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« Anatomie d’une chute » : « Faire vivre à mes héroïnes un enfer, c’est ça qui est intéressant » assure… - 20 Minutes

Justine Triet chez elle à Paris en juillet 2023 — STEPHANE LEBLANC / 20 Minutes
  • Tous les vendredis, « 20 Minutes » propose à une personnalité de se livrer sur son actualité dans son rendez-vous « 20 Minutes » avec.
  • Justine Triet, dont le film « Anatomie d’une chute » est sorti ce mercredi sur les écrans, est la troisième femme à avoir reçu la Palme d’or à Cannes.
  • La réalisatrice revient sur la genèse de ce film de procès très réussi, ses partis pris et la polémique qui a suivi son discours de remerciement le soir du palmarès.

Son film Anatomie d’une chute est sorti mercredi, auréolé d’une palme d’or, la troisième décrochée par une réalisatrice au Festival de Cannes, après Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau il y a deux ans. La cinéaste française Justine Triet revient pour 20 Minutes sur la genèse de ce film ambitieux et réussi, son sujet, l’équilibre dans le couple, sa vision féministe du monde et la polémique qui a suivi ses déclarations à Cannes.

Vous avez écrit le film avec Arthur Harari, qui est réalisateur mais qui est aussi votre compagnon. C’est peut-être indiscret, mais comment ça s’est passé ?

C’est un film sur le couple et ce qui mène à sa chute. J’ai demandé à Arthur de m’aider en m’apportant son point de vue de réalisateur. Il y en avait pour deux ou trois mois d’écriture. Mais au bout de cinq jours… Covid ! On habitait alors dans un appartement minuscule. Ma mère nous a laissé sa maison dans la région Centre. On profitait des siestes de notre deuxième fille, qui avait 9 mois, pour écrire. Il y a eu très tôt une jubilation de l’écriture ensemble, mais ça a pris beaucoup plus de temps que prévu. C’était intense. Il y a eu des moments de désaccord aussi. Comme c’était mon film, j’avais le dernier mot, ce n’était pas forcément évident pour lui. C’est pour ça que j’ai dit à Cannes qu’on ne retravaillera plus ensemble, en tout cas de cette façon-là.

Comment vous est venue l’idée de commencer le film par ce qu’on imagine être une scène de dispute, mais formulée sans parole ?

C’est vrai, on plonge en plein chaos, ce qui est une constante dans mes films. On ne comprend pas ce qui se passe. C’est quoi ce mec qui met la musique trop fort ? On n’entend pas sa voix, mais il empêche sa femme d’avoir une discussion avec son invitée. C’est le couple. Et le film va s’employer à essayer de comprendre le chaos dans lequel est ce couple. A travers l’enquête policière au début et l’enregistrement sonore qui va être présenté et disséqué au cours du procès, le film ne va faire que requestionner cette première scène afin de comprendre ce qui s’est passé.

Vos films mettent en avant des femmes qui semblent plus fortes que leurs compagnons. Pour quelle raison ?

Parce qu’il va leur arriver des ennuis et que c’est beaucoup plus amusant de le faire sur un personnage plutôt costaud. Les actrices que je choisis, Virginie Efira dans Victoria et Sybil, Laëtitia Dosch dans La Bataille de Solférino ou Sandra Hüller pour ce film, ce ne sont pas des petites choses fragiles. Faire vivre à mes héroïnes un enfer, les confronter à quelque chose de difficile, c’est ça qui est intéressant et qui me touche. Mais aussi les montrer vulnérables, montrer le chemin qu’elles doivent traverser. Dans Anatomie, c’est une femme qui essaie d’être à peu près à égalité avec son mari. Bon, elle prend un peu plus de place, mais quand il meurt, il va prendre toute la place et la foutre quasiment en tôle. Qu’elle l’ait tué ou pas, il a réussi son coup !

L’inversion des rôles, l’épouse qui profite de sa carrière et le mari qui s’occupe de l’enfant, c’est un choix délibéré ou inconscient ?

