Imaginez : vous arrivez au boulot (ou dans n’importe quel espace où vous pouvez potentiellement croiser une connaissance) et vous vous lancez une discussion badine sur le film que vous avez vu la veille et qui vous a bien plu. Et là, votre interlocuteur vous casse complètement votre délire en enquillant les remarques blasées.
C’est ce qui nous est arrivé ce mercredi matin quand on a voulu parler du Sens de la fête, d' Eric Toledano et Olivier Nakache, que nous avons été conviés à voir mardi soir (merci Europe 1 pour l’invitation, disons-le en toute transparence) et qu’un collègue (et néanmoins bon camarade) se décide à jouer les rabat-joie. Voici donc nos réponses à ses préjugés. Qui sait, ça pourrait vous être utile, que vous vous reconnaissez dans le profil « enthousiaste » ou « acrimonieux ».
- « En gros, l’histoire, c’est un mariage où rien ne fonctionne… Du jamais-vu, quoi »
Oui et non. Le Sens de la fête raconte les coulisses d’une soirée de mariage, des préparatifs au lever du soleil. On y croise les traiteurs, les musiciens, le photographe flanqué d’un stagiaire de troisième… Alors, forcément, il y a des moments où les choses ne se passent pas comme prévu, mais le scénario ne se repose pas uniquement sur la machine bien huilée qui s’enraye. Il y a plusieurs gags ou répliques qui traquent les travers humains – l’égocentrisme, la mauvaise foi… – ou les lubies contemporaines – l’omniprésence des smartphones, les applis de rencontre… C’est surtout un film choral où les caractères se révèlent, s’affrontent et se complètent.
- « Au générique : Bacri, Lellouche, Rouve, Macaigne… C’est un film de mecs »
On est collé aux basques du traiteur/patron incarné par Jean-Pierre Bacri quasiment du début à la fin. Et c’est vrai que la majorité des rôles principaux et secondaires sont masculins, mais on n’a pas pour autant eu l’impression que l’histoire se déroulait « entre couilles ». La révélation du film, c’est quand même Eye Haidara, qui parvient sans mal à se distinguer sans se faire manger toute crue par le charisme de Jean-Pierre Bacri. C’est même elle le personnage le plus tenace du Sens de la fête. Après, oui, c’est dommage que Judith Chemla et Suzanne Clément soit sous-employées et que leurs personnages aient du mal à exister.
- « Je parie que le personnage de Gilles Lellouche se tape plein de meufs »
Mieux vaut garder le mystère sur la/les conquête(s) de son personnage dans le film, mais ce qui est sûr c’est que Gilles Lellouche n’est pas là pour jouer les queutards de service. Il est l’une des bonnes surprises de cette comédie. En DJ James bien relou sur les bords, il est assez hilarant. Et il excelle dans sa non-maîtrise des langues étrangères. Son massacre de Se bastasse una canzone en yaourt italien, « avec l’accent des Abruzzes » est assez irrésistible.
- « J’ai vu la bande-annonce. C’est des bourges qui ont l’air coincé et qui finalement arrivent à faire tourner leurs serviettes comme des beaufs »
Il s’agit d’un mariage bourgeois qui se déroule dans un château, mais le scénario ne ridiculise pas les mariés ou les invités parce qu’ils sont aisés, pas plus qu’il ne les tourne en dérision en les faisant parler avec une patate chaude dans la bouche. L’époux incarné par Benjamin Lavernhe en prend pour son grade, c’est vrai, mais c’est surtout pour moquer son côté prétentieux et imbu de sa personne. Des défauts que l’on peut retrouver dans toutes les classes sociales. Quant aux serviettes qui tournent, elles apparaissent sur l’affiche, donc on ne divulgâche rien, mais elles correspondent à une vanne fil rouge (notre traduction maison de « running gag ») et apparaissent lors d’un moment pivot du film en déjouant l’esthétique Patrick Sébastien…
- « Il y a les pauvres et les riches et à la fin tout le monde fait la fête ensemble »
Oui, le film est rassembleur et joue la carte du rire ensemble. C’est ce que voulaient les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache qui disent avoir entamé le scénario au lendemain des attentats du 13-Novembre. Le Sens de la fête est feel good, mais pas Bisounours pour autant. Les comédies « made in France » ont si souvent tendance à se complaire dans le cynisme, la moquerie facile, les vannes faisant rire au détriment des femmes ou des minorités qu’il faut saluer un film qui au lieu de « rire de » préfère « rire avec ».
