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Festival de Cannes 2019 : « Roubaix, une lumière », la légende du saint commissaire - Le Monde

Le réalisateur Arnaud Desplechin, le 22 mai, à Cannes.
Le réalisateur Arnaud Desplechin, le 22 mai, à Cannes. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR « LE MONDE »

A Roubaix, encore une fois, juste après les fêtes, le moment du Conte de Noël. Cette année, (de nos jours, nous dit le générique), Arnaud Desplechin ne s’introduit pas dans l’intimité des familles pour en fouiller les déchirements. Pas d’effraction, s’il entre chez les gens, c’est au nom de la loi. Roubaix, une lumière est un film policier métaphysique. Imaginez Dostoïevski écrivant une enquête du commissaire Maigret, si c’était possible. Hélas, ça ne l’est pas, et le film peine à survivre dans l’atmosphère raréfiée que lui a concoctée son réalisateur.

A Roubaix, le commissaire Daoud (Roschdy Zem), qui s’apprête à prendre son service, signale une voiture en feu dans une rue déserte, sous les illuminations de Noël. Bientôt on verra arriver au commissariat son propriétaire, un homme au visage brûlé, qui affirme avoir été victime d’une tentative de vol (Philippe Duquesne). Avec autant de douceur que de fermeté, Daoud va lui faire admettre l’évidente vérité. Ce n’est pas un enquêteur, c’est un accoucheur. Louis (Antoine Reinartz), un lieutenant nouveau venu sous ces latitudes, pose quelques questions sur cette figure monacale : le commissaire vit seul, ne dort pas, est doué d’une faculté infaillible qui lui permet d’établir la culpabilité ou l’innocence d’un suspect avant d’avoir entamé l’enquête.

Léa Seydoux et Sara Forestier dans « Roubaix, une lumière ».
Léa Seydoux et Sara Forestier dans « Roubaix, une lumière ». SHANNA BESSON

Louis, qui a aligné quelques volumes de philosophie sur la table de sa chambre d’hôtel, poursuit sa petite enquête, bientôt aidé par le principal intéressé : la famille de Daoud est repartie pour l’Algérie, laissant derrière elle un jeune homme incarcéré qui hait et méprise son oncle. Celui-ci lit la presse turfiste mais ne joue pas, il le fait par amour des chevaux. Ses insomnies lui laissent le loisir de mener des enquêtes qui relèvent plus des services sociaux que de la police, comme le cas de cette jeune fille qui a fui un père – né en Algérie, comme Daoud – étouffant.

Sara Forestier, bouleversante

Lorsque Roubaix, une lumière atteint enfin le noyau dramatique que visait Arnaud Desplechin, le commissaire Daoud domine le film de sa sainteté, l’équivalent policier d’un moine-soldat, une sensation accentuée par la révélation que Louis a envisagé de devenir prêtre catholique et reste en correspondance avec son confesseur. Ce couple abbé novice est confronté à un meurtre au fond d’une courée de briques, celui d’une vieille dame qui habitait là depuis plus de soixante ans, voisine d’un couple de jeunes femmes, Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier).

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Le réalisateur Arnaud Desplechin, le 22 mai, à Cannes.
Le réalisateur Arnaud Desplechin, le 22 mai, à Cannes. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR « LE MONDE »

A Roubaix, encore une fois, juste après les fêtes, le moment du Conte de Noël. Cette année, (de nos jours, nous dit le générique), Arnaud Desplechin ne s’introduit pas dans l’intimité des familles pour en fouiller les déchirements. Pas d’effraction, s’il entre chez les gens, c’est au nom de la loi. Roubaix, une lumière est un film policier métaphysique. Imaginez Dostoïevski écrivant une enquête du commissaire Maigret, si c’était possible. Hélas, ça ne l’est pas, et le film peine à survivre dans l’atmosphère raréfiée que lui a concoctée son réalisateur.

A Roubaix, le commissaire Daoud (Roschdy Zem), qui s’apprête à prendre son service, signale une voiture en feu dans une rue déserte, sous les illuminations de Noël. Bientôt on verra arriver au commissariat son propriétaire, un homme au visage brûlé, qui affirme avoir été victime d’une tentative de vol (Philippe Duquesne). Avec autant de douceur que de fermeté, Daoud va lui faire admettre l’évidente vérité. Ce n’est pas un enquêteur, c’est un accoucheur. Louis (Antoine Reinartz), un lieutenant nouveau venu sous ces latitudes, pose quelques questions sur cette figure monacale : le commissaire vit seul, ne dort pas, est doué d’une faculté infaillible qui lui permet d’établir la culpabilité ou l’innocence d’un suspect avant d’avoir entamé l’enquête.

Léa Seydoux et Sara Forestier dans « Roubaix, une lumière ».
Léa Seydoux et Sara Forestier dans « Roubaix, une lumière ». SHANNA BESSON

Louis, qui a aligné quelques volumes de philosophie sur la table de sa chambre d’hôtel, poursuit sa petite enquête, bientôt aidé par le principal intéressé : la famille de Daoud est repartie pour l’Algérie, laissant derrière elle un jeune homme incarcéré qui hait et méprise son oncle. Celui-ci lit la presse turfiste mais ne joue pas, il le fait par amour des chevaux. Ses insomnies lui laissent le loisir de mener des enquêtes qui relèvent plus des services sociaux que de la police, comme le cas de cette jeune fille qui a fui un père – né en Algérie, comme Daoud – étouffant.

Sara Forestier, bouleversante

Lorsque Roubaix, une lumière atteint enfin le noyau dramatique que visait Arnaud Desplechin, le commissaire Daoud domine le film de sa sainteté, l’équivalent policier d’un moine-soldat, une sensation accentuée par la révélation que Louis a envisagé de devenir prêtre catholique et reste en correspondance avec son confesseur. Ce couple abbé novice est confronté à un meurtre au fond d’une courée de briques, celui d’une vieille dame qui habitait là depuis plus de soixante ans, voisine d’un couple de jeunes femmes, Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier).

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