Avouez que vous aussi, à la machine à café, vous parlez de cette série de télé-réalité version Stéphane Plaza de luxe. Elle suscite une certaine fascination… Peut-être parce qu’elle copie les ressorts de la série américaine.

Dans la famille Kretz, tout le monde travaille à l’Agence, spécialisée dans l’immobilier de luxe. Photo Sam Pinto/TMC
Publié le 23 avril 2023 à 19h00
Mis à jour le 23 avril 2023 à 19h00
Oubliez la famille Roy, les Kretz sont les acteurs de notre Succession à nous, version « Boulbi ». Faux documentaire mais vraie télé-réalité, plus cheap que la série de Jesse Armstrong mais un tout petit peu plus chic qu’une émission de Stéphane Plaza. Au fil des trois saisons, on y brade en effet des baraques pas possible : le château de Jacques Garcia, un démentiel hôtel particulier vers Matignon, la villa de Starck au Cap-Ferret ou la demeure la plus haute de Marseille… Les mandats signés sont astronomiques, même pour de plus « classiques » appartements haussmanniens : à L’Agence, on ne cède pas grand-chose en dessous de plusieurs millions d’euros.
Mais qui sont nos courtiers ? Une vraie famille de vrais agents immobiliers. Les parents, leurs quatre fils et la grand-mère en guise de sidekick rigolo. Requins du foncier, sans doute un peu moins riches mais tout aussi détestables que les Roy. Et, un point dans leur camp, ils ont tous la même tête photocopiée car issus du même mariage : prends ça, Logan !
Lire notre critique
En guise de patriarche, il y a justemment Olivier, créateur de l’agence et de l’empire Kretz. À ses côtés, son épouse Sandrine et leurs trois aînés, Martin, Louis et Valentin qui jouent aux frères modèles. Martin-Kendall fait la course en tête : il a le bénéfice de la séniorité, sans être brillant pour autant. Suivent Louis et Valentin, plus discrets comme Siobhan et Roman, aux personnalités moins affirmées. Puis le quatrième, Raphaël : un temps Connor (en dehors de l’empire), devenu Greg (petit neveu victime) dans cette troisième saison. Tout juste majeur, tout juste arrivé dans l’agence, charrié par ses frères et chargé des tâches ingrates, ici les biens… en location.
Mais coup de tonnerre à Boulogne, le patriarche voudrait arrêter, comme au début de la série américaine, et passer les clefs de l’empire à ses fils. En sont-ils seulement capables ? Tout ce beau monde vit au rythme des coups de pression et grosses colères de papa : « Quand j’ai démarré, je faisais tout le boulot de A à Z ! Non, vraiment, je me demande si vous avez les épaules. » « Depuis que papa nous a remonté les bretelles, l’ambiance au bureau est un peu pesante », litote son fils. Cela ne vous rappelle rien ? Le chef décide et tout le monde suit, comme dans la deuxième saison où Martin, face à la pression, décidait de ne pas s’installer à Lisbonne. Sa femme renonçait donc au poste qu’elle y avait obtenu… Aujourd’hui, ce sont les parents qui veulent partir au Brésil. Et ne demandent leur avis à personne.
Mauvais goût baroque
En plus du tutoiement avec les hautes sphères économiques, l’émission repose sur les mêmes ressorts de guéguerre entre frères que Succession. Une fratrie bien détestable quand elle tente, toutes canines dehors, de vendre un bien coûte que coûte pour satisfaire papa. Louis provoque un entretien seul à seul avec son père pour lui proposer de développer de son côté l’Agence dans l’Est parisien. Proposition acceptée, tandis que Martin plante — encore — une visite en s’éloignant du brief. Il propose une maison trois millions au-dessus du budget de ses clients mais avec deux chambres en moins que ce qu’ils demandaient !
D’ailleurs, vrai point de sympathie, la plupart des clients ultrariches de l’émission restent sûrs d’eux mais réfléchis, ils ne sont pas là pour gaspiller leurs millions… Sauf un jeune « crypto-bro » qui achète un appartement à quatre millions en quatre minutes montre en main. Concernant le rapport à l’argent, le point va aux Kretz. Quand les Roy bataillent à coups de milliards qui n’ont aucune valeur pour eux, on surprend parfois Martin ou Louis à rêver aux demeures vingt sept fois au dessus de leurs moyens. Les pauvres ne peuvent que les faire visiter.
À lire aussi :
Le dispositif reste très centré sur l’immobilier — quand même un peu plus intéressant que leurs petits malheurs. La série alterne entre les visites de biens et des séquences privées — sans oublier les inévitables confessions face caméra. Avec aussi tous les codes du baroque du mauvais goût selon Netflix : plans en drones, immenses titres bariolés et musique house (vous l’avez ?) pour ne pas que tout ce luxe nous endorme. Il paraît que ce n’est pas scénarisé. Il paraît aussi que les Kretz travaillent depuis le salon de la maison familiale. Ils ont bien une petite table ronde autour de laquelle s’installer avec leur Macbooks… Mais où sont leurs dossiers ? En tout cas, contrairement aux Roy, eux arrivent à faire tourner l’entreprise familiale à l’unisson… ou presque.
o L’Agence : l’immobilier de luxe en famille, série/téléréalité (France, Saison 3, 8 × 60 mn). Sur Netflix.
