
La perte d'un proche
Johnny Hallyday est mort, dans sa maison de Marnes-la-Coquette, ce mercredi 6 décembre, emporté par un cancer des poumons. Si cette disparition risque de laisser peu d'entre nous indifférents (comme avant elle, celle des grandes vedettes populaires que sont, entre autres, Bashung, Coluche, Claude François, Piaf, Brel, Gainsbourg...), beaucoup des fans de Johnny vont vivre cette mort comme une catastrophe, comme une véritable tragédie. Ils perdent un proche, un être qui accompagne et a accompagné, parfois depuis très longtemps, leur quotidien. Quelqu'un dont ils connaissent les traits, la voix, la vie, parfois mieux que ceux des membres de leur propre famille. L'intimité construite avec Johnny, même si elle est unilatérale, est très importante. Elle peut être source d'immenses émotions, tout à fait authentiques, même si cette relation d'intimité peut être, elle, fantasmée d'une certaine façon. Ces fans, pour les plus anciens d'entre eux, perdent un être qu'ils connaissent depuis longtemps, avec lequel ils ont vieilli et qu'ils ont vu vieillir. Le deuil va être difficile. Il est celui d'un être cher, d'un proche, mais aussi souvent d'une partie d'eux-mêmes, de leur enfance, de leur adolescence, de leur jeunesse.
Manifester et se manifester
Les jours qui viennent vont être l'occasion de nombreux micro-trottoirs, de témoignages dans les médias et sur les réseaux sociaux, au cours desquels les fans diront avoir perdu un "frère", un "père", un "ami", un "proche". lls affirmeront sa grandeur "c'est le plus grand !", sa nature divine "c'est un dieu ! c'est un mythe !", et l'importance de la dette "ils nous a tant donné", "on lui doit tant de bonheur". Ils diront la nécessité de la célébrer (il faut des rues à son nom! un hommage national s'impose!) et ils loueront ses qualités immenses (sa beauté, sa générosité, son charisme, son talent...), rejoints en cela par les vedettes, les politiques, les personnalités publiques. L'espace public, la rue, les lieux symboliques liés à Johnny Hallyday (en premier lieu sa demeure à Marnes-la-Coquette), mais aussi les réseaux sociaux vont être constitués rapidement en lieu de célébration, de ferveur collective, de communion. De nombreux fans vont ressentir le besoin de témoigner (de leur amour pour Johnny Hallyday, de leur ferveur), d'affirmer et de partager collectivement la peine, de célébrer ensemble (la grandeur de Johnny), de proclamer de concert l'importance de leur dette, l'immensité du bonheur reçu (donné par Johnny, ses concerts et ses disques), leur gratitude éternelle. Parés de leurs attributs de fans, leurs vêtements à l'effigie de Johnny, leurs badges et autres signes de l'appartenance au groupe des fans et de leur amour pour le chanteur..., ils vont se rassembler dans des endroits symboliques (la demeure du chanteur) qui risquent fort de devenir lieux de culte, de pèlerinage, de mémoire et de commémoration, de célébration et de recueillement, de tourisme aussi. Ces fans vont allumer des cierges, y déposer des gerbes de fleurs, des poèmes, des dessins, des présents, quantités d'ex-voto et objets divers. Et, filmés et enregistrés par les médias, ils vont donner à voir au monde leur puissance, leur ferveur, leur tristesse, et avec elles, démontrer et proclamer, par le nombre des fans rassemblés et le bruit étourdissant des hommages, la grandeur de Johnny.
Des suicides exceptionnels
Il n'est pas exclu que certains, les plus fragiles, heureusement rares et fort peu représentatifs, ne parviennent pas à surmonter leur détresse. On dénombre malheureusement quelques cas de suicides de fans à l'annonce de la disparition d'une vedette. Deux femmes se sont ainsi donné la mort à l'annonce de celle de Rudolf Valentino. D'autres ont mis fin à leur vie en apprenant la disparition de James Dean ou de John Lennon. Une vague de suicides aux Etats-Unis a accompagné la disparition de Marilyn Monroe. Des jeunes filles se sont jetées dans la seine lors des funérailles de Claude François. Plus récemment, le suicide de Kurt Cobain a été suivi de celui de certains de ses fans. La mort de Michael Jackson a aussi été à l'origine de plusieurs actes désespérés. Ces évènements tragiques sont heureusement rares et restent le fait d'individus isolés et fragiles psychologiquement, mais ils témoignent de la détresse que peut provoquer la disparition de l'idole et ils attestent l'importance de l'investissement affectif. Les fans, dans leur grande majorité, vont être tristes, dévastés par un chagrin qui rappelle celui que l'on peut éprouver lorsque l'on perd un proche, et qui doit trouver à s'exprimer, notamment en se rendant à Marnes-la-Coquette.
