Survalorisation des ego, humour à côté de la plaque… La conférence de rentrée de la chaîne cryptée, lundi 26 juin, s’est révélée particulièrement malaisante. Car très loin des réalités sociales et politiques.
Publié le 27 juin 2023 à 16h00
Mis à jour le 27 juin 2023 à 16h33
Journalistes, collaborateurs : tous étaient conviés, lundi 26 juin, à la présentation des programmes de rentrée de septembre de Canal+, transformée cette année en « Summer Party ». Ce genre d’événement ne va pas sans une dose d’auto-congratulation. Mais cette année, on a atteint des sommets. Jusqu’au malaise quand, à mi-parcours, un « journaliste » affublé d’une moustache suspecte et d’un improbable canotier s’est levé pour poser une question à brûle-pourpoint : « À quand le retour de Sébastien Thoen ? » Les plus perspicaces auront compris qu’il s’agissait de Sébastien Thoen lui-même : débarqué sans ménagement en 2020 pour avoir réalisé un sketch parodique sur le talk-show de CNews L’heure des pros, qui avait déplu au seigneur du groupe Vincent Bolloré. L’humoriste était venu mettre en scène son come-back – il animera à la rentrée une émission de voyage avec Baptiste Lecaplain et Gérard Jugnot. Un happening qui doit avoir un goût amer pour la trentaine de salariés de la chaîne virée il y a deux ans après avoir signé une pétition pour le soutenir, alors que le commentateur historique du foot Stéphane Guy était mis à pied puis évincé après lui avoir rendu hommage à l’antenne.
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Un reste abâtardi du proverbial « esprit Canal » veut apparemment que le second degré fasse tout passer, du moins dans la bulle où semblent évoluer les artistes maison. À l’heure où les salariés du JDD, autre propriété de Bolloré, sont en grève pour protester contre l’arrivée du journaliste d’extrême droite Geoffroy Lejeune à la direction du titre, et ont reçu le soutien de quatre cents personnalités du monde politique et culturel, le grand raout de Canal, avec sa litanie de remerciements corporate, ses serments d’allégeance appuyés et ses vannes hors sol, avait quelque chose de lunaire. Ce sentiment aurait sans doute été moins fort si l’exploration des programmes eux-mêmes avait primé sur la promotion de leurs créateurs. Mais à quelques exceptions près, la logique des têtes d’affiche s’est transformée en ego trip généralisé – le pompon revenant à Stéphane De Groodt et son prochain documentaire… sur lui-même. Ou comment se regarder le nombril pour mieux fermer les yeux sur le reste.
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