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«Reality» dépasse la fiction – Libération - Libération

Interrogatoire

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Le film de Rita Satter suit, quasiment en temps réel, l’interrogatoire d’une lanceuse d’alerte par des agents du FBI. Une variation édifiante sur l’individu face aux faux-semblants de la démocratie américaine.

Si l’on ignore les détails de l’histoire qui a inspiré Reality, la montée en tension du film fait rebondir de surprise en surprise, chacune surpassant la précédente, et il y a là une forme d’humour noir. Une jeune femme, qu’on pourrait prendre pour une adolescente, est accueillie devant chez elle par deux agents du FBI venus l’interroger. Le dialogue qui suit est ubuesque, marqué par une cordialité à toute épreuve. Surfant d’un sujet à l’autre, les deux gaillards jaugent la suspecte sans se départir d’une américanité à la cool, rivalisent d’accents enjoués pour conjurer la raideur de l’échange et ses moments de flottement. Combien d’animaux de compagnie se trouvent dans la maison ? Et dans cette chambre recouverte de peluches, combien d’armes à feu planquées sous le lit ? Le cadre, sécurisant, est celui d’une pimpante banlieue pavillonnaire.

Authentique enregistrement

On est au théâtre de l’absurde, et donc, en Amérique, où tout ce qui semble inconcevablement gros l’est bien trop pour ne pas être vrai. La suite du dialogue instillera le rapport de force par petites touches, à coups de politesses sur fond de pelouses ensoleillées. Mine de rien, les deux agents badinent avec une ancienne recrue de l’Air Force. Balèze sous ses dehors de yogi blonde, la bien-nommée Reality exerce comme linguiste pour une entreprise prestataire des services secrets américains. C’est sur son invitation que la discussion se poursuit dans une annexe sordide à l’arrière de la maison, sans tables ni chaises, la laissant à

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Si l’on ignore les détails de l’histoire qui a inspiré Reality, la montée en tension du film fait rebondir de surprise en surprise, chacune surpassant la précédente, et il y a là une forme d’humour noir. Une jeune femme, qu’on pourrait prendre pour une adolescente, est accueillie devant chez elle par deux agents du FBI venus l’interroger. Le dialogue qui suit est ubuesque, marqué par une cordialité à toute épreuve. Surfant d’un sujet à l’autre, les deux gaillards jaugent la suspecte sans se départir d’une américanité à la cool, rivalisent d’accents enjoués pour conjurer la raideur de l’échange et ses moments de flottement. Combien d’animaux de compagnie se trouvent dans la maison ? Et dans cette chambre recouverte de peluches, combien d’armes à feu planquées sous le lit ? Le cadre, sécurisant, est celui d’une pimpante banlieue pavillonnaire.

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On est au théâtre de l’absurde, et donc, en Amérique, où tout ce qui semble inconcevablement gros l’est bien trop pour ne pas être vrai. La suite du dialogue instillera le rapport de force par petites touches, à coups de politesses sur fond de pelouses ensoleillées. Mine de rien, les deux agents badinent avec une ancienne recrue de l’Air Force. Balèze sous ses dehors de yogi blonde, la bien-nommée Reality exerce comme linguiste pour une entreprise prestataire des services secrets américains. C’est sur son invitation que la discussion se poursuit dans une annexe sordide à l’arrière de la maison, sans tables ni chaises, la laissant à

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