La genèse et le développement de la relation affective et admirative
Pour comprendre cette tristesse, l'ampleur de la perte et ce besoin de manifester publiquement et collectivement la douleur et l'amour, il importe de se pencher sur les spécificités d'un rapport à l'homme, au chanteur et à son œuvre et sur la façon dont il s'élabore. Les degrés d'investissement, la nature de l'attachement, les modalités d'expression de la passion diffèrent d'un fan à l'autre. Les fans partagent cependant à la fois une admiration très grande pour l'homme, le chanteur et l'œuvre, et un fort attachement à ceux-ci. Admiration et attachement s'élaborent et se développent après une première rencontre avec l'œuvre et le chanteur ; rencontre souvent romancée, dramatisée a posteriori et qualifiée de "révélation", de "choc", faisant "basculer" l'existence. Les fans veulent alors découvrir et consommer l'ensemble de la vie et de l'œuvre du chanteur et se disent pris dans une sorte d' "engrenage", victimes consentantes et épanouies d'une forme d'"addiction", de désir irrépressible. Ils veulent tout acheter, tout posséder, tout savoir et deviennent collectionneurs, archivistes, puis experts, spécialistes, érudits, connaissant bientôt tout de l'œuvre comme de la vie publique et privée de la vedette. Ils organisent leur existence autour de cette passion et font entrer la vedette dans leur quotidien, pénétrant le sien, via la consommation de tout ce qui est écrit, montré ou dit sur elle. La vedette (comme son œuvre) est bientôt omniprésente (en permanence dans l'esprit de ces fans, sous leurs yeux via les posters et photos, dans leurs oreilles via les chansons écoutées tout le temps et partout, dans leurs propos). Elle devient intime, objet d'un attachement affectif qui ne cesse de croître. Les fans veulent vivre leur passion collectivement et la partager. Ils se mettent alors en quête de pairs, les trouvent dans des clubs, des associations ou des groupes informels, voire sur les réseaux sociaux, les retrouvent dans les concerts. Ils deviennent des "membres" d'un collectif, d'une communauté, où ils peuvent partager cette passion, mais aussi des connaissances, des savoirs, des pratiques, des valeurs, des codes, des croyances, une forme de solidarité, de camaraderie et de chaleur.
La relation de dette
Ces fans peuvent trouver au sein du groupe beaucoup de réconfort, comme ils en trouvent à l'écoute des disques de Johnny et de façon plus générale dans la relation à la vedette. Cette passion est en effet une source de bénéfices de différente nature (sociaux, symboliques, affectifs, parfois professionnels, etc.). La relation à l'œuvre et à l'artiste aide ces fans dans des moments difficiles et accompagne les jours heureux. La passion favorise l'élaboration d'une identité individuelle (source d'estime de soi), mais aussi collective : elle intègre le fan dans un groupe. L'investissement dans la passion fournit des objectifs, des buts, peut donner un sens à l'existence. La vie des fans peut s'en trouver parfois métamorphosée : c'est une vie remplie (de passion), de rêves qui se concrétisent (assister à un concert, obtenir un autographe, mettre la main sur un disque rare...) et rendent heureux. Dès lors, la relation à Johnny est vécue sur le mode de la dette et de la reconnaissance. Johnny donne tant aux fans que ceux-ci se sentent redevables et près à consentir beaucoup de sacrifices (temps, énergie, effort, budget...) pour assouvir leur passion et célébrer l'idole. Ils peuvent ainsi lui offrir, lui dédier ou lui sacrifier une partie des revenus, parfois un couple, une vie de famille, une espace du foyer (dans lequel pourra être érigé un autel à la gloire de Johnny), leur corps (qui pourra accueillir des tatouages à l'effigie de Johnny ou être métamorphosé en une réplique de celui du chanteur), une existence entière, une vie. Cette conscience aigüe, ce sentiment profond des fans de leur dette à l'égard de la vedette explique l'ampleur de leur détresse à la nouvelle de sa disparition, leur besoin de venir en nombre lui rendre hommage, l'invocation parfois d'un véritable "devoir", tandis qu'ils se rassemblent, en pleurs parfois, devant la demeure du chanteur.
