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Catherine Deneuve, Marion Cotillard et Jane Birkin rendent hommage à Agnès Varda - Le Figaro

NOUS Y ÉTIONS - Avant les obsèques organisées mardi après-midi au cimetière du Montparnasse, proches, collaborateurs, artistes et anonymes se sont retrouvés à la Cinémathèque française pour évoquer le souvenir de la cinéaste décédée vendredi, à l’âge de 90 ans.

«Je ne parlerai pas, je ne penserai rien. Mais l’amour infini me montera dans l’âme». Catherine Deneuve n’était pas annoncée. Mais l’actrice fait sensation en récitant le poème, du même nom, d’Arthur Rimbaud, mardi matin à la Cinémathèque française, lors de l’hommage organisé pour Agnès Varda, décédé dans la nuit du 28 au 29 mars. Des personnalités de la «famille» du cinéma et des anonymes, dont certains sont arrivés dès 10 heures sous la pluie. Environ 650 personnes étaient présentes pour cette cérémonie d’adieu en présence de ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda Demy, dans deux amphithéâtres combles.

» LIRE AUSSI - Notre dossier spécial: Agnès Varda, un demi-siècle de cinéma s’en va

L’actrice et chanteuse Jane Birkin, qui avait tourné Jane B. par Agnès V., Sandrine Bonnaire, héroïne inoubliable de Sans toit ni loi. L’artiste JR qui avait coréalisé avec elle l’un de ses derniers documentaires, Visages, villages sont là. Fidèles parmi les fidèles. Guillaume Canet et Marion Cotillard, Lætitia Casta, le ministre de la Culture Franck Riester, la secrétaire d’État Marlène Schiappa, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux et son président Pierre Lescure, le président d’Unifrance Serge Toubiana, ou encore l’ancien ministre de la Culture Jack Lang semblent émus.

«Ce n’est pas un hommage mais une réunion de famille autour de cette œuvre si riche qui aide à penser et à réfléchir», souligne le directeur de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud, qui a pris la parole au début de cette cérémonie, saluant en Agnès Varda «une de ces cinéastes qui s’autorisent tout».

Sandrine Bonnaire, resplendissante, dans une robe rouge rubis monte sur scène et s’agrippe au pupitre, accablée par le chagrin de la perte de celle qui lui a offert son premier grand rôle au cinéma.

«Quand je t’ai rencontré, j’étais une fleur. Ensuite, je suis devenue un arbre. Grâce à toi, je me suis enracinée dans ce métier», confie-t-elle, la voix cassée, marquée par la peine. Malgré la douleur et la perte, l’actrice souhaite que ce printemps soit synonyme de «renaissance». «Puisque c’est le printemps, mon frère et moi avons planté un arbre, qui bientôt fera des fleurs», conclut l’actrice, encouragée par les applaudissements.

« Je me sentais vieux quand j’étais avec elle, elle qui me rappelait que le plus important, c’était de prendre le temps de regarder les autres »

L’artiste JR

Puis c’est au tour de JR de lui rendre hommage. Son chagrin passe le filtre de son chapeau et de ses lunettes noires. Il ne parvient pas à prendre la parole tout de suite. Son long silence résume sa relation avec Agnès Varda. Quand les mots lui viennent enfin, il commence par présenter ses excuses et explique qu’il n’a «pas eu le temps de faire le deuil». Il raconte sa première rencontre avec «la grand-mère de la Nouvelle vague». Une première rencontre rocambolesque, au détour d’une tasse de thé. Elle l’avait invité chez elle, rue Daguerre. La cinéaste a renversé sa tasse pleine sur son livre. «Ce sera mieux comme ça», lui avait-elle lancé sans se démonter. Le charme opère immédiatement. Ils se revoient le lendemain, le surlendemain. Ils élaborent leurs premiers projets. «Il n’y avait plus d’âge, plus de génération. Nous étions deux artistes», se souvient le photographe. En se remémorant ces moments intimistes avec la cinéaste, JR retrouve le sourire. Il raconte la genèse de Visages, Villages, qu’ils ont coréalisé. «On n’avait guère d’autre projet que d’être ensemble, au départ. Je me sentais vieux quand j’étais avec elle, elle qui me rappelait que le plus important, c’était de prendre le temps de regarder les autres», se souvient JR.

» LIRE AUSSI - Agnès Varda, la papesse de la Nouvelle Vague, est décédée à 90 ans

Agnès Varda, cinéaste féministe et engagée

Au cours de cet hommage, Frédéric Bonnaud salue cette femme qui «faisait du cinéma de tout, partout et pour tous». Pour saluer la femme de conviction, engagée très tôt dans le mouvement féministe, la Cinémathèque a préparé plusieurs magnétos pour rythmer les interventions des invités. Dans l’un d’entre eux, Agnès Varda se raconte, forte et déterminée, une femme qui n’avait peur de rien et certainement pas de remettre les hommes à leur place. À mesure que les lumières se rallument, les applaudissements montent crescendo. C’est la première standing-ovation de la matinée.

