Search

Le jour où... Hanouna a vraiment dérapé

Toute la semaine, nous revenons sur les temps forts de la dernière saison télé. Jeudi 18 mai, l'animateur de « Touche pas à mon poste » présente le canular de trop.

« C'est énorme !Franchement, c'est énorme ! » Ce vendredi 19 mai, Cyril Hanouna est hilare quand il rend l'antenne, après plus de cinq heures de direct, commencé la veille. Il est 0 h 40, et l'animateur vedette de C 8 ne s'est pas rendu compte qu'il vient de commettre la plus grosse boulette de sa carrière : un canular homophobe qui va déclencher une polémique.

Une heure plus tôt, dans « Baba Hotline », Hanouna s'est fait passer pour Jean-José, bisexuel de 26 ans « super bien monté » et « qui aime se faire insulter », comme indiqué sur le site Vivastreet, rubrique rencontres coquines. « Cyril Hanouna a découvert les détails de l'annonce en direct, assure un proche. Mais Jean-José, c'était déjà un de ses personnages préférés, à la voix efféminée, cinq ans plus tôt, sur Virgin Radio. »

Ce soir-là, six hommes et une femme intéressés par l'annonce téléphonent et se retrouvent à leur insu en direct à la télé, parlant crûment de sexe devant 750 000 téléspectateurs. La séquence, déconseillée aux moins de 12 ans, fait rire tous les chroniqueurs, y compris Enora Malagré et Capucine Anav, qui quitteront l'animateur dans les semaines suivantes.

En coulisses, on relaie dans l'oreillette de Cyril Hanouna les commentaires publiés sur Twitter, ceux des « fanzouzes », les inconditionnels du présentateur. Et cette nuit-là, ils sont ultrapositifs. « Quand on voit qu'il y a un souci sur les réseaux, Cyril peut rectifier le tir en direct. Mais là, ce n'était vraiment pas le cas, se souvient un proche. Les conseillers aux programmes de C 8, eux aussi, n'ont rien trouvé à redire. » Même Gérald-Brice Viret, le directeur général des antennes du groupe Canal +, ne voit pas le mal : « Venant de l'univers de la radio, j'ai entendu bien pire. »

Crise en vue

On n'arrête plus Cyril Hanouna. A 0 h 30, il lance : « Ce n'était pas prévu qu'on aille jusqu'à cette heure-là... » mais reprend encore un appel et endosse une dernière fois sa caricature d'homosexuel. Pourtant, quelques personnes ne rigolent plus en régie. « Je me suis dit qu'on allait encore avoir des problèmes », assure une salariée de C 8. « Cyril pouvait tenir toute la nuit, mais le canular en a dérangé certains et on a écourté », reconnaît Kakoumbé, le directeur artistique de H20, la société de production. C'est lui qui est à l'origine de ce dérapage de trop. C'était déjà lui, la caméra cachée piégeant Matthieu Delormeau avec un faux mort, à l'automne. L'une des deux polémiques qui a poussé le Conseil supérieur de l'audiovisuel à priver de publicités « Touche pas à mon poste », pendant trois semaines en juin.

« Kakoumbé, qui travaillait avec Arthur et Cauet avant, sait parler aux jeunes. Et ça, c'est la principale obsession de Cyril, raconte un membre de la production. Et puis, ils viennent tous les deux de la même banlieue, au nord-est de Paris. » Après « Baba Hotline », l'animateur de 42 ans ne fera pas de débriefing et ne parlera pas des doutes qu'il a eus dès l'après-midi. « C'est la notion de piéger des gens qui l'a fait tiquer, glisse son entourage. Mais une fois à l'antenne, il est obligé de faire le show. »

Et dire qu'au départ, l'animateur-producteur ne devait pas présenter « Baba Hotline », mais « The Hall », comme annoncé dans les programmes télé. « Cyril avait prévu des jeux dans le hall du studio, puis il voulait arrêter des gens dans la rue, mais avec le plan Vigipirate, c'était impossible, explique un cadre. On a tout jeté à la poubelle et dû monter une autre émission en six jours. »

Le vendredi matin, Cyril Hanouna prend connaissance de la polémique. A 10 h 30, la direction de C 8 met en place une réunion téléphonique de crise avec lui. « On a émis toutes les hypothèses, y compris que Cyril se retire de l'antenne. Mais au final, on a opté pour qu'il présente ses excuses. » Une heure plus tôt, Cyril Hanouna avait déjà prévenu ses équipes : « Ce soir, c'est moi qui présente TPMP, pas Julien (NDLR : Courbet) ! » Et dans la journée, il a dû mal à se contenir. « On a merdé », s'emporte-t-il alors que les associations de défense des homosexuels montent au créneau. Il fera son mea culpa en toute fin de « TPMP », du bout des lèvres : « Si on a blessé des gens, on s'en excuse. » Trop tard.

Le lundi suivant, les annonceurs retirent leur budget, avant l'hémorragie de chroniqueurs. « On a compris notre erreur, confie un membre de la production. Cyril, lui, n'a pas compris qu'on le qualifie d'homophobe. Et malgré ses excuses, il a continué à rire de son canular. » Officiellement, Vincent Bolloré, l'actionnaire principal du groupe Canal +, a fini par pointer du doigt les « bêtises » de sa poule aux oeufs d'or. Mais officieusement, il le soutient plus que jamais.

 

Let's block ads! (Why?)

