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Claire Bretécher, dessinatrice des "Frustrés" et d'"Agrippine", est morte à 79 ans - franceinfo

Elle avait reçu le grand prix spécial du festival d'Angoulême en 1982.

La dessinatrice Claire Bretécher, notamment autrice des bandes dessinées Frustrés et d'Agrippine, est morte à 79 ans, a appris franceinfo mardi 11 février auprès de son éditeur Glénat, confirmant une information de L'Obs. Née le 17 avril 1940, Claire Bretécher avait reçu le grand prix spécial du festival d’Angoulême en 1982.

Claire Bretécher, née en 1940, grandit à Nantes, dans une famille bourgeoise et catholique, qu'elle quitte assez tôt pour monter à Paris gagner sa vie. De cette enfance on sait peu de choses, sinon qu'elle se met au crayon très tôt, avec sa grand-mère. Premières BD à 10 ans, inspirées de Tintin ou de Spirou, puis les beaux arts à Nantes avant de monter à Paris où elle s'inscrit aussi aux Beaux-Arts mais n'y reste pas. Elle fait des petits boulots : baby-sittings, cours d'histoire de l'art, puis elle commence à essayer de vendre ses dessins dans les rédactions. Elle fait affaire avec le journal catholique Le Pélerin, qui paie bien et tout de suite. Elle publie sa première BD "Le gnangnan" chez Spirou en 1968. Claire Bretécher devient vite une star : invitée sur les plateaux de télé, où elle affiche modestie et humour. On fait aussi appel à elle pour dessiner des campagnes de pub : des épiceries U en passant par les éditions Armand Colin ou la RATP.

Le parcours de Bretécher est intimement lié à la BD dans la presse. C'est l'objet de la deuxième partie de l'exposition, très documentée. Claire Bretécher participe allègrement à cette période de joyeuse créativité pour la BD dans la presse : sa collaboration avec Pilote, à la demande de Goscinny, où sont publiées ses "Salades de saison", et les aventures de sa première grande héroïne : Cellulite, une princesse médiévale complètement déjantée. Puis elle se lance avec Gotlieb et Mandryka dans l'aventure de "L'écho des savanes". Elle invente en 1973 son hilarant personnage de chien libidineux "Le Bolot", pour "Le sauvage", premier mensuel écologiste. C'est la même année qu'elle commence sa collaboration avec le Nouvel Observateur, où elle croque chaque semaine les travers de la rédaction et des lecteurs. Naissance des Frustrés. Puis plus tard, quand elle en aura marre de dessiner des quarantenaires, elle donne naissance à Agrippine, l'insupportable et attachante adolescente.

"Bretécher, sociologue de l'année" selon Roland Barthes en 1976

 "Ce qui frappe dans l'œuvre de Bretécher, et que l'on voulait dès le départ donner à voir, c'est son talent pour montrer les rapports humains, les rapports sociaux", expliquait Isabelle Bastian-Dupleix commissaire sur la restrospective Brétécher à Pompidou en 2015, "c'est ce qui se dégage très tôt de son travail, dès 1969 dans ses dessins publiés dans Pilote, on voit cette tendance à croquer les rapports sociaux, et les normes sociales, à sa manière à elle, subtile. Pas la méthode Hara Kiri, pas la grosse cavalerie", ajoute-t-elle. Son ami Pétillon, qui la connait bien, confirme : "elle a fait des pages inoubliables sur les manifs, mais je ne la vois pas du tout manifester…"."Elle est d'une grande lucidité. Non seulement elle est drôle, mais derrière ce côté abrupt, direct, tranchant, (qu'elle s'applique aussi à elle-même d'ailleurs), elle transmet ce qu'elle comprend du monde et c'est pour ça qu'elle est actuelle", souligne Isabelle Bastian-Dupleix. "Elle touche chaque fois du doigt ce qui fait que l'on se sent concerné, nos ambiguïtés, nos contradictions, nos petits calculs", poursuit la commissaire.

Brétecher, une "artiste libre"

"Elle déteste être enfermée dans des cases et dit souvent 'je ne sais pas qui je suis. Je me cherche'. Elle met beaucoup d'elle-même dans ses histoires. Elle n'est pas tendre avec les gauchistes, mais elle reconnait qu'elle en fait partie elle-même". Claire Bretécher n'est pas une militante. Elle s'échappe dès qu'on cherche à l'enfermer. Quand Bernard Pivot, sur le plateau d'Apostrophes, lui demande pourquoi elle s'est mise à se moquer des féministes la dessinatrice lui répond "J'en avais marre du féminisme. C'est dogmatique et ennuyeux". "C'est aussi une provocatrice", poursuit Isabelle Bastian-Dupleix. Claire Bretécher n'est pas une intellectuelle. Elle ne pense pas les choses à la manière des intellectuels. Mais elle les pense avec une grande intelligence. Elle met en scène les relations sociales, mais elle ne les théorise pas", souligne la commissaire.

