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France Télévisions, TF1 et M6 vont créer une plate-forme commune de vidéo en ligne pour contrer Netflix

Le géant de la vidéo en ligne sur abonnement, Netflix, est présent aussi bien sur les téléphones portables que sur ordinateur.

Le long feuilleton de l’émergence d’un « Netflix à la française » achève enfin une saison, après de multiples épisodes : les dirigeants Delphine Ernotte, de France Télévisions, Gilles Pélisson, de TF1, et Nicolas de Tavernost, de M6, « unissent leurs forces » vendredi 15 juin pour bâtir</a> une plate-forme audiovisuelle par Internet, sur abonnement : Salto. Face au numéro un américain de la vidéo à la demande par abonnement, les trois plus grands groupes de la télévision gratuite française font finalement mentir</a> ceux qui pensaient les rivaux hexagonaux, public et privés, incapables de collaborer</a>.

Selon nos informations, les associés se sont engagés à investir</a> au minimum 50 millions d’euros dans cette plate-forme, qui devrait être</a> lancée courant 2019, après avis de l’Autorité de la concurrence.

Salto prévoit deux formules d’abonnement. La première, de 2 à 5 euros par mois, donnera accès, en direct, aux chaînes des trois groupes (France 2, France 3, France 5, TF1, TMC, NT1, M6, W9, 6Ter…), ainsi qu’à des services premium : visionnage en rattrapage étendu à plus de sept jours, « start over » pour reprendre</a> un programme au début, « stacking » pour voir</a> les épisodes précédents d’une série en cours, avant-premières… Pensée pour les tablettes, les smartphones, les ordinateurs et les télés connectées, cette offre concurrencera les box de télévision des fournisseurs d’accès à Internet.

Lire aussi :   « Etre abonné à Netflix, c’est faire partie d’une communauté »

La seconde, plus directement rivale de Netflix, proposera, pour environ 7 ou 8 euros par mois, l’accès illimité à des séries, films, documentaires et dessins animés, mais aussi de l’information et du divertissement. Son offre sera principalement française et européenne : Capitaine Marleau, Clem, Apocalypse, Petit Ours Brun… Ce n’est pas le point fort de Netflix.

Cinq ans de discussions

L’idée d’une offre gratuite, évoquée ces derniers mois, n’a finalement pas été retenue. C’est une victoire de la logique des chaînes privées, TF1 et M6, soucieuses de ne pas cannibaliser</a> les bouquets des fournisseurs d’accès à Internet comme Orange, Free ou SFR. Les deux groupes viennent en effet d’obtenir de haute lutte de faire</a> payer les opérateurs plus cher pour diffuser</a> leurs chaînes, avec des services premium comme ceux qu’offrira Salto. Il s’agit de ne pas rompre</a> « l’égalité » entre les distributeurs, précise-t-on chez M6. Les trois partenaires insistent sur le fait qu’ils conservent leurs plates-formes gratuites propres, France.tv, MyTF1 et 6Play, montrant leurs programmes pendant quelques jours après leur passage à l’antenne.

« Aujourd’hui les Gafan – Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix – poussent fort. Face à cette donne globale, le regroupement local est indispensable », explique Nicolas de Tavernost.

La naissance de Salto conclut environ cinq ans de discussions diverses, menées entre les groupes concernés, mais aussi avec Orange ou AlloCiné. Souvent comparé à l’américain Netflix, lancé en France en 2014, le projet est depuis associé à Hulu, la plate-forme gratuite et payante créée par les grandes chaînes américaines. Mais Salto rappelle aussi TPS, ce bouquet de télévision par satellite créé en 1995 par France Télévisions, TF1, M6 et Suez, notamment, pour contrer</a> la domination de Canal+ dans la télévision payante.

« La situation est analogue, explique Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6. Nous avons construit TPS parce que le numérique bouleversait la donne. Aujourd’hui les Gafan – Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix – poussent fort. Face à cette donne globale, le regroupement local est indispensable. » De telles unions sacrées de chaînes publiques et privées se nouent aussi en Espagne ou au Royaume-Uni et s’étudient en Allemagne, ajoute le dirigeant.

