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Paul Auster, décédé mardi, avait New York et Paris dans la peau - Ouest-France

« La tragédie new-yorkaise de Paul Auster » titrait le New York Times, mardi, au-dessus d’un bel article retraçant « une vie compliquée et généreuse qui a donné naissance à une œuvre d’une ampleur et d’une variété stupéfiantes ».

L’écrivaine Lucy Sante y fait entendre son « rire explosif » ; se souvient de son talent à réunir « des gens de toutes disciplines, de tous genres et de toutes classes sociales ». Et bien sûr de son flow  (son style), comparant l’enchaînement de ses phrases « à un tapis roulant duquel on ne peut pas descendre ».

C’est forcément au grand quotidien new-yorkais qu’a été annoncée en premier, mardi, la nouvelle de sa mort. Le romancier, poète, scénariste et réalisateur américain avait 77 ans. Il n’a pas pu passer le panneau   « Vous quittez le Cancerland »,  marquant la frontière de « ce pays déroutant et traître » selon les mots de son épouse, l’écrivaine Siri Hustvedt.

Deux ans après la disparition tragique de sa petite-fille et de son fils Daniel (né d’un premier mariage avec l’autrice Lydia Davis), Paul Auster s’est éteint à son domicile de Brooklyn à New York. La ville où les héros de ses livres se débattent avec le deuil, la solitude et le hasard. « Quand on a cette ville dans la peau, le reste de l’Amérique a l’air paumé » confiait-il en 2016, dans l’émission La grande librairie .

Plus d’une trentaine de livres

Fasciné par la mégapole qui ne dort jamais, ce descendant de juifs immigrés d’Europe, né à Newark (New Jersey), l’avait rejoint en 1965, pour étudier les littératures anglaise, française et italienne à l’université de Columbia. Il lui est toujours resté fidèle. Même si son deuxième pays était la France.

« Rageusement » opposé à la guerre du Vietnam, il avait vécu à Paris de 1971 à 1975, traduisant Jacques Dupin, André Breton, Edmond Jabès, Mallarmé, Henri Michaux… Multipliant les petits boulots avant de pouvoir vivre de sa propre plume, grâce à un héritage de son père, Sam, mort en 1979.

Dans L’invention de la solitude, il tente d’y cerner la personnalité de ce père, hanté par un crime familial. C’est ce premier roman, autobiographique, qui l’a fait connaître. Mais la reconnaissance internationale, elle, est venue de sa Trilogie new-yorkaise (Cité de verre, Revenants et La chambre dérobée ) dans les années 1980. Parmi ses autres livres (plus d’une trentaine, traduits en quarante langues) figurent notamment Moon Palace, Le livre des illusions, Brooklyn Follies, 4 3 2 1, Baumgartner (le dernier), Leviathan, Prix Médicis étranger 1993. Tous publiés en France par la maison d’édition Actes Sud.

« Un écrivain universel »

« C’est un écrivain universel, […] un homme tellement immense qu’il faut le dire, le redire, le faire savoir et le faire lire », a réagi hier son éditrice historique et amie, l’ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen.

Démocrate convaincu, Paul Auster avait dénoncé les années Bush dans un essai. Il était aussi l’auteur de Pays de sang : une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis. Fou de cinéma, il avait réalisé quatre films dont deux avec le cinéaste Wayne Wang : Smoke et Brooklyn Boogie sortis en 1995.

Paul Auster, invité vedette du festival Étonnants voyageurs, à Saint-Malo en 2005. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
Paul Auster, invité vedette du festival Étonnants voyageurs, à Saint-Malo en 2005. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Le travail était un refuge pour ce romantique et mélancolique. Il faut le voir, l’élégant érudit de Brooklyn, dans une vidéo encore disponible sur le site du Festival malouin Étonnants voyageurs. Mal réveillé, caché derrière ses lunettes de soleil, il en était l’invité d’honneur en 2005.

Interrogé sur les difficultés et les joies de l’écriture, il répondait : « La seule chose qu’on peut dire de ce travail quand même un peu bizarre, qui consiste à passer toute une vie dans une chambre, c’est qu’il donne l’opportunité de dire la vérité. Chaque jour, même si tu n’es pas arrivé à faire une phrase, tu peux quand même te dire : J’ai donné tout mon cœur à ce travail et j’ai l’impression de ne pas avoir gaspillé mon temps. »

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« La tragédie new-yorkaise de Paul Auster » titrait le New York Times, mardi, au-dessus d’un bel article retraçant « une vie compliquée et généreuse qui a donné naissance à une œuvre d’une ampleur et d’une variété stupéfiantes ».

