Lion d’or à la Mostra de Venise, première place au box-office américain et maintenant en liste pour les oscars. Joker a tout d'un succès incontestable. Il tentera de s'inscrire dans la lignée de Taxi Driver, dont s'est inspiré Todd Phillips, le réalisateur.
Joaquin Phoenix, qui a lancé sa carrière avec Gladiator en 2000, interprète dans Joker, Arthur Fleck, un homme pauvre et malade de Gotham City. Méprisé de tous, humoriste raté, obligé de travailler comme homme-sandwich, il est victime d'une agression dans la rue alors qu'il est déguisé en clown. S'en suit une escalade fatidique vers la folie, et la vengeance, qui conduit Arthur Fleck à devenir l'un des personnages les plus emblématiques et reconnus dans la culture populaire : le Joker.
Néanmoins, le clown au rire culte ne fâche pas que les coulrophobes. Depuis son entrée fracassante à la Mostra de Venise, le film, en salles en France depuis le 9 octobre 2019, a essuyé nombre de critiques qui dépassent la sphère artistique.
Un film dangereux, car trop proche de la réalité ?
Avant même que le film ne sorte au cinéma, les journalistes et le public qui ont pu le voir avant-première au Festival international du film de Toronto ou à la Mostra de Venise, ont estimé que Joker faisait l'apologie de la violence. Dans le magazine américain Time, la journaliste Stephanie Zacharek estime que le personnage interprété par Joaquin Phoenix "pourrait facilement être adopté comme le saint patron des Incels". Rapportés par le site américain Hollywood Reporter, les avis des membres de l'Académie des Oscars sont, eux aussi, mitigés, "Je ne sais pas s’il devrait être interdit ou recevoir tous les prix", a confié l'un d'entres eux.
Même si l'action se passe dans les années 80, Joker - qui surfe entre blockbuster et film d'auteur - semble faire écho à nos sociétés actuelles et plus particulièrement à celle de l'Amérique du Nord. Les critiques y sont-ils plus virulentes parce que le film est trop proche de la réalité ? En effet, les États-Unis sont tristement connus pour être le pays avec le plus de morts par armes à feu au monde. Selon l'ONG Gun Violence Archive, il y a eu déjà 11.235 morts par arme à feu dont 316 fusillades de masse depuis Janvier 2019.
Un film qui provoquerait de l'empathie pour le Joker
Pour les critiques du Joker, les raisons de la transformation du comédien raté en clown psychopathe dévoilées dans le film, provoqueraient l'empathie du public, qui pourrait même excuser son comportement. Le souvenir de la fusillade d'Aurora en 2012 est aussi rappelé par les critiques du film. Douze personnes avaient été tuées au cours de l'avant-première du film The Dark Knight Rises, le dernier volet de la trilogie Batman de Christopher Nolan, par un homme déguisé en clown.
" Avions nous besoin d'un film sur un terroriste blanc qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ?
Kathleen Newman Bremang
Dans les colonnes du média canadien Globe and Mail, la journaliste Sarah Hagi publie un article intitulé : Joker est le antihéros que les rejetés et les enragés attendaient, et là est précisément le problème. Elle estime que le film "pourrait être un des meilleurs films de l'année", mais s'inquiète de "l'idée d'une histoire dans laquelle on offre à un homme blanc une sorte de compréhension pour sa violence".
"Avions nous vraiment besoin d'un film brutal sur un terroriste blanc qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ? Avions nous besoin de ça maintenant ?", s'interroge Kathleen Newman Bremang dans un article pour Refinery29.com. La journaliste canadienne y décrit ainsi le Joker comme un film dangereux qui supporterait le terrorisme blanc.
La montée de bouclier des familles d'Aurora
Des familles des victimes de l'attentat d'Aurora sont du même avis concernant la violence du film. "Quand nous avons appris que Warner Bros sortait un film intitulé Joker qui présentait ce personnage et son histoire avec de la compassion, cela nous a interpellé", écrivent-elles dans une lettre ouverte à la PDG du studio Ann Sarnoff, relayée par le média américain The Hollywood Reporter. Elles demandent aussi plus d'implication dans la lutte pour un renforcement de la législation sur les armes.
