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La lettre d'amour de Guillaume Meurice à France Inter : «Je suis triste de te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules» - Libération

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La lettre d’amour de Guillaume Meurice à France Inter : «Je suis triste de te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules»

Sur les réseaux sociaux, l’humoriste a publié ce mercredi 12 juin une lettre d’amour adressée à France Inter, dénonçant aussi une direction obsédée par les chiffres. Parallèlement, son collègue Thomas VDB a annoncé quitter la station, et Charline Van Hoenacker a déploré ce départ précipité.
publié aujourd'hui à 10h56

Si écrire des lettres d’amour devient une pratique de plus en plus isolée, Guillaume Meurice n’a pas eu peur de prendre sa plume. Sur X, il a publié ce mercredi 12 juin, au lendemain de l’annonce de son licenciement, une missive adressée à France Inter, déclarant son amour de longue date pour la station, mais aussi sa désolation face à sa direction obsédée par les chiffres, et ses inquiétudes quant à son avenir.

Sa lettre, de deux pages, raconte dans un premier temps son enfance, bercée par les ondes de France Inter, diffusée par «le petit poste posé sur le frigo de la cuisine familiale, sur la table, dans un coin du salon». Il raconte également leur première rencontre, puis les premiers émois lorsqu’il découvrait «[s] es micros rouges, [s] es couloirs interminables et [s] es studios mythiques». Des moments qui «résonnent encore dans [sa] mémoire».

Dans ses mots, les moments passés avec son équipe du Grand dimanche soir sont les «plus belles pages de [leur] aventure commune». Pour lui, il s’agissait d’«un espace médiatique rare ou l’on pouvait tourner en dérision ceux qui oppressent, tuent, pillent et détruisent chaque jour au nom du pouvoir et au gré de leurs ambitions personnelles. Une petite heure par jour, c’était bien peu. C’était visiblement trop».

Il revient alors sur leur séparation, provoquée par sa blague polémique à l’égard de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, dont la répétition lui a valu une rupture de contrat pour «faute grave». «Si je suis triste, c’est de te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules», écrit-il au lendemain de son licenciement. Il fustige la direction de France Inter, qui a «comme boussole leur soif d’obéir, et un tableur Excel à la place du cerveau».

Il estime que cette séparation a pour avantage «d’exposer au grand jour leur brutalité». Il analyse : «Les “libéraux” sont en train de livrer le pays clés en main à l’extrême droite, lui offrant, ce jour, une énième victoire idéologique. […] Certaines blagues auront des airs de choix de carrière. […] Les journalistes, aussi, sont priés de se taire, si l’on en croit tes reporters virés à bas bruit ces derniers jours. Bref, McCarthy is back.»

Déclarations de journaliste de «France Inter»

A cette lettre, s’ajoutent deux déclarations venant de ses collègues de France Inter. Quelque vingt minutes après la lettre ouverte de Meurice, Thomas VDB a annoncé quitter à son tour la station. Sur X, il écrit : «je n’animerai finalement pas Qui veut gagner la Flûte à bec cet été et quitte naturellement France Inter après seize ans». La veille, d’autres membres de l’équipe du Grand Dimanche soir ont annoncé claquer la porte, à l’instar de la chanteuse et humoriste GiedRé, ou Aymeric Lompret, qui partageait à Libé sa solidarité avec son ami.

Une heure plus tard, c’est au tour de la présentatrice de l’émission, Charline Vanhoenacker, de prendre la parole, via un communiqué publié sur X. Au-delà de regretter le départ forcé de son complice historique, elle y estime qu’en tendant son micro aux intolérants et à l’extrême droite, même pour les tourner en ridicule, Meurice assurait la «pluralité de l’antenne» tout en garantissant l’équilibre.

Elle poursuit, «pendant dix ans, Guillaume a jeté une lumière rigolarde sur toutes les outrances de la haine ordinaire, ce qu’on appelle pudiquement aujourd’hui “la parole décomplexée”. Par son savoir-faire, l’absurde, il a poussé ces outrances dans ses derniers retranchements pour en faire éclater les logiques toxiques. N’est-ce pas ce qu’on appelle “une mission de service public” ?»

