Le réalisateur présente sur la Croisette son 11e film, "Asteroid City", en lice pour la Palme d'or. Le prestigieux casting confirme que l'Américain a trouvé la recette pour attirer les stars devant sa caméra.
Margot Robbie, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Adrien Brody, Edward Norton, Steve Carell, Jeff Goldblum… La présence d'une seule de ces stars au pied des marches du palais des Festivals suffirait à faire scintiller les flashs des photographes. Wes Anderson réussit l'exploit de les réunir dans un seul film, Asteroid City, présenté sur la Croisette mardi 23 mai et en lice pour la Palme d'or. Pour son onzième long-métrage, le réalisateur américain de 54 ans s'est offert un nouveau casting haut de gamme, avec des habitués et de nouveaux visages.
"Il a tourné avec assez de talents de premier plan pour remplir un Met Gala", résume Variety (lien en anglais). Qu'est-ce qui séduit aussi bien George Clooney (la voix du renard star de Fantastic Mr. Fox) que Léa Seydoux (Simone, la gardienne de prison de The French Dispatch) ? Pourquoi tout ce beau monde accepte-t-il d'entrer dans le monde symétrique et acidulé de l'auteur de La Famille Tenenbaum et du Grand Budapest Hotel ?
Parce qu'il a monté "une des meilleures troupes du cinéma moderne"
Depuis ses débuts derrière la caméra en 1996 pour Bottle Rocket, Wes Anderson s'entoure de fidèles, qu'il retrouve au gré de ses films. "Il aime travailler avec la même équipe technique, par exemple, il collabore toujours avec son directeur de la photographie, Robert D. Yeoman", illustre Julie Assouly, autrice de Wes Anderson, cinéaste transatlantique (CNRS Editions), dont la parution est prévue cet automne. "J'aime travailler avec des amis, des gens que je vois régulièrement, donc chaque film, c'est un peu comme une réunion entre amis", expliquait le réalisateur en 2012, lors de la conférence de presse cannoise de Moonrise Kingdom.
Certains acteurs et actrices reviennent donc souvent à l'affiche de ses films : Bill Murray a tourné neuf fois sous sa direction depuis son deuxième long-métrage, Rushmore (1998), Jason Schwartzman, sept, Adrien Brody, cinq, ou encore Tilda Swinton, quatre. "Wes Anderson est le seul qui me donne du travail, donc c'est toujours une aventure de travailler avec lui", rigolait Bill Murray en 2012. "Je nous vois comme une troupe de théâtre", illustre le réalisateur dans La Croix (article payant). De film en film, cette petite bande intègre de nouveaux membres : Edward Norton, Bruce Willis, Tom Hanks, Ralph Fiennes, Margot Robbie… "Wes Anderson a réussi à mettre sur pied une des meilleures troupes du cinéma moderne. Et tous les acteurs veulent en faire partie, pas seulement nous", confirmait Edward Norton.
Parce qu'il crée "une ambiance de village" autour de ses tournages
Depuis A bord du Darjeeling Limited, sorti en 2007, Wes Anderson a trouvé une méthode de tournage et il n'en déroge plus : il réunit tout le monde au même endroit. "On dîne et dort tous ensemble, à deux pas du studio. Essentiel pour souder l'équipe", argumente-t-il dans Le Monde (article payant). Si, pour Moonrise Kingdom, il n'avait pas pu trouver un lieu assez grand pour loger tout le monde, il y est parvenu pour The Grand Budapest Hotel, tourné à Görlitz, en Saxe, et pour The French Dispatch, présenté à Cannes en 2021, où les stars Benicio Del Toro, Timothée Chalamet ou Mathieu Amalric avaient séjourné dans un hôtel d'Angoulême (Charente).
"C'est là que nous dînions tous les soirs. Je me souviens de Benicio Del Toro qui, au début, me disait qu'il ne voulait pas descendre dîner avec tout le monde parce qu'il voulait rester seul pour travailler son texte et qui, finalement, est descendu tous les soirs en disant : 'Je ne veux pas louper le dîner car ça serait un peu comme si je loupais le dîner des Golden Globes. Il y a tellement de gens avec qui j'ai envie de parler'", raconte le cinéaste à Konbini. "Il crée une ambiance de village, qui permet aux acteurs de s'immerger dans l'univers du film et de nouer des liens qui vont transparaître à l'image", détaille Julie Assouly. Ainsi, chaque tournage a un goût de "reviens-y" qui permet au réalisateur de se construire une troupe de fidèles.
