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« Maryline » ou le récit d'un rêve artistique

Pour incarner Maryline, Guillaume Gallienne a choisi sa camarade du Français Adeline d’Hermy.

D’une certaine manière, Maryline est le premier film de Guillaume Gallienne. Pour deux raisons au moins. D’abord parce que le très autobiographique Les Garçons et Guillaume, à table ! (récompensé par cinq Césars en 2014), « était un dossier, pas une histoire</a> ». Ensuite parce que cela fait quinze ans que l’acteur, sociétaire de la Comédie-Française, porte en lui « le récit de la vie d’une femme d’une grande humilité », rencontrée un jour et qui l’avait « bouleversé » – il ne souhaite pas en dire</a> plus. Il a décidé d’en faire</a> un film.

« La classe, on l’a – ou pas »

Maryline, jeune villageoise dont la mère lui rasait la tête parce qu’elle aurait aimé avoir</a> un garçon, monte à Paris</a> pour devenir</a> comédienne. Sauf qu’elle n’a pas les mots pour se défendre</a>, notamment face aux humiliations que Lars Eidinger, qui joue ici un réalisateur, lui fait subir</a> lors de l’une des (premières et mémorables) scènes</a> de ce très beau film. « Cela m’a rappelé l’époque où je donnais des cours en ZEP, et la violence que cela peut engendrer</a> quand les mots font défaut »,raconte Guillaume Gallienne.

Pour incarner</a> sa Maryline, il a, dès l’écriture, pensé à Adeline d’Hermy. Celle qui joue actuellement au Français dans Les Fourberies de Scapin et Les Damnés, incarne à la perfection cette femme molestée par la vie, cette histoire de blessure et de colère qu’elle met, littéralement, dans la gorge : « Adeline a l’humilité du rôle, et ça, ça ne se compose pas, c’est comme la classe, on l’a ou pas. »

Ses réflexions sur l’acteur, Guillaume Gallienne les trouve auprès de Sacha Guitry, Louis Jouvet, Jacques Rivette, mais aussi auprès de celle qu’il appelle « Mareine » et qui l’accompagne depuis son premier rôle dans la maison de Molière (Arcas, dans Mithridate de Racine) : la sociétaire Claude Mathieu. Dans le film, hors l’apparition, superbe et juste, de Vanessa Paradis, ses camarades du Français sont tous ou presque là : Florence Viala, Sébastien Pouderoux, Bruno Raffaelli, ou encore Eric Ruf, l’administrateur général. Lesquels lui ont fait remarquer</a> combien le Gallienne réalisateur est, sinon différent, mais plus calme que le Gallienne comédien. « J’essaie d’être vigilant, bienveillant : protéger</a> les acteurs, c’est la base »,explique l’intéressé.

Appréhension et épuisement

Maryline est une histoire de cinéma</a> et de théâtre : « J’aime la part de fantastique qu’il y a à confondre</a> réalité et fiction »,confie Gallienne avant d’ajouter que ce sera le sujet de son prochain film. Une confusion qui l’a laissé exsangue lorsqu’il a joué, il y a deux ans à la Comédie-Française,Lucrèce Borgia, mis en scène par Denis Podalydès. « En dehors du rôle, celui d’une femme de pouvoir</a> aux mains tachées de sang, de la cruauté que vous</a> devez incarner mais aussi subir, parce que femme justement, il y avait l’avant et l’après, l’appréhension et l’épuisement : rentrer</a> chez soi et dire à son épouse : “Bonsoir mon amour</a>”. Ce n’est pas un costume que l’on range aussi facilement. C’est la raison pour laquelle j’ai rendu mon rôle, repris par Elsa Lepoivre. » Ce qu’a très bien compris Eric Ruf, qui le laisse partir</a> six mois enseigner</a> à l’université de Princeton à la fin de cette année : « J’ai besoin de ne plus être</a> le sujet, de ne plus aller</a> chercher en moi »,confie Gallienne.

Respirer ailleurs et autrement, s’accorder une pause, avant de retrouver</a> inévitablement ses camarades du Français. Et cela tombe bien puisque, du 17 au 30 juillet 2018 à New York, il sera sur la scène du Park Armory Avenue pour reprendre</a> son rôle dans Les Damnés.

« Maryline », de Guillaume Gallienne. Avec Adeline d’Hermy (1 h 47). En salle le 15 novembre.

