Disparition
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On pense à cette photo floue de lui, debout dans une rue de New York, shooté par Jeannette Montgomery Barron. Sous un parapluie, se mordant les joues, star internationale en devenir, mais sans avoir l’air de trop y croire. Ryuichi Sakamoto ne devint jamais tout à fait la pop star que le monde voyait en lui. Pas tout à fait réticent, et même à l’aise dans le sérail au côté de Warhol ou Bowie, il savait qu’il était autre, unique au monde de par sa multiplicité et sa culture, irrémédiablement. Pianiste, chef d’orchestre, professeur, savant descendant de Debussy et copieur, jusque dans le flegme, d’Erik Satie, homme de recherches. Et puis japonais, né entre les deux pôles de l’Occident, insulaire, enfant d’une guerre où sa nation tout entière s’était retournée contre tout ce qui lui était étranger, devenue alliée indispensable mais aussi concurrente forcée de questionner sa place au centre du monde, avec son enrichissement vertigineux, en quelques décennies seulement, et ses bidules électroniques qui changeaient tout, la vie et la culture.
Made in Japan, la musique du plus célèbre des musiciens japonais de son temps l’était profondément, tout comme son esprit, son caractère toujours inquiet des indiscrétions, si élégant dans son élocution. Son sens de l’harmonie, vaste comme le ciel, faisait le lien d’ailleurs entre les îles de l’art et les continents – orientale pour les oreilles occidentales et inversement. «Quand je travaille avec des Japonais, je suis japonais. Quan
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On pense à cette photo floue de lui, debout dans une rue de New York, shooté par Jeannette Montgomery Barron. Sous un parapluie, se mordant les joues, star internationale en devenir, mais sans avoir l’air de trop y croire. Ryuichi Sakamoto ne devint jamais tout à fait la pop star que le monde voyait en lui. Pas tout à fait réticent, et même à l’aise dans le sérail au côté de Warhol ou Bowie, il savait qu’il était autre, unique au monde de par sa multiplicité et sa culture, irrémédiablement. Pianiste, chef d’orchestre, professeur, savant descendant de Debussy et copieur, jusque dans le flegme, d’Erik Satie, homme de recherches. Et puis japonais, né entre les deux pôles de l’Occident, insulaire, enfant d’une guerre où sa nation tout entière s’était retournée contre tout ce qui lui était étranger, devenue alliée indispensable mais aussi concurrente forcée de questionner sa place au centre du monde, avec son enrichissement vertigineux, en quelques décennies seulement, et ses bidules électroniques qui changeaient tout, la vie et la culture.
Made in Japan, la musique du plus célèbre des musiciens japonais de son temps l’était profondément, tout comme son esprit, son caractère toujours inquiet des indiscrétions, si élégant dans son élocution. Son sens de l’harmonie, vaste comme le ciel, faisait le lien d’ailleurs entre les îles de l’art et les continents – orientale pour les oreilles occidentales et inversement. «Quand je travaille avec des Japonais, je suis japonais. Quan
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