"A la fin du tournage, la tristesse de se quitter est compensée par la perspective de se retrouver. Chaque film consiste à fonder une famille, à la refonder."
Wes Anderson, réalisateurdans Le Monde
Parce que son univers "ne ressemble à aucun autre"
Au fil des années, les œuvres de Wes Anderson ont acquis un certain prestige. "Il est de plus en plus populaire, mais il reste un artiste que les acteurs apprécient pour sa créativité, son inventivité, étaye Julie Assouly. Ce côté 'cinéma d'auteur' attire." "Même si mes films peuvent parfois sembler un peu complexes, tout ce que je veux faire, c'est raconter une histoire de façon conventionnelle. J'ai mes personnages, je veux leur construire un monde et faire entrer le spectateur dedans", estime le cinéaste.
"Par la mise en scène, très symétrique, les costumes, originaux, ou encore la posture impassible des acteurs qu'il a démocratisée, il fait entrer dans un univers qui ne ressemble à aucun autre, un peu comme quand on allait tourner chez Tim Burton", détaille la maîtresse de conférences à l'université d'Artois.
"Ce sont les acteurs qui s'adaptent à Wes Anderson, et non l'inverse."
Julie Assouly, maîtresse de conférences en civilisation américaine à l'université d'Artoisà franceinfo
Ainsi, Bruce Willis, habitué des rôles musclés et parfois mutiques, comme chez M. Night Shyamalan, avait assuré, lors de la conférence de presse cannoise de Moonrise Kingdom en 2012, avoir trouvé "tout à fait rafraîchissant qu'on [lui] demande de jouer ce rôle d'une manière tout à fait spécifique" de shériff peu futé, mais paternel et affectueux. "Wes crée un monde magique à l'écran dans lequel on a envie de se retrouver", résume l'acteur Bob Balaban, qui a tourné quatre fois sous la direction du cinéaste.
Parce qu'il n'est "pas juste un fantaisiste"
Son univers très codifié et reconnaissable entre mille est devenu une source d'inspiration pour les réseaux sociaux, où le challenge "Accidental Wes Anderson" a eu son heure de gloire. Il est même devenu un livre. "Il est en vogue parce qu'il y a un effet viral sur les réseaux sociaux, tempère Julie Assouly, mais ce n'est pas juste un fantaisiste, il a ce don artistique, une maestria doublée d'une extrême rigueur."
De quoi attirer une superstar du calibre de Scarlett Johansson. L'actrice, qui campe Black Widow dans la franchise Avengers depuis 2010, a accepté d'endosser le rôle de l'héroïne d'Asteroid City. "J'aime le genre de contraintes qu'impose la précision de Wes. Quelque part, je la trouve libératrice", a-t-elle confié à Variety. Son fidèle acteur, Jason Schwartzman, ne dit pas autre chose, dans Les Inrocks (article payant) : "Je me suis rendu compte à quel point j'aimais travailler avec un metteur en scène qui sait au millimètre près ce qu'il veut, totalement obsédé par son travail."
"Dans cette méticulosité, il invite ses collaborateurs, qu'il s'agisse des techniciens ou des acteurs, dans une extravagance qu'il va mettre en cadre", observe dans le Huffington Post le compositeur français Alexandre Desplat, qui a collaboré à six reprises avec le réalisateur. Son savoir-faire se manifeste jusque dans la gestion de son budget. "Il tire le maximum de chaque dollar dépensé", affirme à L'Obs (article payant) son biographe, Matt Zoller Seitz. "Les budgets de ses films sont étonnamment modestes, autour de 25 millions de dollars (...) Il ne construit jamais plus que ce que l'on voit à l'image", ajoute-t-il.
Et si son unique carton au box-office reste The Grand Budapest Hotel avec plus de 174 millions de dollars, selon le site JPBox-Office, et plus de 1,5 million de spectateurs en France, d'après les chiffres annoncés à franceinfo par le site CBO-boxoffice, le nom de Wes Anderson a acquis un certain prestige. Jusqu'à présent, il n'a toutefois jamais remporté de grande distinction, malgré sept nominations aux Oscars. "Ce n'est pas impossible qu'il obtienne un Oscar un jour, présage Julie Assouly, mais à mon avis, il serait plus ravi d'obtenir la Palme d'or."