Read Again

Toute la semaine, nous revenons sur les temps forts de la dernière saison télé. Jeudi 18 mai, l'animateur de « Touche pas à mon poste » présente le canular de trop.

« C'est énorme !Franchement, c'est énorme ! » Ce vendredi 19 mai, Cyril Hanouna est hilare quand il rend l'antenne, après plus de cinq heures de direct, commencé la veille. Il est 0 h 40, et l'animateur vedette de C 8 ne s'est pas rendu compte qu'il vient de commettre la plus grosse boulette de sa carrière : un canular homophobe qui va déclencher une polémique.

Une heure plus tôt, dans « Baba Hotline », Hanouna s'est fait passer pour Jean-José, bisexuel de 26 ans « super bien monté » et « qui aime se faire insulter », comme indiqué sur le site Vivastreet, rubrique rencontres coquines. « Cyril Hanouna a découvert les détails de l'annonce en direct, assure un proche. Mais Jean-José, c'était déjà un de ses personnages préférés, à la voix efféminée, cinq ans plus tôt, sur Virgin Radio. »

Ce soir-là, six hommes et une femme intéressés par l'annonce téléphonent et se retrouvent à leur insu en direct à la télé, parlant crûment de sexe devant 750 000 téléspectateurs. La séquence, déconseillée aux moins de 12 ans, fait rire tous les chroniqueurs, y compris Enora Malagré et Capucine Anav, qui quitteront l'animateur dans les semaines suivantes.

En coulisses, on relaie dans l'oreillette de Cyril Hanouna les commentaires publiés sur Twitter, ceux des « fanzouzes », les inconditionnels du présentateur. Et cette nuit-là, ils sont ultrapositifs. « Quand on voit qu'il y a un souci sur les réseaux, Cyril peut rectifier le tir en direct. Mais là, ce n'était vraiment pas le cas, se souvient un proche. Les conseillers aux programmes de C 8, eux aussi, n'ont rien trouvé à redire. » Même Gérald-Brice Viret, le directeur général des antennes du groupe Canal +, ne voit pas le mal : « Venant de l'univers de la radio, j'ai entendu bien pire. »

Crise en vue

On n'arrête plus Cyril Hanouna. A 0 h 30, il lance : « Ce n'était pas prévu qu'on aille jusqu'à cette heure-là... » mais reprend encore un appel et endosse une dernière fois sa caricature d'homosexuel. Pourtant, quelques personnes ne rigolent plus en régie. « Je me suis dit qu'on allait encore avoir des problèmes », assure une salariée de C 8. « Cyril pouvait tenir toute la nuit, mais le canular en a dérangé certains et on a écourté », reconnaît Kakoumbé, le directeur artistique de H20, la société de production. C'est lui qui est à l'origine de ce dérapage de trop. C'était déjà lui, la caméra cachée piégeant Matthieu Delormeau avec un faux mort, à l'automne. L'une des deux polémiques qui a poussé le Conseil supérieur de l'audiovisuel à priver de publicités « Touche pas à mon poste », pendant trois semaines en juin.

« Kakoumbé, qui travaillait avec Arthur et Cauet avant, sait parler aux jeunes. Et ça, c'est la principale obsession de Cyril, raconte un membre de la production. Et puis, ils viennent tous les deux de la même banlieue, au nord-est de Paris. » Après « Baba Hotline », l'animateur de 42 ans ne fera pas de débriefing et ne parlera pas des doutes qu'il a eus dès l'après-midi. « C'est la notion de piéger des gens qui l'a fait tiquer, glisse son entourage. Mais une fois à l'antenne, il est obligé de faire le show. »

Et dire qu'au départ, l'animateur-producteur ne devait pas présenter « Baba Hotline », mais « The Hall », comme annoncé dans les programmes télé. « Cyril avait prévu des jeux dans le hall du studio, puis il voulait arrêter des gens dans la rue, mais avec le plan Vigipirate, c'était impossible, explique un cadre. On a tout jeté à la poubelle et dû monter une autre émission en six jours. »

Le vendredi matin, Cyril Hanouna prend connaissance de la polémique. A 10 h 30, la direction de C 8 met en place une réunion téléphonique de crise avec lui. « On a émis toutes les hypothèses, y compris que Cyril se retire de l'antenne. Mais au final, on a opté pour qu'il présente ses excuses. » Une heure plus tôt, Cyril Hanouna avait déjà prévenu ses équipes : « Ce soir, c'est moi qui présente TPMP, pas Julien (NDLR : Courbet) ! » Et dans la journée, il a dû mal à se contenir. « On a merdé », s'emporte-t-il alors que les associations de défense des homosexuels montent au créneau. Il fera son mea culpa en toute fin de « TPMP », du bout des lèvres : « Si on a blessé des gens, on s'en excuse. » Trop tard.

Le lundi suivant, les annonceurs retirent leur budget, avant l'hémorragie de chroniqueurs. « On a compris notre erreur, confie un membre de la production. Cyril, lui, n'a pas compris qu'on le qualifie d'homophobe. Et malgré ses excuses, il a continué à rire de son canular. » Officiellement, Vincent Bolloré, l'actionnaire principal du groupe Canal +, a fini par pointer du doigt les « bêtises » de sa poule aux oeufs d'or. Mais officieusement, il le soutient plus que jamais.

 

Let's block ads! (Why?)



Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Le jour où... Hanouna a vraiment dérapé"

Post a Comment

Powered by Blogger.