
"L'arabe du futur 4", page 7
© Riad Sattouf (Allary Editions)"J'étais tellement beau"
Riad va à l'école du village, où il est élu 1er plus beau garçon de la classe. "Cela me faisait plaisir, même si je trouvais ça normal : j'étais tellement beau". Il commence le foot, se fait des copains. "Mon père ne me manquait pas mais je pensais souvent à lui". Riad parle avec son père au téléphone de temps en temps, sans grand enthousiasme, et ne comprend plus quand il lui parle en arabe.Riad aime passer des moments avec sa grand-mère bretonne, attentive et bienveillante. Il adore manger des galettes complètes, lire des magazines ou des fiches Safari sur les animaux, et surtout dessiner, dessiner, et encore dessiner (un atout, en plus de sa grande beauté, pour séduire les filles à l'école). Il est très bon élève et fait le bonheur de ses professeurs, et de sa mère.
Le retour du père
Bref, la vie ordinaire et plutôt heureuse d'un petit garçon de 10 ans. Mais un jour, sans prévenir, son père rentre à la maison. Il a changé. Désormais versé dans la religion, il critique la France, se vante des millions qu'il gagne en Arabie Saoudite, sans pour autant en faire profiter sa famille. Il est devenu raciste, antisémite… L'ambiance se crispe.
"L'arabe du futur 4", page 98
© Riad Sattouf / Allary EditionsLa fin de l'innocence
Ce 4e opus de "L'Arabe du futur" est un pavé. Plus épais que les trois premiers tomes, il est aussi sans doute le plus fort, et le plus émouvant. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il aborde l'adolescence, cette période de grands bouleversements chère à l'auteur ("Les Pauvres aventures de Jérémie", "La vie secrète des jeunes", "Les beaux gosses"…).Le petit Riad perd ses bouclettes blondes en même temps que ses illusions. Il faut faire avec ce nouveau corps, faire cohabiter les effets ravageurs de la montée d'hormones avec une tendresse persistante, affronter les moqueries des enfants du collège, accepter de regarder le monde tel qu'il est : non le père Noël n'existe pas, non les pères ne sont pas des héros, oui, les parents peuvent mourir, oui, pour faire les bébés, le papa met son zizi dans le trou de la maman… ("J'avais compris tous les secrets")
Fort ce quatrième tome, parce qu'avec la radicalisation du père, et la décomposition du couple parental qui l'accompagne, c'est une guerre des mondes qui commence. Jusque-là trait d'union entre deux cultures, les parents incarnent désormais l'incompatibilité de deux modes de vie irréconciliables.
Du grand art, qui touche à l'universel
Le jeune Riad entre donc ici dans l'âge où l'on découvre que les adultes peuvent avoir des comportements incohérents, des réflexions idiotes, des raisonnements absurdes, des idées stéréotypées. Et dans ce domaine, si le père récolte la plupart du temps la palme, les autres personnages prennent aussi leur part. Le jeune Riad se contente de poser des questions innocentes, mais toujours judicieuses, qui mettent en lumière la sottise des adultes.
"L'Arabe du futur 4", page 19
© Riad Sattouf / Allary EditionsComme en plus, on s'est attaché à ce personnage, qu'il fait maintenant partie de la famille, on vit littéralement cette avancée dans le temps avec lui, on rit et on pleure, et on referme le livre complètement remué, abasourdi par le coup de théâtre final.
Cette rentrée 2018 est un véritable festival Riad Sattouf. La sortie du 4e opus de "L'Arabe du futur" (les trois premiers tomes se sont vendus 1,5 millions d'exemplaires dans le monde entier) s'intercale entre lancement début septembre de l'adaptation des Cahiers d'Esther en série animée sur Canal +, et l'ouverture de la grande exposition qui lui sera consacrée à partir du 14 novembre à la BPI de Beaubourg (jusqu'au 9 mars 2019).

(Allary Editions – 288 pages – 25,90 euros) Read Again Quand démarre ce nouvel épisode de "L'Arabe du futur", on est en 1987, Riad a 10 ans. "J'étais assez mignon", résume-t-il en préambule. Il vit en Bretagne avec sa mère et ses deux petits frères. Riad n'a pas vu son père depuis 6 mois, en poste en Arabie Saoudite comme maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Ryiad. Sa mère a refusé de le suivre. "Moi j'ai fait 5 ans de Syrie, je fais pas l'Arabie Saoudite!".

