Trois femmes accusent le médiatique psychiatre Gérard Miller d'agression sexuelle ou de viol lors de séances d'hypnose dans les années 90 et au début des années 2000. L'intéressé se défend et nie.
Gérard Miller au cœur de la tourmente. Le célèbre psychanalyste, habitué et chroniqueur sur les plateaux de télévision pendant de nombreuses années, est accusé par plusieurs femmes d'agression sexuelle et de viol dans une longue enquête publiée ce mercredi 31 janvier par le magazine Elle. Des faits que l'intéressé, âgé aujourd'hui de 75 ans, nie.
Dans un communiqué transmis à BFMTV.com, Gérard Miller rejette ces accusations avançant qu'"il n'y a jamais eu quoique ce soit qu’on puisse qualifier d’agression sexuelle ou, pire, de viol".
"En ce qui concerne précisément les femmes qui me mettent en cause, si quelque chose leur a déplu lorsqu’elles étaient avec moi, je n’ai aucune hésitation à l’affirmer: rien de ce que j’ai perçu ne m’indiquait qu’elles voulaient mettre un terme à la situation, car sinon à l’instant même j’y aurais mis un terme", écrit-il.
Il inscrit toutefois ces rencontres et ces relations dans "un rapport inégalitaire". "Je sais que depuis le début du mouvement #Metoo, des paroles essentielles ont émergé, qui remettent en cause la façon dont les rapports hommes-femmes sont constitués dans notre société, sur la base d’une incontestable domination masculine", écrit-il.
Pas de plainte à l'époque
Muriel Cousin a accepté pour la première fois de parler publiquement de cette scène qui remonte selon elle à 1990. A l'époque, celle qui est devenue tour à tour animatrice, chroniqueuse et metteure en scène, est âgée de 23 ans et travaille dans le même magazine que Gérard Miller, psychanalyste en vue. Ce dernier cherche un cobaye pour une séance d'hypnose. La jeune femme se porte volontaire.
Alors qu'elle est dans un état second, raconte-t-elle au magazine, elle entend la voix du thérapeute lui demander: "Est-ce que tu sens la chaleur?"
"Il touchait mes seins sous mon pull", poursuit Muriel Cousin, expliquant avoir aussi senti "sa main passer sur mon sexe, par-dessus le pantalon".
À l'époque, il ne lui était alors pas "venu à l'esprit de porter plainte" car "à l'époque, ça ne se faisait pas".
"Je suis un corps mort"
L'hypnose comme mode opératoire? Une autre femme témoigne dans Elle évoquant des faits remontant à 2004. La jeune femme de 19 ans, alors, est venue assister à une émission de télévision à laquelle participait Gérard Miller, dont son père est un grand admirateur. Elle le rencontre à la fin de l'enregistrement, ce dernier lui propose à elle et à son ami de poursuivre la soirée jusqu'à son domicile parisien.
"J’étais avec un mec de la télé hyper connu, c’était comme si j’étais l’élue", témoigne la jeune femme. Elle accepte un verre d'alcool et de participer à un jeu basé sur l'hypnose. Là encore, elle dit que Gérard Miller lui a touché la poitrine. Puis évoque sa sidération quand celui-ci l'embrasse avant de la violer: " Je ne peux plus bouger, je suis un corps mort qui tremble, une poupée qu’on déshabille et à qui l’on peut faire ce que l’on veut."
Par ailleurs, une jeune femme de 19 ans à l'époque en 1993, qui travaillait comme baby-sitter pour le psychanalyste, rapporte aussi une agression sexuelle alors qu'il la raccompagnait chez elle en voiture. Selon le magazine Elle, une actrice du film Terminale, tourné en 1998, sur lequel Gérard Miller était scénariste, "aurait subi une agression sexuelle, sous couvert d'une séance d'hypnose au domicile du psychanalyste, sur le divan de son cabinet".