En réaction, Warner Bros avait répondu que "ni le personnage fictionnel du Joker ni le film ne (soutenaient) en aucune façon la violence réelle". Au micro de RTL, le réalisateur du film Todd Philips a déclaré que "le film est descriptif, non prescriptif". Pour Joaquin Phoenix, dont la performance a été tout de même largement saluée, interpréter ce rôle était un véritable challenge. "Je pense que c’est très bien lorsque les films nous mettent mal à l’aise, nous bousculent ou nous font penser différemment", a-t-il déclaré dans une interview donnée au Daily Telegraph.
Des mesures inédites pour la sortie d'un film
Le film a également fait réagir la police étasunienne et les membres de la sécurité intérieure. Comme le rapporte la chaîne d'information américaine CNN, non seulement plusieurs cinémas ont banni les déguisements lors des projections, mais l'armée elle-même sera en constante alerte. Le département de police de New York a même déployé des officiers sous couverture dans les cinémas de la ville. Ces mesures exceptionnelles ont été prise notamment en réaction aux incidents ayant lieu lors de projections du film, récemment en Californie, un cinéma a été évacué en raison de la présence d'un "individu suspect".
Mais pour Joaquin Phoenix, l'idée que des personnes malveillantes pourraient s'inspirer du film n'est finalement pas surprenante : "La plupart d'entre nous peuvent faire la différence entre le bien et le mal. Mais d'autres sont capables d’interpréter tout et n'importe quoi de la façon qu'ils veulent." a-t-il déclaré dans un entretien avec le site américain IGN. 'Les gens font des mésinterprétations de paroles de musiques. Des mésinterprétations de passages de livres. Donc je pense que ce n'est pas de la responsabilité du réalisateur de faire la morale aux spectateurs", poursuit-il.
Malgré les polémiques qui l'entourent, Joker a battu le record des lancements de film en octobre, avec un début de recette estimé à 96 million de dollars.
Lion d’or à la Mostra de Venise, première place au box-office américain et maintenant en liste pour les oscars. Joker a tout d'un succès incontestable. Il tentera de s'inscrire dans la lignée de Taxi Driver, dont s'est inspiré Todd Phillips, le réalisateur.
Joaquin Phoenix, qui a lancé sa carrière avec Gladiator en 2000, interprète dans Joker, Arthur Fleck, un homme pauvre et malade de Gotham City. Méprisé de tous, humoriste raté, obligé de travailler comme homme-sandwich, il est victime d'une agression dans la rue alors qu'il est déguisé en clown. S'en suit une escalade fatidique vers la folie, et la vengeance, qui conduit Arthur Fleck à devenir l'un des personnages les plus emblématiques et reconnus dans la culture populaire : le Joker.
Néanmoins, le clown au rire culte ne fâche pas que les coulrophobes. Depuis son entrée fracassante à la Mostra de Venise, le film, en salles en France depuis le 9 octobre 2019, a essuyé nombre de critiques qui dépassent la sphère artistique.
Un film dangereux, car trop proche de la réalité ?
Avant même que le film ne sorte au cinéma, les journalistes et le public qui ont pu le voir avant-première au Festival international du film de Toronto ou à la Mostra de Venise, ont estimé que Joker faisait l'apologie de la violence. Dans le magazine américain Time, la journaliste Stephanie Zacharek estime que le personnage interprété par Joaquin Phoenix "pourrait facilement être adopté comme le saint patron des Incels". Rapportés par le site américain Hollywood Reporter, les avis des membres de l'Académie des Oscars sont, eux aussi, mitigés, "Je ne sais pas s’il devrait être interdit ou recevoir tous les prix", a confié l'un d'entres eux.
Même si l'action se passe dans les années 80, Joker - qui surfe entre blockbuster et film d'auteur - semble faire écho à nos sociétés actuelles et plus particulièrement à celle de l'Amérique du Nord. Les critiques y sont-ils plus virulentes parce que le film est trop proche de la réalité ? En effet, les États-Unis sont tristement connus pour être le pays avec le plus de morts par armes à feu au monde. Selon l'ONG Gun Violence Archive, il y a eu déjà 11.235 morts par arme à feu dont 316 fusillades de masse depuis Janvier 2019.
