Le drame familial magistral mâtiné de thriller du Sud-Coréen Bong Joon-ho, qui dépeint la violence des inégalités sociales avec une grande maîtrise formelle, a remporté la palme d’or samedi en clôture du 72e Festival de Cannes. L’acteur fétiche d’Almodovar et Emily Beecham (Little Joe) sont consacrés
Après l’atonie du cru 2018, la 72e édition du Festival de Cannes a brillé de tous ses feux depuis son ouverture, le mardi 14 mai. Le jury présidé par Alejandro González Iñarritu a fait face à des choix cornéliens. «Mais notre décision sur la palme d’or a été unanime», a prévenu le réalisateur oscarisé avant de décerner la récompense phare du festival au réalisateur sud-coréen Bong-Joon Ho et son thriller fantastique Parasite.
«Je suis très inspiré par le cinéma français. Et je dois beaucoup à Clouzot et Chabrol, a expliqué en préambule le cinéaste. Parasite a été une aventure particulière. J’étais un enfant passionné de cinéma, c’est pour cela que je suis devenu cinéaste. Je suis le premier étonné à toucher ce prix.» Puis Bong-Joon Ho a invité son acteur principal à prendre la parole. Porté par un bouche-à-oreille fabuleux qui ne s’est jamais estompé, Parasite faisait figure de favori.
L’autre sérieux prétendant à la palme d’or, l’intimiste Douleur et Gloire de Pedro Almodovar décroche le prix d’interprétation masculine pour sa vedette Antonio Banderas. «J’aime Pedro, c’est mon mentor. Nous avons fait huit films. Cette récompense doit lui être dédiée. Être un acteur c’est une grande douleur et parfois des soirs de gloire comme ce soir», a expliqué, ravi, l’acteur.
Si le jury ne donne pas de successeur à Jane Campion, seule femme à avoir jamais obtenu la palme d’or, il fait honneur à plusieurs réalisatrices. La Franco-Sénégalaise Mati Diop pour ses revenants dans Atlantique, lauréate du grand prix du jury. «Je trouve fou d’être parmi vous. C’est la grande aventure du cinéma. D’une chose à l’autre, tout s’est enclenché pour moi. Je suis ici et en même temps là-bas au Sénégal. J’ai hâte que vous découvriez ce film», confie la cinéaste dans un discours souvent interrompu par l’émotion.
Comme le présageait sa montée des marches, Céline Sciamma n’est pas repartie bredouille. Couronnée du prix du scénario pour avoir sublimé le duo incandescent de Portrait de la jeune fille en feu, Adèle Haenel et Noémie Merlant. «Grâce à vous, à douze ans d’écart, j’ai vu le futur», a salué la gagnante.
Le prix d’interprétation féminine qui leur échappe revient à l’Anglaise Emily Beecham, héroïne du clinique et clivant Little Joe de Jessica Hausner qui évoque un monde de manipulations génétiques. Très surprise, la comédienne a expliqué avoir oublié sa brosse à dents en faisant sa valise pour Cannes.
Moment d’émotion, Viggo Mortensen qui remet le prix de la mise en scène rend un hommage appuyé à Agnès Varda, avec qui il avait partagé un vol. Ce sont les frères Dardenne qui repartent avec la distinction pour leur portrait de la radicalisation d’un adolescent dans Le jeune Ahmed. «Ce film montre un fanatique mais c’est une ode à la vie, à l’ouverture au monde, à la différence, ce qui est la mission du 7e art», a souligné le tandem.
