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Quand Louboutin défendait son rouge bec et ongles - Le Monde

« Qui n’a pas entendu parler des semelles rouges de Louboutin ? C’est l’un des feuilletons judiciaires les plus commentés de la mode, et à raison : c’est digne d’une grande série ! », lance Ingrid Zafrani, avocate au barreau de Paris, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle. Depuis 2006, le chausseur de luxe s’est engagé dans une bataille juridique, à multiples rebondis­sements, pour protéger cette célèbre carac­téristique maintes fois copiée.

Christian Louboutin a raconté l’histoire des dizaines de fois, comme on le fait avec tout bon récit. En 1993, le prototype d’un soulier en satin de soie arrive à son studio, envoyé par sa manufacture italienne. Surpris qu’il ne corresponde pas à son croquis, le créateur cherche l’erreur. La pièce lui apparaît tout simplement fade.

En l’examinant sous tous les angles, il comprend que la semelle, faite d’une matière noire épaisse, n’est pas visible sur le dessin. Apercevant son assistante se vernir les ongles d’un rouge vif et profond, le designer lui emprunte spontanément le flacon et se met à peindre la semelle. Le rouge Louboutin est né.

Une marque trop gourmande

D’emblée, le succès est au rendez-vous, bien plus qu’espéré. Les stars américaines raffolent de ces escarpins à talons vertigineux et à la semelle écarlate. Rihanna, Oprah Winfrey, Jennifer Lopez (qui leur a même dédié une chanson, Louboutins), Sarah Jessica Parker, toutes s’affichent en stilettos Louboutin, les propulsant au rang d’objet de pop culture.

Mais qui dit succès dit copie… « Etre copié peut vous aider à devenir célèbre, mais cela peut aussi vous ruiner ! Dans l’histoire de la couture, la copie a toujours été une plaie. Quand on est plagié, il n’y a pas d’autre moyen que de se défendre, de surcroît quand on a construit sa marque sur un élément distinctif : chez Louboutin, c’est l’ensemble de sa stratégie qui tourne autour de la semelle rouge. Tous ses souliers en sont dotés », explique l’historien de la mode Xavier Chaumette.

Dès 2006, le chausseur décide donc de défendre bec et ongles sa création. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. « La saison 1 du feuilleton était mauvaise, heureusement qu’il y a eu une saison 2… », commente Ingrid Zafrani, faisant référence aux premiers procès, perdus, par la maison Louboutin. En France, en 2012, elle échoue à défendre sa semelle rouge face à Zara. Elle accusait le géant espagnol d’avoir copié l’un de ses modèles, le Yoyo, un soulier à bout ouvert et… semelle rouge. Invoquant la contrefaçon, le chausseur fait valoir qu’il a déposé la marque Semelle de couleur rouge à l’Institut national de la propriété industrielle.

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« Qui n’a pas entendu parler des semelles rouges de Louboutin ? C’est l’un des feuilletons judiciaires les plus commentés de la mode, et à raison : c’est digne d’une grande série ! », lance Ingrid Zafrani, avocate au barreau de Paris, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle. Depuis 2006, le chausseur de luxe s’est engagé dans une bataille juridique, à multiples rebondis­sements, pour protéger cette célèbre carac­téristique maintes fois copiée.

Christian Louboutin a raconté l’histoire des dizaines de fois, comme on le fait avec tout bon récit. En 1993, le prototype d’un soulier en satin de soie arrive à son studio, envoyé par sa manufacture italienne. Surpris qu’il ne corresponde pas à son croquis, le créateur cherche l’erreur. La pièce lui apparaît tout simplement fade.

En l’examinant sous tous les angles, il comprend que la semelle, faite d’une matière noire épaisse, n’est pas visible sur le dessin. Apercevant son assistante se vernir les ongles d’un rouge vif et profond, le designer lui emprunte spontanément le flacon et se met à peindre la semelle. Le rouge Louboutin est né.

Une marque trop gourmande

D’emblée, le succès est au rendez-vous, bien plus qu’espéré. Les stars américaines raffolent de ces escarpins à talons vertigineux et à la semelle écarlate. Rihanna, Oprah Winfrey, Jennifer Lopez (qui leur a même dédié une chanson, Louboutins), Sarah Jessica Parker, toutes s’affichent en stilettos Louboutin, les propulsant au rang d’objet de pop culture.

Mais qui dit succès dit copie… « Etre copié peut vous aider à devenir célèbre, mais cela peut aussi vous ruiner ! Dans l’histoire de la couture, la copie a toujours été une plaie. Quand on est plagié, il n’y a pas d’autre moyen que de se défendre, de surcroît quand on a construit sa marque sur un élément distinctif : chez Louboutin, c’est l’ensemble de sa stratégie qui tourne autour de la semelle rouge. Tous ses souliers en sont dotés », explique l’historien de la mode Xavier Chaumette.

Dès 2006, le chausseur décide donc de défendre bec et ongles sa création. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. « La saison 1 du feuilleton était mauvaise, heureusement qu’il y a eu une saison 2… », commente Ingrid Zafrani, faisant référence aux premiers procès, perdus, par la maison Louboutin. En France, en 2012, elle échoue à défendre sa semelle rouge face à Zara. Elle accusait le géant espagnol d’avoir copié l’un de ses modèles, le Yoyo, un soulier à bout ouvert et… semelle rouge. Invoquant la contrefaçon, le chausseur fait valoir qu’il a déposé la marque Semelle de couleur rouge à l’Institut national de la propriété industrielle.

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