En butte à des critiques de plus en plus fortes concernant son action au ministère de la Culture, l'ancienne éditrice contre-attaque. Elle explique vouloir mener ses «combats» jusqu'au «bout» dans un entretien au Monde. «Je refuse la fatalité. Je refuse la résignation», a-t-elle ajouté au Printemps de Bourges ce mercredi.
À l'en croire, rien ne l'atteindrait. Ni l'appel de plusieurs acteurs de la vie culturelle paru dans Le Monde mardi, comparant sa politique à «celle de la IVe République», ni le bilan de son action tiré par Libération qui pointe à travers l'expression «novice de forme» ses «maladresses» et s'interroge sur sa «crédibilité». C'est du moins le message qu'a voulu faire passer Françoise Nyssen dans un entretien accordé au Monde daté jeudi. «Certains de [mes] projets heurtent des conservatismes qui s'entretiennent dans un petit cercle parisien, mais j'irai au bout», réplique la ministre de la Culture dans cette interview croisée avec le metteur en scène Romeo Castellucci.
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Cette prise de paroles à deux voix trouve son origine dans l'affaire de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, montée au Mans début avril. Un arrêté préfectoral a interdit la participation d'enfants au spectacle, comme le prévoyait Romeo Castellucci, qui a choisi dès lors de couper la scène durant laquelle les jeunes comédiens jetaient des grenades en plastique sur un portrait du Christ. Françoise Nyssen, «consternée», avait à l'époque réagi en dénonçant une «atteinte au droit à la liberté de création et de diffusion». Dans Le Monde, elle explique aujourd'hui n'avoir pas été «prévenue», comme «la préfecture aurait dû le faire» et annonce qu'une «enquête est en cours».
En s'affichant - au sens propre et figuré - au côté du metteur en scène italien, Françoise Nyssen règle également quelques comptes plus politiques. Avec ceux qui la disent déconnectée et même coupée des artistes et du monde de l'art. C'est sa réponse aux acteurs du spectacle vivant qui tombent à bras raccourcis sur son programme Culture près de chez vous et dénoncent la «démagogie» de son Passe Culture. Une réponse également aux conservateurs de musée qui tordent le nez quand la ministre annonce que La Joconde va faire une tournée dans les déserts culturels français.
Les «lieux de résistance que sont les théâtres»
«Le travail de Romeo Castellucci éclaire la politique que je mène. Je porte des convictions à travers des combats: instaurer des heures hebdomadaires de pratique artistique pour les enfants, faire circuler les œuvres iconiques de nos musées partout en France, créer un service public inédit avec le Passe culture...», se défend-elle. Quand le monde de la culture s'alarme de voir le budget de la rue de Valois, la ministre assure qu'elle se «bat pour le dégel des crédits» et pour soutenir les «lieux de résistance que sont les théâtres».
Mercredi matin, à la pose de la première pierre de la nouvelle maison de la Culture de Bourges, qui célèbre son 42e Printemps musical, Françoise Nyssen a adopté un langage similaire. En exhortant les acteurs de la culture au «courage de la différence», ne s'encourage-t-elle pas dans sa propre tâche? Il faut «du courage, parce que la différence dérange», a-t-elle témoigné. «Je le mesure chaque jour. Et il faut s'y accrocher. Il faut de la résistance, contre la tentation du retour à l'ordre établi. Le conservatisme est un refuge confortable en politique. C'est même le plus sûr des abris, a-t-elle lancé. Je refuse la fatalité. Je refuse la résignation.»
Audace qu'on ne lui connaissait pas, Françoise Nyssen marque également la distance avec le discours d'Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France. Le président avait expliqué vouloir «réparer» le «lien entre l'Église et l'État»? «Je défends absolument une société laïque, il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus», explique-t-elle au Monde, comme si le discours du chef de l'État pouvait, lui, être équivoque. «Nous n'avons pas à nous laisser dicter des considérations religieuses, d'une manière ou d'une autre, par qui que ce soit», ajoute-t-elle devant Romeo Castellucci qui a souvent eu maille à partir avec les associations intégristes.
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Ce petit «lui, c'est lui, moi c'est moi», glissé au détour d'une longue interview, ne signifie pas que l'heure de la révolte à sonner rue de Valois. Il traduit peut-être une pointe d'agacement de la part d'une ministre qui ne parvient pas toujours à faire entendre sa voix. Dans le dossier très prioritaire du patrimoine, par exemple, où tout semble se jouer entre l'Élysée et Stéphane Bern directement. Jusqu'à présent, cela semblait ne pas irriter outre mesure la ministre, tant qu'elle pouvait mener ses «combats» de son côté. Françoise Nyssen s'était gardée de se fixer un agenda pour parvenir à ses fins. En expliquant qu'elle ira «au bout», elle annonce maintenant qu'il y aura un après. Ce qui ne fera certainement pas taire les rumeurs concernant son départ.
