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ENTRETIEN. Markobi, finaliste de « La France a un incroyable talent » : « Je suis un opportuniste » - Programme TV Ouest-France

C’est l’une des sensations de cette saison 18 de La France a un incroyable talent . Markobi, jeune Strasbourgeois de 29 ans, a épaté le jury et le public avec son tour de cartes lors de l’épisode 3 de l’émission de M6 . Sa virtuosité et son irrésistible personnage loufoque lui ont permis de décrocher le Platinium Buzzer, nouveauté de cette édition, qui l’a propulsé directement en finale. Une finale diffusée en direct ce vendredi 22 décembre, à partir de 21 h 10 sur la Six.

C’est d’ailleurs tout sauf un hasard si cet artiste faussement désinvolte a remporté les championnats du monde, le 30 juillet 2022, dans la catégorie cartomagie à Québec. Son art, il le maîtrise à la perfection. Lors de cet entretien pour Ouest-France , Markobi reste dans son personnage un peu barré et « je-m’en-foutiste », ce qui offre des réponses parfois lunaires, alternant second degré et extrême lucidité.

Avez-vous hésité avant de participer cette année à « La France a un incroyable talent » ? 

Je m’étais déjà présenté deux fois et ça n’avait pas marché. Cette année, je m’en fichais. Ces derniers temps, j’ai un peu lâché prise sur tout. Je me suis dit pour cette participation : ‘c’est comme quand on va prendre un café en ville’. On m’a proposé, j’ai répondu puis j’ai oublié, je faisais ma vie. Et finalement, on m’a rappelé alors j’ai accepté.

Regardiez-vous l’émission ? 

Oui j’aime bien, j’ai beaucoup regardé par le passé. Cette année, il y a des artistes qui m’ont fait marrer. Certains ont fait de jolies choses, des acrobaties. Mais je ne me souviens plus trop des tours en détail. Il y a eu beaucoup de numéros, ça perd…

Votre personnage loufoque et lunaire, c’est pour vous démarquer de la concurrence ? 

Vous avez vu les tours des repas de famille du tonton Marcel, c’est super chiant. On a des siècles et des siècles de tours de cartes emmerdants. C’est bien de ne pas être chiant. Parfois, je le suis aussi, là j’ai essayé de l’être un peu moins. D’une certaine manière, on a tous envie de s’en foutre. Comme personne ne le fait, je m’y risque à la place de tout le monde.

À quel âge vous êtes-vous mis à la magie ? 

J’ai appris mes premiers tours vers 6-7 ans avec mon cousin sur une plage à Tripoli (Libye) mais j’ai vraiment commencé à 18 ans. Un problème de hanche que j’avais depuis toujours mais qui s’est révélé vers 18-19 ans m’a amené à poursuivre dans cette voie. Avant, je faisais pas mal d’athlétisme et de boxe française. Ce que je n’ai pas fait dans le sport, je l’ai mis dans la magie. Je suis un opportuniste.

Comment avez-vous choisi ce pseudo, Markobi ? 

C’est la contraction entre Marc et Bittar, mon nom de famille. Avec un « O » de liaison parce que sinon c’était dur à dire. C’était le nom du compte Snapchat que j’avais à l’époque. J’avais demandé à quelques copines : ‘c’est bien comme pseudo ?’. Elles m’avaient dit : ‘c’est mignon et ça se retient facilement’. Donc c’était validé. J’ai demandé aux copines parce que les copains, je ne faisais pas trop confiance à leur avis.

Vous avez déclaré ne pas faire des tours de cartes. Alors vous faites quoi ? 

De la magie, de la vie, du plaisir. On crée des émotions. Comme une barbe à papa. C’est le marché de Noël alors ça m’a fait penser à ça. Le bâton, c’est le support, et la barbe à papa autour, ce sont les émotions. C’est la première fois que je trouve cette image.

La magie est considérée par certains comme ringard, vouliez-vous donner un souffle nouveau à cette discipline ? 

