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La journaliste et essayiste Christiane Collange est morte - Le Monde

Christiane Collange, en novembre 2010, à Paris

Cela n’a pas toujours été facile d’être la quatrième des cinq enfants d’Emile Servan-Schreiber, comme l’était la journaliste et essayiste Christiane Collange. Christiane Collange est morte le 24 octobre, à Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime), quelques jours avant ses 93 ans, a appris Le Monde auprès de sa famille. Trois aînés, dont l’un, Jean-Jacques Servan-Schreiber, allait être un grand journaliste, fondateur de L’Express, et s’essayer à la politique. Un cadet, Jean-Louis, journaliste et essayiste. Et même une sœur aînée, Brigitte Gros, sénatrice. Jean-Jacques naît en 1924, Brigitte en 1925, Bernadette en 1928, Christiane, la quatrième donc, le 29 octobre 1930, et le dernier fils, Jean-Louis, en 1937.

Que faire après avoir terminé son cursus à l’Institut d’études politiques de Paris, en 1951 ? Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud créent L’Express en 1953, et, tout naturellement, Christiane y entre. Elle a 23 ans et une joie de vivre qu’elle gardera toujours. Elle prend le pseudonyme de Collange et est tout de suite propulsée à la direction de Madame Express, où Françoise Giroud lui recommande de « ne pas faire de journalisme féminin ». Elle y restera jusqu’en 1969.

Christiane Collange sera aussi rédactrice en chef du Jardin des modes, et chroniqueuse dans divers médias, dont Europe 1 dès 1970, mais aussi à Elle, et à la télévision dans l’émission « Télématin » et sur la chaîne LCI. Elle publie un premier livre en 1961, La Française d’aujourd’hui (Julliard). Une vingtaine ont suivi, dont certains l’ont rendue célèbre. Par exemple Madame et le management. Une femme organisée en vaut deux (Editions Tchou, 1969), où elle tente d’appliquer des méthodes managériales à « l’entreprise famille ». Ou Nous, les belles-mères (Fayard, 2001) où, avec beaucoup d’humour, elle explore les relations « belle-mère, belle-fille ».

« Vie-priviste et familiologue »

Plus grave, pour cette femme qui avait rejoint l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, était la « deuxième vie des femmes » (titre de son ouvrage paru chez Laffont, en 2005) : la vieillesse, souvent en femme seule. C’est pour Le Jeu des sept familles. Pour une cohabitation harmonieuse entre les générations (Laffont, 2011) que Christiane Collange, qui se définissait comme « vie-priviste et familiologue », avait donné un entretien au Monde, revenant sur son parcours et voyant dans ce livre « l’aboutissement de toute [sa] réflexion sur les relations familiales ».

« Dans ces relations se manifestent à la fois une volonté d’indépendance et des relations de dépendance de plus en plus fortes, remarquait-elle. Avec une volonté individuelle d’autonomie et des relations de dépendance qui s’accroissent entre les trois générations d’adultes. A 50-60 ans, on peut assister ses vieux parents, mais ils doivent admettre qu’on n’est pas simplement leur enfant, qu’on a aussi une vie à soi. De même, on n’est pas seulement une gentille grand-mère, on a sa vie, ses amis, ses amours. En fait, tout le monde revendique son indépendance et tout le monde a besoin de tout le monde. »

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Christiane Collange, en novembre 2010, à Paris

Cela n’a pas toujours été facile d’être la quatrième des cinq enfants d’Emile Servan-Schreiber, comme l’était la journaliste et essayiste Christiane Collange. Christiane Collange est morte le 24 octobre, à Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime), quelques jours avant ses 93 ans, a appris Le Monde auprès de sa famille. Trois aînés, dont l’un, Jean-Jacques Servan-Schreiber, allait être un grand journaliste, fondateur de L’Express, et s’essayer à la politique. Un cadet, Jean-Louis, journaliste et essayiste. Et même une sœur aînée, Brigitte Gros, sénatrice. Jean-Jacques naît en 1924, Brigitte en 1925, Bernadette en 1928, Christiane, la quatrième donc, le 29 octobre 1930, et le dernier fils, Jean-Louis, en 1937.

Que faire après avoir terminé son cursus à l’Institut d’études politiques de Paris, en 1951 ? Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud créent L’Express en 1953, et, tout naturellement, Christiane y entre. Elle a 23 ans et une joie de vivre qu’elle gardera toujours. Elle prend le pseudonyme de Collange et est tout de suite propulsée à la direction de Madame Express, où Françoise Giroud lui recommande de « ne pas faire de journalisme féminin ». Elle y restera jusqu’en 1969.

Christiane Collange sera aussi rédactrice en chef du Jardin des modes, et chroniqueuse dans divers médias, dont Europe 1 dès 1970, mais aussi à Elle, et à la télévision dans l’émission « Télématin » et sur la chaîne LCI. Elle publie un premier livre en 1961, La Française d’aujourd’hui (Julliard). Une vingtaine ont suivi, dont certains l’ont rendue célèbre. Par exemple Madame et le management. Une femme organisée en vaut deux (Editions Tchou, 1969), où elle tente d’appliquer des méthodes managériales à « l’entreprise famille ». Ou Nous, les belles-mères (Fayard, 2001) où, avec beaucoup d’humour, elle explore les relations « belle-mère, belle-fille ».

« Vie-priviste et familiologue »

Plus grave, pour cette femme qui avait rejoint l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, était la « deuxième vie des femmes » (titre de son ouvrage paru chez Laffont, en 2005) : la vieillesse, souvent en femme seule. C’est pour Le Jeu des sept familles. Pour une cohabitation harmonieuse entre les générations (Laffont, 2011) que Christiane Collange, qui se définissait comme « vie-priviste et familiologue », avait donné un entretien au Monde, revenant sur son parcours et voyant dans ce livre « l’aboutissement de toute [sa] réflexion sur les relations familiales ».

« Dans ces relations se manifestent à la fois une volonté d’indépendance et des relations de dépendance de plus en plus fortes, remarquait-elle. Avec une volonté individuelle d’autonomie et des relations de dépendance qui s’accroissent entre les trois générations d’adultes. A 50-60 ans, on peut assister ses vieux parents, mais ils doivent admettre qu’on n’est pas simplement leur enfant, qu’on a aussi une vie à soi. De même, on n’est pas seulement une gentille grand-mère, on a sa vie, ses amis, ses amours. En fait, tout le monde revendique son indépendance et tout le monde a besoin de tout le monde. »

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