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Les sorties cinéma : « Les Meutes », « De nos jours », « Caiti Blues », « Oppenheimer »… - Le Monde

LA LISTE DE LA MATINALE

« De nos jours », film sud-coréen de Hong Sang-soo (2023).

Dans les bas-fonds de Casablanca, deux pieds nickelés chargés de se débarrasser d’un cadavre pourrissant dans le coffre d’une voiture sont les héros du premier long-métrage remarquable du réalisateur marocain Kamal Lazraq (Les Meutes). Une ancienne actrice et un vieux poète mènent chacun de leur côté une conversation avec des admirateurs, filmés par le Sud-Coréen Hong Sang-soo, qui signe là son film le plus drôle depuis longtemps (De nos jours). Le quotidien sublime et fragile de Caiti Lord nous livre un portrait à double face d’une Amérique amère et d’une chanteuse (Caiti Blues) : les salles accueillent cette semaine plusieurs pépites.

A ne pas manquer

« Les Meutes » : une vie de chiens à Casablanca

Le rideau s’ouvre sur la scène nocturne, sordide à souhait, d’une Casablanca non revendiquée par l’office du tourisme. Ambiance racaille et combats de chiens, sang, bave, violence, misère sociale. Le terrain est vague, les faciès ravagés. Un molosse est laissé pour mort. Son propriétaire dénonce un combat truqué et est roué de coup par l’un des hommes de main du propriétaire du chien vainqueur. Au petit matin, deux nouveaux protagonistes. Issam, jeune manutentionnaire qui tente de surnager avec de petits boulots, et Hassan, son père, ex-taulard et homme de main, disponible aux coups tordus, se présentent. Lequel justement vient chercher Issam pour ce qu’il nomme « un bon coup ».

Le tandem, en compagnie duquel on va passer l’essentiel du temps, se révèle d’une rare intensité, servi par un tournage fiévreux, une image à gros grains, éclairée à la lueur des feux de croisement. Durant une nuit, les deux pieds nickelés devront se débarrasser d’un cadavre. La nuit passera entière, d’avanie en avanie, de visions fantastiques en coups de malchance. On est ici, et c’est ce qui fait le sel de ce remarquable premier long-métrage, entre la pure monstruosité d’un cadavre pourrissant et la montée superstitieuse d’une inquiétude de la foi chez Hassan. A cette impossible injonction le film répond par une sarabande du rire et de l’effroi, parmi les chiens errants, en nous laissant méditer sur le prix de la vie humaine. J. Ma.

« De nos jours » : Hong Sang-soo dans un bel état de sobriété

Le Sud-Coréen Hong Sang-soo est un cas stupéfiant : celui d’un cinéaste ayant délibérément largué les amarres confortables de l’industrie pour prendre le maquis d’un artisanat sauvage. Depuis, son cinéma va toujours plus loin dans l’épure, une stratégie de délestage permanent dont De nos jours, son 32e long-métrage, présenté à Cannes en clôture de la Quinzaine des cinéastes en mai, marque une nouvelle étape. En quatre-vingt-quatre minutes et une petite vingtaine de plans, ce film se rapproche de la forme du haïku, cette poésie miniature qui rassemble éclats de vie et instants suspendus. Hong s’était, depuis quelque temps déjà, débarrassé des élégances techniques, jusqu’à cumuler tous les postes, de la prise de vue au montage, et se rapprocher ainsi du geste du peintre.

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« Les Meutes » : une vie de chiens à Casablanca

Le rideau s’ouvre sur la scène nocturne, sordide à souhait, d’une Casablanca non revendiquée par l’office du tourisme. Ambiance racaille et combats de chiens, sang, bave, violence, misère sociale. Le terrain est vague, les faciès ravagés. Un molosse est laissé pour mort. Son propriétaire dénonce un combat truqué et est roué de coup par l’un des hommes de main du propriétaire du chien vainqueur. Au petit matin, deux nouveaux protagonistes. Issam, jeune manutentionnaire qui tente de surnager avec de petits boulots, et Hassan, son père, ex-taulard et homme de main, disponible aux coups tordus, se présentent. Lequel justement vient chercher Issam pour ce qu’il nomme « un bon coup ».

Le tandem, en compagnie duquel on va passer l’essentiel du temps, se révèle d’une rare intensité, servi par un tournage fiévreux, une image à gros grains, éclairée à la lueur des feux de croisement. Durant une nuit, les deux pieds nickelés devront se débarrasser d’un cadavre. La nuit passera entière, d’avanie en avanie, de visions fantastiques en coups de malchance. On est ici, et c’est ce qui fait le sel de ce remarquable premier long-métrage, entre la pure monstruosité d’un cadavre pourrissant et la montée superstitieuse d’une inquiétude de la foi chez Hassan. A cette impossible injonction le film répond par une sarabande du rire et de l’effroi, parmi les chiens errants, en nous laissant méditer sur le prix de la vie humaine. J. Ma.

« De nos jours » : Hong Sang-soo dans un bel état de sobriété

Le Sud-Coréen Hong Sang-soo est un cas stupéfiant : celui d’un cinéaste ayant délibérément largué les amarres confortables de l’industrie pour prendre le maquis d’un artisanat sauvage. Depuis, son cinéma va toujours plus loin dans l’épure, une stratégie de délestage permanent dont De nos jours, son 32e long-métrage, présenté à Cannes en clôture de la Quinzaine des cinéastes en mai, marque une nouvelle étape. En quatre-vingt-quatre minutes et une petite vingtaine de plans, ce film se rapproche de la forme du haïku, cette poésie miniature qui rassemble éclats de vie et instants suspendus. Hong s’était, depuis quelque temps déjà, débarrassé des élégances techniques, jusqu’à cumuler tous les postes, de la prise de vue au montage, et se rapprocher ainsi du geste du peintre.

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