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César 2018 : réjouissances et déceptions

Si "120 battements par minute" de Robin Campillo se place en tête des nominations de cette 43e cérémonie des César, le reste de la sélection déçoit mais surtout néglige un pan du cinéma français et quelques uns de ses plus grands auteurs.

L'annonce ce matin des nominations aux prochains César, qui auront lieu le 2 mars prochain, laisse un goût en demi-teinte, entre joie et déception.

Certes on se réjouit que 120 battements par minute de Robin Campillo, le plus beau film de l'année, soit le grand favoris de cette 43e cérémonie (avec 13 nominations au total), ou encore que Barbara de Mathieu Amalric (9) ou Grave de Julia Ducournau (6) raflent quelques belles nominations, mais on a tout de même du mal à se consoler de l'absence des Fantômes d'Ismaëld'Arnaud Desplechin qui avait d'ailleurs été récompensé en 2016 du césar du meilleur réalisateur pour Trois Souvenirs de ma jeunesse.

Parmi les autres déceptions de cette édition, on note l'absence du très beau Ava de Léa Mysius, qu'on aurait bien vu à la place de Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos, dont la nomination dans la catégorie meilleur premier film nous laisse quelque peu pantois. Mauvaise surprise également pour Robert Guédiguian et son film La Villa, qui compte une maigre nomination grâce à son actrice Anaïs Demoustier, nommée dans la catégorie meilleur second rôle. Un oubli paradoxal quand on pense au succès critique et public du film. Peut etre que l'insularité du système Guédiguian , comme si tournant toujours avec sa tribu acteurs depuis des années, l'excluait de "la grande famille du cinéma français". Enfin autre grande déception, puisque si Nahuel Perez Biscayart figure dans la catégorie meilleur espoir aux côtés de son coéquipier de jeu Arnaud Valois, on déplore que l'Académie n'est pas considérée sa prestation, mais aussi son parcours antérieurs à 120 bpm, suffisant pour que le comédien argentin s'offre une double nomination, celle de l'espoir et de l'acteur. On avait rêvé à un doublon gagnant comme l'avait fait Tahar Rahim pour Un prophète en 2010. C'est raté.

Structurellement, les César aiment le centre, les films du milieu, ceux au coeur de l'industrie, ni trop près de la base, mais trop près non plus du sommet. Les propositions de cinéma un peu trop marginales, comme Belle Dormant d'Ado Arrietta et L'Amant d'un jour de Philippe Garrel, réalisés dans une économie minime, ne connaîtront bien évidemment pas les lustres de la sélection. Mais à l'autre bout de la chaîne industrielle, Valérian, la superproduction de Luc Besson,  reste également en touche de ces nominations.

Cette sélection 2018 semble surtout animée par une volonté de consacrer à la fois la comédie dite "d'auteur" comme Le Sens de la fête, mais également, chose plus rare, la comédie populaire en créant cette année le César du public. Ce nouveau prix devrait récompenser "les films ayant fait le plus d’entrées parmi les fils sortis en 2017". Nul doute que Danny Boon décrochera enfin sa petite statuette.

Les premiers films à l'honneur

Pour le reste de cette sélection, on note cependant la plus plutôt réjouissante prédominance des premiers films. Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir et Petit paysan de Hubert Charuel squattent la catégorie meilleur film tandis que Julia Ducournau concoure en tant que meilleure réalisatrice pour Grave. Un classement (meilleur film/ meilleur réalisateur) assez ambigu puisqu'en effet le meilleur film de l'année n'est-il pas dû à une géniale réalisation et donc à son réalisateur ? Peut être pas si l'on en croit les César. Michel Hazanavicius concoure donc lui dans la catégorie meilleur réalisateur quand son Redoutable est éjecté de la sélection meilleur film, de même que Le Brio figure dans cette case quand Yvan Attal est absent de celle des réalisateurs.

Une sélection d'hommes

Enfin si Julia Ducournau est bel et bien présente dans cette sélection, on a du mal à comprendre pourquoi Claire Denis et son film Un beau soleil intérieuron été quasiment, ou presque, radiés de cette 43e édition. Heureusement Juliette Binoche, ahurissante dans le film en pleureuse sensible et joviale, décroche une nomination dans la catégorie meilleure actrice. On espérait aussi que Agnès Varda, dont l'année marquée par la sortie de Visages Villages co-réalisé avec JR fut triomphale (un Oscar d'honneur, une nomination et diverses récompenses), parviendrait à bouger les lignes de la case documentaire en s'extripant vers d'autres sélections (meilleur film ? meilleure réalisatrice ?), en vain. Le résultat de ces absences n'est pas simplement que l'Académie néglige là quelques uns des plus beaux films de l'année, mais aussi qu'il en ressort, comme souvent, une sélection dominée par les hommes.

Espérons que la 43e cérémonie des César, qui se déroulera le 2 mars prochain à la Salle Pleyel de Paris, sache récompenser les quelques beaux espoirs de cette insatisfaisante sélection.

