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Dans une tribune, cent femmes, dont Catherine Deneuve, dénoncent #balancetonporc

Ce texte publié dans Le Monde, auquel adhèrent également la journaliste Elisabeth Lévy et l'animatrice radio Brigitte Lahaie, défend la "liberté d'importuner".

Un texte à contre-courant. Ce mardi, dans Le Monde, un collectif de 100 femmes signe une longue tribune intitulée "Nous défendons une liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle", estimant que "la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste". 

Cinq femmes sont à l'origine de l'écrit, qui s'annonce d'ores et déjà controversé: l'auteure et psychanalyste Sarah Chiche, l'écrivaine Catherine Millet, Catherine Robbe-Grillet, comédienne et auteure, la journaliste Peggy Sastre et la journaliste Abnousse Shalmani. Une longue liste de femme qui "adhère" à cette tribune a également été publiée, parmi lesquelles Catherine Deneuve, l'animatrice radio Brigitte Lahaie, ou encore la directrice de la rédaction du journal Causeur, Elisabeth Lévy

LIRE AUSSI >> Affaire Weinstein: après #BalanceTonPorc, Alyssa Milano lance le hashtag #MeToo 

Toutes ces femmes dénoncent, à la suite de l'affaire Weinstein, un sursaut de puritanisme. "Cette libération de la parole se retourne aujourd'hui en son contraire: on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices!"  

Les réseaux sociaux responsables d'une "campagne de délations"

Les membres du collectifs accusent les réseaux sociaux d'avoir permis "une campagne de délations". "Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses 'intimes' lors d'un dîner professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque," écrit le collectif. 

À quelles affaires font-elles référence? Récemment, en France, plusieurs dirigeants de presse ont été accusés d'agression sexuelles et de harcèlement. Parmi eux, Patrice Bertin, de Radio France, ou Eric Monier, ancien directeur de rédaction de France 2. Ce dernier a effectivement été accusé de harcèlement sexuel par Anne-Saurat Dubois, après, entre autres, un déjeuner lors duquel la conversation avait rapidement dévié sur les préférences sexuelles du dirigeant. Dans le milieu du cinéma français, en revanche, aucune personnalité masculine n'est, pour le moment, incriminée.  

LIRE AUSSI >> Catherine Deneuve, des 343 salopes à la contestation de Balance ton porc 

Les 100 signataires parlent d'une "fièvre à envoyer les porcs à l'abattoir", et profitent de l'occasion pour défendre les polémiques ayant entouré les rétrospectives de Roman Polanski et Jean-Claude Brisseau à la Cinémathèque française (la dernière a finalement été ajournée), dénonçant "la confusion de l'homme et de l'oeuvre." Les deux réalisateurs sont accusés de viol et d'agressions sexuelles: Polanski a plaidé coupable pour "rapports sexuels illégaux" avec une mineure de 13 ans, tandis que Brisseau, a été condamné à un an de prison avec sursis pour harcèlement sexuel sur deux actrices, en 2005. 

Ne se reconnaissant pas dans le féminisme actuel, les 100 femmes signataires revendiquent le droit de "ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit." Elle souhaitent ne pas "s'enfermer dans le rôle de la proie." 

Le Monde assume la publication de tribunes contradictoires

Depuis la publication de ce texte ce mardi, plusieurs militantes féministes s'interrogent sur le positionnement pris par le journal Le Monde. Le quotidien avait par ailleurs publié, en décembre dernier, un texte tout aussi controversé intitulé "C'est devenu compliqué d'être un homme" signé Philippe Ridet. 

Paul Benkimoun, président de la Société des rédacteurs du Monde [en charge de veiller au respect de la ligne éditoriale du quotidien], affirme ne pas avoir été saisi sur la tribune du collectif parue mardi, ni même sur le texte de Philippe Ridet. "Dans les pages 'Débat', il peut y avoir des sujets contradictoires, des points de vue antagonistes, confie-t-il à L'Express. Quand des tribunes vont en revanche à l'encontre de nos valeurs, si elles sont racistes ou sexistes, si elles appellent à la violence et qu'elles n'appellent pas au débat, nous ne les publions pas." Et de rappeler que pendant la campagne présidentielle, Le Monde avait ainsi fermement pris position pour ne pas publier de tribune du Front national. 

Deneuve, un féminisme à bout de souffle

Quant à Catherine Deneuve, qu'elle ait signé cette tribune n'est en rien une surprise. Fin 2017, l'actrice avait clairement affiché ses opinions sur la libération de la parole des femmes, après la révélation des agissements du producteur hollywoodien Harvey Weinstein: "Je ne trouve pas que ce soit le moyen le plus juste pour faire bouger les choses." 

"Après ce sera quoi? Balance ta pute?, s'interrogeait Catherine Deneuve face à Yann Barthès. Je trouve que ce sont des termes qui sont très excessifs. Et je trouve surtout que ça ne résout pas le problème," jugeait-elle, qualifiant déjà les réseaux sociaux d'outil de "délation". "C'est un raz-de-marée, et c'est ça qui ne correspond pas à la réalité." 