En butte à des critiques de plus en plus fortes concernant son action au ministère de la Culture, l'ancienne éditrice contre-attaque. Elle explique vouloir mener ses «combats» jusqu'au «bout» dans un entretien au Monde. «Je refuse la fatalité. Je refuse la résignation», a-t-elle ajouté au Printemps de Bourges ce mercredi.
À l'en croire, rien ne l'atteindrait. Ni l'appel de plusieurs acteurs de la vie culturelle paru dans Le Monde mardi, comparant sa politique à «celle de la IVe République», ni le bilan de son action tiré par Libération qui pointe à travers l'expression «novice de forme» ses «maladresses» et s'interroge sur sa «crédibilité». C'est du moins le message qu'a voulu faire passer Françoise Nyssen dans un entretien accordé au Monde daté jeudi. «Certains de [mes] projets heurtent des conservatismes qui s'entretiennent dans un petit cercle parisien, mais j'irai au bout», réplique la ministre de la Culture dans cette interview croisée avec le metteur en scène Romeo Castellucci.
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Cette prise de paroles à deux voix trouve son origine dans l'affaire de la pièce Sur le concept du visage du fils de Dieu, montée au Mans début avril. Un arrêté préfectoral a interdit la participation d'enfants au spectacle, comme le prévoyait Romeo Castellucci, qui a choisi dès lors de couper la scène durant laquelle les jeunes comédiens jetaient des grenades en plastique sur un portrait du Christ. Françoise Nyssen, «consternée», avait à l'époque réagi en dénonçant une «atteinte au droit à la liberté de création et de diffusion». Dans Le Monde, elle explique aujourd'hui n'avoir pas été «prévenue», comme «la préfecture aurait dû le faire» et annonce qu'une «enquête est en cours».
En s'affichant - au sens propre et figuré - au côté du metteur en scène italien, Françoise Nyssen règle également quelques comptes plus politiques. Avec ceux qui la disent déconnectée et même coupée des artistes et du monde de l'art. C'est sa réponse aux acteurs du spectacle vivant qui tombent à bras raccourcis sur son programme Culture près de chez vous et dénoncent la «démagogie» de son Passe Culture. Une réponse également aux conservateurs de musée qui tordent le nez quand la ministre annonce que La Joconde va faire une tournée dans les déserts culturels français.
Les «lieux de résistance que sont les théâtres»
«Le travail de Romeo Castellucci éclaire la politique que je mène. Je porte des convictions à travers des combats: instaurer des heures hebdomadaires de pratique artistique pour les enfants, faire circuler les œuvres iconiques de nos musées partout en France, créer un service public inédit avec le Passe culture...», se défend-elle. Quand le monde de la culture s'alarme de voir le budget de la rue de Valois, la ministre assure qu'elle se «bat pour le dégel des crédits» et pour soutenir les «lieux de résistance que sont les théâtres».
Mercredi matin, à la pose de la première pierre de la nouvelle maison de la Culture de Bourges, qui célèbre son 42e Printemps musical, Françoise Nyssen a adopté un langage similaire. En exhortant les acteurs de la culture au «courage de la différence», ne s'encourage-t-elle pas dans sa propre tâche? Il faut «du courage, parce que la différence dérange», a-t-elle témoigné. «Je le mesure chaque jour. Et il faut s'y accrocher. Il faut de la résistance, contre la tentation du retour à l'ordre établi. Le conservatisme est un refuge confortable en politique. C'est même le plus sûr des abris, a-t-elle lancé. Je refuse la fatalité. Je refuse la résignation.»
Audace qu'on ne lui connaissait pas, Françoise Nyssen marque également la distance avec le discours d'Emmanuel Macron devant la Conférence des évêques de France. Le président avait expliqué vouloir «réparer» le «lien entre l'Église et l'État»? «Je défends absolument une société laïque, il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus», explique-t-elle au Monde, comme si le discours du chef de l'État pouvait, lui, être équivoque. «Nous n'avons pas à nous laisser dicter des considérations religieuses, d'une manière ou d'une autre, par qui que ce soit», ajoute-t-elle devant Romeo Castellucci qui a souvent eu maille à partir avec les associations intégristes.
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Ce petit «lui, c'est lui, moi c'est moi», glissé au détour d'une longue interview, ne signifie pas que l'heure de la révolte à sonner rue de Valois. Il traduit peut-être une pointe d'agacement de la part d'une ministre qui ne parvient pas toujours à faire entendre sa voix. Dans le dossier très prioritaire du patrimoine, par exemple, où tout semble se jouer entre l'Élysée et Stéphane Bern directement. Jusqu'à présent, cela semblait ne pas irriter outre mesure la ministre, tant qu'elle pouvait mener ses «combats» de son côté. Françoise Nyssen s'était gardée de se fixer un agenda pour parvenir à ses fins. En expliquant qu'elle ira «au bout», elle annonce maintenant qu'il y aura un après. Ce qui ne fera certainement pas taire les rumeurs concernant son départ.
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