Sans surprise, Michael Moore a attqué en critiquant Donald Trump. Le président américain «est le mensonge qui nous permet d’autres mensonges». Puis il a remis le prix du jury ex-aequo au très engagé Les Misérables sur les violences policières en banlieue et le surnaturel Bacurau des Brésiliens Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho. Auteur du film coup de poing de la Croisette, Ladj Ly a remercié Thierry Frémaux et le jury d’avoir cru à son œuvre, sa bande de fidèles et ses acteurs.»Monfermeuil et Les Bosquets, je n’oublie pas d’où je viens. C’est possible de partir de loin, sans école de cinéma. Mon film évoque les liens entre les communautés et le seul ennemi entre ses habitants et les policiers, c’est la misère. Ce prix est pour tous les Misérables de ce pays» . Au public brésilien, les réalisateurs de Bacurau ont adressé un appel en portugais. «Nous travaillons pour la culture au Brésil, nous avons besoin de vous!».
Le premier trophée à ouvrir le bal est la palme d’or du court-métrage, décerné à The Distance Between The Sky And Us du Grec Vasilis Kekatos. Puis est venu le tour de la Caméra d’or qui récompense le meilleur premier film. Le lauréat est César Diaz pour Nuestras Madres projeté dans le cadre de la Semaine de la critique. Le réalisateur a dédié son prix aux victimes de la guerre civile guatémaltèque. Son père en faisait partie.
Avant de dévoiler le contenu de son palmarès, Alejandro González Iñárritu avait mis en garde: «Cela a été un privilège de représenter le jury. Nous avons passé des heures à partager comme des amoureux du cinéma. La sélection a été incroyable . Cela a été très difficile de remettre aussi peu de récompenses. Et nos prix ne refléteront que nos opinions, nos goûts . Nous espérons que ces films demeureront. Seul le temps permettra de les juger». Comme le suggéraient ses propos, le jury a décerné une mention spéciale à It Must Be Heaven , la fable du Palestinien Elia Suleiman.
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Samedi matin, le cinéaste mexicain oscarisé et ses jurés, parmi lesquels la jeune Elle Fanning, les réalisateurs Paweł Pawlikowski et Yórgos Lánthimos ou encore le dessinateur Enki Bilal, ont rendu leur téléphone portable et se sont réunis dans une villa. L’emplacement est tenu secret et la demeure est protégée pare la police. Leur mission? Remettre les sept prix obligatoires en jeu: la palme d’or, le grand prix, les prix de la mise en scène, du jury, du scénario et les prix d’interprétation féminine et masculine. Libres à eux de plaider pour la création d’un prix spécial. On se souvient encore de celui décerné, il y a deux ans, à Nicole Kidman, tête d’affiche de plusieurs œuvres en lice et qui avait monté quatre fois les marches.
Le palmarès ne peut comporter qu’un seul prix ex-aequo et cette disposition ne peut s’appliquer à la palme d’or. Autre point incontournable: un même film ne peut recevoir qu’un seul des prix du palmarès. Cependant, le prix du scénario et le prix du jury peuvent être associés à un prix d’interprétation, mais uniquement sur dérogation du président du Festival, Pierre Lescure.
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Les premiers palmarès sont tombés
Mais certains des 21 films en lice sont d’ores et déjà sûrs de ne pas repartir les mains vides. Le prix de la Queer Palm a été remis au Portrait de la jeune fille en feu. Le prix Un certain regard est allé à La Vie invisible d’Euridice Gusmao de Karim Aïnouz, le prix d’interprétation à Chiara Mastroianni à Chambre 212 de Christophe Honoré. Le prix œcuménique a couronné Une vie cachée , portrait d’un objecteur de conscience autrichien durant la Seconde Guerre mondiale par Terrence Malick. Le prix de la Fipresci a distingué It Must be heaven du Palestinien Elia Suleiman.
S’il n’existe pas en tant que tel, le trophée de la polémique est attribué ex aequo à la bronca contre la palme d’or honorifique remise à Alain Delon et au très controversé Mektoub My Love: Intermezzo du sulfureux Abdelatif Kechiche. Le long-métrage est qualifié de «voyeurisme gratuit allant jusqu’à la pornographie». L’omniprésence des corps nus féminins dénudés ainsi qu’une éprouvante scène de 13 minutes de cunnilingus ont créé le malaise sur la Croisette.