» LIRE AUSSI - «Agnès Varda était très mignonne»: dans la rue Daguerre, à Paris, ses voisins se souviennent

Christophe Girard, l’adjoint à la Culture de la ville de Paris, revient lui aussi sur les combats d’Agnès Varda. Il raconte une conversation qu’il avait eue avec la réalisatrice le jour des obsèques de Michel Legrand, il y a presque deux mois jour pour jour. Il voulait célébrer la cinéaste de son vivant, elle «la féministe et l’écologiste». Pourquoi pas au Forum des Images? «Ça fait Toutânkhamon» , lui répond du tac-au-tac Agnès Varda. Un trait d’esprit que la salle reconnaît immédiatement. Pour conclure, Christophe Girard a choisi de reprendre les mots que JR lui a envoyés, par SMS, à l’annonce du décès de la réalisatrice: «On perd une grande amie, mais on garde son énergie pour toujours.»

» LIRE AUSSI - De Cléo de 5 à 7 à Sans toit ni loi, Agnès Varda en huit films qui ont transformé le cinéma

Les personnes rassemblées étaient invitées à porter un badge avec un dessin représentant la cinéaste.
Les personnes rassemblées étaient invitées à porter un badge avec un dessin représentant la cinéaste. Alexandre Bernard/Le Figaro

La cérémonie d’hommage à Agnès Varda s’est terminée autour de midi et demi après le passage de Jane Birkin qui s’est mise à chanter L’amour de moi, a cappella.
À la fin de sa chanson, la réalisatrice, figure mondiale du septième art et pionnière de la Nouvelle Vague, apparaît une dernière fois de dos, assise sur un fauteuil de metteur en scène qui porte son nom sur une plage, celle d’Agnès sans doute. Quelques mouettes lui font la fête. La tête en l’air, vers l’écran, le public réunit pour l’occasion se lève comme un seul homme, applaudit et lance des «mercis» et des brassées de «bravos».

Les obsèques de la cinéaste ont eu lieu ensuite à 14 heures au cimetière du Montparnasse à Paris, sous un joli soleil, de quoi rassurer Christophe Girard qui, dans un habile jeu de mots, évoquait «Les parapluies de Paris», en référence à ce Cherbourg de Jacques Demy, l’amour qui, comme un ressort, a tendu une grande part de la vie de Varda. Sur les boules des plots qui bordent le cimetière, une couronne blanche se détache sur une couleur lie-de-vin. Un hommage à la coiffure d’Agnès Varda que l’on doit à son petit-fils. De là où elle est, elle doit bien rire de cette farce...

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«Je ne parlerai pas, je ne penserai rien. Mais l’amour infini me montera dans l’âme». Catherine Deneuve n’était pas annoncée. Mais l’actrice fait sensation en récitant le poème, du même nom, d’Arthur Rimbaud, mardi matin à la Cinémathèque française, lors de l’hommage organisé pour Agnès Varda, décédé dans la nuit du 28 au 29 mars. Des personnalités de la «famille» du cinéma et des anonymes, dont certains sont arrivés dès 10 heures sous la pluie. Environ 650 personnes étaient présentes pour cette cérémonie d’adieu en présence de ses enfants Mathieu Demy et Rosalie Varda Demy, dans deux amphithéâtres combles.

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L’actrice et chanteuse Jane Birkin, qui avait tourné Jane B. par Agnès V., Sandrine Bonnaire, héroïne inoubliable de Sans toit ni loi. L’artiste JR qui avait coréalisé avec elle l’un de ses derniers documentaires, Visages, villages sont là. Fidèles parmi les fidèles. Guillaume Canet et Marion Cotillard, Lætitia Casta, le ministre de la Culture Franck Riester, la secrétaire d’État Marlène Schiappa, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux et son président Pierre Lescure, le président d’Unifrance Serge Toubiana, ou encore l’ancien ministre de la Culture Jack Lang semblent émus.

«Ce n’est pas un hommage mais une réunion de famille autour de cette œuvre si riche qui aide à penser et à réfléchir», souligne le directeur de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud, qui a pris la parole au début de cette cérémonie, saluant en Agnès Varda «une de ces cinéastes qui s’autorisent tout».

Sandrine Bonnaire, resplendissante, dans une robe rouge rubis monte sur scène et s’agrippe au pupitre, accablée par le chagrin de la perte de celle qui lui a offert son premier grand rôle au cinéma.