Un film qui provoquerait de l'empathie pour le Joker
Pour les critiques du Joker, les raisons de la transformation du comédien raté en clown psychopathe dévoilées dans le film, provoqueraient l'empathie du public, qui pourrait même excuser son comportement. Le souvenir de la fusillade d'Aurora en 2012 est aussi rappelé par les critiques du film. Douze personnes avaient été tuées au cours de l'avant-première du film The Dark Knight Rises, le dernier volet de la trilogie Batman de Christopher Nolan, par un homme déguisé en clown.
" Avions nous besoin d'un film sur un terroriste blanc qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ?
Kathleen Newman Bremang
Dans les colonnes du média canadien Globe and Mail, la journaliste Sarah Hagi publie un article intitulé : Joker est le antihéros que les rejetés et les enragés attendaient, et là est précisément le problème. Elle estime que le film "pourrait être un des meilleurs films de l'année", mais s'inquiète de "l'idée d'une histoire dans laquelle on offre à un homme blanc une sorte de compréhension pour sa violence".
"Avions nous vraiment besoin d'un film brutal sur un terroriste blanc qui utilise la violence armée pour se venger de la société qui le rejette ? Avions nous besoin de ça maintenant ?", s'interroge Kathleen Newman Bremang dans un article pour Refinery29.com. La journaliste canadienne y décrit ainsi le Joker comme un film dangereux qui supporterait le terrorisme blanc.
La montée de bouclier des familles d'Aurora
Des familles des victimes de l'attentat d'Aurora sont du même avis concernant la violence du film. "Quand nous avons appris que Warner Bros sortait un film intitulé Joker qui présentait ce personnage et son histoire avec de la compassion, cela nous a interpellé", écrivent-elles dans une lettre ouverte à la PDG du studio Ann Sarnoff, relayée par le média américain The Hollywood Reporter. Elles demandent aussi plus d'implication dans la lutte pour un renforcement de la législation sur les armes.
En réaction, Warner Bros avait répondu que "ni le personnage fictionnel du Joker ni le film ne (soutenaient) en aucune façon la violence réelle". Au micro de RTL, le réalisateur du film Todd Philips a déclaré que "le film est descriptif, non prescriptif". Pour Joaquin Phoenix, dont la performance a été tout de même largement saluée, interpréter ce rôle était un véritable challenge. "Je pense que c’est très bien lorsque les films nous mettent mal à l’aise, nous bousculent ou nous font penser différemment", a-t-il déclaré dans une interview donnée au Daily Telegraph.
Des mesures inédites pour la sortie d'un film
Le film a également fait réagir la police étasunienne et les membres de la sécurité intérieure. Comme le rapporte la chaîne d'information américaine CNN, non seulement plusieurs cinémas ont banni les déguisements lors des projections, mais l'armée elle-même sera en constante alerte. Le département de police de New York a même déployé des officiers sous couverture dans les cinémas de la ville. Ces mesures exceptionnelles ont été prise notamment en réaction aux incidents ayant lieu lors de projections du film, récemment en Californie, un cinéma a été évacué en raison de la présence d'un "individu suspect".
Mais pour Joaquin Phoenix, l'idée que des personnes malveillantes pourraient s'inspirer du film n'est finalement pas surprenante : "La plupart d'entre nous peuvent faire la différence entre le bien et le mal. Mais d'autres sont capables d’interpréter tout et n'importe quoi de la façon qu'ils veulent." a-t-il déclaré dans un entretien avec le site américain IGN. 'Les gens font des mésinterprétations de paroles de musiques. Des mésinterprétations de passages de livres. Donc je pense que ce n'est pas de la responsabilité du réalisateur de faire la morale aux spectateurs", poursuit-il.
Malgré les polémiques qui l'entourent, Joker a battu le record des lancements de film en octobre, avec un début de recette estimé à 96 million de dollars.
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