Le drame familial magistral mâtiné de thriller du Sud-Coréen Bong Joon-ho, qui dépeint la violence des inégalités sociales avec une grande maîtrise formelle, a remporté la palme d’or samedi en clôture du 72e Festival de Cannes. L’acteur fétiche d’Almodovar et Emily Beecham (Little Joe) sont consacrés
Après l’atonie du cru 2018, la 72e édition du Festival de Cannes a brillé de tous ses feux depuis son ouverture, le mardi 14 mai. Le jury présidé par Alejandro González Iñarritu a fait face à des choix cornéliens. «Mais notre décision sur la palme d’or a été unanime», a prévenu le réalisateur oscarisé avant de décerner la récompense phare du festival au réalisateur sud-coréen Bong-Joon Ho et son thriller fantastique Parasite.
«Je suis très inspiré par le cinéma français. Et je dois beaucoup à Clouzot et Chabrol, a expliqué en préambule le cinéaste. Parasite a été une aventure particulière. J’étais un enfant passionné de cinéma, c’est pour cela que je suis devenu cinéaste. Je suis le premier étonné à toucher ce prix.» Puis Bong-Joon Ho a invité son acteur principal à prendre la parole. Porté par un bouche-à-oreille fabuleux qui ne s’est jamais estompé, Parasite faisait figure de favori.
L’autre sérieux prétendant à la palme d’or, l’intimiste Douleur et Gloire de Pedro Almodovar décroche le prix d’interprétation masculine pour sa vedette Antonio Banderas. «J’aime Pedro, c’est mon mentor. Nous avons fait huit films. Cette récompense doit lui être dédiée. Être un acteur c’est une grande douleur et parfois des soirs de gloire comme ce soir», a expliqué, ravi, l’acteur.
Si le jury ne donne pas de successeur à Jane Campion, seule femme à avoir jamais obtenu la palme d’or, il fait honneur à plusieurs réalisatrices. La Franco-Sénégalaise Mati Diop pour ses revenants dans Atlantique, lauréate du grand prix du jury. «Je trouve fou d’être parmi vous. C’est la grande aventure du cinéma. D’une chose à l’autre, tout s’est enclenché pour moi. Je suis ici et en même temps là-bas au Sénégal. J’ai hâte que vous découvriez ce film», confie la cinéaste dans un discours souvent interrompu par l’émotion.
Comme le présageait sa montée des marches, Céline Sciamma n’est pas repartie bredouille. Couronnée du prix du scénario pour avoir sublimé le duo incandescent de Portrait de la jeune fille en feu, Adèle Haenel et Noémie Merlant. «Grâce à vous, à douze ans d’écart, j’ai vu le futur», a salué la gagnante.
Le prix d’interprétation féminine qui leur échappe revient à l’Anglaise Emily Beecham, héroïne du clinique et clivant Little Joe de Jessica Hausner qui évoque un monde de manipulations génétiques. Très surprise, la comédienne a expliqué avoir oublié sa brosse à dents en faisant sa valise pour Cannes.
Moment d’émotion, Viggo Mortensen qui remet le prix de la mise en scène rend un hommage appuyé à Agnès Varda, avec qui il avait partagé un vol. Ce sont les frères Dardenne qui repartent avec la distinction pour leur portrait de la radicalisation d’un adolescent dans Le jeune Ahmed. «Ce film montre un fanatique mais c’est une ode à la vie, à l’ouverture au monde, à la différence, ce qui est la mission du 7e art», a souligné le tandem.