Un défi, la gouvernance

La gouvernance de Salto constituera un défi : les trois associés vont créer</a> une société dont ils détiendront chacun un tiers. Un management propre sera nommé mais certaines décisions sont prévues à l’unanimité. Pour M. de Tavernost, l’exemple de TPS montre toutefois qu’une coentreprise peut fonctionner</a>. Quant à sa revente finale à Canal+ en 2005, le dirigeant de M6 n’y voit pas un échec et rappelle qu’elle avait généré une plus-value pour les actionnaires (TPS avait été valorisé environ 900 millions d’euros).

Lire aussi :   En France, une riposte crédible à Netflix peine à s’organiser

Autres défis, Salto devra concurrencer</a> Amazon ou Netflix, qui, avec 3,5 millions d’abonnés en France, a une capacité d’investissement beaucoup plus grande. Mais se mesurera aussi aux offres gratuites comme la TNT, YouTube ou Molotov, et à la télévision payante de Canal+ ou OCS, plus chère mais plus premium.

Une victoire pour Delphine Ernotte

Le lancement de cette plate-forme représente enfin une victoire pour Delphine Ernotte. Dès le début de son mandat en 2015, la présidente de France Télévisions avait annoncé un futur service de vidéo à la demande par abonnement. Mais depuis, elle a constaté les difficultés juridiques à fédérer</a> des acteurs européens, mesuré l’incapacité du groupe audiovisuel public à financer</a> seul un catalogue de programmes… L’entreprise a biaisé en demandant aux producteurs de mettre</a> à disposition leurs œuvres gratuitement en échange d’un partage des revenus, mais le projet a continué à traîner</a>, avant qu’au printemps il soit même mis « en pause », le temps de discuter</a> avec TF1 et M6. Certains y voyaient un enterrement de première classe. Mme Ernotte peut enfin afficher</a> un succès dans ce projet de plate-forme, souhaitée par le gouvernement, qui s’apprête justement à mener</a> une réforme de l’audiovisuel public cruciale pour France Télévisions.

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Le géant de la vidéo en ligne sur abonnement, Netflix, est présent aussi bien sur les téléphones portables que sur ordinateur.

Le long feuilleton de l’émergence d’un « Netflix à la française » achève enfin une saison, après de multiples épisodes : les dirigeants Delphine Ernotte, de France Télévisions, Gilles Pélisson, de TF1, et Nicolas de Tavernost, de M6, « unissent leurs forces » vendredi 15 juin pour bâtir</a> une plate-forme audiovisuelle par Internet, sur abonnement : Salto. Face au numéro un américain de la vidéo à la demande par abonnement, les trois plus grands groupes de la télévision gratuite française font finalement mentir</a> ceux qui pensaient les rivaux hexagonaux, public et privés, incapables de collaborer</a>.

Selon nos informations, les associés se sont engagés à investir</a> au minimum 50 millions d’euros dans cette plate-forme, qui devrait être</a> lancée courant 2019, après avis de l’Autorité de la concurrence.

Salto prévoit deux formules d’abonnement. La première, de 2 à 5 euros par mois, donnera accès, en direct, aux chaînes des trois groupes (France 2, France 3, France 5, TF1, TMC, NT1, M6, W9, 6Ter…), ainsi qu’à des services premium : visionnage en rattrapage étendu à plus de sept jours, « start over » pour reprendre</a> un programme au début, « stacking » pour voir</a> les épisodes précédents d’une série en cours, avant-premières… Pensée pour les tablettes, les smartphones, les ordinateurs et les télés connectées, cette offre concurrencera les box de télévision des fournisseurs d’accès à Internet.

Lire aussi :   « Etre abonné à Netflix, c’est faire partie d’une communauté »

La seconde, plus directement rivale de Netflix, proposera, pour environ 7 ou 8 euros par mois, l’accès illimité à des séries, films, documentaires et dessins animés, mais aussi de l’information et du divertissement. Son offre sera principalement française et européenne : Capitaine Marleau, Clem, Apocalypse, Petit Ours Brun… Ce n’est pas le point fort de Netflix.

