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« Le Bazar de la Charité » : Julie de Bona était « pétrifiée par l’enjeu » de jouer une femme défigurée - 20 Minutes

Julie de Bona (Rose) et Adrien Guionnet (Thomas) dans le premier épisode de la série «Le Bazar de la Charité». — Denis Manin / Quad TV / TF1

Dans Le Bazar de la Charité, sur TF1, Julie de Bona incarne Rose, une bonne dont le destin a été bouleversé après qu’elle s’est retrouvée piégée dans l’incendie du lieu accueillant une vente de bienfaisance. Gravement brûlée et défigurée, elle a été enlevée par madame Husson (Josiane Balasko) qui l’oblige à se faire passer pour sa fille Odette, morte dans les flammes… Alors que TF1 diffuse ce lundi, dès 21h05, les cinquième et sixième épisodes de cette série se déroulant dans le Paris de 1897, 20 Minutes s’est entretenu avec l’actrice qui confie avoir appris beaucoup de choses sur ce tournage.

Les quatre premiers épisodes du « Bazar de la Charité » ont été vus par plus 6.5 millions de personnes en moyenne. Vous vous attendiez à un tel succès pour une série en costumes avec des éléments empruntés au genre horrifique ?

C’était un pari pour l’audience, une vraie prise de risque. Ce succès, on le souhaitait très fort, mais comme il n’y a pas de règle, on n’était sûr de rien. Je suis épatée par le fait que les gens ont accroché à ce point là.

Ils ont aussi accroché à votre personnage, celui de Rose…

Oui, notamment après les épisodes 3 et 4. Rose est la martyre. Elle inspire l’empathie parce qu’elle est courageuse, dans la dévotion, et elle brûle dans l’incendie. Le dilemme qu’elle vit, le déchirement intérieur sur son identité, les choix qu’elle doit faire pour survivre sont tellement extrêmes et incroyables que cela éveille un engouement pour le personnage. Plein de téléspectateurs sont à fond !

Votre personnage a une dimension féministe : à travers Rose, c’est le droit des femmes à disposer de leurs corps qui est incarné…

Les trois héroïnes permettent d’exposer une large palette des injustices dont les femmes sont victimes. En 1897, elles avaient moins de droits et se battaient avec ferveur. Cela reste assez d’actualité. J’embrasse la bataille de mon personnage pour le droit de disposer de son corps, de son identité, de son âme. La violence qu’elle subit est très profonde.

Dans «Le Bazar de la Charité», Julie de Bona incarne Rose, une femme défigurée par l'incendie.
Dans «Le Bazar de la Charité», Julie de Bona incarne Rose, une femme défigurée par l'incendie. - JULIEN CAUVIN / QUAD / TF1

Rose est défigurée par les brûlures. Jouer un personnage dont les traits sont couverts par une épaisse couche de maquillage, c’est compliqué ?

Totalement. J’étais assez pétrifiée par l’enjeu. Quand j’ai accepté le rôle, j’étais excitée, c’était un challenge – tout comme c’était une prise de risque pour la chaîne de montrer un personnage brûlé à ce point-là. A l’approche du tournage, j’ai flippé. Je me demandais comment faire passer toutes ces émotions avec la moitié du visage brûlé, dissimulé sous des bandages… J’ai vraiment eu peur, je me disais que ça n’allait pas marcher, que je n’allais pas y arriver. Sincèrement, sans fausse modestie, face au rôle, j’ai pensé que c’était impossible. Après, je me suis souvenue de L’homme au masque de fer, d’Elephant Man ou du Fantôme de l’opéra, ce genre de personnages [dont les traits du visage sont cachés ou déformés]. Au début, on était parti sur l’idée de faire porter en permanence un masque à Rose, et puis on s’est ravisé. Heureusement parce que cela aurait été encore plus dur pour moi de jouer avec un masque.

Quel a alors été le déclic alors pour pleinement entrer dans le rôle ?

Ma grande chance, c’est que je connaissais bien le réalisateur, Alexandre Laurent. On avait déjà tourné Le secret d’Elise ensemble. Il est un extraordinaire metteur en scène et directeur d’acteur, donc je partais confiante, malgré ma peur au ventre. Je me disais qu’il ne me laisserait pas me planter, qu’il est tellement fou qu’il serait capable de ne pas me lâcher, de faire des heures sup' jusqu’à ce qu’on sorte quelque chose de bien. Lui aussi avait très peur de ce personnage, donc on a tourné les scènes le plus possible dans l’ordre chronologique. Et ça, ça m’a sauvé. On a construit ensemble l’évolution du personnage. On n’a pas tourné d’emblée la séquence où je découvre mes brûlures dans le miroir par exemple, donc on a pris le temps de nourrir la scène. Je suis entrée dans le personnage petit à petit. Je n’ai pas eu la note juste dès la première scène. Au départ, je me demandais où aller : il y a un mélange de brûlures, de morphine, de séquestration, d’incompréhension de ce qu’il se passe… Il y avait trop de problématiques et de questions pour être juste dès la première séquence.