Je ne vais pas vous faire de baratin : c’était voulu. Comme le fait que je leur fasse dire des choses pas possibles. Quand Sandra lance à son mari : « Je ne connais pas d’écrivain empêché d’écrire parce qu’il a des courses à faire »… dans la bouche d’un homme, ce serait terriblement misogyne. Je n’aurais jamais pu écrire ça, alors que l’histoire de l’humanité est faite de femmes qui se sacrifient pour leur mari. S’il y a bien une chose qu’on peut s’autoriser en 2023, c’est de donner à des femmes quelques petites tirades bien senties qu’il serait impossible d’attribuer à des personnages masculins.

Au tribunal, on a l’impression que les vieux clichés reprennent le dessus…

Oui, comme il n’y a pas assez de preuves pendant le procès, il faut aller chercher dans ce qu’elle est. Sa sexualité, ce qu’elle écrit, sa manière de vivre. Il y a une critique morale de la société vis-à-vis de cette femme qui serait un peu trop libre. Ça, c’est quelque chose qui avait du sens pour moi et qui était important à questionner. Cette femme qui assume d’être ce qu’elle est, qui n’est pas en train de s’excuser. C’est assez nouveau pour moi, une femme qui ne culpabilise pas. « Je suis complètement d’accord avec ça, m’a rassurée Sandra Hüller. C’est lui qui s’est mis dans cette situation-là. » Le personnage était déjà féministe, il l’est devenu encore plus grâce à son interprète.

Est-ce que #MeToo a changé votre façon de raconter des histoires ?

C’est impossible, même dans le quotidien, dans la cellule familiale, de ne pas questionner les rôles des femmes et des hommes aujourd’hui. Pour autant, quand je travaille, je me place très loin du mot féminisme… Sinon, je pense que je ferai un très mauvais film. Je ne me vois pas adapter ce sujet comme She said sur l’affaire Weinstein, même si je trouve ce film très fort et très bien fait. Non, chez moi les choses se font de manière plus inconsciente. Je me réfère à ce que je suis, comment je vis, comme le fait d’avoir dû travailler quatre fois plus quand je suis tombée enceinte. Je me réfère aussi à des schémas qui m’ont construite : celui de ma grand-mère, qui était une femme très féministe, qui venait d’un milieu très pauvre, et qui a réussi. Alors que ma mère, à l’inverse, s’est fait bouffer par son rôle de mère quand elle était à la maison. Pour moi le féminisme, c’est tout ça, des choses tellement ineffables que je ne peux pas les théoriser.

Avec Julia Ducournau, qui a reçu la Palme d’or deux ans avant vous, vous sentez-vous une complicité, une sororité ?

Oui, très forte mais qui date d’avant nos palmes d’or. Quand Julia a fait Grave, je lui ai écrit et on a eu une très belle correspondance. Il y a beaucoup d’autres réalisatrices, Rebecca Zlotowski, Claire Burger, Céline Sciamma… avec lesquelles je me sens en dialogue, depuis longtemps, même si c’est une chose qui n’était pas du tout formulée avant #MeToo. Et là, je le sens vraiment alors qu’en tant que réalisatrices femmes, on continue à être une minorité. Un journaliste m’a dit récemment « maintenant c’est bon, vous êtes toutes là, vous avez eu deux Palme d’Or en deux ans ». Oui et non. Quand j’ai vu les chiffres de 50/50 sur les prix attribués à des réalisatrices de cinéma, je suis tombée des nues, je pensais qu’il y en avait beaucoup plus. On était dans le déni, mais maintenant que la parole est libérée, ça va pouvoir bouger.

Le soir du palmarès, comment avez-vous vécu l’attente dans la salle ?

Déjà, ils font bien leur truc. Le matin du palmarès, j’apprends que je fais partie de ceux qui doivent redescendre à Cannes. Le film a un prix, mais on ne sait pas lequel. Un tout petit prix, j’imagine. Le soir dans la salle, ça prend du temps. Et quand je vois le caméraman se diriger vers Jonathan Glazer avant l’annonce du Grand Prix, là, je comprends et je me dis putain, ça y est, on l’a, c’est sûr ! Je me dis qu’il va falloir arriver jusque sur la scène, remercier tout le monde et dire mon petit mot. Et là j’ai le cerveau en panique : j’ai prévu un texte, mais pas pour la Palme d’or. Tout se brouille. C’est trop d’émotions.

