
Même après sa mort, les affaires familiales de la rockstar continuent de faire fantasmer les Français. Entre Læticia Hallyday et Laura Smet, chacun choisit son camp. «Libé» met son grain de sel dans la querelle.
Choisis ton camp, camarade ! Dans la querelle autour de l’héritage de Johnny Hallyday, la neutralité est impossible. Il faut prendre parti pour Laura Smet ou pour Læticia Hallyday. Le plus évident est de venir en soutien de Laura, l’abandonnée, la déprimée, la spoliée, que tourneboule son éjection par une belle-mère omniprésente mais aussi par un père affaibli, si ce n’est punisseur. Il est plus compliqué de se lancer à la rescousse de Læticia qui a tant fait pour la paix du ménage qu’il paraît bien normal qu’elle en touche les dividendes. Comme chez Proust, on se balade du côté de Guermantes ou du côté de chez Swann, oscillant entre aristocratie culturelle et parvenue sans quartiers de noblesse. Visite guidée des paysages à l’aube de la bataille et recension des références qui sont, parfois, autant de malchances.
Lieux et résidences
Laura Smet ne pouvait mieux habiter qu’un 100 mètres carrés rue Bonaparte, à Paris. On est au cœur du quartier des éditeurs, revu et corrigé par le luxe de bon goût. Si Saint-Germain-des-Prés a tenu le rockeur à distance, le faubourg a toujours été à tu et à toi avec Nathalie Baye. La mère de Laura est une actrice célébrée qui apporte dans la corbeille Truffaut et Godard, sans oublier Philippe Léotard. Laura, elle, a pour l’instant une carrière moins établie, même si elle a fait impression chez Chabrol et Garrel, et aussi chez Jalil Lespert ou Mia Hansen-Love.
Læticia Boudou a grandi entre Le Cap d’Agde et Miami, lieux scintillants et festifs où son père tenait des boîtes de nuit. Elle a fait inhumer son mari à Saint-Barth, villégiature caraïbe où le couple a bâti une maison résistante aux cyclones. Johnny aura ainsi le sentiment de passer sa mort en vacances. Et cela fera des Toussaint moins morbides qu’au Père-Lachaise pour Læticia. Quant aux fans, qu’ils affrètent un charter ! Surtout, Mme Hallyday, quatrième du nom, a réussi à délocaliser la gloire nationale en installant le vagabond fiscal à Los Angeles et en y scolarisant leurs fillettes. Ce qui a permis au couple de profiter de la législation californienne pour expulser du testament David et Laura, enfants des premiers lits.
Le qualificatif «fragile» est un mot d’aujourd’hui qui aide à masquer des réalités contradictoires. C’est à la fois un cache-misère et un tire-larmes. Dire que Laura a des «fragilités» est un euphémisme qui minimise et surligne à la fois ses excès en tout genre. Excès qui participaient de la légende paternelle, mais ne sont pas forcément mis à l’actif de la jeune femme.
Pour ne rien céder dans la «battle» victimaire, Læticia a fait valoir ses tendances anorexiques compensées et soignées par ses talents de cordon-bleu. Elle a surtout fait état de nombreuses fausses couches, résolues par l’adoption de Jade et Joy.
Liens du sang et adoption culturelle
Et c’est là que se percutent des positions à fronts renversés. Au-delà du débat monétaire qui n’est pas vraiment la question, Laura réclame la reconnaissance de liens du sang qui n’ont pas été noués à cent pour cent, loin de là. L’affront du testament n’a fait que débrider des plaies mal suturées et en confirmer une.
Læticia, elle, fait droit à la famille de choix, à la recomposition modernisée. De là à dire que Laura est dans le naturel traditionnel contre Læticia qui serait dans le culturel progressiste, il ne faudrait pas exagérer. Pour preuve du contraire, Læticia s’est entourée de ses soutiens génétiquement proches. Elle a mis son frère dans la boucle du testament et a confié à sa grand-mère de 82 ans, surnommée «Mamie Rock», la gérance d’une cascade de sociétés du business Hallyday.