Vous partagez de nombreuses scènes avec Josiane Balasko. Elle est une bonne partenaire de jeu ?

Elle est exactement comme on se l’imagine, voire plus chouette. J’avais déjà joué au théâtre avec elle dans la pièce Dernier rappel, qu’elle a écrite. C’était en 2005, donc on se connaissait déjà bien et on était contentes de se retrouver. Là, on avait toutes les deux une partition très trash, dense, gore. C’est un bonheur de travailler avec elle car elle est d’abord une grande actrice capable de faire passer plein de choses d’un simple regard : l’intensité, la perversion, la manipulation, l’émotion. En un regard, dans son rôle de Madame Huchon, elle me déclenchait une violence, une colère. Et humainement, c’est un amour, elle est intelligente, drôle, insolente. Elle n’a peur de rien.

Donc la partenaire idéale…

Oui, et puis elle soutient. De temps en temps, elle me voyait trop à fond dans mon rôle. Sur le tournage, je me suis vraiment isolée, je n’arrivais pas à sortir de mon personnage pour aller plaisanter avec l’équipe. J’étais concentrée tout le temps et c’est elle qui venait me faire des blagues juste avant l’action. Cela me faisait rire mais, après, je ne me sentais pas à la hauteur de la scène. Je lui disais : « Je ne peux pas faire de blagues avec toi ! ». Elle m’a répondu : « Si, il faut que tu y arrives, parce que tu ne pourras pas tenir la route sur la longueur. » Elle avait raison, elle m’a aidé à passer la marche d’après : savoir entrer et sortir d’un rôle avec plus de facilité pour aller encore plus loin. Au fur et à mesure du tournage, je suis arrivée à me détendre, puis, d’un coup, à réentrer à fond dans la détresse du personnage. Elle avait raison : autrement, je me serais épuisée.

La série sera mise en ligne fin décembre sur Netflix et donc visible dans quelque 190 pays. Vous vous attendez à avoir des propositions de rôles à l’international ?

En ce qui concerne les histoires de carrière, je suis toujours un peu dans le moment présent, je me dis qu’on verra bien. Parce qu’on ne peut pas contrôler ça. Je n’espère pas, comme ça je ne suis pas déçue. Je reste dans le bonheur d’avoir fait cette série. Je suis très contente que ça soit diffusé sur Netflix parce que plein de gens vont pouvoir la voir, comme mes copains qui ne regardent pas forcément la télé ou ma grande sœur qui vit aux Etats-Unis. Après, c’est la vie qui décide.

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Julie de Bona (Rose) et Adrien Guionnet (Thomas) dans le premier épisode de la série «Le Bazar de la Charité». — Denis Manin / Quad TV / TF1

Dans Le Bazar de la Charité, sur TF1, Julie de Bona incarne Rose, une bonne dont le destin a été bouleversé après qu’elle s’est retrouvée piégée dans l’incendie du lieu accueillant une vente de bienfaisance. Gravement brûlée et défigurée, elle a été enlevée par madame Husson (Josiane Balasko) qui l’oblige à se faire passer pour sa fille Odette, morte dans les flammes… Alors que TF1 diffuse ce lundi, dès 21h05, les cinquième et sixième épisodes de cette série se déroulant dans le Paris de 1897, 20 Minutes s’est entretenu avec l’actrice qui confie avoir appris beaucoup de choses sur ce tournage.

Les quatre premiers épisodes du « Bazar de la Charité » ont été vus par plus 6.5 millions de personnes en moyenne. Vous vous attendiez à un tel succès pour une série en costumes avec des éléments empruntés au genre horrifique ?

C’était un pari pour l’audience, une vraie prise de risque. Ce succès, on le souhaitait très fort, mais comme il n’y a pas de règle, on n’était sûr de rien. Je suis épatée par le fait que les gens ont accroché à ce point là.

Ils ont aussi accroché à votre personnage, celui de Rose…

Oui, notamment après les épisodes 3 et 4. Rose est la martyre. Elle inspire l’empathie parce qu’elle est courageuse, dans la dévotion, et elle brûle dans l’incendie. Le dilemme qu’elle vit, le déchirement intérieur sur son identité, les choix qu’elle doit faire pour survivre sont tellement extrêmes et incroyables que cela éveille un engouement pour le personnage. Plein de téléspectateurs sont à fond !

Votre personnage a une dimension féministe : à travers Rose, c’est le droit des femmes à disposer de leurs corps qui est incarné…

Les trois héroïnes permettent d’exposer une large palette des injustices dont les femmes sont victimes. En 1897, elles avaient moins de droits et se battaient avec ferveur. Cela reste assez d’actualité. J’embrasse la bataille de mon personnage pour le droit de disposer de son corps, de son identité, de son âme. La violence qu’elle subit est très profonde.

