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Hier soir à Paris… Charles Aznavour

Bernard Lavilliers nous confiait récemment : «Dans une carrière, il y a deux étapes obligées : l’Olympia et Bercy». Hier soir à Paris, moins d’un an après une série de concerts au Palais des Sports, Charles Aznavour, 93 ans, montait pour la première fois sur la scène de Bercy (Accorhotels arena). Dès 19H40, les bars ont été priés de baisser leur rideau afin de permettre le démarrage du spectacle à l’heure. Plus de 10 000 personnes se sont déplacées pour assister au nouveau tour de chant de l’artiste. Et c’est finalement avec quinze minutes de retard qu’il arrive, entièrement vêtu de noir, fringuant, s’installant derrière le micro pour «Les Emigrants». Neuf musiciens l’entourent, trois immenses prompteurs sont placées devant lui «comme je n’ai plus de mémoire» explique-t-il tout sourire, «d’autant qu’à mon âge, la vue baisse». Soulignant également au passage qu’il est «né avec la voix enrouée» et qu’il ne faut donc pas à s’attendre à des miracles de ce côté là.

Des miracles pourtant il y en a eu. Dès «Je n’ai pas vu le temps passer», Aznavour fait mentir ses détracteurs en chantant juste et fort. Evidemment les synthétiseurs brusquent les oreilles (il pourrait s’offrir le luxe d’un quatuor à cordes), mais Charles s’en fiche éperdument. «Normalement, on revient à Paris avec des nouvelles chansons. Pas moi». Cet homme qui a toujours été porté par la rage et l’envie de vaincre va déjouer la nature pendant près de deux heures. Ressortant des titres oubliés de son répertoire comme «Une idée» (1986). Ou lançant bravache, « Celle là je ne sais pas si je vais la chanter car vous la connaissez déjà» avant d’interpréter «Paris au mois d’août» avec une assurance rare. Le voilà aussi qui lance un conseil à «mes confrères, qui comme Edith (Piaf), devraient présenter les auteurs et le compositeurs de leurs chansons avant de les interpréter». Dommage que Charles s’accroche à «Je voyage» duo pénible avec sa fille Katia. D’autant que «Sa jeunesse» démarrée a-capella, est le premier sommet du concert. Totalement acteur de sa chanson, Aznavour se prend au jeu et livre une prestation incroyable d’émotion. Bercy l’ovationne logiquement.

Charles Aznavour était à l'AccorHotels Arena jeudi soir. © Pierre Hennequin

«Mourir d’aimer» souffre de ce synthé horripilant, mais «Parce que» (1955) atteint des sommets d’intensité. Aznavour souffle le chaud et le froid sur un public qui se demande évidemment s’il le voit pour la dernière fois. Toujours bagarreur, il présente «La Critique» comme sa réponse à ces maudits journalistes qui écrivaient qu’il ne réussirait jamais. Malgré les honneurs et les hommages à la pelle, Aznavour n’a toujours pas digéré la plume assassine de ceux qu’ils nomment «mes démolisseurs. Mais moi je suis encore là, pas eux». Dommage que cette chanson ne soit pas plus brillante : elle permet à ses vilains scribouillards de continuer à l’éreinter ! «L’amour c’est comme un jour» (1962) vient vite faire oublier ce passage désolant. Et marque le début d’une heure fascinante.