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Elle avait reçu le grand prix spécial du festival d'Angoulême en 1982.

La dessinatrice Claire Bretécher, notamment autrice des bandes dessinées Frustrés et d'Agrippine, est morte à 79 ans, a appris franceinfo mardi 11 février auprès de son éditeur Glénat, confirmant une information de L'Obs. Née le 17 avril 1940, Claire Bretécher avait reçu le grand prix spécial du festival d’Angoulême en 1982.

Claire Bretécher, née en 1940, grandit à Nantes, dans une famille bourgeoise et catholique, qu'elle quitte assez tôt pour monter à Paris gagner sa vie. De cette enfance on sait peu de choses, sinon qu'elle se met au crayon très tôt, avec sa grand-mère. Premières BD à 10 ans, inspirées de Tintin ou de Spirou, puis les beaux arts à Nantes avant de monter à Paris où elle s'inscrit aussi aux Beaux-Arts mais n'y reste pas. Elle fait des petits boulots : baby-sittings, cours d'histoire de l'art, puis elle commence à essayer de vendre ses dessins dans les rédactions. Elle fait affaire avec le journal catholique Le Pélerin, qui paie bien et tout de suite. Elle publie sa première BD "Le gnangnan" chez Spirou en 1968. Claire Bretécher devient vite une star : invitée sur les plateaux de télé, où elle affiche modestie et humour. On fait aussi appel à elle pour dessiner des campagnes de pub : des épiceries U en passant par les éditions Armand Colin ou la RATP.

Le parcours de Bretécher est intimement lié à la BD dans la presse. C'est l'objet de la deuxième partie de l'exposition, très documentée. Claire Bretécher participe allègrement à cette période de joyeuse créativité pour la BD dans la presse : sa collaboration avec Pilote, à la demande de Goscinny, où sont publiées ses "Salades de saison", et les aventures de sa première grande héroïne : Cellulite, une princesse médiévale complètement déjantée. Puis elle se lance avec Gotlieb et Mandryka dans l'aventure de "L'écho des savanes". Elle invente en 1973 son hilarant personnage de chien libidineux "Le Bolot", pour "Le sauvage", premier mensuel écologiste. C'est la même année qu'elle commence sa collaboration avec le Nouvel Observateur, où elle croque chaque semaine les travers de la rédaction et des lecteurs. Naissance des Frustrés. Puis plus tard, quand elle en aura marre de dessiner des quarantenaires, elle donne naissance à Agrippine, l'insupportable et attachante adolescente.

"Bretécher, sociologue de l'année" selon Roland Barthes en 1976

 "Ce qui frappe dans l'œuvre de Bretécher, et que l'on voulait dès le départ donner à voir, c'est son talent pour montrer les rapports humains, les rapports sociaux", expliquait Isabelle Bastian-Dupleix commissaire sur la restrospective Brétécher à Pompidou en 2015, "c'est ce qui se dégage très tôt de son travail, dès 1969 dans ses dessins publiés dans Pilote, on voit cette tendance à croquer les rapports sociaux, et les normes sociales, à sa manière à elle, subtile. Pas la méthode Hara Kiri, pas la grosse cavalerie", ajoute-t-elle. Son ami Pétillon, qui la connait bien, confirme : "elle a fait des pages inoubliables sur les manifs, mais je ne la vois pas du tout manifester…"."Elle est d'une grande lucidité. Non seulement elle est drôle, mais derrière ce côté abrupt, direct, tranchant, (qu'elle s'applique aussi à elle-même d'ailleurs), elle transmet ce qu'elle comprend du monde et c'est pour ça qu'elle est actuelle", souligne Isabelle Bastian-Dupleix. "Elle touche chaque fois du doigt ce qui fait que l'on se sent concerné, nos ambiguïtés, nos contradictions, nos petits calculs", poursuit la commissaire.

Brétecher, une "artiste libre"

"Elle déteste être enfermée dans des cases et dit souvent 'je ne sais pas qui je suis. Je me cherche'. Elle met beaucoup d'elle-même dans ses histoires. Elle n'est pas tendre avec les gauchistes, mais elle reconnait qu'elle en fait partie elle-même". Claire Bretécher n'est pas une militante. Elle s'échappe dès qu'on cherche à l'enfermer. Quand Bernard Pivot, sur le plateau d'Apostrophes, lui demande pourquoi elle s'est mise à se moquer des féministes la dessinatrice lui répond "J'en avais marre du féminisme. C'est dogmatique et ennuyeux". "C'est aussi une provocatrice", poursuit Isabelle Bastian-Dupleix. Claire Bretécher n'est pas une intellectuelle. Elle ne pense pas les choses à la manière des intellectuels. Mais elle les pense avec une grande intelligence. Elle met en scène les relations sociales, mais elle ne les théorise pas", souligne la commissaire.

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