Gérard Miller se défend d'avoir pratiqué l'hypnose à son cabinet ou à son domicile, assurant que les seules séances qu'il avait pu organiser l'avaient été "en public". Concernant les questions autour de cette pratique en privé, il évoque "un contexte ludique, où n'étaient envisagés que quelques tests élémentaires".
"Celui ou celle qui acceptait de s’y livrer n’était absolument pas hypnotisé, il restait parfaitement conscient, en totale possession de ses moyens, réfléchissant et parlant normalement", détaille le psychanalyste.
"Aveuglement collectif"
S'il rejette les accusations concernant l'usage de l'hypnose pour agresser sexuellement ces femmes, il reconnaît devoir s'interroger sur la notion d'"emprise". "Sans être hypnotisée, tout en restant parfaitement conscient, il y a en effet des situations où celle qui ne manifeste d’aucune manière son refus, qui répond même oui aux questions qu’on lui pose pour s’assurer de son acquiescement, se sent dans l'impossibilité d'exprimer librement un désir qui contreviendrait à celui de l'autre", écrit-il.
"Psychanalyste, universitaire, auteur, chroniqueur télé et radio, j’étais de fait un 'homme de pouvoir', et il y avait dès lors une dissymétrie 'objective', dont on peut se dire aujourd’hui qu’elle était purement et simplement rédhibitoire", regrette Gérard Miller.
Cette prise de parole intervient alors que l'attitude et les propos de Gérard Miller ont été dénoncés récemment. Une interview du cinéaste Benoît Jacquot menée en 2011 par le psychanalyste pour les besoins d'un documentaire est remontée à la surface récemment. Le cinéaste y évoquait ses relations avec de jeunes actrices dont Judith Godrèche alors mineure, devant un Gérard Miller conciliant.
Gérard Miller s'en est justifié: "Aujourd'hui, je ne pourrais plus imaginer le même film, parce que nous ne sommes plus dans cet aveuglement collectif, il faut bien mesurer ce qui a changé, sinon on oublie ce qui a été révolutionnaire dans MeToo", a-t-il notamment déclaré à France 5 début janvier.
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Gérard Miller au cœur de la tourmente. Le célèbre psychanalyste, habitué et chroniqueur sur les plateaux de télévision pendant de nombreuses années, est accusé par plusieurs femmes d'agression sexuelle et de viol dans une longue enquête publiée ce mercredi 31 janvier par le magazine Elle. Des faits que l'intéressé, âgé aujourd'hui de 75 ans, nie.
Dans un communiqué transmis à BFMTV.com, Gérard Miller rejette ces accusations avançant qu'"il n'y a jamais eu quoique ce soit qu’on puisse qualifier d’agression sexuelle ou, pire, de viol".
"En ce qui concerne précisément les femmes qui me mettent en cause, si quelque chose leur a déplu lorsqu’elles étaient avec moi, je n’ai aucune hésitation à l’affirmer: rien de ce que j’ai perçu ne m’indiquait qu’elles voulaient mettre un terme à la situation, car sinon à l’instant même j’y aurais mis un terme", écrit-il.
Il inscrit toutefois ces rencontres et ces relations dans "un rapport inégalitaire". "Je sais que depuis le début du mouvement #Metoo, des paroles essentielles ont émergé, qui remettent en cause la façon dont les rapports hommes-femmes sont constitués dans notre société, sur la base d’une incontestable domination masculine", écrit-il.
Pas de plainte à l'époque
Muriel Cousin a accepté pour la première fois de parler publiquement de cette scène qui remonte selon elle à 1990. A l'époque, celle qui est devenue tour à tour animatrice, chroniqueuse et metteure en scène, est âgée de 23 ans et travaille dans le même magazine que Gérard Miller, psychanalyste en vue. Ce dernier cherche un cobaye pour une séance d'hypnose. La jeune femme se porte volontaire.
Alors qu'elle est dans un état second, raconte-t-elle au magazine, elle entend la voix du thérapeute lui demander: "Est-ce que tu sens la chaleur?"
