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Solo - A Star Wars Story : réussite d'un nanar intergalactique

CRITIQUE - En explorant la jeunesse du célèbre contrebandier, la saga revoit ses ambitions à la baisse mais retrouve l'efficacité d'un Georges Lucas années 2000. Le résultat ? Un western spatial très divertissant qui fait la part belle aux couples.

Au bout d'une chaînette, une paire de dés est accrochée au rétroviseur du Faucon Millénium. Ils ne cesseront de tinter dangereusement. Tout le monde est à ses trousses. Traînant en bas de l'échelle sociale, le jeune Han est un «souillard» mais pilote émérite qui fraye avec la pègre sur la planète asservie et ultra-urbaine Corellia. Tout se vend, surtout une matière première qui se transforme en un carburant de luxe. Côté science-fiction, on est loin du space opera, plus près de la dystopie à la Philip K. Dick. Sous une lumière rappelant par instants lesBlade Runner portés par son prédécesseur, Alden Ehrenreich se démène à l'ombre d'une autorité futuro-fachiste: l'Empire. Dans les bas-fonds naîtra la Rébellion. Un chemin du crime qui conduira Han, on le sait, jusqu'au roi des truands: Jabba le Hutt. Sa petite amie (Emilia Clarke), avec qui il essaye de s'enfuir, a aussi ses zones d'ombre.

» LIRE AUSSI - La photo du jour 9 à Cannes: la belle et la bête version Star Wars

Comme promis, Ron Howard joue aussi la carte du western. Han Solo porte déjà sa veste en cuir et son pisto-laser à la ceinture. Les jambes arquées, prêt à sauter sur n'importe quelle monture tant qu'elle en a sous le capot, il fréquente des saloons crasseux et mal famés. Il bluffe et crâne devant les malfrats. Il y a 100.000 crédits sous le soleil. Le film se poursuit dans des courses-poursuite grinçantes de métal et de fuel. Les pourchasseurs montent des motos volantes, portent des masques tribaux. On n'est pas loin, cette fois, du sauvage Mad Max: Fury Road. La présence du Kraken flottant dans l'espace, elle, revient au fantastique noir. La dernière partie, enfin, a des accents de film d'action nanardesque, aux twists incessants ponctuées par répliques à la Chuck Norris. «Je ne demande jamais deux fois la même chose», menace le méchant, bardés de cicatrices de... méchant.

Un amour de robot

Et pourtant, on embarque avec un plaisir récessif à bord du Faucon Millenium et de ses entrailles (oui, il y a un dressing à bord). L'expérience de Ron Howard (aussi connu pour sa réalisation très neutre, ici confirmée), permet de retrouver l'efficacité de Georges Lucas dans la prélogie. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais en abandonnant les prétentions philosophico-esthétisantes des Derniers Jedi, ce deuxième spin-off reconquière une partie des fans de la saga largués par la nouvelle trilogie.

En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur.
En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur. Jonathan Olley/Jonathan Olley /Lucasfilm Ltd.

C'est antinomique, mais ce Solo est aussi film de couples. Woody Harrelson et Tandie Newton vont très bien ensemble. L'histoire d'amour entre Han et Qi'ra flirte avec le côté obscur: la jeune femme est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Lando Clarissian, ce voyou maniéré et dragueur, est très intime avec son lieutenant mécanique L3, un robot qui milite pour l'émancipation des droïdes et l'égalité hommes-robots. Depuis Rogue One, les trois lois d'Asimov ont volé en éclat. Sur la Croisette, cela fait un drôle d'écho avec le mouvement #MeToo en premier plan de cette 71e édition. Mais surtout, la rencontre avec Chewbacca -enfin traité comme un personnage- tire le film vers le haut. Sous les poils, le basketteur Joonas Suotamo n'a pas été choisi que pour ses mensurations (2m08).

En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur. Le bestiaire, aussi, s'élargit. La magie cède sa place à la mythologie. Les spéculations fantasmatiques se heurtent aux réponses concrètes. Le scénario très brouillon et des personnages en surjeu (Alden Ehrenreich cabotine au moins autant qu'Harrison Ford) font de ce Solo un nanar dans le bon sens du terme. On retrouve d'ailleurs l'humour de Phil Lord et Chris Miller, réalisateurs originels du projet passés au rang de produceurs exécutifs. C'est l'antithèse du très sombre Rogue One. Solo est un bon film, pas un grand.

