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Jeremstar, fini de hurler

Alors que son ami Pascal Cardonna est accusé de "viol sur mineur" et qu'il est lui-même soupçonné de "complicité" d'atteinte sexuelle sur mineur, Jeremstar tente de limiter la casse. Décryptage.

Se taire lorsque tout ce que l'on savait faire, c'était faire du bruit. Se défaire des amitiés devenues gênantes. Depuis plusieurs jours, Jeremstar, blogueur spécialisé dans la télé-réalité, connu pour ses clashs et ses buzz, doit gérer une crise sans précédent dans sa carrière longue de 10 ans.  

PORTRAIT >> Jeremstar, le succès d'une tête à clics 

Il est accusé d'avoir couvert de son ami Pascal Cardonna, qui se serait servi du nom de Jeremstar pour attirer des mineurs chez lui et abuser d'eux; une plainte pour "viol sur mineur" a été déposé à son encontre. Depuis une semaine, le blogueur n'a publié que deux communiqués de presse en une semaine. 

Après le buzz, le silence

"Il est intéressant de constater sa gestion du silence, remarque pour L'Express la sémiologue et spécialiste des médias Virginie Spies. S'il y a bien quelqu'un qui connaît l'importance des réseaux sociaux, c'est lui, il sait bien que s'il parle autant qu'il le faisait avant, il ne ferait qu'alimenter la machine." 

Depuis plus d'une semaine, on ne compte aucun "snap" hystérique dans lequel le blogueur "hurle" (sa marque de fabrique) et dévoile les coulisses de sa vie rêvée aux "vermines", petit nom qu'il donne à ses fans. Chose rare, Jeremstar se tait. "Il aurait pu être présent et continuer à se défendre, mais le problème des réseaux sociaux, c'est qu'ils rendent la parole inaudible. Publier deux communiqués seulement, c'est l'assurance d'être lu, entendu, et d'expliciter les choses", explique la spécialiste des médias. 

LIRE AUSSI >> "Viol", "complicité" d'atteinte sexuelle: le tournant judiciaire du Jeremstargate 

Et dans ces deux communiqués de presse, savants mélanges de la plume de la directrice de communication du blogueur, de son avocate et de Jeremstar lui-même -un discours "polyphonique" selon Virginie Spies, que trouve-t-on? Un démenti ferme de toutes les accusations dont il fait l'objet, ainsi qu'une mise à distance, une rupture même, entre Jeremstar et son ami Pascal Cardonna, surnommé "Babybel" 

"Je suis innocent des faits dont on m'accuse. De tous et de chacun d'entre eux. Que me reproche-t-on, au final, sinon d'avoir eu le malheur de connaître Pascal Cardonna? Pascal Cardonna n'est pas moi", peut-on lire par exemple dans un des communiqués, publié mardi. 

Mettre de la distance avec Cardonna

Cette désolidarisation quasi immédiate du blogueur avec son ami est plutôt logique. "Jeremstar pratique le damage-control: il limite les dégâts, explique Nicolas Vanderbiest, doctorant à l'Université Catholique de Louvain et spécialiste en gestion de crise. Il est donc obligé de 'couper' tout ce qui peut ternir son image. Pascal Caronna étant le plus attaqué, Jeremstar est obligé de couper ce lien." Le blogueur, pris dans un tourbillon sur lequel il n'a que peu de prise, ne peut pas faire plus pour tenter de contrôler son image.  

"Jeremstar subit le temps médiatique et les accusations. En l'état, il ne peut rien faire sauf entrer en surcommunication à chaque nouvel épisode." Et de publier, à chaque rebondissement de l'affaire un long communiqué de presse, pour tenter de déminer. 

Détourner l'attention

Jeremstar tente aussi de détourner l'attention, relève Nicolas Vanderbiest. Dans une phrase, le blogueur rappelle que ces soirées, qui sont désormais au coeur de l'affaire, il les a "retransmises -en direct- sur [son] compte Snapchat." "Elles y ont été avidement consommées par mon million d'abonnés", souligne Jeremstar, qui rappelle ainsi sa popularité, mais pas seulement: "C'est comme quand une marque comme Volkswagen préfère dire que tout le secteur de l'automobile triche sur ses moteurs plutôt que de dire: 'oui on a triché et on s'est fait prendre. 'C'est un déplacement de l'angle."  

C'est aussi une manière, rappelle notre interlocuteur, de se mettre dans la même situation que ses fans. "Il doit capitaliser sur ceux-ci, maintenir, comme une entreprise, ses actifs le plus longtemps possible. En leur rappelant qu'ils regardaient eux aussi ses vidéos, il leur dit aussi qu'il est comme eux, qu'ils vivent la même chose." 

Après le silence, la contre-attaque?

La stratégie de Jeremstar est-elle la bonne? "Qu'aurait-il pu faire d'autre?", s'interroge Virginie Spies. "Le propre de la crise, c'est que l'on peut faire toutes les analyses, on ne pourra jamais refaire le procès. Vu la situation dans laquelle Jeremstar se trouve,"la stratégie qu'il a adopté est la seule possible", confirme Nicolas Vanderbiest. 

La prochaine phase, prévient l'expert sera ce que l'on appelle "la phase de cicatrisation". "Soit la personne qui a surmonté la crise dit qu'elle a appris de ses erreurs, soit elle entre dans une phase d'attaque, clame son innocence et rappelle tout ce qu'elle a perdu à cause de la crise." Reste à savoir quelle stratégie choisira, et pourra choisir, Jeremstar, le moment venu. 

