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«Le Livre d'image»: l'explosion Godard

«La guerre est là…» nous annonce une voix humaine : la première projection  du nouveau film de Jean-Luc Godard, le Livre d’image, vendredi dans le grand amphithéâtre Lumière, fut précédée d’un beau silence - l’avancée d’un pressentiment - et suivie d’une ovation nette, mais comme suspendue. Les mains qui applaudissent et le souffle coupé.

Entre les deux, il y a tout, mais ce tout est une explosion - une explosion et le murmure qui la couvrent, réunis en un même geste sur la bande-son de l’histoire. «La guerre est là», dedans et dehors, dedans comme dehors, à même toutes les images - il y a dans ce film toutes les images du monde, le monde en guerre - et la voix qui le dit, celle de toujours, la sienne, reprend sans cesse son souffle coupé. Tout Lumière doute : on vient de voir, malgré son titre, le premier film sonore, le Livre d’image, sous-titré «Image et parole» et venu après un Adieu au langage (2014) qui était le premier film muet. Ce film sonore a cinq parties, chapitres nettement découpés, aux titres limpides.

On sort de ce chaos avec l’impression d’une extrême clarté, d’une déclaration sans équivoque : entre la guerre et la voix, quelque chose semble s’être établi, un dialogue qui dans tout Godard, au bout de quelque cent vingt films, a rarement été aussi net, et rarement aussi révolté. Ce Film des films, qui congédie jusqu’au cinéma au profit de tout le reste (ce reste qui est encore le cinéma, que seul le cinéma a su voir), est bien un appel à autre chose. Au centre du film, ou au centre du monde, cette question non subalterne : «Les Arabes peuvent-ils parler ?»

Luc Chessel envoyé spécial à Cannes

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«La guerre est là…» nous annonce une voix humaine : la première projection  du nouveau film de Jean-Luc Godard, le Livre d’image, vendredi dans le grand amphithéâtre Lumière, fut précédée d’un beau silence - l’avancée d’un pressentiment - et suivie d’une ovation nette, mais comme suspendue. Les mains qui applaudissent et le souffle coupé.

Entre les deux, il y a tout, mais ce tout est une explosion - une explosion et le murmure qui la couvrent, réunis en un même geste sur la bande-son de l’histoire. «La guerre est là», dedans et dehors, dedans comme dehors, à même toutes les images - il y a dans ce film toutes les images du monde, le monde en guerre - et la voix qui le dit, celle de toujours, la sienne, reprend sans cesse son souffle coupé. Tout Lumière doute : on vient de voir, malgré son titre, le premier film sonore, le Livre d’image, sous-titré «Image et parole» et venu après un Adieu au langage (2014) qui était le premier film muet. Ce film sonore a cinq parties, chapitres nettement découpés, aux titres limpides.

On sort de ce chaos avec l’impression d’une extrême clarté, d’une déclaration sans équivoque : entre la guerre et la voix, quelque chose semble s’être établi, un dialogue qui dans tout Godard, au bout de quelque cent vingt films, a rarement été aussi net, et rarement aussi révolté. Ce Film des films, qui congédie jusqu’au cinéma au profit de tout le reste (ce reste qui est encore le cinéma, que seul le cinéma a su voir), est bien un appel à autre chose. Au centre du film, ou au centre du monde, cette question non subalterne : «Les Arabes peuvent-ils parler ?»

Luc Chessel envoyé spécial à Cannes

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