Read AgainAvouez que vous aussi, à la machine à café, vous parlez de cette série de télé-réalité version Stéphane Plaza de luxe. Elle suscite une certaine fascination… Peut-être parce qu’elle copie les ressorts de la série américaine.

Dans la famille Kretz, tout le monde travaille à l’Agence, spécialisée dans l’immobilier de luxe. Photo Sam Pinto/TMC
Publié le 23 avril 2023 à 19h00
Mis à jour le 23 avril 2023 à 19h00
Oubliez la famille Roy, les Kretz sont les acteurs de notre Succession à nous, version « Boulbi ». Faux documentaire mais vraie télé-réalité, plus cheap que la série de Jesse Armstrong mais un tout petit peu plus chic qu’une émission de Stéphane Plaza. Au fil des trois saisons, on y brade en effet des baraques pas possible : le château de Jacques Garcia, un démentiel hôtel particulier vers Matignon, la villa de Starck au Cap-Ferret ou la demeure la plus haute de Marseille… Les mandats signés sont astronomiques, même pour de plus « classiques » appartements haussmanniens : à L’Agence, on ne cède pas grand-chose en dessous de plusieurs millions d’euros.
Mais qui sont nos courtiers ? Une vraie famille de vrais agents immobiliers. Les parents, leurs quatre fils et la grand-mère en guise de sidekick rigolo. Requins du foncier, sans doute un peu moins riches mais tout aussi détestables que les Roy. Et, un point dans leur camp, ils ont tous la même tête photocopiée car issus du même mariage : prends ça, Logan !
Lire notre critique
En guise de patriarche, il y a justemment Olivier, créateur de l’agence et de l’empire Kretz. À ses côtés, son épouse Sandrine et leurs trois aînés, Martin, Louis et Valentin qui jouent aux frères modèles. Martin-Kendall fait la course en tête : il a le bénéfice de la séniorité, sans être brillant pour autant. Suivent Louis et Valentin, plus discrets comme Siobhan et Roman, aux personnalités moins affirmées. Puis le quatrième, Raphaël : un temps Connor (en dehors de l’empire), devenu Greg (petit neveu victime) dans cette troisième saison. Tout juste majeur, tout juste arrivé dans l’agence, charrié par ses frères et chargé des tâches ingrates, ici les biens… en location.
Mais coup de tonnerre à Boulogne, le patriarche voudrait arrêter, comme au début de la série américaine, et passer les clefs de l’empire à ses fils. En sont-ils seulement capables ? Tout ce beau monde vit au rythme des coups de pression et grosses colères de papa : « Quand j’ai démarré, je faisais tout le boulot de A à Z ! Non, vraiment, je me demande si vous avez les épaules. » « Depuis que papa nous a remonté les bretelles, l’ambiance au bureau est un peu pesante », litote son fils. Cela ne vous rappelle rien ? Le chef décide et tout le monde suit, comme dans la deuxième saison où Martin, face à la pression, décidait de ne pas s’installer à Lisbonne. Sa femme renonçait donc au poste qu’elle y avait obtenu… Aujourd’hui, ce sont les parents qui veulent partir au Brésil. Et ne demandent leur avis à personne.
Mauvais goût baroque
En plus du tutoiement avec les hautes sphères économiques, l’émission repose sur les mêmes ressorts de guéguerre entre frères que Succession. Une fratrie bien détestable quand elle tente, toutes canines dehors, de vendre un bien coûte que coûte pour satisfaire papa. Louis provoque un entretien seul à seul avec son père pour lui proposer de développer de son côté l’Agence dans l’Est parisien. Proposition acceptée, tandis que Martin plante — encore — une visite en s’éloignant du brief. Il propose une maison trois millions au-dessus du budget de ses clients mais avec deux chambres en moins que ce qu’ils demandaient !
D’ailleurs, vrai point de sympathie, la plupart des clients ultrariches de l’émission restent sûrs d’eux mais réfléchis, ils ne sont pas là pour gaspiller leurs millions… Sauf un jeune « crypto-bro » qui achète un appartement à quatre millions en quatre minutes montre en main. Concernant le rapport à l’argent, le point va aux Kretz. Quand les Roy bataillent à coups de milliards qui n’ont aucune valeur pour eux, on surprend parfois Martin ou Louis à rêver aux demeures vingt sept fois au dessus de leurs moyens. Les pauvres ne peuvent que les faire visiter.
À lire aussi :
Le dispositif reste très centré sur l’immobilier — quand même un peu plus intéressant que leurs petits malheurs. La série alterne entre les visites de biens et des séquences privées — sans oublier les inévitables confessions face caméra. Avec aussi tous les codes du baroque du mauvais goût selon Netflix : plans en drones, immenses titres bariolés et musique house (vous l’avez ?) pour ne pas que tout ce luxe nous endorme. Il paraît que ce n’est pas scénarisé. Il paraît aussi que les Kretz travaillent depuis le salon de la maison familiale. Ils ont bien une petite table ronde autour de laquelle s’installer avec leur Macbooks… Mais où sont leurs dossiers ? En tout cas, contrairement aux Roy, eux arrivent à faire tourner l’entreprise familiale à l’unisson… ou presque.
o L’Agence : l’immobilier de luxe en famille, série/téléréalité (France, Saison 3, 8 × 60 mn). Sur Netflix.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "“L'Agence”, sur Netflix, contre “Succession” : quelle famille raye mieux le parquet ? - Télérama.fr"
Post a Comment