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Au cinéma, les responsables enfants en quête de cadre - Le Monde

Manon Garnier, responsable enfants, à Paris, le 18 juin 2024.

Stella B., réalisatrice dont le prénom a été modifié tant le sujet est sensible pour elle, pensait avoir l’habitude de tourner avec des enfants. En 2020, dans un court-métrage où elle raconte une histoire d’abus sexuels entre cousins, elle met en scène une fillette de 8 ans. Déjà dotée de poitrine, la jeune fille avait refusé que celle-ci soit filmée.

Mais, dans la précipitation du tournage, quelques prises, qui seront ensuite coupées au montage, échappent à l’attention de Stella B. « Il est impossible de penser à tout sur un plateau. Il faudrait une personne formée et dédiée aux enfants », justifie-t-elle. Pour veiller sur la jeune fille, une assistante de Stella B. faisait alors office de responsable enfants, bien qu’elle n’ait jamais exercé cette profession. Une situation commune sur les tournages.

La ministre de la culture, Rachida Dati, a annoncé, en mai, que les aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) seraient conditionnées à la présence obligatoire, sur chaque plateau employant des mineurs, d’un responsable enfants formé. Cette déclaration intervenait après les révélations des conditions du casting de CE2, le dernier film de Jacques Doillon, qui devait sortir en février. Les directeurs de casting avaient été accusés d’avoir poussé une enfant de 8 ans à parler du harcèlement sexuel qu’elle avait subi, alors qu’elle refusait d’aborder le sujet.

Devoir s’imposer face aux cinéastes

Une résolution visant à créer une commission d’enquête relative aux violences commises dans le cinéma avait été adoptée le 2 mai et devait rendre ses conclusions en novembre. Elle a été abandonnée du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale. « La mesure du ministère devait être effective dès juillet. Le timing était intenable », déplore Marine Longuet, du Collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité des femmes et des hommes dans le cinéma. « Il faut redéfinir ce poste et employer des personnes qui savent comment travailler avec des mineurs. »

Le ministère ­souhaitait rendre obligatoire un métier dont les caractéristiques demeurent floues. « Il y a quelques jours, une réalisatrice qui m’appelait pour me proposer d’intervenir sur un tournage m’a demandé en quoi consistait mon travail, explique Manon Garnier, responsable enfants. Dans l’urgence, certaines productions embauchent n’importe qui, par exemple un ami du réalisateur qui a besoin de compléter ses heures d’intermittence du spectacle. » Comme d’autres métiers du cinéma, cette profession ne requiert aucune formation.

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Manon Garnier, responsable enfants, à Paris, le 18 juin 2024.

Stella B., réalisatrice dont le prénom a été modifié tant le sujet est sensible pour elle, pensait avoir l’habitude de tourner avec des enfants. En 2020, dans un court-métrage où elle raconte une histoire d’abus sexuels entre cousins, elle met en scène une fillette de 8 ans. Déjà dotée de poitrine, la jeune fille avait refusé que celle-ci soit filmée.

Mais, dans la précipitation du tournage, quelques prises, qui seront ensuite coupées au montage, échappent à l’attention de Stella B. « Il est impossible de penser à tout sur un plateau. Il faudrait une personne formée et dédiée aux enfants », justifie-t-elle. Pour veiller sur la jeune fille, une assistante de Stella B. faisait alors office de responsable enfants, bien qu’elle n’ait jamais exercé cette profession. Une situation commune sur les tournages.

La ministre de la culture, Rachida Dati, a annoncé, en mai, que les aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) seraient conditionnées à la présence obligatoire, sur chaque plateau employant des mineurs, d’un responsable enfants formé. Cette déclaration intervenait après les révélations des conditions du casting de CE2, le dernier film de Jacques Doillon, qui devait sortir en février. Les directeurs de casting avaient été accusés d’avoir poussé une enfant de 8 ans à parler du harcèlement sexuel qu’elle avait subi, alors qu’elle refusait d’aborder le sujet.

Devoir s’imposer face aux cinéastes

Une résolution visant à créer une commission d’enquête relative aux violences commises dans le cinéma avait été adoptée le 2 mai et devait rendre ses conclusions en novembre. Elle a été abandonnée du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale. « La mesure du ministère devait être effective dès juillet. Le timing était intenable », déplore Marine Longuet, du Collectif 50/50, qui lutte pour l’égalité des femmes et des hommes dans le cinéma. « Il faut redéfinir ce poste et employer des personnes qui savent comment travailler avec des mineurs. »

Le ministère ­souhaitait rendre obligatoire un métier dont les caractéristiques demeurent floues. « Il y a quelques jours, une réalisatrice qui m’appelait pour me proposer d’intervenir sur un tournage m’a demandé en quoi consistait mon travail, explique Manon Garnier, responsable enfants. Dans l’urgence, certaines productions embauchent n’importe qui, par exemple un ami du réalisateur qui a besoin de compléter ses heures d’intermittence du spectacle. » Comme d’autres métiers du cinéma, cette profession ne requiert aucune formation.

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