Pour sa part, pas de démission annoncée. Si elle déplore une équipe amputée de plusieurs membres, elle assure «s’adapter», tout en prenant «acte que celui qui a fait honneur au service public est aujourd’hui remercié».

Pour aller plus loin :

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Si écrire des lettres d’amour devient une pratique de plus en plus isolée, Guillaume Meurice n’a pas eu peur de prendre sa plume. Sur X, il a publié ce mercredi 12 juin, au lendemain de l’annonce de son licenciement, une missive adressée à France Inter, déclarant son amour de longue date pour la station, mais aussi sa désolation face à sa direction obsédée par les chiffres, et ses inquiétudes quant à son avenir.

Sa lettre, de deux pages, raconte dans un premier temps son enfance, bercée par les ondes de France Inter, diffusée par «le petit poste posé sur le frigo de la cuisine familiale, sur la table, dans un coin du salon». Il raconte également leur première rencontre, puis les premiers émois lorsqu’il découvrait «[s] es micros rouges, [s] es couloirs interminables et [s] es studios mythiques». Des moments qui «résonnent encore dans [sa] mémoire».

Dans ses mots, les moments passés avec son équipe du Grand dimanche soir sont les «plus belles pages de [leur] aventure commune». Pour lui, il s’agissait d’«un espace médiatique rare ou l’on pouvait tourner en dérision ceux qui oppressent, tuent, pillent et détruisent chaque jour au nom du pouvoir et au gré de leurs ambitions personnelles. Une petite heure par jour, c’était bien peu. C’était visiblement trop».

Il revient alors sur leur séparation, provoquée par sa blague polémique à l’égard de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, dont la répétition lui a valu une rupture de contrat pour «faute grave». «Si je suis triste, c’est de te laisser ainsi, dirigée par des âmes de si peu de scrupules», écrit-il au lendemain de son licenciement. Il fustige la direction de France Inter, qui a «comme boussole leur soif d’obéir, et un tableur Excel à la place du cerveau».

Il estime que cette séparation a pour avantage «d’exposer au grand jour leur brutalité». Il analyse : «Les “libéraux” sont en train de livrer le pays clés en main à l’extrême droite, lui offrant, ce jour, une énième victoire idéologique. […] Certaines blagues auront des airs de choix de carrière. […] Les journalistes, aussi, sont priés de se taire, si l’on en croit tes reporters virés à bas bruit ces derniers jours. Bref, McCarthy is back.»

Déclarations de journaliste de «France Inter»

A cette lettre, s’ajoutent deux déclarations venant de ses collègues de France Inter. Quelque vingt minutes après la lettre ouverte de Meurice, Thomas VDB a annoncé quitter à son tour la station. Sur X, il écrit : «je n’animerai finalement pas Qui veut gagner la Flûte à bec cet été et quitte naturellement France Inter après seize ans». La veille, d’autres membres de l’équipe du Grand Dimanche soir ont annoncé claquer la porte, à l’instar de la chanteuse et humoriste GiedRé, ou Aymeric Lompret, qui partageait à Libé sa solidarité avec son ami.

Une heure plus tard, c’est au tour de la présentatrice de l’émission, Charline Vanhoenacker, de prendre la parole, via un communiqué publié sur X. Au-delà de regretter le départ forcé de son complice historique, elle y estime qu’en tendant son micro aux intolérants et à l’extrême droite, même pour les tourner en ridicule, Meurice assurait la «pluralité de l’antenne» tout en garantissant l’équilibre.

Elle poursuit, «pendant dix ans, Guillaume a jeté une lumière rigolarde sur toutes les outrances de la haine ordinaire, ce qu’on appelle pudiquement aujourd’hui “la parole décomplexée”. Par son savoir-faire, l’absurde, il a poussé ces outrances dans ses derniers retranchements pour en faire éclater les logiques toxiques. N’est-ce pas ce qu’on appelle “une mission de service public” ?»

Pour sa part, pas de démission annoncée. Si elle déplore une équipe amputée de plusieurs membres, elle assure «s’adapter», tout en prenant «acte que celui qui a fait honneur au service public est aujourd’hui remercié».

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