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Au bout d'une chaînette, une paire de dés est accrochée au rétroviseur du Faucon Millénium. Ils ne cesseront de tinter dangereusement. Tout le monde est à ses trousses. Traînant en bas de l'échelle sociale, le jeune Han est un «souillard» mais pilote émérite qui fraye avec la pègre sur la planète asservie et ultra-urbaine Corellia. Tout se vend, surtout une matière première qui se transforme en un carburant de luxe. Côté science-fiction, on est loin du space opera, plus près de la dystopie à la Philip K. Dick. Sous une lumière rappelant par instants lesBlade Runner portés par son prédécesseur, Alden Ehrenreich se démène à l'ombre d'une autorité futuro-fachiste: l'Empire. Dans les bas-fonds naîtra la Rébellion. Un chemin du crime qui conduira Han, on le sait, jusqu'au roi des truands: Jabba le Hutt. Sa petite amie (Emilia Clarke), avec qui il essaye de s'enfuir, a aussi ses zones d'ombre.

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Comme promis, Ron Howard joue aussi la carte du western. Han Solo porte déjà sa veste en cuir et son pisto-laser à la ceinture. Les jambes arquées, prêt à sauter sur n'importe quelle monture tant qu'elle en a sous le capot, il fréquente des saloons crasseux et mal famés. Il bluffe et crâne devant les malfrats. Il y a 100.000 crédits sous le soleil. Le film se poursuit dans des courses-poursuite grinçantes de métal et de fuel. Les pourchasseurs montent des motos volantes, portent des masques tribaux. On n'est pas loin, cette fois, du sauvage Mad Max: Fury Road. La présence du Kraken flottant dans l'espace, elle, revient au fantastique noir. La dernière partie, enfin, a des accents de film d'action nanardesque, aux twists incessants ponctuées par répliques à la Chuck Norris. «Je ne demande jamais deux fois la même chose», menace le méchant, bardés de cicatrices de... méchant.

Un amour de robot

Et pourtant, on embarque avec un plaisir récessif à bord du Faucon Millenium et de ses entrailles (oui, il y a un dressing à bord). L'expérience de Ron Howard (aussi connu pour sa réalisation très neutre, ici confirmée), permet de retrouver l'efficacité de Georges Lucas dans la prélogie. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais en abandonnant les prétentions philosophico-esthétisantes des Derniers Jedi, ce deuxième spin-off reconquière une partie des fans de la saga largués par la nouvelle trilogie.

En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur.
En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur. Jonathan Olley/Jonathan Olley /Lucasfilm Ltd.

C'est antinomique, mais ce Solo est aussi film de couples. Woody Harrelson et Tandie Newton vont très bien ensemble. L'histoire d'amour entre Han et Qi'ra flirte avec le côté obscur: la jeune femme est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Lando Clarissian, ce voyou maniéré et dragueur, est très intime avec son lieutenant mécanique L3, un robot qui milite pour l'émancipation des droïdes et l'égalité hommes-robots. Depuis Rogue One, les trois lois d'Asimov ont volé en éclat. Sur la Croisette, cela fait un drôle d'écho avec le mouvement #MeToo en premier plan de cette 71e édition. Mais surtout, la rencontre avec Chewbacca -enfin traité comme un personnage- tire le film vers le haut. Sous les poils, le basketteur Joonas Suotamo n'a pas été choisi que pour ses mensurations (2m08).

En explorant «l'univers étendu» de la saga, Disney lève le voile sur certains mystères, c'est entendu, mais sonde ses figures mythiques en profondeur. Le bestiaire, aussi, s'élargit. La magie cède sa place à la mythologie. Les spéculations fantasmatiques se heurtent aux réponses concrètes. Le scénario très brouillon et des personnages en surjeu (Alden Ehrenreich cabotine au moins autant qu'Harrison Ford) font de ce Solo un nanar dans le bon sens du terme. On retrouve d'ailleurs l'humour de Phil Lord et Chris Miller, réalisateurs originels du projet passés au rang de produceurs exécutifs. C'est l'antithèse du très sombre Rogue One. Solo est un bon film, pas un grand.

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