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« 66-5 », sur Canal+ : itinéraire d'une robe noire, du barreau parisien à un tribunal en banlieue - Le Monde

Roxane Bauer (Alice Isaaz), dans la série « 66-5 », créée  par Anne Landois.

Que fera la fiction française une fois le périphérique parisien hors service ? La frontière que tracent ses voies a été si souvent traversée, qu’il s’agisse pour un banlieusard d’accéder au cœur de la capitale (Intouchables, 2011) ou pour un privilégié des vingt arrondissements de se plonger – par idéalisme ou nécessité – dans la réalité des couronnes, petite ou grande (Les Grands Esprits, 2017).

La première saison de la série 66-5 reprend cette figure familière, mais inverse le paradigme des paradis. Son héroïne, Roxane Bauer (Alice Isaaz), que l’on découvre brièvement en avocate d’affaires dans un grand cabinet parisien, doit reprendre le chemin de la cité de l’Abreuvoir à Bobigny, où elle a grandi. Contrairement à ce que pourraient faire croire les premières séquences, la jeune femme n’est pas chassée de l’éden parisien : elle revient au vert paradis de son enfance, à sa vérité qui se dévoilera au long de cette première saison, celle d’une pénaliste pugnace, prête à prendre des risques déraisonnables pour affirmer que sa place est bien là, parmi les siens.

Cette première inversion de perspective s’accompagne d’une autre, plus profonde encore. Le sac d’embrouilles dans lequel Roxane Bauer met d’abord la main, puis tout le bras, paraîtra également familier : une affaire d’importation de cocaïne qui tourne mal, un caïd de cité qui doit répondre de l’incident à des commanditaires impitoyables, un policier qui a tout oublié du code de procédure pénale…

Les femmes aux commandes

Roxane est éjectée du cabinet d’affaires où elle officiait lorsque son époux, collègue et fils du fondateur, Samuel (Eric Pucheu), est accusé de viol par une stagiaire. Malgré son statut matrimonial, elle est marginalisée dans la stratégie de défense mise en place par le cabinet Bauer, juste au moment où, à la suite d’un concours de circonstances, un petit dealer de l’Abreuvoir, Rudy (Melvin Boomer), la choisit pour le défendre. L’affaire est instruite par la juge Bokobza (Rani Bheemuck), qui s’appuie sur le travail du capitaine Morand (Victor Pontecorvo).

Pour se rapprocher du tribunal de Bobigny autant que pour fuir son milieu d’adoption, Roxane s’incruste chez son amie d’enfance Yasmine (Nailia Harzoune), pas très loin de l’appartement de son enfance, qu’elle a quitté après une tragédie dans laquelle était impliqué son premier amour, Bilal (Raphael Acloque), qui a persévéré dans sa vocation de truand.

Les conventions qu’implique cette configuration sont respectées – la logique du narcotrafic se heurte aux subtilités juridiques (la série emprunte son titre à l’article 66-5 de la loi de 1971 sur la profession d’avocat qui fixe les conditions du secret professionnel). Mais, du trouble époux au gracieux caïd, ces jolis garçons généralement peu recommandables ne sont pas aux commandes, malgré le désir qu’ils en ont.

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Roxane Bauer (Alice Isaaz), dans la série « 66-5 », créée  par Anne Landois.

Que fera la fiction française une fois le périphérique parisien hors service ? La frontière que tracent ses voies a été si souvent traversée, qu’il s’agisse pour un banlieusard d’accéder au cœur de la capitale (Intouchables, 2011) ou pour un privilégié des vingt arrondissements de se plonger – par idéalisme ou nécessité – dans la réalité des couronnes, petite ou grande (Les Grands Esprits, 2017).

La première saison de la série 66-5 reprend cette figure familière, mais inverse le paradigme des paradis. Son héroïne, Roxane Bauer (Alice Isaaz), que l’on découvre brièvement en avocate d’affaires dans un grand cabinet parisien, doit reprendre le chemin de la cité de l’Abreuvoir à Bobigny, où elle a grandi. Contrairement à ce que pourraient faire croire les premières séquences, la jeune femme n’est pas chassée de l’éden parisien : elle revient au vert paradis de son enfance, à sa vérité qui se dévoilera au long de cette première saison, celle d’une pénaliste pugnace, prête à prendre des risques déraisonnables pour affirmer que sa place est bien là, parmi les siens.

Cette première inversion de perspective s’accompagne d’une autre, plus profonde encore. Le sac d’embrouilles dans lequel Roxane Bauer met d’abord la main, puis tout le bras, paraîtra également familier : une affaire d’importation de cocaïne qui tourne mal, un caïd de cité qui doit répondre de l’incident à des commanditaires impitoyables, un policier qui a tout oublié du code de procédure pénale…

Les femmes aux commandes

Roxane est éjectée du cabinet d’affaires où elle officiait lorsque son époux, collègue et fils du fondateur, Samuel (Eric Pucheu), est accusé de viol par une stagiaire. Malgré son statut matrimonial, elle est marginalisée dans la stratégie de défense mise en place par le cabinet Bauer, juste au moment où, à la suite d’un concours de circonstances, un petit dealer de l’Abreuvoir, Rudy (Melvin Boomer), la choisit pour le défendre. L’affaire est instruite par la juge Bokobza (Rani Bheemuck), qui s’appuie sur le travail du capitaine Morand (Victor Pontecorvo).

Pour se rapprocher du tribunal de Bobigny autant que pour fuir son milieu d’adoption, Roxane s’incruste chez son amie d’enfance Yasmine (Nailia Harzoune), pas très loin de l’appartement de son enfance, qu’elle a quitté après une tragédie dans laquelle était impliqué son premier amour, Bilal (Raphael Acloque), qui a persévéré dans sa vocation de truand.

Les conventions qu’implique cette configuration sont respectées – la logique du narcotrafic se heurte aux subtilités juridiques (la série emprunte son titre à l’article 66-5 de la loi de 1971 sur la profession d’avocat qui fixe les conditions du secret professionnel). Mais, du trouble époux au gracieux caïd, ces jolis garçons généralement peu recommandables ne sont pas aux commandes, malgré le désir qu’ils en ont.

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