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Cinéma. Roger Corman, le roi du film de série B, a tiré sa révérence - Ouest-France

Son nom ne vous dit sans doute rien. Mais il a marqué le cinéma indépendant au-delà du film de genre à petit budget, qui fut sa marque de fabrique pendant son exceptionnelle carrière à Hollywood. Roger Corman, mort à l’âge de 98 ans, a tourné une cinquantaine de films dans des genres variés : épouvante, fantastique, films de gangster, science-fiction et même western. Il a aussi produit plus de 300 autres films, lançant notamment les carrières de Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Robert De Niro ou Denis Hopper. Rien que ça. L’homme a du nez à n’en pas douter.

Parmi ses films les plus connus : Le Corbeau, La chute de la maison Usher, brillantes adaptations de nouvelles d’Edgar Allan Poe, mais aussi La petite boutique des horreurs, un film culte de la beat generation et l’un des premiers rôles de Jack Nicholson.  Il a été mon sang, ma force vitale et ce ne sont pas des paroles en l’air , confiait récemment l’acteur (vidéo ci-dessous).

Son poids à Hollywood lui a valu un Oscar d’honneur en 2015, une  incongruité pour moi qui ai toujours tourné des films à petit budget , s’en était-il amusé. En 2023, Quentin Tarantino lui rendait hommage lors de la 76e édition du Festival de Cannes, en mai 2023 :  J’aime les films bruts, étranges, tordus et s’il y a un réalisateur qui incarne ce principe, c’est bien Roger Corman .  Mon cinéma ne connaît pas d’inhibition, il est plein d’excès, de rires , avait rétorqué le vieil homme, lors de la cérémonie de clôture.

Roger Corman a reçu un Oscar d’honneur en 2015. | AFP
Roger Corman a reçu un Oscar d’honneur en 2015. | AFP

Économe sur les tournages, voire un peu pingre, ce roi du système D fascinait par ses tournages-éclair : en 1960, il établit le record avec La petite boutique des horreurs , tournée en deux jours et une nuit. Il lui arrivait aussi de mener de front deux films simultanément pour amortir les frais, comme il l’expliquait dans son autobiographie Comment j’ai fait 100 films à Hollywood sans jamais perdre un sou (2018). À Hollywood, on affirmait qu’il était capable de tout boucler depuis une cabine téléphonique : la production en un coup de fil, le financement avec la monnaie de son appel et le tournage in situ.

Critique du maccarthysme

Né à Detroit le 5 avril 1926, il fait des études d’ingénieur à Stanford. Après la guerre, il commence comme coursier à la Fox, gravit les échelons et signe son premier scénario en 1953, Highway Dragnet. Il entre à l’AIP (American International Pictures), une compagnie indépendante à budget limité, spécialisée dans le cinéma de genre. Il en devient le producteur-phare. En 1955, il s’aventure dans la science-fiction avec The Day the World ended, introduisant un de ses thèmes favoris : le renversement de l’ordre social après une attaque nucléaire.

Homme de gauche, il critique le maccarthysme avec It Conquered the World (1956) et la ségrégation raciale dans The Intruder (1961). En 1967, le département d’État intervient après la diffusion au festival de Venise des Anges sauvages : ce premier film sur les Hell’s Angels, ces motards qui ne refléteraient pas l’Amérique selon les diplomates américains.

Il renouvelle le film de vampires : dans Pas de cette terre (1956), le personnage principal n’est plus une créature maléfique mais un quidam qui se promène avec une valise pleine de seringues. Puis il s’aventure dans le gothique avec The Undead (1956). Ses adaptations des nouvelles d’Edgar Allan Poe avec son acteur fétiche Vincent Price sont considérées comme des chefs-d’œuvre qui auront une forte influence sur le cinéma d’horreur européen.

Ses titres alléchants promettent humour, frisson et sexe à un jeune public à la recherche de sensations : L’attaque des crabes géants (1957), La Femme guêpe (1959), La créature de la mer hantée (1961), Le masque de la mort rouge (1964)… On lui doit aussi la distribution aux États-Unis des films de Truffaut, Bergman, Fellini, Kurosawa.

