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«Stranger Things»: Noël, Halloween, «Independence Day»... Pourquoi c’est toujours la fête? - 20 Minutes

Les enfants de Hawkins seront confrontés à de nouvelles menaces pendant l'été 1985. — Netflix
  • La saison 3 de Stranger Things, diffusée le 4 juillet sur Netflix, se déroulera pendant l’été et notamment la fête nationale américaine.
  • Les fêtes, comme Halloween ou Noël, sont des motifs récurrents dans la pop culture américaine, familiers des spectateurs.
  • Elles servent à créer des repères et des motifs d’identification.

Stranger Things, la série phare de Netflix, et sa bande d’adolescents confrontés à des phénomènes paranormaux dans les années 1980, reviennent pour une troisième saison cet été. Elle a été mise en ligne le 4 juillet, et ce n’est pas anodin. Après Noël, pour la saison 1, et Halloween, pour la saison 2, publiées en mars se déroule, au moins en partie, pendant la fête de l’indépendance américaine… Mais tout ne se passera pas comme prévu pour Mike, Will, Lucas, Dustin, Eleven et Max.

Le choix de cette date n’est pas un hasard. On a souvent parlé de Stranger Things comme d’une série ultra-référencée, qui évoque sans cesse des œuvres, des objets ou de personnalités cultes des années 1980. Elle l’est aussi dans sa manière d’évoquer le quotidien d’une petite ville du midwest américain… Et la façon dont celui-ci est perturbé par des forces extérieures.

Et quoi de plus quotidien que ces fêtes parcourant la vie sociale nord-américaine, et qui nous sont familières grâce aux films et aux séries télé ? On les retrouve également dans Stranger Things. Noël à la fin de la saison 1, Halloween et le bal d’hiver dans la saison 2, et maintenant l’été, la fête foraine et le 4 juillet, Independence Day,  sont autant de moments clés qui fondent l’identité américaine dans la pop culture.

Des fêtes pour symboliser une identité

« Ces fêtes sont devenues peu à peu des rites. Ils permettent de faire référence à des repères perçus comme stables, qu’on identifie à une certaine tradition », explique Danièle André, enseignante-chercheuse en civilisation et culture populaire nord-américaine au labo CRHI1 à La Rochelle Université.

C’est d’autant plus vrai dans Stranger Things, qui « joue sur la nostalgie, la recréation d’un passé un peu idéalisé. La série dit "c’était mieux à l’époque", et ce discours est ancré grâce à ces fêtes, ces repères. » Des marqueurs qui créent un univers familier pour les téléspectateurs, et leur permettent d’entrer plus rapidement dans la fiction.

Les gamins de Stranger Things se déguisent en Ghostbusters pour Halloween 1984
Les gamins de Stranger Things se déguisent en Ghostbusters pour Halloween 1984 - Netflix

Pourtant, toutes ces fêtes n’ont pas toujours eu une place de choix dans la société nord-américaine. « Dans les années 1840, Halloween était surtout célébrée chez les immigrés irlandais. Elle a été remise avec d’autres fêtes au goût du jour au tournant du 20e siècle, quand la population WASP  des Etats-Unis a vu arriver d’autres masses migratoires venues d’Europe du Sud, de l’Est, d’Asie ou d’Amérique latine, qui n’avaient pas les mêmes traditions. Ces fêtes symbolisent dès lors une identité nord-américaine, face aux nouveaux arrivants venus de l’extérieur. »

« La culture populaire et les véritables traditions s’influencent mutuellement »

Au cours du 20e siècles, elles infusent peu à peu dans les films, puis les feuilletons. Le fait de les montrer dans la pop culture renforce leur importance, et vice versa. « La culture populaire et les véritables traditions s’influencent mutuellement. Plusieurs traditions étaient déjà respectées mais ont pris d’autant plus d’importance qu’elles sont beaucoup représentées. » Voire s’exportent hors des Etats-Unis.

La fête de Thanksgiving, encore méconnue en France il y a quelques années, est désormais familière des téléspectateurs. Au point que les commerces français ont adopté les promotions américaines du « Black Friday », juste après Thanksgiving. De même, « Halloween est arrivée en France via la culture populaire. Pour nous, ces moments traditionnels ne représentaient rien, mais on a récupéré ces fêtes sous l’influence de la pop culture et des entreprises qui y ont vu une manne économique », décrypte Danièle André.

La saison 3 de « Stranger Things » se déroule pendant l'été 1985.
La saison 3 de « Stranger Things » se déroule pendant l'été 1985. - Netflix

« Ces fictions touchent aussi les nouveaux arrivants aux Etats-Unis, qui retiennent ces moments comme importants. Mais les immigrations – asiatiques et hispaniques notamment – ont une influence également, et leurs pratiques entrent à leur tour dans la culture populaire. » La « quinceañera », une fête traditionelle latino-hispanique qui marque le passage de l’enfance au statut de femme à 15 ans, est ainsi montrée à l’écran dans des séries comme One Day at a Timeou Modern Family.