Vous dites ‘un souffle nouveau’, je dirais même ‘un souffle’ tout court. Le souffle, c’est la vie. Un certain nombre d’artistes ne mettent pas de vie car ils ne font que ‘faire de l’art’. Ils ne mettent pas d’eux-mêmes dedans. Comme ils ne vivent pas le truc, on assiste à une espèce de nature morte et c’est ça qui est chiant ou ringard. Pour certains, il n’y a tout simplement pas de souffle tout court. C’est un peu cynique ce que je dis mais bon…

Marianne James a confié avoir « pris une gifle » avec votre tour alors qu’elle n’aime pas la magie, est-ce une satisfaction ? 

Ça revient à la question précédente. Marianne James n’a pas vu de la magie, elle a vu un mec être vivant dans son art. La plupart des tours qu’elle a vus, c’était sans doute des interprétations mortes. Elle a dû voir plein de trucs chiants… Ce n’est pas la magie qu’elle n’aime pas, ce sont les interprétations. Mais l’art vivant, tant que c’est authentique, tout le monde aime bien.

Vous dites que vous n’aimez pas travailler, mais pour avoir votre niveau, vous avez forcément dû vous exercer pendant de nombreuses heures…

C’est parce qu’on n’aime pas travailler qu’on devient champion du monde. Le travail, c’est chiant. Si vous faites les choses sans réfléchir et n’importe comment, c’est là qu’il n’y a plus de limites. Quand on est cadré, il y a des limites. Quand on ne l’est pas, il n’y en a plus.

Avez-vous mis beaucoup de temps à vous affranchir de la technique ?

Tant que vous êtes en capacité d’estimer le temps que vous y avez mis, c’est que ce n’est pas assez. L’aspiration ultime dans tout art, c’est d’oublier la technique pour ne profiter que de l’art. Je vais citer Bernard Billis, le magicien du Plus grand cabaret du monde pendant 25 ans. Il disait « La technique ne sert à rien. Mais avant qu’elle ne serve à rien, il faut la maîtriser parfaitement ».

Quelles sont vos sources d’inspiration ? 

Artistiquement, ce n’est pas la magie qui m’inspire le plus. Les films, les livres, la cuisine, la musique m’inspirent davantage. Je vais beaucoup plus faire de la magie en écoutant une musique que j’aime bien qu’en regardant un magicien. J’aime faire de la magie, je ne suis pas dingue d’en voir.

Qu’avez-vous ressenti lorsque le jury a appuyé sur le Platinium Buzzer qui vous a propulsé en finale ? 

Je pensais à autre chose. Je n’avais même pas compris que c’était un platinium buzzer. J’avais faim à ce moment-là… J’étais quand même un peu content, je l’admets. C’est la loi de l’attraction. Quand vous voulez quelque chose, vous l’avez. Moi, je ne voulais pas travailler et ce buzzer m’a permis d’éviter deux étapes. Du coup, j’ai pu faire d’autres trucs comme aller au cinéma, manger du pop-corn, des chips.

Lorsque vous appuyez sur le buzzer pendant votre tour, c’était préparé à l’avance ? 

Je m’étais dit que ça pourrait être marrant de faire ça, quelques mois avant. Et après, je me suis dit que ce ne serait jamais aussi marrant que si c’était un vrai accident. Et quand c’est arrivé, c’était un vrai accident. Du coup, la vie est belle.

En tant que magicien, aviez-vous déjà échangé avec Éric Antoine avant de participer à l’émission ?

Non, je ne sais pas trop s’il me connaissait. Peut-être… Un jour, je l’ai vu de dos à un congrès de magie mais on ne s’est pas parlé.

À quoi peut-on s’attendre comme numéro pour la finale ? 

Je n’y pense pas trop encore (l’interview a été réalisée il y a trois semaines, Ndlr). On verra pour la finale, c’est bien aussi l’incertitude. Je suis champion du monde, ça va être bien. Ce serait dommage d’être nul en finale. J’invite les téléspectateurs à se munir d’un paquet de chips quand ils regarderont mon numéro pour la finale. J’insiste sur ça.

Auriez-vous un conseil pour un jeune magicien ?