Dans «Le Bazar de la Charité», Julie de Bona incarne Rose, une femme défigurée par l'incendie.
Dans «Le Bazar de la Charité», Julie de Bona incarne Rose, une femme défigurée par l'incendie. - JULIEN CAUVIN / QUAD / TF1

Rose est défigurée par les brûlures. Jouer un personnage dont les traits sont couverts par une épaisse couche de maquillage, c’est compliqué ?

Totalement. J’étais assez pétrifiée par l’enjeu. Quand j’ai accepté le rôle, j’étais excitée, c’était un challenge – tout comme c’était une prise de risque pour la chaîne de montrer un personnage brûlé à ce point-là. A l’approche du tournage, j’ai flippé. Je me demandais comment faire passer toutes ces émotions avec la moitié du visage brûlé, dissimulé sous des bandages… J’ai vraiment eu peur, je me disais que ça n’allait pas marcher, que je n’allais pas y arriver. Sincèrement, sans fausse modestie, face au rôle, j’ai pensé que c’était impossible. Après, je me suis souvenue de L’homme au masque de fer, d’Elephant Man ou du Fantôme de l’opéra, ce genre de personnages [dont les traits du visage sont cachés ou déformés]. Au début, on était parti sur l’idée de faire porter en permanence un masque à Rose, et puis on s’est ravisé. Heureusement parce que cela aurait été encore plus dur pour moi de jouer avec un masque.

Quel a alors été le déclic alors pour pleinement entrer dans le rôle ?

Ma grande chance, c’est que je connaissais bien le réalisateur, Alexandre Laurent. On avait déjà tourné Le secret d’Elise ensemble. Il est un extraordinaire metteur en scène et directeur d’acteur, donc je partais confiante, malgré ma peur au ventre. Je me disais qu’il ne me laisserait pas me planter, qu’il est tellement fou qu’il serait capable de ne pas me lâcher, de faire des heures sup' jusqu’à ce qu’on sorte quelque chose de bien. Lui aussi avait très peur de ce personnage, donc on a tourné les scènes le plus possible dans l’ordre chronologique. Et ça, ça m’a sauvé. On a construit ensemble l’évolution du personnage. On n’a pas tourné d’emblée la séquence où je découvre mes brûlures dans le miroir par exemple, donc on a pris le temps de nourrir la scène. Je suis entrée dans le personnage petit à petit. Je n’ai pas eu la note juste dès la première scène. Au départ, je me demandais où aller : il y a un mélange de brûlures, de morphine, de séquestration, d’incompréhension de ce qu’il se passe… Il y avait trop de problématiques et de questions pour être juste dès la première séquence.

Vous partagez de nombreuses scènes avec Josiane Balasko. Elle est une bonne partenaire de jeu ?

Elle est exactement comme on se l’imagine, voire plus chouette. J’avais déjà joué au théâtre avec elle dans la pièce Dernier rappel, qu’elle a écrite. C’était en 2005, donc on se connaissait déjà bien et on était contentes de se retrouver. Là, on avait toutes les deux une partition très trash, dense, gore. C’est un bonheur de travailler avec elle car elle est d’abord une grande actrice capable de faire passer plein de choses d’un simple regard : l’intensité, la perversion, la manipulation, l’émotion. En un regard, dans son rôle de Madame Huchon, elle me déclenchait une violence, une colère. Et humainement, c’est un amour, elle est intelligente, drôle, insolente. Elle n’a peur de rien.

Donc la partenaire idéale…

Oui, et puis elle soutient. De temps en temps, elle me voyait trop à fond dans mon rôle. Sur le tournage, je me suis vraiment isolée, je n’arrivais pas à sortir de mon personnage pour aller plaisanter avec l’équipe. J’étais concentrée tout le temps et c’est elle qui venait me faire des blagues juste avant l’action. Cela me faisait rire mais, après, je ne me sentais pas à la hauteur de la scène. Je lui disais : « Je ne peux pas faire de blagues avec toi ! ». Elle m’a répondu : « Si, il faut que tu y arrives, parce que tu ne pourras pas tenir la route sur la longueur. » Elle avait raison, elle m’a aidé à passer la marche d’après : savoir entrer et sortir d’un rôle avec plus de facilité pour aller encore plus loin. Au fur et à mesure du tournage, je suis arrivée à me détendre, puis, d’un coup, à réentrer à fond dans la détresse du personnage. Elle avait raison : autrement, je me serais épuisée.

La série sera mise en ligne fin décembre sur Netflix et donc visible dans quelque 190 pays. Vous vous attendez à avoir des propositions de rôles à l’international ?

En ce qui concerne les histoires de carrière, je suis toujours un peu dans le moment présent, je me dis qu’on verra bien. Parce qu’on ne peut pas contrôler ça. Je n’espère pas, comme ça je ne suis pas déçue. Je reste dans le bonheur d’avoir fait cette série. Je suis très contente que ça soit diffusé sur Netflix parce que plein de gens vont pouvoir la voir, comme mes copains qui ne regardent pas forcément la télé ou ma grande sœur qui vit aux Etats-Unis. Après, c’est la vie qui décide.

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