Personne n’aurait imaginé que Johnny Hallyday puisse cousiner avec Liliane Bettencourt. Et pourtant ! Au-delà de la tombe où tous deux reposent depuis peu, ils incarnent chacun à leur façon une envie d’en faire à sa guise en matière d’héritage, au risque de faire turbuler les convenances et de crisper les ayants droit.
Madame L’Oréal a commencé par transmettre la grande masse de sa fortune à sa fille. Les lois françaises n’auraient pas permis autre chose. Puis elle a décidé de chouchouter à discrétion François-Marie Banier, poète, photographe et ludion, qui la faisait rire et lui bousculait le chignon.
Enfant de la balle, Johnny n’a jamais pu compter sur un père défaillant. S’en voulant de reproduire à demi un schéma honni, le rockeur n’a vu grandir ni David ni Laura. Il a facilité leurs investissements immobiliers et a baptisé de leurs prénoms accolés («Lorada») une villa à Saint-Tropez. Surtout, il leur a dédié deux chansons. Laura et Sang pour sang détaillent ses difficultés au long cours avec la paternité. A la fin, il a estimé que cela suffisait, qu’ils étaient adultes et qu’ils n’avaient plus besoin d’être protégés. Et Læticia, à qui aucun titre n’est dédié, a capté l’intégrale des actifs et du droit moral.
Tout de blondeur auréolée, la dernière des épouses, fantasmée en «veuve noire», va devoir faire face à la réprobation publique, après avoir vu trois présidents de la République participer à son deuil. La fille éperdue au regard de loup va continuer à disputer à «l’usurpatrice» la dépouille de son géniteur négligent. Dans une déclaration transmise à l’AFP, Laura dit qu’il la visite en rêve. Elle l’évoque ainsi, fantôme virginal et ange de la mort, à moins que ce ne soit un double onirique : «Tu es beau, sans aucun tatouage, tu es enfin libre et tu cours dans la brume, l’air totalement perdu et apeuré.»

Même après sa mort, les affaires familiales de la rockstar continuent de faire fantasmer les Français. Entre Læticia Hallyday et Laura Smet, chacun choisit son camp. «Libé» met son grain de sel dans la querelle.
Choisis ton camp, camarade ! Dans la querelle autour de l’héritage de Johnny Hallyday, la neutralité est impossible. Il faut prendre parti pour Laura Smet ou pour Læticia Hallyday. Le plus évident est de venir en soutien de Laura, l’abandonnée, la déprimée, la spoliée, que tourneboule son éjection par une belle-mère omniprésente mais aussi par un père affaibli, si ce n’est punisseur. Il est plus compliqué de se lancer à la rescousse de Læticia qui a tant fait pour la paix du ménage qu’il paraît bien normal qu’elle en touche les dividendes. Comme chez Proust, on se balade du côté de Guermantes ou du côté de chez Swann, oscillant entre aristocratie culturelle et parvenue sans quartiers de noblesse. Visite guidée des paysages à l’aube de la bataille et recension des références qui sont, parfois, autant de malchances.
Lieux et résidences
Laura Smet ne pouvait mieux habiter qu’un 100 mètres carrés rue Bonaparte, à Paris. On est au cœur du quartier des éditeurs, revu et corrigé par le luxe de bon goût. Si Saint-Germain-des-Prés a tenu le rockeur à distance, le faubourg a toujours été à tu et à toi avec Nathalie Baye. La mère de Laura est une actrice célébrée qui apporte dans la corbeille Truffaut et Godard, sans oublier Philippe Léotard. Laura, elle, a pour l’instant une carrière moins établie, même si elle a fait impression chez Chabrol et Garrel, et aussi chez Jalil Lespert ou Mia Hansen-Love.