Et les séries ne manquent pas de s’adapter au moment de l’année où elles sont diffusées. Il n’est pas rare de voir des épisodes d’Halloween fin octobre, des épisodes de Noël en décembre, des bals de promo en mai, etc. Cette tradition est toutefois modifiée par la nouvelle temporalité des créations des plateformes de streaming, qui diffusent tous les épisodes d’un coup. Ainsi, la saison 1 de Stranger Things, qui se déroule en novembre 1983, est arrivée sur Netflix en plein juillet. Mais à l’instar de cette saison 3 qui sort le 4 juillet, la deuxième avait été diffusée le 27 octobre, pour une action qui commençait… Quelques jours avant Halloween.

Ressorts dramatiques

Dans cette saison 2, la préparation d’Halloween permet de réintroduire du mystère dans une situation qui semblait – presque – réglée à la fin de la saison 1. « Les fêtes sont souvent utilisées comme des ressorts dramatiques, explique Danièle André. Il peut y avoir des menaces toute l’année. Mais si elles tombent lors d’un jour symbolique, ça vous touche au cœur. »

La bande-annonce finale de la saison 3 promet un danger supérieur à tout ce que les enfants d’Hawkins ont connu jusque-là. Introduire cette menace autour du 4 juillet n’est pas anodin. « C’est un jour joyeux et festif, on attire le chaland en montrant une attaque ce jour-là », analyse Danièle André. D’autant que ce 4 juillet semble donner lieu à une fête foraine, un motif récurrent « et dans les films qui tirent sur le fantastique », rappelle Danièle André. « On a souvent des scènes dans des trains fantômes qui annoncent le danger sous l’apparence de la joie. »

Un élément trivial, normal, qui cache le danger, c’est finalement un principe au coeur de Stranger Things. « Dans la saison 1, la piscine, symbole de la réussite et du loisir, était le lieu de la disparition de Barb. Les premiers teasers de la saison 3 annonçaient l’ouverture d’un centre commercial, qui représente la famille, la manne économique des Etats-Unis… Un endroit normal, décrypte la chercheuse. C’est tout le propos de Stranger Things : derrière les apparences policées, normales, couve souvent un grand danger. »

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Les enfants de Hawkins seront confrontés à de nouvelles menaces pendant l'été 1985. — Netflix
  • La saison 3 de Stranger Things, diffusée le 4 juillet sur Netflix, se déroulera pendant l’été et notamment la fête nationale américaine.
  • Les fêtes, comme Halloween ou Noël, sont des motifs récurrents dans la pop culture américaine, familiers des spectateurs.
  • Elles servent à créer des repères et des motifs d’identification.

Stranger Things, la série phare de Netflix, et sa bande d’adolescents confrontés à des phénomènes paranormaux dans les années 1980, reviennent pour une troisième saison cet été. Elle a été mise en ligne le 4 juillet, et ce n’est pas anodin. Après Noël, pour la saison 1, et Halloween, pour la saison 2, publiées en mars se déroule, au moins en partie, pendant la fête de l’indépendance américaine… Mais tout ne se passera pas comme prévu pour Mike, Will, Lucas, Dustin, Eleven et Max.

Le choix de cette date n’est pas un hasard. On a souvent parlé de Stranger Things comme d’une série ultra-référencée, qui évoque sans cesse des œuvres, des objets ou de personnalités cultes des années 1980. Elle l’est aussi dans sa manière d’évoquer le quotidien d’une petite ville du midwest américain… Et la façon dont celui-ci est perturbé par des forces extérieures.

Et quoi de plus quotidien que ces fêtes parcourant la vie sociale nord-américaine, et qui nous sont familières grâce aux films et aux séries télé ? On les retrouve également dans Stranger Things. Noël à la fin de la saison 1, Halloween et le bal d’hiver dans la saison 2, et maintenant l’été, la fête foraine et le 4 juillet, Independence Day,  sont autant de moments clés qui fondent l’identité américaine dans la pop culture.

Des fêtes pour symboliser une identité

« Ces fêtes sont devenues peu à peu des rites. Ils permettent de faire référence à des repères perçus comme stables, qu’on identifie à une certaine tradition », explique Danièle André, enseignante-chercheuse en civilisation et culture populaire nord-américaine au labo CRHI1 à La Rochelle Université.

C’est d’autant plus vrai dans Stranger Things, qui « joue sur la nostalgie, la recréation d’un passé un peu idéalisé. La série dit "c’était mieux à l’époque", et ce discours est ancré grâce à ces fêtes, ces repères. » Des marqueurs qui créent un univers familier pour les téléspectateurs, et leur permettent d’entrer plus rapidement dans la fiction.

