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Un apéro avec… Pio Marmaï : « Je ne suis pas plus colérique que sauvage » - Le Monde

Pio Marmaï au restaurant Sauvage, Paris 6ᵉ, le 6 octobre 2023.

« Quand je demande aux gens l’image qu’ils ont du bonheur, ils décrivent un endroit calme où tout est beau. Pour moi, cette vision, c’est la mort. » Ainsi parle Pio Marmaï alors que la nuit glisse son manteau sur nous. « Pour moi, le bonheur appartient à un très court instant. Ce qui suit n’est pas forcément un épisode dépressif, simplement, je me dis : attrape ça, cela ne va pas durer. »

Il est arrivé en parlant vite, son casque de moto à la main, tout juste descendu de sa Goldwing Honda. On l’a apaisé d’un riesling 2021. Domaine Julien Meyer. Un vin blanc minéral et naturel. « Oui, mais je ne vais pas trop boire, il faut que je lève le pied… si je veux dépasser la cinquantaine. » Rictus ennuyé. On s’inquiétait pour le débit des mots, pas celui de la treille. Il en a convenu : « Quand je suis anxieux, je parle toujours vite. » Trois verres et des rognons plus loin, le torrent s’est apaisé.

Rue du Cherche-Midi à Paris. Le restaurant s’appelle Sauvage. Bons vins, bonne chère. Forcément, on s’est dit que le Porthos des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, le surendetté démerdard d’Une année difficile, de Nakache et Toledano, le comédien haut en couleur de Yannick, de Quentin Dupieux, avait choisi le lieu pour son nom. « Pas du tout, j’ai demandé conseil. J’habite à Bois-Colombes, je ne sors jamais à Paris… » Quid de ces phrases – « J’ai toujours été dans la sauvagerie » – qui le poursuivent dans les magazines ? « C’est le genre de truc qu’on balance. Je ne suis pas plus colérique que sauvage. Parfois, j’ai le défaut d’être un peu froid, ce qui est aussi une connerie. Je travaille pour m’en défaire. Mais bon, la perfection on s’en branle. »

Un angelot. C’est ainsi vêtu que Pio Marmaï monte pour la première fois sur scène. Il a 6 ans. On a besoin de lui pour la tombola à l’Opéra du Rhin, où sa mère travaille. « Je me souviens parfaitement de la lumière », dit-il, fixant, les yeux écarquillés, un spot imaginaire. En CE2, il a pour instituteur un membre de la troupe du Théâtre alsacien de Strasbourg. Cette fois, il est Arlequin chez Goldoni, dans un costume que lui a confectionné sa mère, chef costumière. Il grandit ainsi : « Rien n’a jamais été calculé. Ce que j’ai toujours recherché, c’est un endroit qui me convienne, le sentiment d’être le seul à pouvoir faire ça, là, être à ma place… Sinon j’aurais l’impression d’une forme de fourberie. Ce métier n’est pas une question de plaisir – on a cent mille fois plus souvent le sentiment de l’échec –, c’est une question de sens. »

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Pio Marmaï au restaurant Sauvage, Paris 6ᵉ, le 6 octobre 2023.

« Quand je demande aux gens l’image qu’ils ont du bonheur, ils décrivent un endroit calme où tout est beau. Pour moi, cette vision, c’est la mort. » Ainsi parle Pio Marmaï alors que la nuit glisse son manteau sur nous. « Pour moi, le bonheur appartient à un très court instant. Ce qui suit n’est pas forcément un épisode dépressif, simplement, je me dis : attrape ça, cela ne va pas durer. »

Il est arrivé en parlant vite, son casque de moto à la main, tout juste descendu de sa Goldwing Honda. On l’a apaisé d’un riesling 2021. Domaine Julien Meyer. Un vin blanc minéral et naturel. « Oui, mais je ne vais pas trop boire, il faut que je lève le pied… si je veux dépasser la cinquantaine. » Rictus ennuyé. On s’inquiétait pour le débit des mots, pas celui de la treille. Il en a convenu : « Quand je suis anxieux, je parle toujours vite. » Trois verres et des rognons plus loin, le torrent s’est apaisé.

Rue du Cherche-Midi à Paris. Le restaurant s’appelle Sauvage. Bons vins, bonne chère. Forcément, on s’est dit que le Porthos des Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, le surendetté démerdard d’Une année difficile, de Nakache et Toledano, le comédien haut en couleur de Yannick, de Quentin Dupieux, avait choisi le lieu pour son nom. « Pas du tout, j’ai demandé conseil. J’habite à Bois-Colombes, je ne sors jamais à Paris… » Quid de ces phrases – « J’ai toujours été dans la sauvagerie » – qui le poursuivent dans les magazines ? « C’est le genre de truc qu’on balance. Je ne suis pas plus colérique que sauvage. Parfois, j’ai le défaut d’être un peu froid, ce qui est aussi une connerie. Je travaille pour m’en défaire. Mais bon, la perfection on s’en branle. »

Un angelot. C’est ainsi vêtu que Pio Marmaï monte pour la première fois sur scène. Il a 6 ans. On a besoin de lui pour la tombola à l’Opéra du Rhin, où sa mère travaille. « Je me souviens parfaitement de la lumière », dit-il, fixant, les yeux écarquillés, un spot imaginaire. En CE2, il a pour instituteur un membre de la troupe du Théâtre alsacien de Strasbourg. Cette fois, il est Arlequin chez Goldoni, dans un costume que lui a confectionné sa mère, chef costumière. Il grandit ainsi : « Rien n’a jamais été calculé. Ce que j’ai toujours recherché, c’est un endroit qui me convienne, le sentiment d’être le seul à pouvoir faire ça, là, être à ma place… Sinon j’aurais l’impression d’une forme de fourberie. Ce métier n’est pas une question de plaisir – on a cent mille fois plus souvent le sentiment de l’échec –, c’est une question de sens. »

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