Læticia Boudou a grandi entre Le Cap d’Agde et Miami, lieux scintillants et festifs où son père tenait des boîtes de nuit. Elle a fait inhumer son mari à Saint-Barth, villégiature caraïbe où le couple a bâti une maison résistante aux cyclones. Johnny aura ainsi le sentiment de passer sa mort en vacances. Et cela fera des Toussaint moins morbides qu’au Père-Lachaise pour Læticia. Quant aux fans, qu’ils affrètent un charter ! Surtout, Mme Hallyday, quatrième du nom, a réussi à délocaliser la gloire nationale en installant le vagabond fiscal à Los Angeles et en y scolarisant leurs fillettes. Ce qui a permis au couple de profiter de la législation californienne pour expulser du testament David et Laura, enfants des premiers lits.
Le qualificatif «fragile» est un mot d’aujourd’hui qui aide à masquer des réalités contradictoires. C’est à la fois un cache-misère et un tire-larmes. Dire que Laura a des «fragilités» est un euphémisme qui minimise et surligne à la fois ses excès en tout genre. Excès qui participaient de la légende paternelle, mais ne sont pas forcément mis à l’actif de la jeune femme.
Pour ne rien céder dans la «battle» victimaire, Læticia a fait valoir ses tendances anorexiques compensées et soignées par ses talents de cordon-bleu. Elle a surtout fait état de nombreuses fausses couches, résolues par l’adoption de Jade et Joy.
Liens du sang et adoption culturelle
Et c’est là que se percutent des positions à fronts renversés. Au-delà du débat monétaire qui n’est pas vraiment la question, Laura réclame la reconnaissance de liens du sang qui n’ont pas été noués à cent pour cent, loin de là. L’affront du testament n’a fait que débrider des plaies mal suturées et en confirmer une.
Læticia, elle, fait droit à la famille de choix, à la recomposition modernisée. De là à dire que Laura est dans le naturel traditionnel contre Læticia qui serait dans le culturel progressiste, il ne faudrait pas exagérer. Pour preuve du contraire, Læticia s’est entourée de ses soutiens génétiquement proches. Elle a mis son frère dans la boucle du testament et a confié à sa grand-mère de 82 ans, surnommée «Mamie Rock», la gérance d’une cascade de sociétés du business Hallyday.
Personne n’aurait imaginé que Johnny Hallyday puisse cousiner avec Liliane Bettencourt. Et pourtant ! Au-delà de la tombe où tous deux reposent depuis peu, ils incarnent chacun à leur façon une envie d’en faire à sa guise en matière d’héritage, au risque de faire turbuler les convenances et de crisper les ayants droit.
Madame L’Oréal a commencé par transmettre la grande masse de sa fortune à sa fille. Les lois françaises n’auraient pas permis autre chose. Puis elle a décidé de chouchouter à discrétion François-Marie Banier, poète, photographe et ludion, qui la faisait rire et lui bousculait le chignon.
Enfant de la balle, Johnny n’a jamais pu compter sur un père défaillant. S’en voulant de reproduire à demi un schéma honni, le rockeur n’a vu grandir ni David ni Laura. Il a facilité leurs investissements immobiliers et a baptisé de leurs prénoms accolés («Lorada») une villa à Saint-Tropez. Surtout, il leur a dédié deux chansons. Laura et Sang pour sang détaillent ses difficultés au long cours avec la paternité. A la fin, il a estimé que cela suffisait, qu’ils étaient adultes et qu’ils n’avaient plus besoin d’être protégés. Et Læticia, à qui aucun titre n’est dédié, a capté l’intégrale des actifs et du droit moral.
Tout de blondeur auréolée, la dernière des épouses, fantasmée en «veuve noire», va devoir faire face à la réprobation publique, après avoir vu trois présidents de la République participer à son deuil. La fille éperdue au regard de loup va continuer à disputer à «l’usurpatrice» la dépouille de son géniteur négligent. Dans une déclaration transmise à l’AFP, Laura dit qu’il la visite en rêve. Elle l’évoque ainsi, fantôme virginal et ange de la mort, à moins que ce ne soit un double onirique : «Tu es beau, sans aucun tatouage, tu es enfin libre et tu cours dans la brume, l’air totalement perdu et apeuré.»
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Johnny Hallyday : la fille, la veuve et la réécriture de l'histoire"
Post a Comment