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France Gall avait été rédactrice en chef d'un numéro de Gala, notre journaliste se souvient

C'est le jour de la première confé­rence de rédac­tion. France Gall arrive entou­rée de son staff, auquel elle a toujours été fidèle. Elle sourit. Nous rencontre un par un. Profes­sion­nelle. Elle est déjà inves­tie dans sa tâche. Pour le sujet de mode, je souhaite explo­rer les looks de sa vie, et les faire réin­ter­pré­ter par une mannequin. Sa période “Sacré Char­le­magne”, kilt en tartan et chaus­settes hautes; sa “Poupée de cire, poupée de son” avec perfecto et béret; les eigh­ties incar­nés par “Musique” ou “Débranche”, en look bleu élec­trique ou salo­pette et mari­nière emprun­tées à Jean-Paul Gaul­tier.

J'avais préparé une rétros­pec­tive en images afin qu'elle me donne son accord sur les styles évoqués. On projette sur grand écran. Erreur de manip. Se retrouve sur l'écran une photo d'elle sur le cercueil de sa fille… Dans cette grande salle de réunion, je suis placée à côté d'elle, je pose instinc­ti­ve­ment ma main sur sa cuisse. Je ressens sa douleur. Son fris­son est imper­cep­tible par celui qui ne la touche pas de près. France Gall reste digne. France Gall croit en la vie. France Gall est consciente que sa mission n'est pas accom­plie, elle doit résis­ter pour son fils Raphaël. Pour les autres aussi.

Dans ce numéro, un autre sujet – couver­ture et inter­view – doit être shooté par la star des photo­graphes, Gilles Bensi­mon. A la demande de France Gall, je pars aussi sur ce projet : quatre jours à Saint-Paul- de-Vence. Dès mon arri­vée, nous nous retrou­vons dans sa chambre pour des essayages. Elle a prévu d'agré­men­ter le stylisme de touches de son pays de cœur, celui de Baba­car, le Séné­gal. De sa valise, elle sort des boubous en wax, des djel­la­bas brodées, des bijoux perlés, des merveilleux trésors afri­cains. On les mixe aux looks pour un beau résul­tat : France Gall, vraie et authen­tique.

Pour les prises de vues, elle ne sera prête qu'à midi : elle n'aime pas les matins… Son équipe de maquilleur et coif­feur, à l'écoute, la suit au doigt et à l'œil. Ils sont profes­sion­nels, mais au-delà. Ils surveillent chaque photo comme le lait sur le feu. Ils ne supportent pas l'idée de la déce­voir. Ils l'aiment.

Le soir, nous dînons tous à nôtre hôtel la Colombe d'Or. Autour de la table, elle mène la soirée. « Tu dois goûter ça ! Puis, toi, ça !«   »Monsieur, s'il vous plaît, redon­nez un peu de vin à cette personne, son verre est vide  », dit-elle. Elle nous cajole. France Gall est une mamma, atten­tive et sensible à tout.

Un soir, elle nous convie dans sa chambre pour suivre un match de foot, France/Italie. France Gall aime le foot. Je lui demande pourquoi ? Elle me répond : « J'aime voir l'effort pour vaincre. » Ce soir-là, l'Italie a gagné. Mais France est bonne joueu­se…

Le lende­main, sur le shoo­ting, je reçois plusieurs coups de fils de Paris. J'ai un souci fami­lial. Je m'éloigne, préoc­cu­pée. France me regarde. Inquiète. Puis, elle me demande ce qu'il se passe. Je lui dis que tout va bien, même si ce n'est pas vrai… Le soir, elle revient à la charge. « Qu'est ce qu'il se passe pour toi ? Je veux savoir ! Je suis ta rédac' chef, n'oublie pas !  », dit-elle, inquiète. Là, je m'effondre et lui raconte. Elle veut que je rentre à Paris. Elle insiste. Je lui explique que ça ne chan­gera rien. Je reste ! Alors, chaque jour, elle veille sur moi. Chaque instant. Chaque seconde. Elle pose devant l'objec­tif mais ne me lâche pas du regard. Le shoo­ting se termine. On se laisse en se serrant. Fort. Pour le bouclage, elle revien­dra au jour­nal, char­gée de colliers de perles d'Afrique pour toute l'équipe.

Fran­ce… géné­reuse et recon­nais­sante. L'an dernier, elle convie toute la rédac­tion ç une repré­sen­ta­tion de sa comé­die musi­cale « Résiste », un titre qui fait malheu­reu­se­ment écho, au même moment, aux atten­tats de Paris. En backs­tage, elle nous reçoit après le spec­tacle. Cela fait deux ans que je ne l'ai pas revue. Elle ne change pas. Fran­ce… Fidèle. Sensible. Forte.

Il est rare de rencon­trer des personnes comme elle. France Gall a du affron­ter une série d'épreuves insou­te­nables. Dures. Trop dures. Le décès de Michel Berger, son amour et mentor. Celui de sa fille, Pauline. Puis la mala­die… Si elle a survécu à tout ça, c'est pour les autres. Cons­ciente d'avoir encore des rôles à jouer, des aides à appor­ter.