L’écrivaine Lucy Sante y fait entendre son « rire explosif » ; se souvient de son talent à réunir « des gens de toutes disciplines, de tous genres et de toutes classes sociales ». Et bien sûr de son flow  (son style), comparant l’enchaînement de ses phrases « à un tapis roulant duquel on ne peut pas descendre ».

C’est forcément au grand quotidien new-yorkais qu’a été annoncée en premier, mardi, la nouvelle de sa mort. Le romancier, poète, scénariste et réalisateur américain avait 77 ans. Il n’a pas pu passer le panneau   « Vous quittez le Cancerland »,  marquant la frontière de « ce pays déroutant et traître » selon les mots de son épouse, l’écrivaine Siri Hustvedt.

Deux ans après la disparition tragique de sa petite-fille et de son fils Daniel (né d’un premier mariage avec l’autrice Lydia Davis), Paul Auster s’est éteint à son domicile de Brooklyn à New York. La ville où les héros de ses livres se débattent avec le deuil, la solitude et le hasard. « Quand on a cette ville dans la peau, le reste de l’Amérique a l’air paumé » confiait-il en 2016, dans l’émission La grande librairie .

Plus d’une trentaine de livres

Fasciné par la mégapole qui ne dort jamais, ce descendant de juifs immigrés d’Europe, né à Newark (New Jersey), l’avait rejoint en 1965, pour étudier les littératures anglaise, française et italienne à l’université de Columbia. Il lui est toujours resté fidèle. Même si son deuxième pays était la France.

« Rageusement » opposé à la guerre du Vietnam, il avait vécu à Paris de 1971 à 1975, traduisant Jacques Dupin, André Breton, Edmond Jabès, Mallarmé, Henri Michaux… Multipliant les petits boulots avant de pouvoir vivre de sa propre plume, grâce à un héritage de son père, Sam, mort en 1979.

Dans L’invention de la solitude, il tente d’y cerner la personnalité de ce père, hanté par un crime familial. C’est ce premier roman, autobiographique, qui l’a fait connaître. Mais la reconnaissance internationale, elle, est venue de sa Trilogie new-yorkaise (Cité de verre, Revenants et La chambre dérobée ) dans les années 1980. Parmi ses autres livres (plus d’une trentaine, traduits en quarante langues) figurent notamment Moon Palace, Le livre des illusions, Brooklyn Follies, 4 3 2 1, Baumgartner (le dernier), Leviathan, Prix Médicis étranger 1993. Tous publiés en France par la maison d’édition Actes Sud.

« Un écrivain universel »

« C’est un écrivain universel, […] un homme tellement immense qu’il faut le dire, le redire, le faire savoir et le faire lire », a réagi hier son éditrice historique et amie, l’ex-ministre de la Culture Françoise Nyssen.

Démocrate convaincu, Paul Auster avait dénoncé les années Bush dans un essai. Il était aussi l’auteur de Pays de sang : une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis. Fou de cinéma, il avait réalisé quatre films dont deux avec le cinéaste Wayne Wang : Smoke et Brooklyn Boogie sortis en 1995.

Paul Auster, invité vedette du festival Étonnants voyageurs, à Saint-Malo en 2005. | ARCHIVES OUEST-FRANCE
Paul Auster, invité vedette du festival Étonnants voyageurs, à Saint-Malo en 2005. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Le travail était un refuge pour ce romantique et mélancolique. Il faut le voir, l’élégant érudit de Brooklyn, dans une vidéo encore disponible sur le site du Festival malouin Étonnants voyageurs. Mal réveillé, caché derrière ses lunettes de soleil, il en était l’invité d’honneur en 2005.

Interrogé sur les difficultés et les joies de l’écriture, il répondait : « La seule chose qu’on peut dire de ce travail quand même un peu bizarre, qui consiste à passer toute une vie dans une chambre, c’est qu’il donne l’opportunité de dire la vérité. Chaque jour, même si tu n’es pas arrivé à faire une phrase, tu peux quand même te dire : J’ai donné tout mon cœur à ce travail et j’ai l’impression de ne pas avoir gaspillé mon temps. »

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