Read AgainImaginez : vous arrivez au boulot (ou dans n’importe quel espace où vous pouvez potentiellement croiser une connaissance) et vous vous lancez une discussion badine sur le film que vous avez vu la veille et qui vous a bien plu. Et là, votre interlocuteur vous casse complètement votre délire en enquillant les remarques blasées.
C’est ce qui nous est arrivé ce mercredi matin quand on a voulu parler du Sens de la fête, d' Eric Toledano et Olivier Nakache, que nous avons été conviés à voir mardi soir (merci Europe 1 pour l’invitation, disons-le en toute transparence) et qu’un collègue (et néanmoins bon camarade) se décide à jouer les rabat-joie. Voici donc nos réponses à ses préjugés. Qui sait, ça pourrait vous être utile, que vous vous reconnaissez dans le profil « enthousiaste » ou « acrimonieux ».
- « En gros, l’histoire, c’est un mariage où rien ne fonctionne… Du jamais-vu, quoi »
Oui et non. Le Sens de la fête raconte les coulisses d’une soirée de mariage, des préparatifs au lever du soleil. On y croise les traiteurs, les musiciens, le photographe flanqué d’un stagiaire de troisième… Alors, forcément, il y a des moments où les choses ne se passent pas comme prévu, mais le scénario ne se repose pas uniquement sur la machine bien huilée qui s’enraye. Il y a plusieurs gags ou répliques qui traquent les travers humains – l’égocentrisme, la mauvaise foi… – ou les lubies contemporaines – l’omniprésence des smartphones, les applis de rencontre… C’est surtout un film choral où les caractères se révèlent, s’affrontent et se complètent.
- « Au générique : Bacri, Lellouche, Rouve, Macaigne… C’est un film de mecs »
On est collé aux basques du traiteur/patron incarné par Jean-Pierre Bacri quasiment du début à la fin. Et c’est vrai que la majorité des rôles principaux et secondaires sont masculins, mais on n’a pas pour autant eu l’impression que l’histoire se déroulait « entre couilles ». La révélation du film, c’est quand même Eye Haidara, qui parvient sans mal à se distinguer sans se faire manger toute crue par le charisme de Jean-Pierre Bacri. C’est même elle le personnage le plus tenace du Sens de la fête. Après, oui, c’est dommage que Judith Chemla et Suzanne Clément soit sous-employées et que leurs personnages aient du mal à exister.
- « Je parie que le personnage de Gilles Lellouche se tape plein de meufs »
Mieux vaut garder le mystère sur la/les conquête(s) de son personnage dans le film, mais ce qui est sûr c’est que Gilles Lellouche n’est pas là pour jouer les queutards de service. Il est l’une des bonnes surprises de cette comédie. En DJ James bien relou sur les bords, il est assez hilarant. Et il excelle dans sa non-maîtrise des langues étrangères. Son massacre de Se bastasse una canzone en yaourt italien, « avec l’accent des Abruzzes » est assez irrésistible.
- « J’ai vu la bande-annonce. C’est des bourges qui ont l’air coincé et qui finalement arrivent à faire tourner leurs serviettes comme des beaufs »
Il s’agit d’un mariage bourgeois qui se déroule dans un château, mais le scénario ne ridiculise pas les mariés ou les invités parce qu’ils sont aisés, pas plus qu’il ne les tourne en dérision en les faisant parler avec une patate chaude dans la bouche. L’époux incarné par Benjamin Lavernhe en prend pour son grade, c’est vrai, mais c’est surtout pour moquer son côté prétentieux et imbu de sa personne. Des défauts que l’on peut retrouver dans toutes les classes sociales. Quant aux serviettes qui tournent, elles apparaissent sur l’affiche, donc on ne divulgâche rien, mais elles correspondent à une vanne fil rouge (notre traduction maison de « running gag ») et apparaissent lors d’un moment pivot du film en déjouant l’esthétique Patrick Sébastien…
- « Il y a les pauvres et les riches et à la fin tout le monde fait la fête ensemble »
Oui, le film est rassembleur et joue la carte du rire ensemble. C’est ce que voulaient les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache qui disent avoir entamé le scénario au lendemain des attentats du 13-Novembre. Le Sens de la fête est feel good, mais pas Bisounours pour autant. Les comédies « made in France » ont si souvent tendance à se complaire dans le cynisme, la moquerie facile, les vannes faisant rire au détriment des femmes ou des minorités qu’il faut saluer un film qui au lieu de « rire de » préfère « rire avec ».
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