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Si "120 battements par minute" de Robin Campillo se place en tête des nominations de cette 43e cérémonie des César, le reste de la sélection déçoit mais surtout néglige un pan du cinéma français et quelques uns de ses plus grands auteurs.

L'annonce ce matin des nominations aux prochains César, qui auront lieu le 2 mars prochain, laisse un goût en demi-teinte, entre joie et déception.

Certes on se réjouit que 120 battements par minute de Robin Campillo, le plus beau film de l'année, soit le grand favoris de cette 43e cérémonie (avec 13 nominations au total), ou encore que Barbara de Mathieu Amalric (9) ou Grave de Julia Ducournau (6) raflent quelques belles nominations, mais on a tout de même du mal à se consoler de l'absence des Fantômes d'Ismaëld'Arnaud Desplechin qui avait d'ailleurs été récompensé en 2016 du césar du meilleur réalisateur pour Trois Souvenirs de ma jeunesse.

Parmi les autres déceptions de cette édition, on note l'absence du très beau Ava de Léa Mysius, qu'on aurait bien vu à la place de Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos, dont la nomination dans la catégorie meilleur premier film nous laisse quelque peu pantois. Mauvaise surprise également pour Robert Guédiguian et son film La Villa, qui compte une maigre nomination grâce à son actrice Anaïs Demoustier, nommée dans la catégorie meilleur second rôle. Un oubli paradoxal quand on pense au succès critique et public du film. Peut etre que l'insularité du système Guédiguian , comme si tournant toujours avec sa tribu acteurs depuis des années, l'excluait de "la grande famille du cinéma français". Enfin autre grande déception, puisque si Nahuel Perez Biscayart figure dans la catégorie meilleur espoir aux côtés de son coéquipier de jeu Arnaud Valois, on déplore que l'Académie n'est pas considérée sa prestation, mais aussi son parcours antérieurs à 120 bpm, suffisant pour que le comédien argentin s'offre une double nomination, celle de l'espoir et de l'acteur. On avait rêvé à un doublon gagnant comme l'avait fait Tahar Rahim pour Un prophète en 2010. C'est raté.

Structurellement, les César aiment le centre, les films du milieu, ceux au coeur de l'industrie, ni trop près de la base, mais trop près non plus du sommet. Les propositions de cinéma un peu trop marginales, comme Belle Dormant d'Ado Arrietta et L'Amant d'un jour de Philippe Garrel, réalisés dans une économie minime, ne connaîtront bien évidemment pas les lustres de la sélection. Mais à l'autre bout de la chaîne industrielle, Valérian, la superproduction de Luc Besson,  reste également en touche de ces nominations.

Cette sélection 2018 semble surtout animée par une volonté de consacrer à la fois la comédie dite "d'auteur" comme Le Sens de la fête, mais également, chose plus rare, la comédie populaire en créant cette année le César du public. Ce nouveau prix devrait récompenser "les films ayant fait le plus d’entrées parmi les fils sortis en 2017". Nul doute que Danny Boon décrochera enfin sa petite statuette.

Les premiers films à l'honneur

Pour le reste de cette sélection, on note cependant la plus plutôt réjouissante prédominance des premiers films. Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir et Petit paysan de Hubert Charuel squattent la catégorie meilleur film tandis que Julia Ducournau concoure en tant que meilleure réalisatrice pour Grave. Un classement (meilleur film/ meilleur réalisateur) assez ambigu puisqu'en effet le meilleur film de l'année n'est-il pas dû à une géniale réalisation et donc à son réalisateur ? Peut être pas si l'on en croit les César. Michel Hazanavicius concoure donc lui dans la catégorie meilleur réalisateur quand son Redoutable est éjecté de la sélection meilleur film, de même que Le Brio figure dans cette case quand Yvan Attal est absent de celle des réalisateurs.

Une sélection d'hommes

Enfin si Julia Ducournau est bel et bien présente dans cette sélection, on a du mal à comprendre pourquoi Claire Denis et son film Un beau soleil intérieuron été quasiment, ou presque, radiés de cette 43e édition. Heureusement Juliette Binoche, ahurissante dans le film en pleureuse sensible et joviale, décroche une nomination dans la catégorie meilleure actrice. On espérait aussi que Agnès Varda, dont l'année marquée par la sortie de Visages Villages co-réalisé avec JR fut triomphale (un Oscar d'honneur, une nomination et diverses récompenses), parviendrait à bouger les lignes de la case documentaire en s'extripant vers d'autres sélections (meilleur film ? meilleure réalisatrice ?), en vain. Le résultat de ces absences n'est pas simplement que l'Académie néglige là quelques uns des plus beaux films de l'année, mais aussi qu'il en ressort, comme souvent, une sélection dominée par les hommes.

Espérons que la 43e cérémonie des César, qui se déroulera le 2 mars prochain à la Salle Pleyel de Paris, sache récompenser les quelques beaux espoirs de cette insatisfaisante sélection.

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