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Gérard Depardieu, le crépuscule d'un monstre sacré du cinéma rattrapé par ses dérives - Le Monde

Ce lundi 10 avril, Gérard Depardieu a rendez-vous chez Intertalent, l’agence artistique dirigée par François Samuelson. De son hôtel particulier parisien, rue du Cherche-Midi, aux bureaux de l’agent, rue Gay-Lussac, il n’y a pas plus de deux kilomètres, quasi en ligne droite en longeant le jardin du Luxembourg. Il les parcourt à scooter. Combien de voisins du quartier croisent chaque jour, sans oser l’aborder, cette silhouette imposante ? Avec ses 130 kilos sous ce drôle de petit casque dont il n’attache jamais la sangle, même le puissant Yamaha TMax a l’air d’une simple « pétrolette », comme on disait dans les années 1950 à Châteauroux, la ville de son enfance. L’acteur remonte parfois la rue en sens interdit. A la fois connu de tous, inaccessible, associé à mille souvenirs de cinéma. Et hors des clous.

La raison de sa visite à François Samuelson tient en une courte phrase : « Michel Houellebecq ne va pas bien », l’a prévenu l’agent historique de l’écrivain. Après plusieurs best-sellers portés aux nues par la critique, la réputation du romancier se fissure peu à peu sous ses provocations. Des attaques à l’emporte-pièce contre l’islam, les immigrés et les féministes, un film porno tourné avec son épouse diffusé sans son autorisation… Houellebecq, qui adorait la polémique, ne supporte plus son image ternie.

Depardieu et lui ne se sont plus revus depuis Thalasso (2019), le film de Guillaume Nicloux dans lequel ils interprètent deux curistes à Cabourg (Calvados), mais l’acteur connaît par cœur la douleur du désamour. Lui aussi est passé du statut de monstre adoré à celui d’un homme dont même les amis ont renoncé à excuser les sorties de route.

Gérard Depardieu, chez lui, rue du Cherche-Midi, à Paris, le 15 février 2022.

Ce jour-là, chez Intertalent, il s’empare d’un de ses trois téléphones portables et appelle Houellebecq. A l’issue de la conversation, il décide aussitôt de lui rendre visite. Au moment où il se dirige vers la porte et met son casque, François Samuelson l’arrête. Par acquit de conscience, il tient à s’assurer d’une chose : « Dis-moi Gérard, es-tu au courant de la publication, demain, sur Mediapart, d’une enquête où plusieurs femmes t’accusent de violences sexuelles sur tes tournages ? » Un grognement, un haussement d’épaules, le voilà reparti.

Comportement « rabelaisien »

Depuis plusieurs années, le scandale l’accompagne et, depuis des années, il ne se produit pas. Pense-t-il que cela peut encore continuer ? Que les dizaines de chefs-d’œuvre qui ont fait de lui le plus grand acteur français des cinquante dernières années effaceront pour toujours les blessés causés par ses accidents de moto en état d’ivresse, les mains aux fesses des maquilleuses et des techniciens, les scènes de violence alcoolisées sur les tournages où un médecin se trouvait dépêché d’urgence pour lui administrer une piqûre de calmant, son soutien tonitruant à Vladimir Poutine et les images le montrant rouge et hilare aux côtés de dictateurs de la planète ?

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Ce lundi 10 avril, Gérard Depardieu a rendez-vous chez Intertalent, l’agence artistique dirigée par François Samuelson. De son hôtel particulier parisien, rue du Cherche-Midi, aux bureaux de l’agent, rue Gay-Lussac, il n’y a pas plus de deux kilomètres, quasi en ligne droite en longeant le jardin du Luxembourg. Il les parcourt à scooter. Combien de voisins du quartier croisent chaque jour, sans oser l’aborder, cette silhouette imposante ? Avec ses 130 kilos sous ce drôle de petit casque dont il n’attache jamais la sangle, même le puissant Yamaha TMax a l’air d’une simple « pétrolette », comme on disait dans les années 1950 à Châteauroux, la ville de son enfance. L’acteur remonte parfois la rue en sens interdit. A la fois connu de tous, inaccessible, associé à mille souvenirs de cinéma. Et hors des clous.

La raison de sa visite à François Samuelson tient en une courte phrase : « Michel Houellebecq ne va pas bien », l’a prévenu l’agent historique de l’écrivain. Après plusieurs best-sellers portés aux nues par la critique, la réputation du romancier se fissure peu à peu sous ses provocations. Des attaques à l’emporte-pièce contre l’islam, les immigrés et les féministes, un film porno tourné avec son épouse diffusé sans son autorisation… Houellebecq, qui adorait la polémique, ne supporte plus son image ternie.

Depardieu et lui ne se sont plus revus depuis Thalasso (2019), le film de Guillaume Nicloux dans lequel ils interprètent deux curistes à Cabourg (Calvados), mais l’acteur connaît par cœur la douleur du désamour. Lui aussi est passé du statut de monstre adoré à celui d’un homme dont même les amis ont renoncé à excuser les sorties de route.

Gérard Depardieu, chez lui, rue du Cherche-Midi, à Paris, le 15 février 2022.

Ce jour-là, chez Intertalent, il s’empare d’un de ses trois téléphones portables et appelle Houellebecq. A l’issue de la conversation, il décide aussitôt de lui rendre visite. Au moment où il se dirige vers la porte et met son casque, François Samuelson l’arrête. Par acquit de conscience, il tient à s’assurer d’une chose : « Dis-moi Gérard, es-tu au courant de la publication, demain, sur Mediapart, d’une enquête où plusieurs femmes t’accusent de violences sexuelles sur tes tournages ? » Un grognement, un haussement d’épaules, le voilà reparti.

Comportement « rabelaisien »

Depuis plusieurs années, le scandale l’accompagne et, depuis des années, il ne se produit pas. Pense-t-il que cela peut encore continuer ? Que les dizaines de chefs-d’œuvre qui ont fait de lui le plus grand acteur français des cinquante dernières années effaceront pour toujours les blessés causés par ses accidents de moto en état d’ivresse, les mains aux fesses des maquilleuses et des techniciens, les scènes de violence alcoolisées sur les tournages où un médecin se trouvait dépêché d’urgence pour lui administrer une piqûre de calmant, son soutien tonitruant à Vladimir Poutine et les images le montrant rouge et hilare aux côtés de dictateurs de la planète ?

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