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Son nom ne vous dit sans doute rien. Mais il a marqué le cinéma indépendant au-delà du film de genre à petit budget, qui fut sa marque de fabrique pendant son exceptionnelle carrière à Hollywood. Roger Corman, mort à l’âge de 98 ans, a tourné une cinquantaine de films dans des genres variés : épouvante, fantastique, films de gangster, science-fiction et même western. Il a aussi produit plus de 300 autres films, lançant notamment les carrières de Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Robert De Niro ou Denis Hopper. Rien que ça. L’homme a du nez à n’en pas douter.

Parmi ses films les plus connus : Le Corbeau, La chute de la maison Usher, brillantes adaptations de nouvelles d’Edgar Allan Poe, mais aussi La petite boutique des horreurs, un film culte de la beat generation et l’un des premiers rôles de Jack Nicholson.  Il a été mon sang, ma force vitale et ce ne sont pas des paroles en l’air , confiait récemment l’acteur (vidéo ci-dessous).

Son poids à Hollywood lui a valu un Oscar d’honneur en 2015, une  incongruité pour moi qui ai toujours tourné des films à petit budget , s’en était-il amusé. En 2023, Quentin Tarantino lui rendait hommage lors de la 76e édition du Festival de Cannes, en mai 2023 :  J’aime les films bruts, étranges, tordus et s’il y a un réalisateur qui incarne ce principe, c’est bien Roger Corman .  Mon cinéma ne connaît pas d’inhibition, il est plein d’excès, de rires , avait rétorqué le vieil homme, lors de la cérémonie de clôture.

Roger Corman a reçu un Oscar d’honneur en 2015. | AFP
Roger Corman a reçu un Oscar d’honneur en 2015. | AFP

Économe sur les tournages, voire un peu pingre, ce roi du système D fascinait par ses tournages-éclair : en 1960, il établit le record avec La petite boutique des horreurs , tournée en deux jours et une nuit. Il lui arrivait aussi de mener de front deux films simultanément pour amortir les frais, comme il l’expliquait dans son autobiographie Comment j’ai fait 100 films à Hollywood sans jamais perdre un sou (2018). À Hollywood, on affirmait qu’il était capable de tout boucler depuis une cabine téléphonique : la production en un coup de fil, le financement avec la monnaie de son appel et le tournage in situ.

Critique du maccarthysme

Né à Detroit le 5 avril 1926, il fait des études d’ingénieur à Stanford. Après la guerre, il commence comme coursier à la Fox, gravit les échelons et signe son premier scénario en 1953, Highway Dragnet. Il entre à l’AIP (American International Pictures), une compagnie indépendante à budget limité, spécialisée dans le cinéma de genre. Il en devient le producteur-phare. En 1955, il s’aventure dans la science-fiction avec The Day the World ended, introduisant un de ses thèmes favoris : le renversement de l’ordre social après une attaque nucléaire.

Homme de gauche, il critique le maccarthysme avec It Conquered the World (1956) et la ségrégation raciale dans The Intruder (1961). En 1967, le département d’État intervient après la diffusion au festival de Venise des Anges sauvages : ce premier film sur les Hell’s Angels, ces motards qui ne refléteraient pas l’Amérique selon les diplomates américains.

Il renouvelle le film de vampires : dans Pas de cette terre (1956), le personnage principal n’est plus une créature maléfique mais un quidam qui se promène avec une valise pleine de seringues. Puis il s’aventure dans le gothique avec The Undead (1956). Ses adaptations des nouvelles d’Edgar Allan Poe avec son acteur fétiche Vincent Price sont considérées comme des chefs-d’œuvre qui auront une forte influence sur le cinéma d’horreur européen.

Ses titres alléchants promettent humour, frisson et sexe à un jeune public à la recherche de sensations : L’attaque des crabes géants (1957), La Femme guêpe (1959), La créature de la mer hantée (1961), Le masque de la mort rouge (1964)… On lui doit aussi la distribution aux États-Unis des films de Truffaut, Bergman, Fellini, Kurosawa.

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