«Quand je t’ai rencontré, j’étais une fleur. Ensuite, je suis devenue un arbre. Grâce à toi, je me suis enracinée dans ce métier», confie-t-elle, la voix cassée, marquée par la peine. Malgré la douleur et la perte, l’actrice souhaite que ce printemps soit synonyme de «renaissance». «Puisque c’est le printemps, mon frère et moi avons planté un arbre, qui bientôt fera des fleurs», conclut l’actrice, encouragée par les applaudissements.

« Je me sentais vieux quand j’étais avec elle, elle qui me rappelait que le plus important, c’était de prendre le temps de regarder les autres »

L’artiste JR

Puis c’est au tour de JR de lui rendre hommage. Son chagrin passe le filtre de son chapeau et de ses lunettes noires. Il ne parvient pas à prendre la parole tout de suite. Son long silence résume sa relation avec Agnès Varda. Quand les mots lui viennent enfin, il commence par présenter ses excuses et explique qu’il n’a «pas eu le temps de faire le deuil». Il raconte sa première rencontre avec «la grand-mère de la Nouvelle vague». Une première rencontre rocambolesque, au détour d’une tasse de thé. Elle l’avait invité chez elle, rue Daguerre. La cinéaste a renversé sa tasse pleine sur son livre. «Ce sera mieux comme ça», lui avait-elle lancé sans se démonter. Le charme opère immédiatement. Ils se revoient le lendemain, le surlendemain. Ils élaborent leurs premiers projets. «Il n’y avait plus d’âge, plus de génération. Nous étions deux artistes», se souvient le photographe. En se remémorant ces moments intimistes avec la cinéaste, JR retrouve le sourire. Il raconte la genèse de Visages, Villages, qu’ils ont coréalisé. «On n’avait guère d’autre projet que d’être ensemble, au départ. Je me sentais vieux quand j’étais avec elle, elle qui me rappelait que le plus important, c’était de prendre le temps de regarder les autres», se souvient JR.

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Agnès Varda, cinéaste féministe et engagée

Au cours de cet hommage, Frédéric Bonnaud salue cette femme qui «faisait du cinéma de tout, partout et pour tous». Pour saluer la femme de conviction, engagée très tôt dans le mouvement féministe, la Cinémathèque a préparé plusieurs magnétos pour rythmer les interventions des invités. Dans l’un d’entre eux, Agnès Varda se raconte, forte et déterminée, une femme qui n’avait peur de rien et certainement pas de remettre les hommes à leur place. À mesure que les lumières se rallument, les applaudissements montent crescendo. C’est la première standing-ovation de la matinée.

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Christophe Girard, l’adjoint à la Culture de la ville de Paris, revient lui aussi sur les combats d’Agnès Varda. Il raconte une conversation qu’il avait eue avec la réalisatrice le jour des obsèques de Michel Legrand, il y a presque deux mois jour pour jour. Il voulait célébrer la cinéaste de son vivant, elle «la féministe et l’écologiste». Pourquoi pas au Forum des Images? «Ça fait Toutânkhamon» , lui répond du tac-au-tac Agnès Varda. Un trait d’esprit que la salle reconnaît immédiatement. Pour conclure, Christophe Girard a choisi de reprendre les mots que JR lui a envoyés, par SMS, à l’annonce du décès de la réalisatrice: «On perd une grande amie, mais on garde son énergie pour toujours.»

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Les personnes rassemblées étaient invitées à porter un badge avec un dessin représentant la cinéaste.
Les personnes rassemblées étaient invitées à porter un badge avec un dessin représentant la cinéaste. Alexandre Bernard/Le Figaro

La cérémonie d’hommage à Agnès Varda s’est terminée autour de midi et demi après le passage de Jane Birkin qui s’est mise à chanter L’amour de moi, a cappella.
À la fin de sa chanson, la réalisatrice, figure mondiale du septième art et pionnière de la Nouvelle Vague, apparaît une dernière fois de dos, assise sur un fauteuil de metteur en scène qui porte son nom sur une plage, celle d’Agnès sans doute. Quelques mouettes lui font la fête. La tête en l’air, vers l’écran, le public réunit pour l’occasion se lève comme un seul homme, applaudit et lance des «mercis» et des brassées de «bravos».

Les obsèques de la cinéaste ont eu lieu ensuite à 14 heures au cimetière du Montparnasse à Paris, sous un joli soleil, de quoi rassurer Christophe Girard qui, dans un habile jeu de mots, évoquait «Les parapluies de Paris», en référence à ce Cherbourg de Jacques Demy, l’amour qui, comme un ressort, a tendu une grande part de la vie de Varda. Sur les boules des plots qui bordent le cimetière, une couronne blanche se détache sur une couleur lie-de-vin. Un hommage à la coiffure d’Agnès Varda que l’on doit à son petit-fils. De là où elle est, elle doit bien rire de cette farce...

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