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Décès de Didier Lockwood, violoniste de jazz chantre de l'improvisation

« Ce que vous entendez là, vous ne l'entendrez pas ailleurs et vous ne l'entendrez plus jamais », répétait Didier Lockwood, quand il vantait les mérites de l'improvisation musicale. Le violoniste de jazz est décédé dimanche d'une crise cardiaque à Paris à l'âge de 62 ans. Ces notes distillées de manières impromptues au gré des demandes du public et de ses humeurs, on ne les entendra donc désormais plus. Et seuls demeureront ses enregistrements.

Le « fils spirituel » de Stéphane Grappelli - ancien complice de Django Reinhardt - était un grand représentant du jazz français à l'international : 4.500 concerts et plus de 35 disques, dont le dernier « Open Doors », sorti en 2017. Sur Twitter, la ministre de la Culture, François Nyssen, a rendu hommage à celui qu'elle avait connu comme vice-président du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle.

 

C'était un homme « profondément généreux et communicatif, il va manquer à ses amis, à la musique, à tous les enfants qu'il avait envie d'éclairer avec sa passion [...]. Il voulait faire de la musique sans frontières et sans a priori », a-t-elle ajouté par la suite.

L'improvisation, comme toujours

Né à Calais en 1956 dans une famille franco-écossaise, fils d'un professeur de musique et d'une artiste peintre amateur, Didier Lockwood s'était intéressé très tôt à l'improvisation, notamment grâce à son frère aîné Francis, pianiste de jazz.

Didier Lockwood en 2017 à Jazz in Marciac

 

Pour Lockwood, l'improvisation était « un des paramètres essentiels à la réalisation de la vie ». Sa carrière musicale faite d'heureux hasards l'atteste. A 17 ans, plutôt que d'intégrer le Conservatoire national de Paris, Lockwood a préféré rejoindre à 17 ans Magma, un groupe jazz-rock qu'il considérait, à l'époque, comme le premier groupe gothique. C'était en fait un rock progressif, où l'on chante dans une langue imaginaire et où le rock se mélange au jazz et aux chants de choral. Magma sera l'inventeur d'un genre musical baptisé le « zeuhl ».

 

La carrière de Lockwood a pris une autre dimension quand il a été repéré par Stéphane Grappelli : « Je faisais partie à l'époque du big band de Michel Colombier. Lors d'un concert dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsation en 1974, le big band avait invité Stéphane Grappelli à jouer avec l'orchestre. J'ai pris un chorus qui lui a plu. Deux jours plus tard, il me demandait : 'Mon petit, voulez-vous m'accompagner pour ma tournée en Europe ? », avait raconté Lockwood dans une interview assez récente à RFI.

Grappelli, devenu mentor, a transmis à Lockwood le goût pour la virtuosité. Lockwood a enchaîné les projets : opéras, concertos pour violon, poèmes lyriques, compositions de musiques de films - dont « Abus de faiblesse » avec Isabelle Hupert - et de dessins animés...

La veille au soir de son décès. Didier Lockwood avait participé à un concert au Bal Blomet, une salle de jazz parisienne. « La France perd un musicien d'exception, un homme aux qualités rares », a souligné le violoniste Renaud Capuçon sur Twitter.

 

Didier Lockwood était très impliqué dans l'éducation à la musique : auteur d'une méthode d'apprentissage du violon jazz, il avait créé le Centre des musiques Didier Lockwood. En 2012, il avait remis un rapport à Frédéric Mitterand, alors ministre de la Culture sur l'apprentissage de la musique, où il prônait un apprentissage de la musique par plus d'oralité et moins de solfège. Plus d'improvisation. Toujours.

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« Ce que vous entendez là, vous ne l'entendrez pas ailleurs et vous ne l'entendrez plus jamais », répétait Didier Lockwood, quand il vantait les mérites de l'improvisation musicale. Le violoniste de jazz est décédé dimanche d'une crise cardiaque à Paris à l'âge de 62 ans. Ces notes distillées de manières impromptues au gré des demandes du public et de ses humeurs, on ne les entendra donc désormais plus. Et seuls demeureront ses enregistrements.

Le « fils spirituel » de Stéphane Grappelli - ancien complice de Django Reinhardt - était un grand représentant du jazz français à l'international : 4.500 concerts et plus de 35 disques, dont le dernier « Open Doors », sorti en 2017. Sur Twitter, la ministre de la Culture, François Nyssen, a rendu hommage à celui qu'elle avait connu comme vice-président du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle.

 

C'était un homme « profondément généreux et communicatif, il va manquer à ses amis, à la musique, à tous les enfants qu'il avait envie d'éclairer avec sa passion [...]. Il voulait faire de la musique sans frontières et sans a priori », a-t-elle ajouté par la suite.

L'improvisation, comme toujours

Né à Calais en 1956 dans une famille franco-écossaise, fils d'un professeur de musique et d'une artiste peintre amateur, Didier Lockwood s'était intéressé très tôt à l'improvisation, notamment grâce à son frère aîné Francis, pianiste de jazz.

Didier Lockwood en 2017 à Jazz in Marciac

 

Pour Lockwood, l'improvisation était « un des paramètres essentiels à la réalisation de la vie ». Sa carrière musicale faite d'heureux hasards l'atteste. A 17 ans, plutôt que d'intégrer le Conservatoire national de Paris, Lockwood a préféré rejoindre à 17 ans Magma, un groupe jazz-rock qu'il considérait, à l'époque, comme le premier groupe gothique. C'était en fait un rock progressif, où l'on chante dans une langue imaginaire et où le rock se mélange au jazz et aux chants de choral. Magma sera l'inventeur d'un genre musical baptisé le « zeuhl ».

 

La carrière de Lockwood a pris une autre dimension quand il a été repéré par Stéphane Grappelli : « Je faisais partie à l'époque du big band de Michel Colombier. Lors d'un concert dans le cadre du festival Nancy Jazz Pulsation en 1974, le big band avait invité Stéphane Grappelli à jouer avec l'orchestre. J'ai pris un chorus qui lui a plu. Deux jours plus tard, il me demandait : 'Mon petit, voulez-vous m'accompagner pour ma tournée en Europe ? », avait raconté Lockwood dans une interview assez récente à RFI.

Grappelli, devenu mentor, a transmis à Lockwood le goût pour la virtuosité. Lockwood a enchaîné les projets : opéras, concertos pour violon, poèmes lyriques, compositions de musiques de films - dont « Abus de faiblesse » avec Isabelle Hupert - et de dessins animés...

La veille au soir de son décès. Didier Lockwood avait participé à un concert au Bal Blomet, une salle de jazz parisienne. « La France perd un musicien d'exception, un homme aux qualités rares », a souligné le violoniste Renaud Capuçon sur Twitter.

 

Didier Lockwood était très impliqué dans l'éducation à la musique : auteur d'une méthode d'apprentissage du violon jazz, il avait créé le Centre des musiques Didier Lockwood. En 2012, il avait remis un rapport à Frédéric Mitterand, alors ministre de la Culture sur l'apprentissage de la musique, où il prônait un apprentissage de la musique par plus d'oralité et moins de solfège. Plus d'improvisation. Toujours.

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