même, qu’ils sont en réalité faits de la même pâte. Sur L’Adamant est ainsi une belle fantaisie, où Nicolas Philibert a délibérément maintenu la souffrance à la lisière, au profit de l’humain partage. J. Ma.

« Chien de la casse » : instantané de jeunesse périurbaine

Inconnu au bataillon, Jean-Baptiste Durand livre avec son premier long métrage un film qui possède la vertu rare de sentir davantage le craquant du vécu que la mise en fonction scénaristique et de faire éprouver la réalité originale d’une situation par ailleurs banale. De tenter aussi, au Pouget (Hérault), un instantané d’anthropologue sur une jeunesse périurbaine prise entre la désertification campagnarde et la tension des banlieues. Un film à la fois drôle et angoissant, aussi bien vu que senti, interprété sur le fil d’un absurde beckettien que le nom des deux personnages principaux – Dog et Mirales – semble à lui seul attester. Soit l’histoire canonique d’une amitié virile ébranlée par l’entrée dans le jeu d’une belle jeune fille (Galatea Bellugi).

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Ours d’or à la Berlinale, Sur l’Adamant, de Nicolas Philibert, plonge dans un lieu psychiatrique alternatif. Blue Jean explore comme un polar l’homophobie en milieu scolaire, et La Conférence revient sur la sombre organisation de l’extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Ovni de la semaine, Chien de la casse, de Jean-Baptiste Durand, sur une jeunesse égarée, révèle un cinéaste à suivre.

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Le bateau s’appelle L’Adamant. On le trouve sur la rive droite de la Seine, à proximité du pont Charles-de-Gaulle et de la gare de Lyon, flottant sous le quai de la Rapée, où se diluent dans Paris les flots automobiles en provenance de l’autoroute. Ouvert en 2010, ce centre de jour, dépendant du pôle psychiatrique Paris Centre, accueille les patients des quatre premiers arrondissements de la capitale. Sans doute fallait-il que Nicolas Philibert, l’un de nos plus grands documentaristes, en pousse un jour la porte, pour deux raisons. La première tient à une œuvre aimantée par les expressions minoritaires. La seconde est l’écho que le motif de la folie rencontre dans son œuvre même, puisque Sur L’Adamant fait lointainement suite à La Moindre des choses, réalisé en 1996 à la clinique de la Borde.

Cela dit, de La Moindre des choses à Sur L’Adamant, la dramaturgie semble s’effacer. Ça furète, ça impulse, ça se perd, ça jaillit, ça se noue et se dénoue au gré du moment, de la rencontre, de la fatigue, de l’inattendu. Mais il ne faut pas croire que la question serait d’accumuler des portraits pittoresques. Plutôt celle de constituer un univers dangereusement proche du nôtre, où normalité et folie, humour et délire, création et maladie mentale entrent dans une résonance qui nous rappelle, dans leur écart même, qu’ils sont en réalité faits de la même pâte. Sur L’Adamant est ainsi une belle fantaisie, où Nicolas Philibert a délibérément maintenu la souffrance à la lisière, au profit de l’humain partage. J. Ma.

« Chien de la casse » : instantané de jeunesse périurbaine

Inconnu au bataillon, Jean-Baptiste Durand livre avec son premier long métrage un film qui possède la vertu rare de sentir davantage le craquant du vécu que la mise en fonction scénaristique et de faire éprouver la réalité originale d’une situation par ailleurs banale. De tenter aussi, au Pouget (Hérault), un instantané d’anthropologue sur une jeunesse périurbaine prise entre la désertification campagnarde et la tension des banlieues. Un film à la fois drôle et angoissant, aussi bien vu que senti, interprété sur le fil d’un absurde beckettien que le nom des deux personnages principaux – Dog et Mirales – semble à lui seul attester. Soit l’histoire canonique d’une amitié virile ébranlée par l’entrée dans le jeu d’une belle jeune fille (Galatea Bellugi).

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