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France Gall: pourquoi elle n'a pas voulu cacher son cancer du sein au début des années 90

Ce devait être des retrou­vailles avec le public. Six mois plus tôt, au cœur de l’été 1992, la mort de Michel Berger, victime d’une crise cardiaque, l’avait déjà contrainte à annu­ler les concerts qu’ils prévoyaient d’as­su­rer à deux, portés par le succès de leur album Double Jeu. « Résiste, prouve que tu exis­tes… » Après avoir enterré le père de ses enfants Raphaël et Pauline, France Gall s’était raccro­chée à ces mots. Coura­geuse, elle avait décidé de remon­ter seule sur scène. Le retour dans la lumière et en musique était prévu à Bercy. En ce début d’an­née 1993, à quelques semaines d’ho­no­rer ses enga­ge­ments, une ombre vient la rattra­per. Le diagnos­tic des méde­cins est sans appel : cancer du sein.

Une opéra­tion est fixée au mois d’avril, soit deux mois avant ses premiers concerts pari­siens. France Gall est à nouveau frap­pée dans sa chair, obli­gée au silence et à la conva­les­cence. Comment l’an­non­cer à ses fans et ceux de Michel ?

En 2004, dans un grand entre­tien avec L’Ex­press, la chan­teuse s’était souve­nue : « Quand j'ai eu mon cancer, mon premier réflexe a été de le cacher; il y a toujours ce senti­ment un peu honteux devant la mala­die. C'était en 1993, je devais annu­ler mon spec­tacle à Bercy et mes amis me pous­saient à me faire plâtrer une jambe pour ne pas alimen­ter les conver­sa­tions de comp­toir.J'ai dit la vérité. Pourquoi mentir? J'ai sans doute alimenté les conver­sa­tions, mais diffé­rem­ment, et cette atti­tude m'a aidée. »

Les repré­sen­ta­tions auront fina­le­ment lieu en septembre 1993. A la mort de sa fille Pauline, atteinte de la muco­vis­ci­dose, en 1997, France choi­sira une retraite quasi-défi­ni­tive et partiel­le­ment afri­caine. Sur l’île de Ngor, à quelques coups de pagaie de Dakar, France réap­prend à regar­der le ciel. « Le silence guérit, mais il faut l'appri­voi­ser. Quand j'ai acheté ce caba­non, j'étais très entou­rée. Je rêvais de m'y retrou­ver seule et à la fois ça me parais­sait le summum de la soli­tude. Désor­mais, lorsque je suis dans cette maison sans élec­tri­cité à laquelle on n'accède qu'en pirogue, je vis dans un autre temps, seule avec mes livres, face à l'Atlan­tique. Je vis dans l'instant, sans peur du lende­main », confiait-elle toujours à L’Ex­press, en 2004. Préci­sant : « Si je devais revivre ma vie d'artiste, je la revi­vrais. Ma vie tout court, c'est autre chose. Je ne suis pas encore au point de vous répondre oui, mais je n'en suis pas très loin non plus. La récom­pense de tous nos maux, de toutes nos épreuves se trouve dans la compré­hen­sion de l'exis­tence (…) Je suis passée par tous les stades: très, très pieuse, athée, agnos­tique… Main­te­nant, je crois en une force créa­trice au plus haut niveau qu'on peut appe­ler Dieu, sans pour autant m'enfer­mer dans une reli­gion. »

En 2015, le crabe est revenu. France s’est tue, lais­sant chan­ter à une nouvelle géné­ra­tion ce refrain, cet hymne : « Résiste, prouve que tu existes. » Elle aura résisté, avec courage, jusqu’à ce 7 janvier.

Crédits photos : Sipa

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Ce devait être des retrou­vailles avec le public. Six mois plus tôt, au cœur de l’été 1992, la mort de Michel Berger, victime d’une crise cardiaque, l’avait déjà contrainte à annu­ler les concerts qu’ils prévoyaient d’as­su­rer à deux, portés par le succès de leur album Double Jeu. « Résiste, prouve que tu exis­tes… » Après avoir enterré le père de ses enfants Raphaël et Pauline, France Gall s’était raccro­chée à ces mots. Coura­geuse, elle avait décidé de remon­ter seule sur scène. Le retour dans la lumière et en musique était prévu à Bercy. En ce début d’an­née 1993, à quelques semaines d’ho­no­rer ses enga­ge­ments, une ombre vient la rattra­per. Le diagnos­tic des méde­cins est sans appel : cancer du sein.

Une opéra­tion est fixée au mois d’avril, soit deux mois avant ses premiers concerts pari­siens. France Gall est à nouveau frap­pée dans sa chair, obli­gée au silence et à la conva­les­cence. Comment l’an­non­cer à ses fans et ceux de Michel ?

En 2004, dans un grand entre­tien avec L’Ex­press, la chan­teuse s’était souve­nue : « Quand j'ai eu mon cancer, mon premier réflexe a été de le cacher; il y a toujours ce senti­ment un peu honteux devant la mala­die. C'était en 1993, je devais annu­ler mon spec­tacle à Bercy et mes amis me pous­saient à me faire plâtrer une jambe pour ne pas alimen­ter les conver­sa­tions de comp­toir.J'ai dit la vérité. Pourquoi mentir? J'ai sans doute alimenté les conver­sa­tions, mais diffé­rem­ment, et cette atti­tude m'a aidée. »

Les repré­sen­ta­tions auront fina­le­ment lieu en septembre 1993. A la mort de sa fille Pauline, atteinte de la muco­vis­ci­dose, en 1997, France choi­sira une retraite quasi-défi­ni­tive et partiel­le­ment afri­caine. Sur l’île de Ngor, à quelques coups de pagaie de Dakar, France réap­prend à regar­der le ciel. « Le silence guérit, mais il faut l'appri­voi­ser. Quand j'ai acheté ce caba­non, j'étais très entou­rée. Je rêvais de m'y retrou­ver seule et à la fois ça me parais­sait le summum de la soli­tude. Désor­mais, lorsque je suis dans cette maison sans élec­tri­cité à laquelle on n'accède qu'en pirogue, je vis dans un autre temps, seule avec mes livres, face à l'Atlan­tique. Je vis dans l'instant, sans peur du lende­main », confiait-elle toujours à L’Ex­press, en 2004. Préci­sant : « Si je devais revivre ma vie d'artiste, je la revi­vrais. Ma vie tout court, c'est autre chose. Je ne suis pas encore au point de vous répondre oui, mais je n'en suis pas très loin non plus. La récom­pense de tous nos maux, de toutes nos épreuves se trouve dans la compré­hen­sion de l'exis­tence (…) Je suis passée par tous les stades: très, très pieuse, athée, agnos­tique… Main­te­nant, je crois en une force créa­trice au plus haut niveau qu'on peut appe­ler Dieu, sans pour autant m'enfer­mer dans une reli­gion. »

En 2015, le crabe est revenu. France s’est tue, lais­sant chan­ter à une nouvelle géné­ra­tion ce refrain, cet hymne : « Résiste, prouve que tu existes. » Elle aura résisté, avec courage, jusqu’à ce 7 janvier.

Crédits photos : Sipa

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