Auriez-vous dit autre chose si vous aviez su que le film aurait la Palme d’or ?

Certainement, mais je suis heureuse de ce que j’ai dit parce que ça reflète vraiment ce que je voulais dire. J’ai parlé de la réforme des retraites, mais ce n’était pas que les retraites, c’est une façon de gouverner. Il n’y avait aucune revendication d’extrême gauche derrière tout ça. Ça aurait été beaucoup plus simple pour moi de remercier mon père et ma mère. J’ai juste essayé de ne pas penser qu’à moi, d’exprimer ma solidarité. J’ai écrit ça de manière très spontanée, c’était peut-être maladroit mais je l’assume entièrement et je pense que l’une des choses qui a le plus fait tourner les choses au vinaigre le lendemain, c’est vraiment le tweet de la ministre de la culture qui a déformé mes propos en me faisant passer pour quelqu’un qui se plaignait de ne pas avoir eu assez d’argent. Alors que c’était l’inverse. Je disais simplement « Protégeons ce système, s’il vous plaît, il est un peu en danger en ce moment, et franchement, je suis très, très polie en disant ça ».

Vous êtes la troisième femme à recevoir la Palme d’or, la seconde française en deux ans, on attendait peut-être un autre discours de votre part ?

Je me doute que parler de la place des femmes dans le cinéma, c’est ce qu’auraient fait beaucoup de réalisatrices à ma place. Je le ferais peut-être à une autre cérémonie. On peut évidemment se demander si c’était le bon endroit pour dire ce que j’ai dit… Mais ce qui est sûr, c’est qu’à cet endroit-là, je voulais parler de ça. C’est peut-être arrogant de ma part, mais je pense que le film était assez fort pour faire oublier cette polémique qui n’est pas non plus si dramatique. On s’en remettra.

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Justine Triet chez elle à Paris en juillet 2023 — STEPHANE LEBLANC / 20 Minutes
  • Tous les vendredis, « 20 Minutes » propose à une personnalité de se livrer sur son actualité dans son rendez-vous « 20 Minutes » avec.
  • Justine Triet, dont le film « Anatomie d’une chute » est sorti ce mercredi sur les écrans, est la troisième femme à avoir reçu la Palme d’or à Cannes.
  • La réalisatrice revient sur la genèse de ce film de procès très réussi, ses partis pris et la polémique qui a suivi son discours de remerciement le soir du palmarès.

Son film Anatomie d’une chute est sorti mercredi, auréolé d’une palme d’or, la troisième décrochée par une réalisatrice au Festival de Cannes, après Jane Campion en 1993 et Julia Ducournau il y a deux ans. La cinéaste française Justine Triet revient pour 20 Minutes sur la genèse de ce film ambitieux et réussi, son sujet, l’équilibre dans le couple, sa vision féministe du monde et la polémique qui a suivi ses déclarations à Cannes.

Vous avez écrit le film avec Arthur Harari, qui est réalisateur mais qui est aussi votre compagnon. C’est peut-être indiscret, mais comment ça s’est passé ?

C’est un film sur le couple et ce qui mène à sa chute. J’ai demandé à Arthur de m’aider en m’apportant son point de vue de réalisateur. Il y en avait pour deux ou trois mois d’écriture. Mais au bout de cinq jours… Covid ! On habitait alors dans un appartement minuscule. Ma mère nous a laissé sa maison dans la région Centre. On profitait des siestes de notre deuxième fille, qui avait 9 mois, pour écrire. Il y a eu très tôt une jubilation de l’écriture ensemble, mais ça a pris beaucoup plus de temps que prévu. C’était intense. Il y a eu des moments de désaccord aussi. Comme c’était mon film, j’avais le dernier mot, ce n’était pas forcément évident pour lui. C’est pour ça que j’ai dit à Cannes qu’on ne retravaillera plus ensemble, en tout cas de cette façon-là.