Les gamins de Stranger Things se déguisent en Ghostbusters pour Halloween 1984
Les gamins de Stranger Things se déguisent en Ghostbusters pour Halloween 1984 - Netflix

Pourtant, toutes ces fêtes n’ont pas toujours eu une place de choix dans la société nord-américaine. « Dans les années 1840, Halloween était surtout célébrée chez les immigrés irlandais. Elle a été remise avec d’autres fêtes au goût du jour au tournant du 20e siècle, quand la population WASP  des Etats-Unis a vu arriver d’autres masses migratoires venues d’Europe du Sud, de l’Est, d’Asie ou d’Amérique latine, qui n’avaient pas les mêmes traditions. Ces fêtes symbolisent dès lors une identité nord-américaine, face aux nouveaux arrivants venus de l’extérieur. »

« La culture populaire et les véritables traditions s’influencent mutuellement »

Au cours du 20e siècles, elles infusent peu à peu dans les films, puis les feuilletons. Le fait de les montrer dans la pop culture renforce leur importance, et vice versa. « La culture populaire et les véritables traditions s’influencent mutuellement. Plusieurs traditions étaient déjà respectées mais ont pris d’autant plus d’importance qu’elles sont beaucoup représentées. » Voire s’exportent hors des Etats-Unis.

La fête de Thanksgiving, encore méconnue en France il y a quelques années, est désormais familière des téléspectateurs. Au point que les commerces français ont adopté les promotions américaines du « Black Friday », juste après Thanksgiving. De même, « Halloween est arrivée en France via la culture populaire. Pour nous, ces moments traditionnels ne représentaient rien, mais on a récupéré ces fêtes sous l’influence de la pop culture et des entreprises qui y ont vu une manne économique », décrypte Danièle André.

La saison 3 de « Stranger Things » se déroule pendant l'été 1985.
La saison 3 de « Stranger Things » se déroule pendant l'été 1985. - Netflix

« Ces fictions touchent aussi les nouveaux arrivants aux Etats-Unis, qui retiennent ces moments comme importants. Mais les immigrations – asiatiques et hispaniques notamment – ont une influence également, et leurs pratiques entrent à leur tour dans la culture populaire. » La « quinceañera », une fête traditionelle latino-hispanique qui marque le passage de l’enfance au statut de femme à 15 ans, est ainsi montrée à l’écran dans des séries comme One Day at a Timeou Modern Family.

Et les séries ne manquent pas de s’adapter au moment de l’année où elles sont diffusées. Il n’est pas rare de voir des épisodes d’Halloween fin octobre, des épisodes de Noël en décembre, des bals de promo en mai, etc. Cette tradition est toutefois modifiée par la nouvelle temporalité des créations des plateformes de streaming, qui diffusent tous les épisodes d’un coup. Ainsi, la saison 1 de Stranger Things, qui se déroule en novembre 1983, est arrivée sur Netflix en plein juillet. Mais à l’instar de cette saison 3 qui sort le 4 juillet, la deuxième avait été diffusée le 27 octobre, pour une action qui commençait… Quelques jours avant Halloween.

Ressorts dramatiques

Dans cette saison 2, la préparation d’Halloween permet de réintroduire du mystère dans une situation qui semblait – presque – réglée à la fin de la saison 1. « Les fêtes sont souvent utilisées comme des ressorts dramatiques, explique Danièle André. Il peut y avoir des menaces toute l’année. Mais si elles tombent lors d’un jour symbolique, ça vous touche au cœur. »

La bande-annonce finale de la saison 3 promet un danger supérieur à tout ce que les enfants d’Hawkins ont connu jusque-là. Introduire cette menace autour du 4 juillet n’est pas anodin. « C’est un jour joyeux et festif, on attire le chaland en montrant une attaque ce jour-là », analyse Danièle André. D’autant que ce 4 juillet semble donner lieu à une fête foraine, un motif récurrent « et dans les films qui tirent sur le fantastique », rappelle Danièle André. « On a souvent des scènes dans des trains fantômes qui annoncent le danger sous l’apparence de la joie. »

Un élément trivial, normal, qui cache le danger, c’est finalement un principe au coeur de Stranger Things. « Dans la saison 1, la piscine, symbole de la réussite et du loisir, était le lieu de la disparition de Barb. Les premiers teasers de la saison 3 annonçaient l’ouverture d’un centre commercial, qui représente la famille, la manne économique des Etats-Unis… Un endroit normal, décrypte la chercheuse. C’est tout le propos de Stranger Things : derrière les apparences policées, normales, couve souvent un grand danger. »

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