Gabriel Segré a notamment étudié les fans et les cultes des vedettes et est l'auteur d'ouvrages et d'articles sur le sujet, dont : Fans de... Sociologie des nouveaux cultes contemporains, Armand Colin, 2014.
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Manifester et se manifester
Les jours qui viennent vont être l'occasion de nombreux micro-trottoirs, de témoignages dans les médias et sur les réseaux sociaux, au cours desquels les fans diront avoir perdu un "frère", un "père", un "ami", un "proche". lls affirmeront sa grandeur "c'est le plus grand !", sa nature divine "c'est un dieu ! c'est un mythe !", et l'importance de la dette "ils nous a tant donné", "on lui doit tant de bonheur". Ils diront la nécessité de la célébrer (il faut des rues à son nom! un hommage national s'impose!) et ils loueront ses qualités immenses (sa beauté, sa générosité, son charisme, son talent...), rejoints en cela par les vedettes, les politiques, les personnalités publiques. L'espace public, la rue, les lieux symboliques liés à Johnny Hallyday (en premier lieu sa demeure à Marnes-la-Coquette), mais aussi les réseaux sociaux vont être constitués rapidement en lieu de célébration, de ferveur collective, de communion. De nombreux fans vont ressentir le besoin de témoigner (de leur amour pour Johnny Hallyday, de leur ferveur), d'affirmer et de partager collectivement la peine, de célébrer ensemble (la grandeur de Johnny), de proclamer de concert l'importance de leur dette, l'immensité du bonheur reçu (donné par Johnny, ses concerts et ses disques), leur gratitude éternelle. Parés de leurs attributs de fans, leurs vêtements à l'effigie de Johnny, leurs badges et autres signes de l'appartenance au groupe des fans et de leur amour pour le chanteur..., ils vont se rassembler dans des endroits symboliques (la demeure du chanteur) qui risquent fort de devenir lieux de culte, de pèlerinage, de mémoire et de commémoration, de célébration et de recueillement, de tourisme aussi. Ces fans vont allumer des cierges, y déposer des gerbes de fleurs, des poèmes, des dessins, des présents, quantités d'ex-voto et objets divers. Et, filmés et enregistrés par les médias, ils vont donner à voir au monde leur puissance, leur ferveur, leur tristesse, et avec elles, démontrer et proclamer, par le nombre des fans rassemblés et le bruit étourdissant des hommages, la grandeur de Johnny.
Des suicides exceptionnels
Il n'est pas exclu que certains, les plus fragiles, heureusement rares et fort peu représentatifs, ne parviennent pas à surmonter leur détresse. On dénombre malheureusement quelques cas de suicides de fans à l'annonce de la disparition d'une vedette. Deux femmes se sont ainsi donné la mort à l'annonce de celle de Rudolf Valentino. D'autres ont mis fin à leur vie en apprenant la disparition de James Dean ou de John Lennon. Une vague de suicides aux Etats-Unis a accompagné la disparition de Marilyn Monroe. Des jeunes filles se sont jetées dans la seine lors des funérailles de Claude François. Plus récemment, le suicide de Kurt Cobain a été suivi de celui de certains de ses fans. La mort de Michael Jackson a aussi été à l'origine de plusieurs actes désespérés. Ces évènements tragiques sont heureusement rares et restent le fait d'individus isolés et fragiles psychologiquement, mais ils témoignent de la détresse que peut provoquer la disparition de l'idole et ils attestent l'importance de l'investissement affectif. Les fans, dans leur grande majorité, vont être tristes, dévastés par un chagrin qui rappelle celui que l'on peut éprouver lorsque l'on perd un proche, et qui doit trouver à s'exprimer, notamment en se rendant à Marnes-la-Coquette.