"L'arabe du futur 4", page 7
© Riad Sattouf (Allary Editions)"J'étais tellement beau"
Riad va à l'école du village, où il est élu 1er plus beau garçon de la classe. "Cela me faisait plaisir, même si je trouvais ça normal : j'étais tellement beau". Il commence le foot, se fait des copains. "Mon père ne me manquait pas mais je pensais souvent à lui". Riad parle avec son père au téléphone de temps en temps, sans grand enthousiasme, et ne comprend plus quand il lui parle en arabe.Riad aime passer des moments avec sa grand-mère bretonne, attentive et bienveillante. Il adore manger des galettes complètes, lire des magazines ou des fiches Safari sur les animaux, et surtout dessiner, dessiner, et encore dessiner (un atout, en plus de sa grande beauté, pour séduire les filles à l'école). Il est très bon élève et fait le bonheur de ses professeurs, et de sa mère.
Le retour du père
Bref, la vie ordinaire et plutôt heureuse d'un petit garçon de 10 ans. Mais un jour, sans prévenir, son père rentre à la maison. Il a changé. Désormais versé dans la religion, il critique la France, se vante des millions qu'il gagne en Arabie Saoudite, sans pour autant en faire profiter sa famille. Il est devenu raciste, antisémite… L'ambiance se crispe.
"L'arabe du futur 4", page 98
© Riad Sattouf / Allary EditionsLa fin de l'innocence
Ce 4e opus de "L'Arabe du futur" est un pavé. Plus épais que les trois premiers tomes, il est aussi sans doute le plus fort, et le plus émouvant. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il aborde l'adolescence, cette période de grands bouleversements chère à l'auteur ("Les Pauvres aventures de Jérémie", "La vie secrète des jeunes", "Les beaux gosses"…).Le petit Riad perd ses bouclettes blondes en même temps que ses illusions. Il faut faire avec ce nouveau corps, faire cohabiter les effets ravageurs de la montée d'hormones avec une tendresse persistante, affronter les moqueries des enfants du collège, accepter de regarder le monde tel qu'il est : non le père Noël n'existe pas, non les pères ne sont pas des héros, oui, les parents peuvent mourir, oui, pour faire les bébés, le papa met son zizi dans le trou de la maman… ("J'avais compris tous les secrets")
Fort ce quatrième tome, parce qu'avec la radicalisation du père, et la décomposition du couple parental qui l'accompagne, c'est une guerre des mondes qui commence. Jusque-là trait d'union entre deux cultures, les parents incarnent désormais l'incompatibilité de deux modes de vie irréconciliables.
Du grand art, qui touche à l'universel
Le jeune Riad entre donc ici dans l'âge où l'on découvre que les adultes peuvent avoir des comportements incohérents, des réflexions idiotes, des raisonnements absurdes, des idées stéréotypées. Et dans ce domaine, si le père récolte la plupart du temps la palme, les autres personnages prennent aussi leur part. Le jeune Riad se contente de poser des questions innocentes, mais toujours judicieuses, qui mettent en lumière la sottise des adultes.
"L'Arabe du futur 4", page 19
© Riad Sattouf / Allary EditionsComme en plus, on s'est attaché à ce personnage, qu'il fait maintenant partie de la famille, on vit littéralement cette avancée dans le temps avec lui, on rit et on pleure, et on referme le livre complètement remué, abasourdi par le coup de théâtre final.
Cette rentrée 2018 est un véritable festival Riad Sattouf. La sortie du 4e opus de "L'Arabe du futur" (les trois premiers tomes se sont vendus 1,5 millions d'exemplaires dans le monde entier) s'intercale entre lancement début septembre de l'adaptation des Cahiers d'Esther en série animée sur Canal +, et l'ouverture de la grande exposition qui lui sera consacrée à partir du 14 novembre à la BPI de Beaubourg (jusqu'au 9 mars 2019).

(Allary Editions – 288 pages – 25,90 euros)
Bagikan Berita Ini
0 Response to ""L'Arabe du futur 4", de Riad Sattouf : de plus en plus fort"
Post a Comment