Comment vous est venue l’idée de commencer le film par ce qu’on imagine être une scène de dispute, mais formulée sans parole ?

C’est vrai, on plonge en plein chaos, ce qui est une constante dans mes films. On ne comprend pas ce qui se passe. C’est quoi ce mec qui met la musique trop fort ? On n’entend pas sa voix, mais il empêche sa femme d’avoir une discussion avec son invitée. C’est le couple. Et le film va s’employer à essayer de comprendre le chaos dans lequel est ce couple. A travers l’enquête policière au début et l’enregistrement sonore qui va être présenté et disséqué au cours du procès, le film ne va faire que requestionner cette première scène afin de comprendre ce qui s’est passé.

Vos films mettent en avant des femmes qui semblent plus fortes que leurs compagnons. Pour quelle raison ?

Parce qu’il va leur arriver des ennuis et que c’est beaucoup plus amusant de le faire sur un personnage plutôt costaud. Les actrices que je choisis, Virginie Efira dans Victoria et Sybil, Laëtitia Dosch dans La Bataille de Solférino ou Sandra Hüller pour ce film, ce ne sont pas des petites choses fragiles. Faire vivre à mes héroïnes un enfer, les confronter à quelque chose de difficile, c’est ça qui est intéressant et qui me touche. Mais aussi les montrer vulnérables, montrer le chemin qu’elles doivent traverser. Dans Anatomie, c’est une femme qui essaie d’être à peu près à égalité avec son mari. Bon, elle prend un peu plus de place, mais quand il meurt, il va prendre toute la place et la foutre quasiment en tôle. Qu’elle l’ait tué ou pas, il a réussi son coup !

L’inversion des rôles, l’épouse qui profite de sa carrière et le mari qui s’occupe de l’enfant, c’est un choix délibéré ou inconscient ?

Je ne vais pas vous faire de baratin : c’était voulu. Comme le fait que je leur fasse dire des choses pas possibles. Quand Sandra lance à son mari : « Je ne connais pas d’écrivain empêché d’écrire parce qu’il a des courses à faire »… dans la bouche d’un homme, ce serait terriblement misogyne. Je n’aurais jamais pu écrire ça, alors que l’histoire de l’humanité est faite de femmes qui se sacrifient pour leur mari. S’il y a bien une chose qu’on peut s’autoriser en 2023, c’est de donner à des femmes quelques petites tirades bien senties qu’il serait impossible d’attribuer à des personnages masculins.

Au tribunal, on a l’impression que les vieux clichés reprennent le dessus…

Oui, comme il n’y a pas assez de preuves pendant le procès, il faut aller chercher dans ce qu’elle est. Sa sexualité, ce qu’elle écrit, sa manière de vivre. Il y a une critique morale de la société vis-à-vis de cette femme qui serait un peu trop libre. Ça, c’est quelque chose qui avait du sens pour moi et qui était important à questionner. Cette femme qui assume d’être ce qu’elle est, qui n’est pas en train de s’excuser. C’est assez nouveau pour moi, une femme qui ne culpabilise pas. « Je suis complètement d’accord avec ça, m’a rassurée Sandra Hüller. C’est lui qui s’est mis dans cette situation-là. » Le personnage était déjà féministe, il l’est devenu encore plus grâce à son interprète.

Est-ce que #MeToo a changé votre façon de raconter des histoires ?

C’est impossible, même dans le quotidien, dans la cellule familiale, de ne pas questionner les rôles des femmes et des hommes aujourd’hui. Pour autant, quand je travaille, je me place très loin du mot féminisme… Sinon, je pense que je ferai un très mauvais film. Je ne me vois pas adapter ce sujet comme She said sur l’affaire Weinstein, même si je trouve ce film très fort et très bien fait. Non, chez moi les choses se font de manière plus inconsciente. Je me réfère à ce que je suis, comment je vis, comme le fait d’avoir dû travailler quatre fois plus quand je suis tombée enceinte. Je me réfère aussi à des schémas qui m’ont construite : celui de ma grand-mère, qui était une femme très féministe, qui venait d’un milieu très pauvre, et qui a réussi. Alors que ma mère, à l’inverse, s’est fait bouffer par son rôle de mère quand elle était à la maison. Pour moi le féminisme, c’est tout ça, des choses tellement ineffables que je ne peux pas les théoriser.