"Il touchait mes seins sous mon pull", poursuit Muriel Cousin, expliquant avoir aussi senti "sa main passer sur mon sexe, par-dessus le pantalon".
À l'époque, il ne lui était alors pas "venu à l'esprit de porter plainte" car "à l'époque, ça ne se faisait pas".
"Je suis un corps mort"
L'hypnose comme mode opératoire? Une autre femme témoigne dans Elle évoquant des faits remontant à 2004. La jeune femme de 19 ans, alors, est venue assister à une émission de télévision à laquelle participait Gérard Miller, dont son père est un grand admirateur. Elle le rencontre à la fin de l'enregistrement, ce dernier lui propose à elle et à son ami de poursuivre la soirée jusqu'à son domicile parisien.
"J’étais avec un mec de la télé hyper connu, c’était comme si j’étais l’élue", témoigne la jeune femme. Elle accepte un verre d'alcool et de participer à un jeu basé sur l'hypnose. Là encore, elle dit que Gérard Miller lui a touché la poitrine. Puis évoque sa sidération quand celui-ci l'embrasse avant de la violer: " Je ne peux plus bouger, je suis un corps mort qui tremble, une poupée qu’on déshabille et à qui l’on peut faire ce que l’on veut."
Par ailleurs, une jeune femme de 19 ans à l'époque en 1993, qui travaillait comme baby-sitter pour le psychanalyste, rapporte aussi une agression sexuelle alors qu'il la raccompagnait chez elle en voiture. Selon le magazine Elle, une actrice du film Terminale, tourné en 1998, sur lequel Gérard Miller était scénariste, "aurait subi une agression sexuelle, sous couvert d'une séance d'hypnose au domicile du psychanalyste, sur le divan de son cabinet".
Gérard Miller se défend d'avoir pratiqué l'hypnose à son cabinet ou à son domicile, assurant que les seules séances qu'il avait pu organiser l'avaient été "en public". Concernant les questions autour de cette pratique en privé, il évoque "un contexte ludique, où n'étaient envisagés que quelques tests élémentaires".
"Celui ou celle qui acceptait de s’y livrer n’était absolument pas hypnotisé, il restait parfaitement conscient, en totale possession de ses moyens, réfléchissant et parlant normalement", détaille le psychanalyste.
"Aveuglement collectif"
S'il rejette les accusations concernant l'usage de l'hypnose pour agresser sexuellement ces femmes, il reconnaît devoir s'interroger sur la notion d'"emprise". "Sans être hypnotisée, tout en restant parfaitement conscient, il y a en effet des situations où celle qui ne manifeste d’aucune manière son refus, qui répond même oui aux questions qu’on lui pose pour s’assurer de son acquiescement, se sent dans l'impossibilité d'exprimer librement un désir qui contreviendrait à celui de l'autre", écrit-il.
"Psychanalyste, universitaire, auteur, chroniqueur télé et radio, j’étais de fait un 'homme de pouvoir', et il y avait dès lors une dissymétrie 'objective', dont on peut se dire aujourd’hui qu’elle était purement et simplement rédhibitoire", regrette Gérard Miller.
Cette prise de parole intervient alors que l'attitude et les propos de Gérard Miller ont été dénoncés récemment. Une interview du cinéaste Benoît Jacquot menée en 2011 par le psychanalyste pour les besoins d'un documentaire est remontée à la surface récemment. Le cinéaste y évoquait ses relations avec de jeunes actrices dont Judith Godrèche alors mineure, devant un Gérard Miller conciliant.
Gérard Miller s'en est justifié: "Aujourd'hui, je ne pourrais plus imaginer le même film, parce que nous ne sommes plus dans cet aveuglement collectif, il faut bien mesurer ce qui a changé, sinon on oublie ce qui a été révolutionnaire dans MeToo", a-t-il notamment déclaré à France 5 début janvier.
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