On va plus vite en ne réfléchissant pas qu’en réfléchissant trop.

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C’est l’une des sensations de cette saison 18 de La France a un incroyable talent . Markobi, jeune Strasbourgeois de 29 ans, a épaté le jury et le public avec son tour de cartes lors de l’épisode 3 de l’émission de M6 . Sa virtuosité et son irrésistible personnage loufoque lui ont permis de décrocher le Platinium Buzzer, nouveauté de cette édition, qui l’a propulsé directement en finale. Une finale diffusée en direct ce vendredi 22 décembre, à partir de 21 h 10 sur la Six.

C’est d’ailleurs tout sauf un hasard si cet artiste faussement désinvolte a remporté les championnats du monde, le 30 juillet 2022, dans la catégorie cartomagie à Québec. Son art, il le maîtrise à la perfection. Lors de cet entretien pour Ouest-France , Markobi reste dans son personnage un peu barré et « je-m’en-foutiste », ce qui offre des réponses parfois lunaires, alternant second degré et extrême lucidité.

Avez-vous hésité avant de participer cette année à « La France a un incroyable talent » ? 

Je m’étais déjà présenté deux fois et ça n’avait pas marché. Cette année, je m’en fichais. Ces derniers temps, j’ai un peu lâché prise sur tout. Je me suis dit pour cette participation : ‘c’est comme quand on va prendre un café en ville’. On m’a proposé, j’ai répondu puis j’ai oublié, je faisais ma vie. Et finalement, on m’a rappelé alors j’ai accepté.

Regardiez-vous l’émission ? 

Oui j’aime bien, j’ai beaucoup regardé par le passé. Cette année, il y a des artistes qui m’ont fait marrer. Certains ont fait de jolies choses, des acrobaties. Mais je ne me souviens plus trop des tours en détail. Il y a eu beaucoup de numéros, ça perd…

Votre personnage loufoque et lunaire, c’est pour vous démarquer de la concurrence ? 

Vous avez vu les tours des repas de famille du tonton Marcel, c’est super chiant. On a des siècles et des siècles de tours de cartes emmerdants. C’est bien de ne pas être chiant. Parfois, je le suis aussi, là j’ai essayé de l’être un peu moins. D’une certaine manière, on a tous envie de s’en foutre. Comme personne ne le fait, je m’y risque à la place de tout le monde.

À quel âge vous êtes-vous mis à la magie ? 

J’ai appris mes premiers tours vers 6-7 ans avec mon cousin sur une plage à Tripoli (Libye) mais j’ai vraiment commencé à 18 ans. Un problème de hanche que j’avais depuis toujours mais qui s’est révélé vers 18-19 ans m’a amené à poursuivre dans cette voie. Avant, je faisais pas mal d’athlétisme et de boxe française. Ce que je n’ai pas fait dans le sport, je l’ai mis dans la magie. Je suis un opportuniste.

Comment avez-vous choisi ce pseudo, Markobi ? 

C’est la contraction entre Marc et Bittar, mon nom de famille. Avec un « O » de liaison parce que sinon c’était dur à dire. C’était le nom du compte Snapchat que j’avais à l’époque. J’avais demandé à quelques copines : ‘c’est bien comme pseudo ?’. Elles m’avaient dit : ‘c’est mignon et ça se retient facilement’. Donc c’était validé. J’ai demandé aux copines parce que les copains, je ne faisais pas trop confiance à leur avis.

Vous avez déclaré ne pas faire des tours de cartes. Alors vous faites quoi ? 

De la magie, de la vie, du plaisir. On crée des émotions. Comme une barbe à papa. C’est le marché de Noël alors ça m’a fait penser à ça. Le bâton, c’est le support, et la barbe à papa autour, ce sont les émotions. C’est la première fois que je trouve cette image.

La magie est considérée par certains comme ringard, vouliez-vous donner un souffle nouveau à cette discipline ? 