Avec Julia Ducournau, qui a reçu la Palme d’or deux ans avant vous, vous sentez-vous une complicité, une sororité ?

Oui, très forte mais qui date d’avant nos palmes d’or. Quand Julia a fait Grave, je lui ai écrit et on a eu une très belle correspondance. Il y a beaucoup d’autres réalisatrices, Rebecca Zlotowski, Claire Burger, Céline Sciamma… avec lesquelles je me sens en dialogue, depuis longtemps, même si c’est une chose qui n’était pas du tout formulée avant #MeToo. Et là, je le sens vraiment alors qu’en tant que réalisatrices femmes, on continue à être une minorité. Un journaliste m’a dit récemment « maintenant c’est bon, vous êtes toutes là, vous avez eu deux Palme d’Or en deux ans ». Oui et non. Quand j’ai vu les chiffres de 50/50 sur les prix attribués à des réalisatrices de cinéma, je suis tombée des nues, je pensais qu’il y en avait beaucoup plus. On était dans le déni, mais maintenant que la parole est libérée, ça va pouvoir bouger.

Le soir du palmarès, comment avez-vous vécu l’attente dans la salle ?

Déjà, ils font bien leur truc. Le matin du palmarès, j’apprends que je fais partie de ceux qui doivent redescendre à Cannes. Le film a un prix, mais on ne sait pas lequel. Un tout petit prix, j’imagine. Le soir dans la salle, ça prend du temps. Et quand je vois le caméraman se diriger vers Jonathan Glazer avant l’annonce du Grand Prix, là, je comprends et je me dis putain, ça y est, on l’a, c’est sûr ! Je me dis qu’il va falloir arriver jusque sur la scène, remercier tout le monde et dire mon petit mot. Et là j’ai le cerveau en panique : j’ai prévu un texte, mais pas pour la Palme d’or. Tout se brouille. C’est trop d’émotions.

Auriez-vous dit autre chose si vous aviez su que le film aurait la Palme d’or ?

Certainement, mais je suis heureuse de ce que j’ai dit parce que ça reflète vraiment ce que je voulais dire. J’ai parlé de la réforme des retraites, mais ce n’était pas que les retraites, c’est une façon de gouverner. Il n’y avait aucune revendication d’extrême gauche derrière tout ça. Ça aurait été beaucoup plus simple pour moi de remercier mon père et ma mère. J’ai juste essayé de ne pas penser qu’à moi, d’exprimer ma solidarité. J’ai écrit ça de manière très spontanée, c’était peut-être maladroit mais je l’assume entièrement et je pense que l’une des choses qui a le plus fait tourner les choses au vinaigre le lendemain, c’est vraiment le tweet de la ministre de la culture qui a déformé mes propos en me faisant passer pour quelqu’un qui se plaignait de ne pas avoir eu assez d’argent. Alors que c’était l’inverse. Je disais simplement « Protégeons ce système, s’il vous plaît, il est un peu en danger en ce moment, et franchement, je suis très, très polie en disant ça ».

Vous êtes la troisième femme à recevoir la Palme d’or, la seconde française en deux ans, on attendait peut-être un autre discours de votre part ?

Je me doute que parler de la place des femmes dans le cinéma, c’est ce qu’auraient fait beaucoup de réalisatrices à ma place. Je le ferais peut-être à une autre cérémonie. On peut évidemment se demander si c’était le bon endroit pour dire ce que j’ai dit… Mais ce qui est sûr, c’est qu’à cet endroit-là, je voulais parler de ça. C’est peut-être arrogant de ma part, mais je pense que le film était assez fort pour faire oublier cette polémique qui n’est pas non plus si dramatique. On s’en remettra.

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