France Gall était une battante humaine, deux mots qui luttent entre eux norma­le­ment… Mais France Gall incar­nait les deux avec force et déter­mi­na­tion. Car France Gall : « Elle l'a, elle l'a… »

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C'est le jour de la première confé­rence de rédac­tion. France Gall arrive entou­rée de son staff, auquel elle a toujours été fidèle. Elle sourit. Nous rencontre un par un. Profes­sion­nelle. Elle est déjà inves­tie dans sa tâche. Pour le sujet de mode, je souhaite explo­rer les looks de sa vie, et les faire réin­ter­pré­ter par une mannequin. Sa période “Sacré Char­le­magne”, kilt en tartan et chaus­settes hautes; sa “Poupée de cire, poupée de son” avec perfecto et béret; les eigh­ties incar­nés par “Musique” ou “Débranche”, en look bleu élec­trique ou salo­pette et mari­nière emprun­tées à Jean-Paul Gaul­tier.

J'avais préparé une rétros­pec­tive en images afin qu'elle me donne son accord sur les styles évoqués. On projette sur grand écran. Erreur de manip. Se retrouve sur l'écran une photo d'elle sur le cercueil de sa fille… Dans cette grande salle de réunion, je suis placée à côté d'elle, je pose instinc­ti­ve­ment ma main sur sa cuisse. Je ressens sa douleur. Son fris­son est imper­cep­tible par celui qui ne la touche pas de près. France Gall reste digne. France Gall croit en la vie. France Gall est consciente que sa mission n'est pas accom­plie, elle doit résis­ter pour son fils Raphaël. Pour les autres aussi.

Dans ce numéro, un autre sujet – couver­ture et inter­view – doit être shooté par la star des photo­graphes, Gilles Bensi­mon. A la demande de France Gall, je pars aussi sur ce projet : quatre jours à Saint-Paul- de-Vence. Dès mon arri­vée, nous nous retrou­vons dans sa chambre pour des essayages. Elle a prévu d'agré­men­ter le stylisme de touches de son pays de cœur, celui de Baba­car, le Séné­gal. De sa valise, elle sort des boubous en wax, des djel­la­bas brodées, des bijoux perlés, des merveilleux trésors afri­cains. On les mixe aux looks pour un beau résul­tat : France Gall, vraie et authen­tique.

Pour les prises de vues, elle ne sera prête qu'à midi : elle n'aime pas les matins… Son équipe de maquilleur et coif­feur, à l'écoute, la suit au doigt et à l'œil. Ils sont profes­sion­nels, mais au-delà. Ils surveillent chaque photo comme le lait sur le feu. Ils ne supportent pas l'idée de la déce­voir. Ils l'aiment.

Le soir, nous dînons tous à nôtre hôtel la Colombe d'Or. Autour de la table, elle mène la soirée. « Tu dois goûter ça ! Puis, toi, ça !«   »Monsieur, s'il vous plaît, redon­nez un peu de vin à cette personne, son verre est vide  », dit-elle. Elle nous cajole. France Gall est une mamma, atten­tive et sensible à tout.

Un soir, elle nous convie dans sa chambre pour suivre un match de foot, France/Italie. France Gall aime le foot. Je lui demande pourquoi ? Elle me répond : « J'aime voir l'effort pour vaincre. » Ce soir-là, l'Italie a gagné. Mais France est bonne joueu­se…

Le lende­main, sur le shoo­ting, je reçois plusieurs coups de fils de Paris. J'ai un souci fami­lial. Je m'éloigne, préoc­cu­pée. France me regarde. Inquiète. Puis, elle me demande ce qu'il se passe. Je lui dis que tout va bien, même si ce n'est pas vrai… Le soir, elle revient à la charge. « Qu'est ce qu'il se passe pour toi ? Je veux savoir ! Je suis ta rédac' chef, n'oublie pas !  », dit-elle, inquiète. Là, je m'effondre et lui raconte. Elle veut que je rentre à Paris. Elle insiste. Je lui explique que ça ne chan­gera rien. Je reste ! Alors, chaque jour, elle veille sur moi. Chaque instant. Chaque seconde. Elle pose devant l'objec­tif mais ne me lâche pas du regard. Le shoo­ting se termine. On se laisse en se serrant. Fort. Pour le bouclage, elle revien­dra au jour­nal, char­gée de colliers de perles d'Afrique pour toute l'équipe.

Fran­ce… géné­reuse et recon­nais­sante. L'an dernier, elle convie toute la rédac­tion ç une repré­sen­ta­tion de sa comé­die musi­cale « Résiste », un titre qui fait malheu­reu­se­ment écho, au même moment, aux atten­tats de Paris. En backs­tage, elle nous reçoit après le spec­tacle. Cela fait deux ans que je ne l'ai pas revue. Elle ne change pas. Fran­ce… Fidèle. Sensible. Forte.

Il est rare de rencon­trer des personnes comme elle. France Gall a du affron­ter une série d'épreuves insou­te­nables. Dures. Trop dures. Le décès de Michel Berger, son amour et mentor. Celui de sa fille, Pauline. Puis la mala­die… Si elle a survécu à tout ça, c'est pour les autres. Cons­ciente d'avoir encore des rôles à jouer, des aides à appor­ter.

France Gall était une battante humaine, deux mots qui luttent entre eux norma­le­ment… Mais France Gall incar­nait les deux avec force et déter­mi­na­tion. Car France Gall : « Elle l'a, elle l'a… »

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