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Helmut Berger, acteur inoubliable des « Damnés » et de « Ludwig ou le Crépuscule des dieux », est mort - Le Monde

L’acteur Helmut Berger, le 11 décembre 1969, à New York.

On associe automatiquement son nom à celui de Luchino Visconti (1906-1976), dont il a été la grande passion, la muse, une matière idéale aussi, qui a permis à l’auteur du Guépard (1963) de façonner, pygmalion moderne, d’inoubliables figures irrésistiblement liées à l’idée de décadence et d’ambivalence sexuelle. On a évidemment raison tant l’éphèbe blond, à la beauté terrassante, doit tout au cinéaste qui l’a découvert et, de surcroît, lui a donné ses plus beaux rôles. Helmut Berger est mort à Salzbourg, en Autriche, jeudi 18 mai.

Il était né à Bad Ischl, dans le sud de la Haute-Autriche, de parents hôteliers, le 29 mai 1944. A l’âge de 18 ans, il part pour Londres pour apprendre l’art dramatique. Il suit des cours de langue à l’université de Pérouse, en Italie, avant de s’installer à Rome. Visconti le repère durant le tournage de Sandra, en 1964. Il en fait son amant et lui donnera un rôle dans La Sorcière brûlée vive, l’un des épisodes du film à sketchs, Les Sorcières, sorte d’écrin offert à Silvana Mangano, qu’il réalise en 1967.

Mais c’est l’année suivante que le cinéaste a l’intuition géniale d’écrire pour Berger le rôle de Martin von Essenbeck, le jeune homme sexuellement tourmenté, victime de pulsions pédophiles, et apparemment fragile qui, manipulé par un machiavélique nazi, prendra un pouvoir absolu sur sa famille de riches industriels allemands après avoir fait le vide autour de lui.

Sa première apparition dans Les Damnés (1969) est inoubliable. Il surgit sur la scène d’un petit théâtre dressé pour une cérémonie familiale, en travesti, plumes, haut-de-forme et porte-jarretelles, caricature de Marlene Dietrich entonnant une chanson à double sens, Kinder, heute abend, da such’ ich mir was aus. Le dernier plan du film le montre en uniforme noir des SS, le bras tendu, et tout le film trace le parcours d’une vision à une autre, de deux images apparemment, mais apparemment seulement, antithétiques.

Comportements excentriques

Visconti en fera ensuite son Louis II de Bavière, dans Ludwig ou le Crépuscule des dieux, en 1973. Il incarne le jeune monarque, fou d’absolu, d’art et de beauté, progressivement détruit par un monde qui ne s’accorde pas à ses passions extrêmes, soumis à un lent processus de vieillissement et de déchéance. Enfin, Violence et passion, en 1974 le confronte à Burt Lancaster, vieux professeur d’université, fasciné et troublé par la beauté vénéneuse d’un jeune homme porteur d’un désordre qui est aussi une promesse vitale.

La mort de Visconti, en 1976, l’anéantit et il fait une tentative de suicide en 1977. L’alcool et les stupéfiants deviennent une habitude. Il multiplie les liaisons, tous sexes confondus, et se fait remarquer par ses comportements excentriques, comme celui qui consiste à surgir au cœur d’une fête très huppée en slip avec un léopard en laisse.

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L’acteur Helmut Berger, le 11 décembre 1969, à New York.

On associe automatiquement son nom à celui de Luchino Visconti (1906-1976), dont il a été la grande passion, la muse, une matière idéale aussi, qui a permis à l’auteur du Guépard (1963) de façonner, pygmalion moderne, d’inoubliables figures irrésistiblement liées à l’idée de décadence et d’ambivalence sexuelle. On a évidemment raison tant l’éphèbe blond, à la beauté terrassante, doit tout au cinéaste qui l’a découvert et, de surcroît, lui a donné ses plus beaux rôles. Helmut Berger est mort à Salzbourg, en Autriche, jeudi 18 mai.

Il était né à Bad Ischl, dans le sud de la Haute-Autriche, de parents hôteliers, le 29 mai 1944. A l’âge de 18 ans, il part pour Londres pour apprendre l’art dramatique. Il suit des cours de langue à l’université de Pérouse, en Italie, avant de s’installer à Rome. Visconti le repère durant le tournage de Sandra, en 1964. Il en fait son amant et lui donnera un rôle dans La Sorcière brûlée vive, l’un des épisodes du film à sketchs, Les Sorcières, sorte d’écrin offert à Silvana Mangano, qu’il réalise en 1967.

Mais c’est l’année suivante que le cinéaste a l’intuition géniale d’écrire pour Berger le rôle de Martin von Essenbeck, le jeune homme sexuellement tourmenté, victime de pulsions pédophiles, et apparemment fragile qui, manipulé par un machiavélique nazi, prendra un pouvoir absolu sur sa famille de riches industriels allemands après avoir fait le vide autour de lui.

Sa première apparition dans Les Damnés (1969) est inoubliable. Il surgit sur la scène d’un petit théâtre dressé pour une cérémonie familiale, en travesti, plumes, haut-de-forme et porte-jarretelles, caricature de Marlene Dietrich entonnant une chanson à double sens, Kinder, heute abend, da such’ ich mir was aus. Le dernier plan du film le montre en uniforme noir des SS, le bras tendu, et tout le film trace le parcours d’une vision à une autre, de deux images apparemment, mais apparemment seulement, antithétiques.

Comportements excentriques

Visconti en fera ensuite son Louis II de Bavière, dans Ludwig ou le Crépuscule des dieux, en 1973. Il incarne le jeune monarque, fou d’absolu, d’art et de beauté, progressivement détruit par un monde qui ne s’accorde pas à ses passions extrêmes, soumis à un lent processus de vieillissement et de déchéance. Enfin, Violence et passion, en 1974 le confronte à Burt Lancaster, vieux professeur d’université, fasciné et troublé par la beauté vénéneuse d’un jeune homme porteur d’un désordre qui est aussi une promesse vitale.

La mort de Visconti, en 1976, l’anéantit et il fait une tentative de suicide en 1977. L’alcool et les stupéfiants deviennent une habitude. Il multiplie les liaisons, tous sexes confondus, et se fait remarquer par ses comportements excentriques, comme celui qui consiste à surgir au cœur d’une fête très huppée en slip avec un léopard en laisse.

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