A 93 ans, Charles Aznavour a enchanté le public de Paris. © Pierre Hennequin

En véritable patron de la chanson française, Charles Aznavour va rappeler à coup de chansons brillantes et divinement écrites combien il est un monument. «Désormais», «Non je n’ai rien oublié» l’obligent à de vraies prouesses vocales. Il peut se tromper dans le texte de «Avec un brin de nostalgie», mais se rattrape aussitôt, tout sourire, délivrant une version pleine d’élégance et de nostalgie. «Je suis comme un oiseau, j’ai la gorge fragile» dit-il, roublard, pour présenter «Il faut savoir» (1961). Chanson qui se termine en apothéose vocale et sur laquelle Charles ne faillit pas. «Elle est sortie» rigole-t-il même t-il après, fier d’avoir pu atteindre cette note finale si haute. Du coup, il passe un peu à côté de «Mes emmerdes » (1976)  et de «Je reviens, fanny» (1967) avant d’incarner à merveille « Hier encore». Le final est pantagruélique Aznavour chauffé à bloc retrouver son costume de comédien pour «Comme ils disent», effectue ses quelques pas de danse sur «Les deux guitares». La foule se jette à ses pieds pour «La Bohème», avant de chanter à tue-tête «Emmenez-moi», classique parmi les classiques et merveilleuse chanson pour clôturer l’affaire. Aznavour a le bon goût d’avoir délaissé les rappels depuis un certain temps. On regrettera malgré tout l’absence d’hommage à Johnny, que toute la salle attendait. Il est aussi aisé d’établir une liste de titres, hélas, laissés de côté comme « Que c’est triste Venise», «La Mamma», «Et moi dans mon coin», ou encore « For me, formidable». Mais, c’était une évidence hier soir à Bercy, ce sera pour la prochaine fois… 

Charles Aznavour sur la scène de l'Accorhotels Arena jeudi soir. © Pierre Hennequin

Setlist du 13 décembre, Paris, Accorhotels Arena

1/ Les émigrants
2/ Je n’ai pas vu le temps passer
3/ Une idée
4/ Paris au mois d’août
5/ Je voyage
6/Sa jeunesse
7/ Mourir d’aimer
8/ Parce que
9/ La critique
10/ L’amour c’est comme un jour
11/ La vie est faite de hasards
12/ Désormais
13/ Non, je n’ai rien oublié
14/ Ave Maria
15/ Mon ami mon judas
16/ Avec un brin de nostalgie
17/ Il faut savoir
18/ Mes emmerdes
19/ Je reviens Fanny
20/ She
21/ Hier encore
22/ Les plaisirs démodés
23/ Comme ils disent
24/ Les deux guitares
25/ La Bohème
26/ Emmenez-moi
Toute reproduction interdite

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Bernard Lavilliers nous confiait récemment : «Dans une carrière, il y a deux étapes obligées : l’Olympia et Bercy». Hier soir à Paris, moins d’un an après une série de concerts au Palais des Sports, Charles Aznavour, 93 ans, montait pour la première fois sur la scène de Bercy (Accorhotels arena). Dès 19H40, les bars ont été priés de baisser leur rideau afin de permettre le démarrage du spectacle à l’heure. Plus de 10 000 personnes se sont déplacées pour assister au nouveau tour de chant de l’artiste. Et c’est finalement avec quinze minutes de retard qu’il arrive, entièrement vêtu de noir, fringuant, s’installant derrière le micro pour «Les Emigrants». Neuf musiciens l’entourent, trois immenses prompteurs sont placées devant lui «comme je n’ai plus de mémoire» explique-t-il tout sourire, «d’autant qu’à mon âge, la vue baisse». Soulignant également au passage qu’il est «né avec la voix enrouée» et qu’il ne faut donc pas à s’attendre à des miracles de ce côté là.

Des miracles pourtant il y en a eu. Dès «Je n’ai pas vu le temps passer», Aznavour fait mentir ses détracteurs en chantant juste et fort. Evidemment les synthétiseurs brusquent les oreilles (il pourrait s’offrir le luxe d’un quatuor à cordes), mais Charles s’en fiche éperdument. «Normalement, on revient à Paris avec des nouvelles chansons. Pas moi». Cet homme qui a toujours été porté par la rage et l’envie de vaincre va déjouer la nature pendant près de deux heures. Ressortant des titres oubliés de son répertoire comme «Une idée» (1986). Ou lançant bravache, « Celle là je ne sais pas si je vais la chanter car vous la connaissez déjà» avant d’interpréter «Paris au mois d’août» avec une assurance rare. Le voilà aussi qui lance un conseil à «mes confrères, qui comme Edith (Piaf), devraient présenter les auteurs et le compositeurs de leurs chansons avant de les interpréter». Dommage que Charles s’accroche à «Je voyage» duo pénible avec sa fille Katia. D’autant que «Sa jeunesse» démarrée a-capella, est le premier sommet du concert. Totalement acteur de sa chanson, Aznavour se prend au jeu et livre une prestation incroyable d’émotion. Bercy l’ovationne logiquement.

