Search

Mort de Philippe Carrese, écrivain et réalisateur de « Plus belle la vie » - Le Monde

L’écrivain et rélaisateur Philippe Carrese, à Paris, en septembre 2009.
L’écrivain et rélaisateur Philippe Carrese, à Paris, en septembre 2009. MIGUEL MEDINA / AFP

Pour une fois, Philippe Carrese n’est pas drôle. Le réalisateur marseillais, écrivain, illustrateur, musicien, touche-à-tout prolifique, débonnaire et chaleureux, est mort, dimanche 5 mai à Marseille, à l’âge de 63 ans, victime d’un cancer foudroyant.

Né le 6 avril 1956 dans une famille d’origine napolitaine installée dans le quartier populaire du Panier, tout près du Vieux-Port, Philippe Carrese n’oubliera jamais ses racines italiennes et portera toujours un regard tendre sur sa ville. Il réunira même les deux en 2018, dans un documentaire joyeux tourné pour France 3, Marseille l’italienne.

Philippe Carrese n’a quitté les bords de la Méditerranée que le temps de faire ses études, au milieu des années 1970, à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) de Paris. Ses débuts professionnels en tant qu’assistant-réalisateur le ramènent vers Marseille. C’est là qu’il croise le chemin de Bruno Carette et de Chantal Lauby, deux des futurs Nuls de Canal+. Avec ces jeunes comiques débutants, il crée Bzzz…, un rendez-vous hebdomadaire d’humour « non sense » sur l’antenne de FR3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. Philippe Carrese réalise l’émission et fait l’acteur pendant trois ans. Fausses publicités et soap déjanté préfigurent le style qui fera le succès de Canal+ et tapent dans l’œil d’Alain de Greef, en quête de nouveaux talents.

« Besoin de témoigner »

Lauby et Carette partis pour la capitale, Philippe Carrese a d’autres envies. « J’avais des propositions pour réaliser des téléfilms et essayer la fiction, mon véritable objectif », racontera-t-il plus tard. En 1987, le réalisateur marseillais fait tourner une autre star en devenir, Elie Semoun, dans le téléfilm La Guerre des rocks, épisode de la série PatchRock.

C’est également à cette époque que Philippe Carrese commence à écrire. D’abord des romans noirs qui prennent Marseille comme décor et la livrent telle qu’elle est : dure mais terriblement humaine. « J’avais un besoin de témoigner sur la réalité de cette ville complexe impossible à décrire en quelques lignes », expliquera-t-il pour justifier ses incursions dans le domaine littéraire.

Les œuvres de Philippe Carrese rendent hommage au « parler » local, vocabulaire fleuri et inventif, et accompagnent la naissance, au même titre que celles du journaliste et écrivainJean-Claude Izzo, de ce style qu’on définira bientôt comme le « polar marseillais ». Trois jours d’Engatse (1994), première d’une série d’une vingtaine de fictions, est réédité à plusieurs reprises, notamment chez Fleuve Noir. Le Bal des cagoles remporte le prix SNCF du polar en 2001.

Plus tard, Philippe Carrese, qui goûte aussi à la littérature pour enfants, s’éloigne du roman noir et de Marseille pour signer la Saga Belonore. Une trilogie publiée aux éditions de l’Aube, chronique d’un petit village de Lombardie dans la première moitié du XXe siècle.

Pilier de « Plus belle la vie »

Pilier depuis 2006 de l’équipe du feuilleton Plus belle la vie, diffusé sur France 3, dont il réalise près de 400 épisodes, auteur de nombreux documentaires, dont la série Les Parrains de la côte, consacrée aux grands voyous de la région marseillaise, Philippe Carrese écrit également un triptyque audacieux de téléfilms historiques tournés en langue provençale, en corse et en italien (Malaterra, Liberata, L’Arche de Babel). On y retrouve ceux qui forment son univers, notamment les amis du Massilia Sound System ou Féodor Atkine.

En 2012, toujours avec le soutien de son producteur et ami, Thierry Aflalou, Philippe Carrese réalise son premier long-métrage pour le cinéma, Cassos, thriller à l’humour fatal, tourné dans la région marseillaise et dont le rôle principal est tenu par Didier Bénureau.

Profondément amoureux de Marseille mais capable de regarder sa ville en toute lucidité, Philippe Carrese a été au cœur d’un phénomène sur les réseaux sociaux. Son texte J’ai plus envie, écrit en 2006 pour un magazine local, coup de gueule d’un citoyen aux prises avec les difficultés quotidiennes d’une ville abandonnée par ses élus, cristallisera la grogne de nombreux habitants qui se retrouveront dans son regard. L’impact médiatique de ce texte impulsif et sa récupération politique le gêneront. Comme s’ils portaient atteinte à une ville, Marseille, dont il n’a jamais cessé de raconter l’histoire avec justesse et humour.

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Let's block ads! (Why?)