Sans surprise, Michael Moore a attqué en critiquant Donald Trump. Le président américain «est le mensonge qui nous permet d’autres mensonges». Puis il a remis le prix du jury ex-aequo au très engagé Les Misérables sur les violences policières en banlieue et le surnaturel Bacurau des Brésiliens Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho. Auteur du film coup de poing de la Croisette, Ladj Ly a remercié Thierry Frémaux et le jury d’avoir cru à son œuvre, sa bande de fidèles et ses acteurs.»Monfermeuil et Les Bosquets, je n’oublie pas d’où je viens. C’est possible de partir de loin, sans école de cinéma. Mon film évoque les liens entre les communautés et le seul ennemi entre ses habitants et les policiers, c’est la misère. Ce prix est pour tous les Misérables de ce pays» . Au public brésilien, les réalisateurs de Bacurau ont adressé un appel en portugais. «Nous travaillons pour la culture au Brésil, nous avons besoin de vous!».
Le premier trophée à ouvrir le bal est la palme d’or du court-métrage, décerné à The Distance Between The Sky And Us du Grec Vasilis Kekatos. Puis est venu le tour de la Caméra d’or qui récompense le meilleur premier film. Le lauréat est César Diaz pour Nuestras Madres projeté dans le cadre de la Semaine de la critique. Le réalisateur a dédié son prix aux victimes de la guerre civile guatémaltèque. Son père en faisait partie.
Avant de dévoiler le contenu de son palmarès, Alejandro González Iñárritu avait mis en garde: «Cela a été un privilège de représenter le jury. Nous avons passé des heures à partager comme des amoureux du cinéma. La sélection a été incroyable . Cela a été très difficile de remettre aussi peu de récompenses. Et nos prix ne refléteront que nos opinions, nos goûts . Nous espérons que ces films demeureront. Seul le temps permettra de les juger». Comme le suggéraient ses propos, le jury a décerné une mention spéciale à It Must Be Heaven , la fable du Palestinien Elia Suleiman.
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Samedi matin, le cinéaste mexicain oscarisé et ses jurés, parmi lesquels la jeune Elle Fanning, les réalisateurs Paweł Pawlikowski et Yórgos Lánthimos ou encore le dessinateur Enki Bilal, ont rendu leur téléphone portable et se sont réunis dans une villa. L’emplacement est tenu secret et la demeure est protégée pare la police. Leur mission? Remettre les sept prix obligatoires en jeu: la palme d’or, le grand prix, les prix de la mise en scène, du jury, du scénario et les prix d’interprétation féminine et masculine. Libres à eux de plaider pour la création d’un prix spécial. On se souvient encore de celui décerné, il y a deux ans, à Nicole Kidman, tête d’affiche de plusieurs œuvres en lice et qui avait monté quatre fois les marches.
Le palmarès ne peut comporter qu’un seul prix ex-aequo et cette disposition ne peut s’appliquer à la palme d’or. Autre point incontournable: un même film ne peut recevoir qu’un seul des prix du palmarès. Cependant, le prix du scénario et le prix du jury peuvent être associés à un prix d’interprétation, mais uniquement sur dérogation du président du Festival, Pierre Lescure.
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Les premiers palmarès sont tombés
Mais certains des 21 films en lice sont d’ores et déjà sûrs de ne pas repartir les mains vides. Le prix de la Queer Palm a été remis au Portrait de la jeune fille en feu. Le prix Un certain regard est allé à La Vie invisible d’Euridice Gusmao de Karim Aïnouz, le prix d’interprétation à Chiara Mastroianni à Chambre 212 de Christophe Honoré. Le prix œcuménique a couronné Une vie cachée , portrait d’un objecteur de conscience autrichien durant la Seconde Guerre mondiale par Terrence Malick. Le prix de la Fipresci a distingué It Must be heaven du Palestinien Elia Suleiman.
S’il n’existe pas en tant que tel, le trophée de la polémique est attribué ex aequo à la bronca contre la palme d’or honorifique remise à Alain Delon et au très controversé Mektoub My Love: Intermezzo du sulfureux Abdelatif Kechiche. Le long-métrage est qualifié de «voyeurisme gratuit allant jusqu’à la pornographie». L’omniprésence des corps nus féminins dénudés ainsi qu’une éprouvante scène de 13 minutes de cunnilingus ont créé le malaise sur la Croisette.
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