Justine Triet, 40 ans, est la « fille » de la bande du nouveau cinéma français qui débarquait à Cannes dans les sections parallèles, en 2013, avec Vincent Macaigne, Antonin Peretjatko, Sébastien Betbeder, etc. La critique avait salué l’arrivée de ces turbulents réalisateurs ayant pris acte de la rareté de l’argent, de la désillusion politique et de la fragilité assumée des hommes. Après La Bataille de Solférino (2013), drame intime sur fond d’élection présidentielle sélectionné à l’Acid, puis Victoria (2016), comédie fantasque remarquée à la Semaine de la critique, Justine Triet présentera en compétition, le 24 mai, son troisième long-métrage, Sibyl, produit par Les Films Pelléas.
Laboratoire « ultraféministe »
Comme dans Victoria, où elle incarnait une avocate sous (forte) pression, Virginie Efira tient le premier rôle, celui d’une psychanalyste manipulatrice et désemparée. Justine Triet a fait le pari que la comédienne pourrait se livrer encore plus, voire accepter de « s’abîmer ». Comment créer une héroïne puissante et déviante, capable de commettre des actes immoraux et de se faire aimer des spectateurs ? Jusqu’où peut-on aller ? Accro aux séries, Justine Triet a écrit le scénario de Sibyl en testant les limites de ses personnages.
Dans son laboratoire, qu’elle qualifie d’« ultraféministe », la femme contemporaine plonge dans le tube à essai de la fiction et se cogne à des mélanges détonants, propres à carboniser la matière. « Comment peut-on se réinventer, comment s’arrange-t-on avec la vérité, comment le mensonge circule-t-il dans la famille, comme moyen de survie ou d’arrangement avec la vie ? », s’interroge-t-elle. Dans ses films, où s’entremêlent vie privée et fiction, où sa fillette apparaît à l’écran, la cinéaste assume l’influence de John Cassavetes et d’Opening Night (1977). Elle cite aussi James L. Brooks et son premier long, Tendres passions (1983), drame aux cinq Oscars, dont celui du meilleur film, avec Shirley MacLaine et Jack Nicholson.
Beaux-Arts
Justine Triet se définit comme une « bombe à retardement ». Teint pâle et blondeur vénitienne, l’adolescente d’une « timidité maladive qui frisait l’autisme » n’avait pas imaginé une seconde faire du cinéma. Née à Fécamp (Seine-Maritime), elle a grandi à Paris et se destinait au dessin et à la peinture. C’est aux Beaux-Arts de Paris qu’elle a fait sa mue, bifurquant vers la vidéo et le montage. « J’ai adoré, c’était comme un nouveau langage. Je récupérais des images, je construisais des narrations un peu étranges… » Après des courts-métrages documentaires, Sur place (2007), sur la violence des manifestations contre le contrat première embauche (CPE), Solférino (2008), puis Vilaine fille mauvais garçon (2011), elle est passée à la fiction, encouragée par Emmanuel Chaumet, à la tête d’Ecce films, qui a produit ses deux premiers longs-métrages.
Quel est le féminin d’« ecce homo » ? En tout cas voici la femme de cinéma. « Avant, j’étais cachée », résume Justine Triet. La voilà prête à s’exposer sur le tapis rouge et à affronter la « compète », à plus de huit mois de grossesse.
Read AgainJustine Triet, 40 ans, est la « fille » de la bande du nouveau cinéma français qui débarquait à Cannes dans les sections parallèles, en 2013, avec Vincent Macaigne, Antonin Peretjatko, Sébastien Betbeder, etc. La critique avait salué l’arrivée de ces turbulents réalisateurs ayant pris acte de la rareté de l’argent, de la désillusion politique et de la fragilité assumée des hommes. Après La Bataille de Solférino (2013), drame intime sur fond d’élection présidentielle sélectionné à l’Acid, puis Victoria (2016), comédie fantasque remarquée à la Semaine de la critique, Justine Triet présentera en compétition, le 24 mai, son troisième long-métrage, Sibyl, produit par Les Films Pelléas.
Laboratoire « ultraféministe »
Comme dans Victoria, où elle incarnait une avocate sous (forte) pression, Virginie Efira tient le premier rôle, celui d’une psychanalyste manipulatrice et désemparée. Justine Triet a fait le pari que la comédienne pourrait se livrer encore plus, voire accepter de « s’abîmer ». Comment créer une héroïne puissante et déviante, capable de commettre des actes immoraux et de se faire aimer des spectateurs ? Jusqu’où peut-on aller ? Accro aux séries, Justine Triet a écrit le scénario de Sibyl en testant les limites de ses personnages.
Dans son laboratoire, qu’elle qualifie d’« ultraféministe », la femme contemporaine plonge dans le tube à essai de la fiction et se cogne à des mélanges détonants, propres à carboniser la matière. « Comment peut-on se réinventer, comment s’arrange-t-on avec la vérité, comment le mensonge circule-t-il dans la famille, comme moyen de survie ou d’arrangement avec la vie ? », s’interroge-t-elle. Dans ses films, où s’entremêlent vie privée et fiction, où sa fillette apparaît à l’écran, la cinéaste assume l’influence de John Cassavetes et d’Opening Night (1977). Elle cite aussi James L. Brooks et son premier long, Tendres passions (1983), drame aux cinq Oscars, dont celui du meilleur film, avec Shirley MacLaine et Jack Nicholson.
Beaux-Arts
Justine Triet se définit comme une « bombe à retardement ». Teint pâle et blondeur vénitienne, l’adolescente d’une « timidité maladive qui frisait l’autisme » n’avait pas imaginé une seconde faire du cinéma. Née à Fécamp (Seine-Maritime), elle a grandi à Paris et se destinait au dessin et à la peinture. C’est aux Beaux-Arts de Paris qu’elle a fait sa mue, bifurquant vers la vidéo et le montage. « J’ai adoré, c’était comme un nouveau langage. Je récupérais des images, je construisais des narrations un peu étranges… » Après des courts-métrages documentaires, Sur place (2007), sur la violence des manifestations contre le contrat première embauche (CPE), Solférino (2008), puis Vilaine fille mauvais garçon (2011), elle est passée à la fiction, encouragée par Emmanuel Chaumet, à la tête d’Ecce films, qui a produit ses deux premiers longs-métrages.
Quel est le féminin d’« ecce homo » ? En tout cas voici la femme de cinéma. « Avant, j’étais cachée », résume Justine Triet. La voilà prête à s’exposer sur le tapis rouge et à affronter la « compète », à plus de huit mois de grossesse.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Festival de Cannes 2019 : dans le labo « ultraféministe » de Justine Triet - Le Monde"
Post a Comment