Le réalisateur présente sur la Croisette son 11e film, "Asteroid City", en lice pour la Palme d'or. Le prestigieux casting confirme que l'Américain a trouvé la recette pour attirer les stars devant sa caméra.
Margot Robbie, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Adrien Brody, Edward Norton, Steve Carell, Jeff Goldblum… La présence d'une seule de ces stars au pied des marches du palais des Festivals suffirait à faire scintiller les flashs des photographes. Wes Anderson réussit l'exploit de les réunir dans un seul film, Asteroid City, présenté sur la Croisette mardi 23 mai et en lice pour la Palme d'or. Pour son onzième long-métrage, le réalisateur américain de 54 ans s'est offert un nouveau casting haut de gamme, avec des habitués et de nouveaux visages.
"Il a tourné avec assez de talents de premier plan pour remplir un Met Gala", résume Variety (lien en anglais). Qu'est-ce qui séduit aussi bien George Clooney (la voix du renard star de Fantastic Mr. Fox) que Léa Seydoux (Simone, la gardienne de prison de The French Dispatch) ? Pourquoi tout ce beau monde accepte-t-il d'entrer dans le monde symétrique et acidulé de l'auteur de La Famille Tenenbaum et du Grand Budapest Hotel ?
Parce qu'il a monté "une des meilleures troupes du cinéma moderne"
Depuis ses débuts derrière la caméra en 1996 pour Bottle Rocket, Wes Anderson s'entoure de fidèles, qu'il retrouve au gré de ses films. "Il aime travailler avec la même équipe technique, par exemple, il collabore toujours avec son directeur de la photographie, Robert D. Yeoman", illustre Julie Assouly, autrice de Wes Anderson, cinéaste transatlantique (CNRS Editions), dont la parution est prévue cet automne. "J'aime travailler avec des amis, des gens que je vois régulièrement, donc chaque film, c'est un peu comme une réunion entre amis", expliquait le réalisateur en 2012, lors de la conférence de presse cannoise de Moonrise Kingdom.
Certains acteurs et actrices reviennent donc souvent à l'affiche de ses films : Bill Murray a tourné neuf fois sous sa direction depuis son deuxième long-métrage, Rushmore (1998), Jason Schwartzman, sept, Adrien Brody, cinq, ou encore Tilda Swinton, quatre. "Wes Anderson est le seul qui me donne du travail, donc c'est toujours une aventure de travailler avec lui", rigolait Bill Murray en 2012. "Je nous vois comme une troupe de théâtre", illustre le réalisateur dans La Croix (article payant). De film en film, cette petite bande intègre de nouveaux membres : Edward Norton, Bruce Willis, Tom Hanks, Ralph Fiennes, Margot Robbie… "Wes Anderson a réussi à mettre sur pied une des meilleures troupes du cinéma moderne. Et tous les acteurs veulent en faire partie, pas seulement nous", confirmait Edward Norton.
Parce qu'il crée "une ambiance de village" autour de ses tournages
Depuis A bord du Darjeeling Limited, sorti en 2007, Wes Anderson a trouvé une méthode de tournage et il n'en déroge plus : il réunit tout le monde au même endroit. "On dîne et dort tous ensemble, à deux pas du studio. Essentiel pour souder l'équipe", argumente-t-il dans Le Monde (article payant). Si, pour Moonrise Kingdom, il n'avait pas pu trouver un lieu assez grand pour loger tout le monde, il y est parvenu pour The Grand Budapest Hotel, tourné à Görlitz, en Saxe, et pour The French Dispatch, présenté à Cannes en 2021, où les stars Benicio Del Toro, Timothée Chalamet ou Mathieu Amalric avaient séjourné dans un hôtel d'Angoulême (Charente).
"C'est là que nous dînions tous les soirs. Je me souviens de Benicio Del Toro qui, au début, me disait qu'il ne voulait pas descendre dîner avec tout le monde parce qu'il voulait rester seul pour travailler son texte et qui, finalement, est descendu tous les soirs en disant : 'Je ne veux pas louper le dîner car ça serait un peu comme si je loupais le dîner des Golden Globes. Il y a tellement de gens avec qui j'ai envie de parler'", raconte le cinéaste à Konbini. "Il crée une ambiance de village, qui permet aux acteurs de s'immerger dans l'univers du film et de nouer des liens qui vont transparaître à l'image", détaille Julie Assouly. Ainsi, chaque tournage a un goût de "reviens-y" qui permet au réalisateur de se construire une troupe de fidèles.