Vous dites ‘un souffle nouveau’, je dirais même ‘un souffle’ tout court. Le souffle, c’est la vie. Un certain nombre d’artistes ne mettent pas de vie car ils ne font que ‘faire de l’art’. Ils ne mettent pas d’eux-mêmes dedans. Comme ils ne vivent pas le truc, on assiste à une espèce de nature morte et c’est ça qui est chiant ou ringard. Pour certains, il n’y a tout simplement pas de souffle tout court. C’est un peu cynique ce que je dis mais bon…

Marianne James a confié avoir « pris une gifle » avec votre tour alors qu’elle n’aime pas la magie, est-ce une satisfaction ? 

Ça revient à la question précédente. Marianne James n’a pas vu de la magie, elle a vu un mec être vivant dans son art. La plupart des tours qu’elle a vus, c’était sans doute des interprétations mortes. Elle a dû voir plein de trucs chiants… Ce n’est pas la magie qu’elle n’aime pas, ce sont les interprétations. Mais l’art vivant, tant que c’est authentique, tout le monde aime bien.

Vous dites que vous n’aimez pas travailler, mais pour avoir votre niveau, vous avez forcément dû vous exercer pendant de nombreuses heures…

C’est parce qu’on n’aime pas travailler qu’on devient champion du monde. Le travail, c’est chiant. Si vous faites les choses sans réfléchir et n’importe comment, c’est là qu’il n’y a plus de limites. Quand on est cadré, il y a des limites. Quand on ne l’est pas, il n’y en a plus.

Avez-vous mis beaucoup de temps à vous affranchir de la technique ?

Tant que vous êtes en capacité d’estimer le temps que vous y avez mis, c’est que ce n’est pas assez. L’aspiration ultime dans tout art, c’est d’oublier la technique pour ne profiter que de l’art. Je vais citer Bernard Billis, le magicien du Plus grand cabaret du monde pendant 25 ans. Il disait « La technique ne sert à rien. Mais avant qu’elle ne serve à rien, il faut la maîtriser parfaitement ».

Quelles sont vos sources d’inspiration ? 

Artistiquement, ce n’est pas la magie qui m’inspire le plus. Les films, les livres, la cuisine, la musique m’inspirent davantage. Je vais beaucoup plus faire de la magie en écoutant une musique que j’aime bien qu’en regardant un magicien. J’aime faire de la magie, je ne suis pas dingue d’en voir.

Qu’avez-vous ressenti lorsque le jury a appuyé sur le Platinium Buzzer qui vous a propulsé en finale ? 

Je pensais à autre chose. Je n’avais même pas compris que c’était un platinium buzzer. J’avais faim à ce moment-là… J’étais quand même un peu content, je l’admets. C’est la loi de l’attraction. Quand vous voulez quelque chose, vous l’avez. Moi, je ne voulais pas travailler et ce buzzer m’a permis d’éviter deux étapes. Du coup, j’ai pu faire d’autres trucs comme aller au cinéma, manger du pop-corn, des chips.

Lorsque vous appuyez sur le buzzer pendant votre tour, c’était préparé à l’avance ? 

Je m’étais dit que ça pourrait être marrant de faire ça, quelques mois avant. Et après, je me suis dit que ce ne serait jamais aussi marrant que si c’était un vrai accident. Et quand c’est arrivé, c’était un vrai accident. Du coup, la vie est belle.

En tant que magicien, aviez-vous déjà échangé avec Éric Antoine avant de participer à l’émission ?

Non, je ne sais pas trop s’il me connaissait. Peut-être… Un jour, je l’ai vu de dos à un congrès de magie mais on ne s’est pas parlé.

À quoi peut-on s’attendre comme numéro pour la finale ? 

Je n’y pense pas trop encore (l’interview a été réalisée il y a trois semaines, Ndlr). On verra pour la finale, c’est bien aussi l’incertitude. Je suis champion du monde, ça va être bien. Ce serait dommage d’être nul en finale. J’invite les téléspectateurs à se munir d’un paquet de chips quand ils regarderont mon numéro pour la finale. J’insiste sur ça.

Auriez-vous un conseil pour un jeune magicien ?

On va plus vite en ne réfléchissant pas qu’en réfléchissant trop.

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