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Un texte à contre-courant. Ce mardi, dans Le Monde, un collectif de 100 femmes signe une longue tribune intitulée "Nous défendons une liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle", estimant que "la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste". 

Cinq femmes sont à l'origine de l'écrit, qui s'annonce d'ores et déjà controversé: l'auteure et psychanalyste Sarah Chiche, l'écrivaine Catherine Millet, Catherine Robbe-Grillet, comédienne et auteure, la journaliste Peggy Sastre et la journaliste Abnousse Shalmani. Une longue liste de femme qui "adhère" à cette tribune a également été publiée, parmi lesquelles Catherine Deneuve, l'animatrice radio Brigitte Lahaie, ou encore la directrice de la rédaction du journal Causeur, Elisabeth Lévy

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Toutes ces femmes dénoncent, à la suite de l'affaire Weinstein, un sursaut de puritanisme. "Cette libération de la parole se retourne aujourd'hui en son contraire: on nous intime de parler comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des complices!"  

Les réseaux sociaux responsables d'une "campagne de délations"

Les membres du collectifs accusent les réseaux sociaux d'avoir permis "une campagne de délations". "Cette justice expéditive a déjà ses victimes, des hommes sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission, etc., alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses 'intimes' lors d'un dîner professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque," écrit le collectif. 

À quelles affaires font-elles référence? Récemment, en France, plusieurs dirigeants de presse ont été accusés d'agression sexuelles et de harcèlement. Parmi eux, Patrice Bertin, de Radio France, ou Eric Monier, ancien directeur de rédaction de France 2. Ce dernier a effectivement été accusé de harcèlement sexuel par Anne-Saurat Dubois, après, entre autres, un déjeuner lors duquel la conversation avait rapidement dévié sur les préférences sexuelles du dirigeant. Dans le milieu du cinéma français, en revanche, aucune personnalité masculine n'est, pour le moment, incriminée.  

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Les 100 signataires parlent d'une "fièvre à envoyer les porcs à l'abattoir", et profitent de l'occasion pour défendre les polémiques ayant entouré les rétrospectives de Roman Polanski et Jean-Claude Brisseau à la Cinémathèque française (la dernière a finalement été ajournée), dénonçant "la confusion de l'homme et de l'oeuvre." Les deux réalisateurs sont accusés de viol et d'agressions sexuelles: Polanski a plaidé coupable pour "rapports sexuels illégaux" avec une mineure de 13 ans, tandis que Brisseau, a été condamné à un an de prison avec sursis pour harcèlement sexuel sur deux actrices, en 2005. 

Ne se reconnaissant pas dans le féminisme actuel, les 100 femmes signataires revendiquent le droit de "ne pas se sentir traumatisée à jamais par un frotteur dans le métro, même si cela est considéré comme un délit." Elle souhaitent ne pas "s'enfermer dans le rôle de la proie." 

Le Monde assume la publication de tribunes contradictoires

Depuis la publication de ce texte ce mardi, plusieurs militantes féministes s'interrogent sur le positionnement pris par le journal Le Monde. Le quotidien avait par ailleurs publié, en décembre dernier, un texte tout aussi controversé intitulé "C'est devenu compliqué d'être un homme" signé Philippe Ridet. 

Paul Benkimoun, président de la Société des rédacteurs du Monde [en charge de veiller au respect de la ligne éditoriale du quotidien], affirme ne pas avoir été saisi sur la tribune du collectif parue mardi, ni même sur le texte de Philippe Ridet. "Dans les pages 'Débat', il peut y avoir des sujets contradictoires, des points de vue antagonistes, confie-t-il à L'Express. Quand des tribunes vont en revanche à l'encontre de nos valeurs, si elles sont racistes ou sexistes, si elles appellent à la violence et qu'elles n'appellent pas au débat, nous ne les publions pas." Et de rappeler que pendant la campagne présidentielle, Le Monde avait ainsi fermement pris position pour ne pas publier de tribune du Front national. 

Deneuve, un féminisme à bout de souffle

Quant à Catherine Deneuve, qu'elle ait signé cette tribune n'est en rien une surprise. Fin 2017, l'actrice avait clairement affiché ses opinions sur la libération de la parole des femmes, après la révélation des agissements du producteur hollywoodien Harvey Weinstein: "Je ne trouve pas que ce soit le moyen le plus juste pour faire bouger les choses." 

"Après ce sera quoi? Balance ta pute?, s'interrogeait Catherine Deneuve face à Yann Barthès. Je trouve que ce sont des termes qui sont très excessifs. Et je trouve surtout que ça ne résout pas le problème," jugeait-elle, qualifiant déjà les réseaux sociaux d'outil de "délation". "C'est un raz-de-marée, et c'est ça qui ne correspond pas à la réalité." 

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