La genèse et le développement de la relation affective et admirative
Pour comprendre cette tristesse, l'ampleur de la perte et ce besoin de manifester publiquement et collectivement la douleur et l'amour, il importe de se pencher sur les spécificités d'un rapport à l'homme, au chanteur et à son œuvre et sur la façon dont il s'élabore. Les degrés d'investissement, la nature de l'attachement, les modalités d'expression de la passion diffèrent d'un fan à l'autre. Les fans partagent cependant à la fois une admiration très grande pour l'homme, le chanteur et l'œuvre, et un fort attachement à ceux-ci. Admiration et attachement s'élaborent et se développent après une première rencontre avec l'œuvre et le chanteur ; rencontre souvent romancée, dramatisée a posteriori et qualifiée de "révélation", de "choc", faisant "basculer" l'existence. Les fans veulent alors découvrir et consommer l'ensemble de la vie et de l'œuvre du chanteur et se disent pris dans une sorte d' "engrenage", victimes consentantes et épanouies d'une forme d'"addiction", de désir irrépressible. Ils veulent tout acheter, tout posséder, tout savoir et deviennent collectionneurs, archivistes, puis experts, spécialistes, érudits, connaissant bientôt tout de l'œuvre comme de la vie publique et privée de la vedette. Ils organisent leur existence autour de cette passion et font entrer la vedette dans leur quotidien, pénétrant le sien, via la consommation de tout ce qui est écrit, montré ou dit sur elle. La vedette (comme son œuvre) est bientôt omniprésente (en permanence dans l'esprit de ces fans, sous leurs yeux via les posters et photos, dans leurs oreilles via les chansons écoutées tout le temps et partout, dans leurs propos). Elle devient intime, objet d'un attachement affectif qui ne cesse de croître. Les fans veulent vivre leur passion collectivement et la partager. Ils se mettent alors en quête de pairs, les trouvent dans des clubs, des associations ou des groupes informels, voire sur les réseaux sociaux, les retrouvent dans les concerts. Ils deviennent des "membres" d'un collectif, d'une communauté, où ils peuvent partager cette passion, mais aussi des connaissances, des savoirs, des pratiques, des valeurs, des codes, des croyances, une forme de solidarité, de camaraderie et de chaleur.
La relation de dette
Ces fans peuvent trouver au sein du groupe beaucoup de réconfort, comme ils en trouvent à l'écoute des disques de Johnny et de façon plus générale dans la relation à la vedette. Cette passion est en effet une source de bénéfices de différente nature (sociaux, symboliques, affectifs, parfois professionnels, etc.). La relation à l'œuvre et à l'artiste aide ces fans dans des moments difficiles et accompagne les jours heureux. La passion favorise l'élaboration d'une identité individuelle (source d'estime de soi), mais aussi collective : elle intègre le fan dans un groupe. L'investissement dans la passion fournit des objectifs, des buts, peut donner un sens à l'existence. La vie des fans peut s'en trouver parfois métamorphosée : c'est une vie remplie (de passion), de rêves qui se concrétisent (assister à un concert, obtenir un autographe, mettre la main sur un disque rare...) et rendent heureux. Dès lors, la relation à Johnny est vécue sur le mode de la dette et de la reconnaissance. Johnny donne tant aux fans que ceux-ci se sentent redevables et près à consentir beaucoup de sacrifices (temps, énergie, effort, budget...) pour assouvir leur passion et célébrer l'idole. Ils peuvent ainsi lui offrir, lui dédier ou lui sacrifier une partie des revenus, parfois un couple, une vie de famille, une espace du foyer (dans lequel pourra être érigé un autel à la gloire de Johnny), leur corps (qui pourra accueillir des tatouages à l'effigie de Johnny ou être métamorphosé en une réplique de celui du chanteur), une existence entière, une vie. Cette conscience aigüe, ce sentiment profond des fans de leur dette à l'égard de la vedette explique l'ampleur de leur détresse à la nouvelle de sa disparition, leur besoin de venir en nombre lui rendre hommage, l'invocation parfois d'un véritable "devoir", tandis qu'ils se rassemblent, en pleurs parfois, devant la demeure du chanteur.
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