"A la fin du tournage, la tristesse de se quitter est compensée par la perspective de se retrouver. Chaque film consiste à fonder une famille, à la refonder."
Wes Anderson, réalisateurdans Le Monde
Parce que son univers "ne ressemble à aucun autre"
Au fil des années, les œuvres de Wes Anderson ont acquis un certain prestige. "Il est de plus en plus populaire, mais il reste un artiste que les acteurs apprécient pour sa créativité, son inventivité, étaye Julie Assouly. Ce côté 'cinéma d'auteur' attire." "Même si mes films peuvent parfois sembler un peu complexes, tout ce que je veux faire, c'est raconter une histoire de façon conventionnelle. J'ai mes personnages, je veux leur construire un monde et faire entrer le spectateur dedans", estime le cinéaste.
"Par la mise en scène, très symétrique, les costumes, originaux, ou encore la posture impassible des acteurs qu'il a démocratisée, il fait entrer dans un univers qui ne ressemble à aucun autre, un peu comme quand on allait tourner chez Tim Burton", détaille la maîtresse de conférences à l'université d'Artois.
"Ce sont les acteurs qui s'adaptent à Wes Anderson, et non l'inverse."
Julie Assouly, maîtresse de conférences en civilisation américaine à l'université d'Artoisà franceinfo
Ainsi, Bruce Willis, habitué des rôles musclés et parfois mutiques, comme chez M. Night Shyamalan, avait assuré, lors de la conférence de presse cannoise de Moonrise Kingdom en 2012, avoir trouvé "tout à fait rafraîchissant qu'on [lui] demande de jouer ce rôle d'une manière tout à fait spécifique" de shériff peu futé, mais paternel et affectueux. "Wes crée un monde magique à l'écran dans lequel on a envie de se retrouver", résume l'acteur Bob Balaban, qui a tourné quatre fois sous la direction du cinéaste.
Parce qu'il n'est "pas juste un fantaisiste"
Son univers très codifié et reconnaissable entre mille est devenu une source d'inspiration pour les réseaux sociaux, où le challenge "Accidental Wes Anderson" a eu son heure de gloire. Il est même devenu un livre. "Il est en vogue parce qu'il y a un effet viral sur les réseaux sociaux, tempère Julie Assouly, mais ce n'est pas juste un fantaisiste, il a ce don artistique, une maestria doublée d'une extrême rigueur."
De quoi attirer une superstar du calibre de Scarlett Johansson. L'actrice, qui campe Black Widow dans la franchise Avengers depuis 2010, a accepté d'endosser le rôle de l'héroïne d'Asteroid City. "J'aime le genre de contraintes qu'impose la précision de Wes. Quelque part, je la trouve libératrice", a-t-elle confié à Variety. Son fidèle acteur, Jason Schwartzman, ne dit pas autre chose, dans Les Inrocks (article payant) : "Je me suis rendu compte à quel point j'aimais travailler avec un metteur en scène qui sait au millimètre près ce qu'il veut, totalement obsédé par son travail."
"Dans cette méticulosité, il invite ses collaborateurs, qu'il s'agisse des techniciens ou des acteurs, dans une extravagance qu'il va mettre en cadre", observe dans le Huffington Post le compositeur français Alexandre Desplat, qui a collaboré à six reprises avec le réalisateur. Son savoir-faire se manifeste jusque dans la gestion de son budget. "Il tire le maximum de chaque dollar dépensé", affirme à L'Obs (article payant) son biographe, Matt Zoller Seitz. "Les budgets de ses films sont étonnamment modestes, autour de 25 millions de dollars (...) Il ne construit jamais plus que ce que l'on voit à l'image", ajoute-t-il.
Et si son unique carton au box-office reste The Grand Budapest Hotel avec plus de 174 millions de dollars, selon le site JPBox-Office, et plus de 1,5 million de spectateurs en France, d'après les chiffres annoncés à franceinfo par le site CBO-boxoffice, le nom de Wes Anderson a acquis un certain prestige. Jusqu'à présent, il n'a toutefois jamais remporté de grande distinction, malgré sept nominations aux Oscars. "Ce n'est pas impossible qu'il obtienne un Oscar un jour, présage Julie Assouly, mais à mon avis, il serait plus ravi d'obtenir la Palme d'or."
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