Charles Aznavour était à l'AccorHotels Arena jeudi soir. © Pierre Hennequin

«Mourir d’aimer» souffre de ce synthé horripilant, mais «Parce que» (1955) atteint des sommets d’intensité. Aznavour souffle le chaud et le froid sur un public qui se demande évidemment s’il le voit pour la dernière fois. Toujours bagarreur, il présente «La Critique» comme sa réponse à ces maudits journalistes qui écrivaient qu’il ne réussirait jamais. Malgré les honneurs et les hommages à la pelle, Aznavour n’a toujours pas digéré la plume assassine de ceux qu’ils nomment «mes démolisseurs. Mais moi je suis encore là, pas eux». Dommage que cette chanson ne soit pas plus brillante : elle permet à ses vilains scribouillards de continuer à l’éreinter ! «L’amour c’est comme un jour» (1962) vient vite faire oublier ce passage désolant. Et marque le début d’une heure fascinante.

A 93 ans, Charles Aznavour a enchanté le public de Paris. © Pierre Hennequin

En véritable patron de la chanson française, Charles Aznavour va rappeler à coup de chansons brillantes et divinement écrites combien il est un monument. «Désormais», «Non je n’ai rien oublié» l’obligent à de vraies prouesses vocales. Il peut se tromper dans le texte de «Avec un brin de nostalgie», mais se rattrape aussitôt, tout sourire, délivrant une version pleine d’élégance et de nostalgie. «Je suis comme un oiseau, j’ai la gorge fragile» dit-il, roublard, pour présenter «Il faut savoir» (1961). Chanson qui se termine en apothéose vocale et sur laquelle Charles ne faillit pas. «Elle est sortie» rigole-t-il même t-il après, fier d’avoir pu atteindre cette note finale si haute. Du coup, il passe un peu à côté de «Mes emmerdes » (1976)  et de «Je reviens, fanny» (1967) avant d’incarner à merveille « Hier encore». Le final est pantagruélique Aznavour chauffé à bloc retrouver son costume de comédien pour «Comme ils disent», effectue ses quelques pas de danse sur «Les deux guitares». La foule se jette à ses pieds pour «La Bohème», avant de chanter à tue-tête «Emmenez-moi», classique parmi les classiques et merveilleuse chanson pour clôturer l’affaire. Aznavour a le bon goût d’avoir délaissé les rappels depuis un certain temps. On regrettera malgré tout l’absence d’hommage à Johnny, que toute la salle attendait. Il est aussi aisé d’établir une liste de titres, hélas, laissés de côté comme « Que c’est triste Venise», «La Mamma», «Et moi dans mon coin», ou encore « For me, formidable». Mais, c’était une évidence hier soir à Bercy, ce sera pour la prochaine fois… 

Charles Aznavour sur la scène de l'Accorhotels Arena jeudi soir. © Pierre Hennequin

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1/ Les émigrants
2/ Je n’ai pas vu le temps passer
3/ Une idée
4/ Paris au mois d’août
5/ Je voyage
6/Sa jeunesse
7/ Mourir d’aimer
8/ Parce que
9/ La critique
10/ L’amour c’est comme un jour
11/ La vie est faite de hasards
12/ Désormais
13/ Non, je n’ai rien oublié
14/ Ave Maria
15/ Mon ami mon judas
16/ Avec un brin de nostalgie
17/ Il faut savoir
18/ Mes emmerdes
19/ Je reviens Fanny
20/ She
21/ Hier encore
22/ Les plaisirs démodés
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24/ Les deux guitares
25/ La Bohème
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