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Alors que son ami Pascal Cardonna est accusé de "viol sur mineur" et qu'il est lui-même soupçonné de "complicité" d'atteinte sexuelle sur mineur, Jeremstar tente de limiter la casse. Décryptage.

Se taire lorsque tout ce que l'on savait faire, c'était faire du bruit. Se défaire des amitiés devenues gênantes. Depuis plusieurs jours, Jeremstar, blogueur spécialisé dans la télé-réalité, connu pour ses clashs et ses buzz, doit gérer une crise sans précédent dans sa carrière longue de 10 ans.  

PORTRAIT >> Jeremstar, le succès d'une tête à clics 

Il est accusé d'avoir couvert de son ami Pascal Cardonna, qui se serait servi du nom de Jeremstar pour attirer des mineurs chez lui et abuser d'eux; une plainte pour "viol sur mineur" a été déposé à son encontre. Depuis une semaine, le blogueur n'a publié que deux communiqués de presse en une semaine. 

Après le buzz, le silence

"Il est intéressant de constater sa gestion du silence, remarque pour L'Express la sémiologue et spécialiste des médias Virginie Spies. S'il y a bien quelqu'un qui connaît l'importance des réseaux sociaux, c'est lui, il sait bien que s'il parle autant qu'il le faisait avant, il ne ferait qu'alimenter la machine." 

Depuis plus d'une semaine, on ne compte aucun "snap" hystérique dans lequel le blogueur "hurle" (sa marque de fabrique) et dévoile les coulisses de sa vie rêvée aux "vermines", petit nom qu'il donne à ses fans. Chose rare, Jeremstar se tait. "Il aurait pu être présent et continuer à se défendre, mais le problème des réseaux sociaux, c'est qu'ils rendent la parole inaudible. Publier deux communiqués seulement, c'est l'assurance d'être lu, entendu, et d'expliciter les choses", explique la spécialiste des médias. 

LIRE AUSSI >> "Viol", "complicité" d'atteinte sexuelle: le tournant judiciaire du Jeremstargate 

Et dans ces deux communiqués de presse, savants mélanges de la plume de la directrice de communication du blogueur, de son avocate et de Jeremstar lui-même -un discours "polyphonique" selon Virginie Spies, que trouve-t-on? Un démenti ferme de toutes les accusations dont il fait l'objet, ainsi qu'une mise à distance, une rupture même, entre Jeremstar et son ami Pascal Cardonna, surnommé "Babybel" 

"Je suis innocent des faits dont on m'accuse. De tous et de chacun d'entre eux. Que me reproche-t-on, au final, sinon d'avoir eu le malheur de connaître Pascal Cardonna? Pascal Cardonna n'est pas moi", peut-on lire par exemple dans un des communiqués, publié mardi. 

Mettre de la distance avec Cardonna

Cette désolidarisation quasi immédiate du blogueur avec son ami est plutôt logique. "Jeremstar pratique le damage-control: il limite les dégâts, explique Nicolas Vanderbiest, doctorant à l'Université Catholique de Louvain et spécialiste en gestion de crise. Il est donc obligé de 'couper' tout ce qui peut ternir son image. Pascal Caronna étant le plus attaqué, Jeremstar est obligé de couper ce lien." Le blogueur, pris dans un tourbillon sur lequel il n'a que peu de prise, ne peut pas faire plus pour tenter de contrôler son image.  

"Jeremstar subit le temps médiatique et les accusations. En l'état, il ne peut rien faire sauf entrer en surcommunication à chaque nouvel épisode." Et de publier, à chaque rebondissement de l'affaire un long communiqué de presse, pour tenter de déminer. 

Détourner l'attention

Jeremstar tente aussi de détourner l'attention, relève Nicolas Vanderbiest. Dans une phrase, le blogueur rappelle que ces soirées, qui sont désormais au coeur de l'affaire, il les a "retransmises -en direct- sur [son] compte Snapchat." "Elles y ont été avidement consommées par mon million d'abonnés", souligne Jeremstar, qui rappelle ainsi sa popularité, mais pas seulement: "C'est comme quand une marque comme Volkswagen préfère dire que tout le secteur de l'automobile triche sur ses moteurs plutôt que de dire: 'oui on a triché et on s'est fait prendre. 'C'est un déplacement de l'angle."  

C'est aussi une manière, rappelle notre interlocuteur, de se mettre dans la même situation que ses fans. "Il doit capitaliser sur ceux-ci, maintenir, comme une entreprise, ses actifs le plus longtemps possible. En leur rappelant qu'ils regardaient eux aussi ses vidéos, il leur dit aussi qu'il est comme eux, qu'ils vivent la même chose." 

Après le silence, la contre-attaque?

La stratégie de Jeremstar est-elle la bonne? "Qu'aurait-il pu faire d'autre?", s'interroge Virginie Spies. "Le propre de la crise, c'est que l'on peut faire toutes les analyses, on ne pourra jamais refaire le procès. Vu la situation dans laquelle Jeremstar se trouve,"la stratégie qu'il a adopté est la seule possible", confirme Nicolas Vanderbiest. 

La prochaine phase, prévient l'expert sera ce que l'on appelle "la phase de cicatrisation". "Soit la personne qui a surmonté la crise dit qu'elle a appris de ses erreurs, soit elle entre dans une phase d'attaque, clame son innocence et rappelle tout ce qu'elle a perdu à cause de la crise." Reste à savoir quelle stratégie choisira, et pourra choisir, Jeremstar, le moment venu. 

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