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Face à la « grève » d'Adèle Haenel, le monde du cinéma partagé entre perplexité et admiration - Le Monde

L’actrice Adèle Haenel, à la 45e édition de la cérémonie des Césars, à Paris, le 28 février 2020.

Adèle Haenel a décidé de « politiser [son] arrêt du cinéma ». Dans une lettre à Télérama publiée mardi 9 mai, l’actrice du Portrait de la jeune fille en feu et des Combattants explique les raisons pour lesquelles elle « se met en grève » de ce milieu. Elle entend « dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et plus généralement la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde ».

Depuis ses débuts, la jeune femme a pris plusieurs fois la parole par conviction politique ou pour dénoncer des abus. En 2014, tout juste récompensée du César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Suzanne, de Katell Quillévéré, elle fait son coming out sur scène. En novembre 2019, elle révèle à Mediapart avoir été victime d’attouchements et de harcèlements sexuels par le réalisateur Christophe Ruggia. L’année suivante, elle quitte la cérémonie des Césars pour s’opposer au sacre de Roman Polanski, rattrapé par des accusations de viol.

Cette fois, elle part pour de bon. Le cinéma, c’est fini. Aperçue lors des dernières mobilisations contre la réforme des retraites, elle s’est rendue le 24 mars devant la plus grande raffinerie de France, TotalEnergies, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), pour soutenir le mouvement des grévistes. « Disons-le clairement : alors que la biodiversité s’effondre, que la militarisation de l’Europe s’emballe, que la faim et la misère ne cessent de se répandre, quelle est cette obsession du monde du cinéma – collégialement réuni aux Césars, en promotion pour ses films – de vouloir rester “léger” ? De ne surtout parler de “rien” ? », écrit-elle.

Sa tribune a immédiatement été applaudie par la députée d’Europe Ecologie-Les Verts Sandrine Rousseau sur Twitter. Le lendemain, la secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), Sophie Binet, invitée sur le plateau de « Quotidien » sur TMC, s’est dite impressionnée par « son courage ». En deuxième partie d’émission, Maïwenn, en promotion pour Jeanne du Barry (avec Johnny Depp en Louis XV, quelques mois après sa victoire en justice face à Amber Heard, qui l’accusait de violences conjugales, viol et menaces de mort), a quant à elle trouvé « triste de tenir un discours aussi radical ».

« Empathie » et « courage »

Le Monde a demandé à des cinéastes, mais aussi des actrices et des acteurs engagés dans la politique culturelle du cinéma, de livrer leurs premières réactions. Le mot « courage » a souvent été cité. « Empathie » et « admiration » aussi. « Je trouve que c’est un texte très fort. Adèle Haenel touche mon sens de la responsabilité et ses déclarations profondes et intransigeantes me culpabilisent, même si je ne fais pas partie de ceux qui protègent Polanski », confie la réalisatrice Aurélia Georges (La Place d’une autre).

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L’actrice Adèle Haenel, à la 45e édition de la cérémonie des Césars, à Paris, le 28 février 2020.

Adèle Haenel a décidé de « politiser [son] arrêt du cinéma ». Dans une lettre à Télérama publiée mardi 9 mai, l’actrice du Portrait de la jeune fille en feu et des Combattants explique les raisons pour lesquelles elle « se met en grève » de ce milieu. Elle entend « dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels, et plus généralement la manière dont ce milieu collabore avec l’ordre mortifère écocide raciste du monde ».

Depuis ses débuts, la jeune femme a pris plusieurs fois la parole par conviction politique ou pour dénoncer des abus. En 2014, tout juste récompensée du César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Suzanne, de Katell Quillévéré, elle fait son coming out sur scène. En novembre 2019, elle révèle à Mediapart avoir été victime d’attouchements et de harcèlements sexuels par le réalisateur Christophe Ruggia. L’année suivante, elle quitte la cérémonie des Césars pour s’opposer au sacre de Roman Polanski, rattrapé par des accusations de viol.

Cette fois, elle part pour de bon. Le cinéma, c’est fini. Aperçue lors des dernières mobilisations contre la réforme des retraites, elle s’est rendue le 24 mars devant la plus grande raffinerie de France, TotalEnergies, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), pour soutenir le mouvement des grévistes. « Disons-le clairement : alors que la biodiversité s’effondre, que la militarisation de l’Europe s’emballe, que la faim et la misère ne cessent de se répandre, quelle est cette obsession du monde du cinéma – collégialement réuni aux Césars, en promotion pour ses films – de vouloir rester “léger” ? De ne surtout parler de “rien” ? », écrit-elle.

Sa tribune a immédiatement été applaudie par la députée d’Europe Ecologie-Les Verts Sandrine Rousseau sur Twitter. Le lendemain, la secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), Sophie Binet, invitée sur le plateau de « Quotidien » sur TMC, s’est dite impressionnée par « son courage ». En deuxième partie d’émission, Maïwenn, en promotion pour Jeanne du Barry (avec Johnny Depp en Louis XV, quelques mois après sa victoire en justice face à Amber Heard, qui l’accusait de violences conjugales, viol et menaces de mort), a quant à elle trouvé « triste de tenir un discours aussi radical ».

« Empathie » et « courage »

Le Monde a demandé à des cinéastes, mais aussi des actrices et des acteurs engagés dans la politique culturelle du cinéma, de livrer leurs premières réactions. Le mot « courage » a souvent été cité. « Empathie » et « admiration » aussi. « Je trouve que c’est un texte très fort. Adèle Haenel touche mon sens de la responsabilité et ses déclarations profondes et intransigeantes me culpabilisent, même si je ne fais pas partie de ceux qui protègent Polanski », confie la réalisatrice Aurélia Georges (La Place d’une autre).

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