Read Again
L’écrivain et rélaisateur Philippe Carrese, à Paris, en septembre 2009.
L’écrivain et rélaisateur Philippe Carrese, à Paris, en septembre 2009. MIGUEL MEDINA / AFP

Pour une fois, Philippe Carrese n’est pas drôle. Le réalisateur marseillais, écrivain, illustrateur, musicien, touche-à-tout prolifique, débonnaire et chaleureux, est mort, dimanche 5 mai à Marseille, à l’âge de 63 ans, victime d’un cancer foudroyant.

Né le 6 avril 1956 dans une famille d’origine napolitaine installée dans le quartier populaire du Panier, tout près du Vieux-Port, Philippe Carrese n’oubliera jamais ses racines italiennes et portera toujours un regard tendre sur sa ville. Il réunira même les deux en 2018, dans un documentaire joyeux tourné pour France 3, Marseille l’italienne.

Philippe Carrese n’a quitté les bords de la Méditerranée que le temps de faire ses études, au milieu des années 1970, à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec) de Paris. Ses débuts professionnels en tant qu’assistant-réalisateur le ramènent vers Marseille. C’est là qu’il croise le chemin de Bruno Carette et de Chantal Lauby, deux des futurs Nuls de Canal+. Avec ces jeunes comiques débutants, il crée Bzzz…, un rendez-vous hebdomadaire d’humour « non sense » sur l’antenne de FR3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. Philippe Carrese réalise l’émission et fait l’acteur pendant trois ans. Fausses publicités et soap déjanté préfigurent le style qui fera le succès de Canal+ et tapent dans l’œil d’Alain de Greef, en quête de nouveaux talents.

« Besoin de témoigner »

Lauby et Carette partis pour la capitale, Philippe Carrese a d’autres envies. « J’avais des propositions pour réaliser des téléfilms et essayer la fiction, mon véritable objectif », racontera-t-il plus tard. En 1987, le réalisateur marseillais fait tourner une autre star en devenir, Elie Semoun, dans le téléfilm La Guerre des rocks, épisode de la série PatchRock.

C’est également à cette époque que Philippe Carrese commence à écrire. D’abord des romans noirs qui prennent Marseille comme décor et la livrent telle qu’elle est : dure mais terriblement humaine. « J’avais un besoin de témoigner sur la réalité de cette ville complexe impossible à décrire en quelques lignes », expliquera-t-il pour justifier ses incursions dans le domaine littéraire.

Les œuvres de Philippe Carrese rendent hommage au « parler » local, vocabulaire fleuri et inventif, et accompagnent la naissance, au même titre que celles du journaliste et écrivainJean-Claude Izzo, de ce style qu’on définira bientôt comme le « polar marseillais ». Trois jours d’Engatse (1994), première d’une série d’une vingtaine de fictions, est réédité à plusieurs reprises, notamment chez Fleuve Noir. Le Bal des cagoles remporte le prix SNCF du polar en 2001.

Plus tard, Philippe Carrese, qui goûte aussi à la littérature pour enfants, s’éloigne du roman noir et de Marseille pour signer la Saga Belonore. Une trilogie publiée aux éditions de l’Aube, chronique d’un petit village de Lombardie dans la première moitié du XXe siècle.

Pilier de « Plus belle la vie »

Pilier depuis 2006 de l’équipe du feuilleton Plus belle la vie, diffusé sur France 3, dont il réalise près de 400 épisodes, auteur de nombreux documentaires, dont la série Les Parrains de la côte, consacrée aux grands voyous de la région marseillaise, Philippe Carrese écrit également un triptyque audacieux de téléfilms historiques tournés en langue provençale, en corse et en italien (Malaterra, Liberata, L’Arche de Babel). On y retrouve ceux qui forment son univers, notamment les amis du Massilia Sound System ou Féodor Atkine.

En 2012, toujours avec le soutien de son producteur et ami, Thierry Aflalou, Philippe Carrese réalise son premier long-métrage pour le cinéma, Cassos, thriller à l’humour fatal, tourné dans la région marseillaise et dont le rôle principal est tenu par Didier Bénureau.

Profondément amoureux de Marseille mais capable de regarder sa ville en toute lucidité, Philippe Carrese a été au cœur d’un phénomène sur les réseaux sociaux. Son texte J’ai plus envie, écrit en 2006 pour un magazine local, coup de gueule d’un citoyen aux prises avec les difficultés quotidiennes d’une ville abandonnée par ses élus, cristallisera la grogne de nombreux habitants qui se retrouveront dans son regard. L’impact médiatique de ce texte impulsif et sa récupération politique le gêneront. Comme s’ils portaient atteinte à une ville, Marseille, dont il n’a jamais cessé de raconter l’histoire avec justesse et humour.

Gilles Rof (Marseille, correspondant)

Let's block ads! (Why?)



Bagikan Berita Ini

0 Response to "Mort de Philippe Carrese, écrivain et réalisateur de « Plus belle la vie » - Le Monde"

Post a Comment

Powered by Blogger.