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Dans « La Fille au bracelet », Stéphane Demoustier filme le mystère insondable d'une adolescente - Le Monde

L’avocate de la défense (Annie Mercier) et sa cliente, la jeune Lise (Melissa Guers) dans « La Fille au bracelet », de Stéphane Demoustier.
L’avocate de la défense (Annie Mercier) et sa cliente, la jeune Lise (Melissa Guers) dans « La Fille au bracelet », de Stéphane Demoustier. MATTHIEU PONCHEL

Il n’est à attendre aucune certitude du troisième long-métrage de Stéphane Demoustier qui, dans La Fille au bracelet, se plaît à maintenir jusqu’au bout les zones opaques de son récit, le mystère de ses personnages et le doute du spectateur. Le titre lui-même induit en erreur, qui laisse imaginer quelque tableau néerlandais du XVIIe siècle, là où il désigne une adolescente soumise au port d’un bracelet électronique.

Comme nous leurre le plan d’ouverture du film, une famille unie et heureuse sur une plage ensoleillée. Une image que démentent les quatre-vingt-dix minutes restantes, affectées à des espaces restreints. Les protagonistes y apparaîtront plus souvent isolés, séparés les uns des autres par les vitres et les pupitres d’une salle de palais de justice.

Deux ans ont passé depuis cette fameuse plage où l’on avait découvert un père (Roschdy Zem), une mère (Chiara Mastroianni), leur jeune fils (Paul Aïssaoui-Cuvelier) et leur fille adolescente Lise (Melissa Guers), dont les jeux avaient été interrompus par l’arrivée des gendarmes. Filmée en plan large, la scène nous avait tenus à distance. Lise avait suivi les policiers sans un mot, nous abandonnant à cet instant paisible que l’on croyait devoir ranger au rayon des vidéos de vacances.

Quand on la retrouve, le passé est bel et bien un souvenir lointain. Lise, 18 ans désormais, accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie, vit en liberté surveillée, un bracelet électronique attaché à l’une de ses chevilles. Dans la maison familiale, chacun tente de vivre presque normalement. Si les liens n’ont pas été brisés, l’unité de la famille a disparu. Les échanges désormais ont lieu en tête-à-tête, père et fille, mère et fille, frère et sœur, père et mère. Le mouvement a cédé la place à un immobilisme qui semble avoir ajouté du poids au corps. Le dispositif annonce le procès, cette ultime épreuve que met en scène La Fille au bracelet.

Sables mouvants

Avec la rigueur (cadrage serré, plan architecturé, échanges précis) inhérente à l’exercice juridique, le film fait se succéder les interventions de la procureure (redoutable Anaïs Demoustier), de l’avocate de la défense (Annie Mercier) et du président du tribunal (Pascal-Pierre Garbarini), des témoins, des parties civiles et de l’entourage de l’accusée. Loin d’éclaircir l’affaire, le procès vise moins à apporter des réponses qu’à alimenter le doute.

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L’avocate de la défense (Annie Mercier) et sa cliente, la jeune Lise (Melissa Guers) dans « La Fille au bracelet », de Stéphane Demoustier.
L’avocate de la défense (Annie Mercier) et sa cliente, la jeune Lise (Melissa Guers) dans « La Fille au bracelet », de Stéphane Demoustier. MATTHIEU PONCHEL

Il n’est à attendre aucune certitude du troisième long-métrage de Stéphane Demoustier qui, dans La Fille au bracelet, se plaît à maintenir jusqu’au bout les zones opaques de son récit, le mystère de ses personnages et le doute du spectateur. Le titre lui-même induit en erreur, qui laisse imaginer quelque tableau néerlandais du XVIIe siècle, là où il désigne une adolescente soumise au port d’un bracelet électronique.

Comme nous leurre le plan d’ouverture du film, une famille unie et heureuse sur une plage ensoleillée. Une image que démentent les quatre-vingt-dix minutes restantes, affectées à des espaces restreints. Les protagonistes y apparaîtront plus souvent isolés, séparés les uns des autres par les vitres et les pupitres d’une salle de palais de justice.

Deux ans ont passé depuis cette fameuse plage où l’on avait découvert un père (Roschdy Zem), une mère (Chiara Mastroianni), leur jeune fils (Paul Aïssaoui-Cuvelier) et leur fille adolescente Lise (Melissa Guers), dont les jeux avaient été interrompus par l’arrivée des gendarmes. Filmée en plan large, la scène nous avait tenus à distance. Lise avait suivi les policiers sans un mot, nous abandonnant à cet instant paisible que l’on croyait devoir ranger au rayon des vidéos de vacances.

Quand on la retrouve, le passé est bel et bien un souvenir lointain. Lise, 18 ans désormais, accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie, vit en liberté surveillée, un bracelet électronique attaché à l’une de ses chevilles. Dans la maison familiale, chacun tente de vivre presque normalement. Si les liens n’ont pas été brisés, l’unité de la famille a disparu. Les échanges désormais ont lieu en tête-à-tête, père et fille, mère et fille, frère et sœur, père et mère. Le mouvement a cédé la place à un immobilisme qui semble avoir ajouté du poids au corps. Le dispositif annonce le procès, cette ultime épreuve que met en scène La Fille au bracelet.

Sables mouvants

Avec la rigueur (cadrage serré, plan architecturé, échanges précis) inhérente à l’exercice juridique, le film fait se succéder les interventions de la procureure (redoutable Anaïs Demoustier), de l’avocate de la défense (Annie Mercier) et du président du tribunal (Pascal-Pierre Garbarini), des témoins, des parties civiles et de l’entourage de l’accusée. Loin d’éclaircir l’affaire, le procès vise moins à apporter des réponses qu’à alimenter le doute.

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