Cinq ans de discussions

L’idée d’une offre gratuite, évoquée ces derniers mois, n’a finalement pas été retenue. C’est une victoire de la logique des chaînes privées, TF1 et M6, soucieuses de ne pas cannibaliser</a> les bouquets des fournisseurs d’accès à Internet comme Orange, Free ou SFR. Les deux groupes viennent en effet d’obtenir de haute lutte de faire</a> payer les opérateurs plus cher pour diffuser</a> leurs chaînes, avec des services premium comme ceux qu’offrira Salto. Il s’agit de ne pas rompre</a> « l’égalité » entre les distributeurs, précise-t-on chez M6. Les trois partenaires insistent sur le fait qu’ils conservent leurs plates-formes gratuites propres, France.tv, MyTF1 et 6Play, montrant leurs programmes pendant quelques jours après leur passage à l’antenne.

« Aujourd’hui les Gafan – Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix – poussent fort. Face à cette donne globale, le regroupement local est indispensable », explique Nicolas de Tavernost.

La naissance de Salto conclut environ cinq ans de discussions diverses, menées entre les groupes concernés, mais aussi avec Orange ou AlloCiné. Souvent comparé à l’américain Netflix, lancé en France en 2014, le projet est depuis associé à Hulu, la plate-forme gratuite et payante créée par les grandes chaînes américaines. Mais Salto rappelle aussi TPS, ce bouquet de télévision par satellite créé en 1995 par France Télévisions, TF1, M6 et Suez, notamment, pour contrer</a> la domination de Canal+ dans la télévision payante.

« La situation est analogue, explique Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6. Nous avons construit TPS parce que le numérique bouleversait la donne. Aujourd’hui les Gafan – Google, Apple, Facebook, Amazon et Netflix – poussent fort. Face à cette donne globale, le regroupement local est indispensable. » De telles unions sacrées de chaînes publiques et privées se nouent aussi en Espagne ou au Royaume-Uni et s’étudient en Allemagne, ajoute le dirigeant.

Un défi, la gouvernance

La gouvernance de Salto constituera un défi : les trois associés vont créer</a> une société dont ils détiendront chacun un tiers. Un management propre sera nommé mais certaines décisions sont prévues à l’unanimité. Pour M. de Tavernost, l’exemple de TPS montre toutefois qu’une coentreprise peut fonctionner</a>. Quant à sa revente finale à Canal+ en 2005, le dirigeant de M6 n’y voit pas un échec et rappelle qu’elle avait généré une plus-value pour les actionnaires (TPS avait été valorisé environ 900 millions d’euros).

Lire aussi :   En France, une riposte crédible à Netflix peine à s’organiser

Autres défis, Salto devra concurrencer</a> Amazon ou Netflix, qui, avec 3,5 millions d’abonnés en France, a une capacité d’investissement beaucoup plus grande. Mais se mesurera aussi aux offres gratuites comme la TNT, YouTube ou Molotov, et à la télévision payante de Canal+ ou OCS, plus chère mais plus premium.

Une victoire pour Delphine Ernotte

Le lancement de cette plate-forme représente enfin une victoire pour Delphine Ernotte. Dès le début de son mandat en 2015, la présidente de France Télévisions avait annoncé un futur service de vidéo à la demande par abonnement. Mais depuis, elle a constaté les difficultés juridiques à fédérer</a> des acteurs européens, mesuré l’incapacité du groupe audiovisuel public à financer</a> seul un catalogue de programmes… L’entreprise a biaisé en demandant aux producteurs de mettre</a> à disposition leurs œuvres gratuitement en échange d’un partage des revenus, mais le projet a continué à traîner</a>, avant qu’au printemps il soit même mis « en pause », le temps de discuter</a> avec TF1 et M6. Certains y voyaient un enterrement de première classe. Mme Ernotte peut enfin afficher</a> un succès dans ce projet de plate-forme, souhaitée par le gouvernement, qui s’apprête justement à mener</a> une réforme de l’audiovisuel public cruciale pour France Télévisions.

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