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Pour incarner Maryline, Guillaume Gallienne a choisi sa camarade du Français Adeline d’Hermy.

D’une certaine manière, Maryline est le premier film de Guillaume Gallienne. Pour deux raisons au moins. D’abord parce que le très autobiographique Les Garçons et Guillaume, à table ! (récompensé par cinq Césars en 2014), « était un dossier, pas une histoire</a> ». Ensuite parce que cela fait quinze ans que l’acteur, sociétaire de la Comédie-Française, porte en lui « le récit de la vie d’une femme d’une grande humilité », rencontrée un jour et qui l’avait « bouleversé » – il ne souhaite pas en dire</a> plus. Il a décidé d’en faire</a> un film.

« La classe, on l’a – ou pas »

Maryline, jeune villageoise dont la mère lui rasait la tête parce qu’elle aurait aimé avoir</a> un garçon, monte à Paris</a> pour devenir</a> comédienne. Sauf qu’elle n’a pas les mots pour se défendre</a>, notamment face aux humiliations que Lars Eidinger, qui joue ici un réalisateur, lui fait subir</a> lors de l’une des (premières et mémorables) scènes</a> de ce très beau film. « Cela m’a rappelé l’époque où je donnais des cours en ZEP, et la violence que cela peut engendrer</a> quand les mots font défaut »,raconte Guillaume Gallienne.

Pour incarner</a> sa Maryline, il a, dès l’écriture, pensé à Adeline d’Hermy. Celle qui joue actuellement au Français dans Les Fourberies de Scapin et Les Damnés, incarne à la perfection cette femme molestée par la vie, cette histoire de blessure et de colère qu’elle met, littéralement, dans la gorge : « Adeline a l’humilité du rôle, et ça, ça ne se compose pas, c’est comme la classe, on l’a ou pas. »

Ses réflexions sur l’acteur, Guillaume Gallienne les trouve auprès de Sacha Guitry, Louis Jouvet, Jacques Rivette, mais aussi auprès de celle qu’il appelle « Mareine » et qui l’accompagne depuis son premier rôle dans la maison de Molière (Arcas, dans Mithridate de Racine) : la sociétaire Claude Mathieu. Dans le film, hors l’apparition, superbe et juste, de Vanessa Paradis, ses camarades du Français sont tous ou presque là : Florence Viala, Sébastien Pouderoux, Bruno Raffaelli, ou encore Eric Ruf, l’administrateur général. Lesquels lui ont fait remarquer</a> combien le Gallienne réalisateur est, sinon différent, mais plus calme que le Gallienne comédien. « J’essaie d’être vigilant, bienveillant : protéger</a> les acteurs, c’est la base »,explique l’intéressé.

Appréhension et épuisement

Maryline est une histoire de cinéma</a> et de théâtre : « J’aime la part de fantastique qu’il y a à confondre</a> réalité et fiction »,confie Gallienne avant d’ajouter que ce sera le sujet de son prochain film. Une confusion qui l’a laissé exsangue lorsqu’il a joué, il y a deux ans à la Comédie-Française,Lucrèce Borgia, mis en scène par Denis Podalydès. « En dehors du rôle, celui d’une femme de pouvoir</a> aux mains tachées de sang, de la cruauté que vous</a> devez incarner mais aussi subir, parce que femme justement, il y avait l’avant et l’après, l’appréhension et l’épuisement : rentrer</a> chez soi et dire à son épouse : “Bonsoir mon amour</a>”. Ce n’est pas un costume que l’on range aussi facilement. C’est la raison pour laquelle j’ai rendu mon rôle, repris par Elsa Lepoivre. » Ce qu’a très bien compris Eric Ruf, qui le laisse partir</a> six mois enseigner</a> à l’université de Princeton à la fin de cette année : « J’ai besoin de ne plus être</a> le sujet, de ne plus aller</a> chercher en moi »,confie Gallienne.

Respirer ailleurs et autrement, s’accorder une pause, avant de retrouver</a> inévitablement ses camarades du Français. Et cela tombe bien puisque, du 17 au 30 juillet 2018 à New York, il sera sur la scène du Park Armory Avenue pour reprendre</a> son rôle dans Les Damnés.

« Maryline », de Guillaume Gallienne. Avec Adeline d’Hermy (1 h 47). En salle le 15 novembre.

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